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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 21:40



Comme je vous l'ai déjà précisé notre blog s'attache depuis le massacre de la population civile à Gaza cet hiver et d'autant plus que la désinnformation règne dans ce pays depuis deux ans désormais au sujet de la Palestine à prendre le contre-pied de cette situation partisane et à vous informer de manière équitable sur ce sujet. Voici donc deux nouveaux articles que vous ne trouverez pas dans la presse française mais que vous pourrez lire sur le site www.info-palestine.net en réponse à ce qu'on nous a asséné au sujet de la Conférence de Durban II et au procès dont on a pas fini de nous renattre les oreilles...

Qui est raciste, exactement ? Ahmadinejad : “ Lisez sur mes lèvres ”
Mercredi 29 avril 2009

 

Gilad Atzmon

Palestine Think Tank

 

      Je me retrouve une fois de plus à adresser un coup de chapeau au président iranien Ahmadinejad, dont je soutiens entièrement le discours. Nul mieux que lui n’a su mettre en lumière les sentiments européens de discrimination raciale.

      Ce que nous avons vu hier au Forum antiraciste de l’ONU a été du racisme islamophobe, collectif et institutionnel, en pleine action, un show coordonné de chauvinisme occidental fanatique. Une horde de diplomates européens se comportant comme un troupeau de moutons pour faire montre d’un déni total de la notion de liberté d’expression et de la culture du débat.

De manière éloquente et profonde, le président Ahmadinejad a dit la pleine vérité et a exprimé certains faits de notoriété universelle.

      Israël est bien un État raciste !

      Israël se définit comme “ État juif ”. Bien que les Juifs ne forment pas un continuum racial, la législation de leur État national a une orientation raciale. Le système juridique israélien est discriminatoire à l’égard de ceux qui n’ont pas l’heur d’être juifs. Comme si cela ne suffisait pas, l’armée israélienne se révèle meurtrière envers les habitants autochtones du pays.

      Considérant qu’Israël est un État d’apartheid en raison de cette discrimination institutionnalisée, on s’attendrait à ce que le Forum antiraciste de Genève serve principalement à traiter d’États comme Israël. Mais la vérité est tragique : dans les affaires du monde, Israël est le seul et unique État orienté racialement. Et comme nous avons pu le voir hier, l’ “ Occident ” a une fois de plus refusé de se confronter à l’appel à l’action le plus évidemment humaniste.

      Inutile de dire qu’Ahmadinejad a également été totalement correct dans sa description des circonstances historiques qui ont conduit à la naissance tragique d’Israël.

      C’est en effet la souffrance juive qui a acheté la formation de l’État juif. Il est vrai aussi que l’État juif a été créé au détriment du peuple palestinien qui est en fait la dernière des victimes à souffrir de l’ère nazie.

 

      Le nœud du problème est très simple. Des diplomates européens ont prouvé hier qu’ils ne peuvent pas accepter la vérité quand elle est transmise par un musulman. Par conséquent, il serait correct de dire que ce troupeau de diplomates occidentaux n’auraient jamais dû participer à quelque “ forum antiraciste ” que ce soit. Le fait qu’ils se sont comportés avec intolérance prouve qu’eux et les gouvernements qui sont derrière eux sont aux origines du racisme d’aujourd’hui, à savoir l’islamophobie.

Les Européens qui ne peuvent pas entendre la vérité de la bouche d’un musulman, pour ne pas dire un chef d’État musulman, seraient mieux avisés de se rendre à une conférence qui célèbre la suprématie occidentale. Je suis sûr que Tel-Aviv et Jérusalem en accueillent quelques-uns chaque année.

      Sur une note finale, si le gouvernement britannique insiste pour envoyer des délégués à une telle conférence, il devrait faire en sorte que ceux qui sont affectés à la tâche sont en mesure de présenter une argumentation éloquente qui tienne la route du point de vue intellectuel. Peter Gooderham, l’ambassadeur britannique à l’ONU à Genève, n’est clairement pas fait pour cet emploi. L’ambassadeur a déclaré on record “ De telles remarques antisémites outrageantes ne devraient pas avoir leur place dans un forum antiraciste de l’ONU. ”

 

      L’Ambassadeur Gooderham devrait nous préciser où exactement se trouve l’ “ antisémitisme ”.

      Le président Ahmadinejad ne s’est pas référé pas à une race juive, ni au judaïsme. Il n’a pas fait référence au peuple juif, si ce n’est pour évoquer ses souffrances.

      Ambassadeur Gooderham, au cas où vous avez réussi à rater tout cela, pendant que vous agissiez comme une brebis dans un troupeau, le président Ahmadinejad a dit la vérité en se référant à certains faits universellement acceptés.

      On pourrait faire l’économie économiser quelque embarras à l’avenir si les diplomates britanniques étaient convenablement formés pour comprendre la complexité des affaires du monde et les idéologies qui sont impliqués dans l’élaboration de ces affaires. Cela nous épargnerait le spectacle de ces étranges bouffons de diplomates proférant des sons vides de sens, qu’eux-mêmes ont du mal à comprendre.

 
Du même auteur :

 

 Moi, Gilad Atzmon, musicien de jazz, israélien et humain du monde

 Le pétage de plombs d’Aaronovitch et la démolition du pouvoir juif

 La guerre contre la terreur intérieure : Fin de l’Histoire juive

 Gilad Shalit : La Grande Illusion

 Gilad Atzmon : “ C’est Israël, qui a besoin de la Turquie ! ”

 

21 avril 2009 - AlterInfo - source : Palestine Think Tank - Traduit par Fausto Giudice


8,5 et 5,5 ans de prison pour les Gardes frontières assassins

Jeudi 30 avril 2009

 

Serge Dumont - Le Soir.be

 

      Huit ans et demi et cinq ans et demi de prison. Telle est la peine à laquelle le tribunal de district de Jérusalem vient de condamner Shahar Butbika et Denis Alhazov, deux officiers des Gardes frontières ( une branche de l’armée israélienne ) convaincus d’avoir assassiné un Palestinien de 17 ans choisi au hasard dans la rue.

 

      L’affaire s’est déroulée à Hébron ( Cisjordanie ) en décembre 2002, c’est-à-dire en pleine intifada. Ce jour-là, au retour d’une patrouille, Butbika et ses hommes ont croisé Amran Abou Ammadiya, un adolescent sans histoire qui marchait le long d’une route. Après l’avoir interpellé, ils l’ont embarqué dans leur jeep avant de le ligoter et de le torturer. A la sortie de la ville, roulant à pleine vitesse, ils ont ensuite balancé leur prisonnier hors du véhicule. Le jeune homme en est mort, le crâne fracassé.

      Pour leur défense, les Garde frontières ont plaidé le “ surmenage ”. Ils ont également invoqué “ l’atmosphère tendue de l’époque ”. Mais aucun n’a manifesté le moindre regret en public et la mère de Butbuka, qui était accompagné par un député d’extrême droite venu “ exprimer la reconnaissance du peuple d’Israël ” à estimé que son fils est “ victime d’une cabbale ”.

 

      Sept ans après l’assassinat d’Abou Ammadiay, le procès de Jérusalem est passé quasiment inaperçu en Israël. Certes, la presse a mentionné la fin des audiences mais sans s’étendre sur les détails de l’affaire. Pourtant, il s’agit de l’un des très rares procès dans lesquels des officiers sont reconnus coupables de violences envers des civils palestiniens. Outre Butbika ert Alhazov, deux sous-officiers également ayant participé aux tortures ont d’ailleurs également été condamnés à six ans et demi et à quatre ans et demi de privation de liberté.

      Quant aux soldats placés sous leurs ordres, ils ont été renvoyés dans leur foyer puisque leur section a été dissoute. Mais douze d’entre eux sont inculpés pour avoir malmené d’autres civils palestiniens et pour avoir pillé ou saccagé des habitations d’Hébron après avoir assassiné Abou Ammadiya.

Dans les attendus du jugement condamnant Butbika et Alhazov, la présidente du tribunal Orit Gabay a exprimé son “ dégoût ” pour le comportement des condamnés. Quant au procureur de l’Etat, il déclarait à la sortie de l’audience que cette affaire “ est l’une des plus dégoûtante qu’il ait eu à traiter ”.

      Selon les organisations israéliennes de défense des droits de l’Homme, de nombreux faits semblables se seraient produits depuis le début de l’occupation des territoires ( juin 1967 ) mais n’auraient jamais été révélés. Le fait que le procès de Butbika et consort se soit déroulé en public est donc important même si les peines prononcées passent pour “ légères ”. Depuis 2007, le nombre d’enquêtes initiées par l’auditorat militaire contre des soldats de Tsahal et contre des gardes frontières a augmenté de 130 %. Les plaintes traites principalement de violences physiques, de vols et de pillage.

 

29 avril 2009 - Le Soir.be - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.lesoir.be/actualite/mond 

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 23:17

En Israël, une association déterre le passé enfoui de plusieurs villages

Mercredi 8 avril 2009

 

L’Orient le jour

 

      Des centaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de chez eux en 1948.

      Zochrot est une organisation israélienne unique : elle tente de retrouver les traces des villages arabes détruits lors de la création d’Israël en 1948, afin d’empêcher que leur souvenir ne disparaisse entièrement de la mémoire collective.

      “ Nous avons posé plus de cent panneaux de marquage, tous ont été enlevés ”, déclare Eitan Bronstein, le directeur de Zochrot ( Souvenir en hébreu ), en parcourant les ruines de Simsim, un ancien village arabe proche de la bande de Gaza. “ Je ne serais pas surpris si ces signaux ne sont plus là lorsque nous reviendrons plus tard dans la journée ”, poursuit-il en déposant les panneaux qui marquent des emplacements particuliers du village arabe, comme la mosquée, l’école, la place centrale, etc.

      Zochrot a déjà effectué ce travail dans une trentaine de villages arabes en Israël, posant des écriteaux en arabe, hébreu et anglais signalant l’emplacement de leurs principaux édifices et retraçant aux visiteurs la vie quotidienne des Arabes avant 1948. “ Il y a une volonté des Israéliens pour oublier ou dissimuler la présence des Palestiniens avant 1948 ”, explique Omar Ighbarieh, un Arabe israélien qui mène le groupe composé de militants israéliens et étrangers. “ Les Israéliens doivent savoir que tout ce qu’ils ont construit, cet État moderne avec une économie forte, s’est fait aux dépens de quelqu’un d’autre ”, poursuit-il.

      “ Tout le monde, mes parents, mon école, les chansons, la radio... Toute l’histoire était que, nous, les juifs, sommes rentrés après la Shoah sur nos terres d’il y a 2000 ans ”, confirme Yoav Becher, l’un des membres du groupe. Il a invité quelques amis du kibboutz voisin, où il a travaillé avant son service militaire, à visiter Simsim. “ Personne n’est venu. Ils ne veulent pas le voir. Ils ne veulent pas avoir affaire à ça. ”

 

      Le village de Simsim, dont il ne reste que peu de ruines, se situe à quelques km de la bande de Gaza. C’est là que la plupart de ses quelque 1 500 habitants ont fui en mai 1948, lorsqu’il a été attaqué par les Israéliens. « Chaque fois que je retourne ici, je pleure », déclare Ramadan Farajallah, 77 ans, qui a fui avec sa famille il y a 60 ans.

      “ Nous avions quatre fusils dans tout le village, que pouvions-nous faire ? ” dit-il en se remémorant cette nuit lorsque des soldats sont entrés dans le village. Mais contrairement aux autres réfugiés, qui ont grossi les camps de l’ONU au Moyen-Orient, lui peut revenir sur les lieux car il a obtenu la nationalité israélienne en 1970 après avoir épousé une Arabe israélienne.

      Cette question du retour des réfugiés est au centre du conflit israélo-palestinien. Longtemps en Israël, la thèse officielle a été que les Palestiniens qui ont fui en 1948 avaient suivi les consignes des armées arabes qui leur promettaient qu’ils pourraient rentrer chez eux dès qu’elles en auraient fini avec le nouvel État juif. Mais elle a été battue en brèche d’abord par les Palestiniens qui dénoncent un “ nettoyage ethnique ” puis par la recherche historique moderne en Israël.

      Toutes les études montrent que des centaines de milliers de Palestiniens ont été chassés de chez eux, notamment à la fin de la guerre, dans une campagne destinée à assurer une majorité juive en Israël. L’historien israélien Benny Morris, auteur de Naissance du problème des réfugiés palestiniens, 1947-1949, affirme que l’exode des Palestiniens est un problème “ complexe ” dans lequel chaque camp tient une part de responsabilité. “ Il y a eu des expulsions, et il y a des endroits où les Arabes ont dit aux leurs de s’en aller. La plupart des gens sont partis car ils avaient peur ”, affirme-t-il.

      Les Palestiniens réclament que le droit au retour des réfugiés, soit quelque 4,6 millions avec leurs descendants, soit reconnu par Israël, qui refuse d’en entendre parler, considérant qu’un retour en masse de réfugiés signifierait la fin d’Israël comme État juif.

 

07 avril 2009 - L’Orient le jour - Cet article a été publié ici :

http://www.lorientlejour.com/articl...

 

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 18:44

      Retour de Gaza

      Comme vous l'avez constaté et que je vous ai mis un p'tit mot y a quelques jours pour vous en causer, notre blog des Cahiers des Diables bleus relaie les textes poèmes infos et tout ce qu'il y a de créatif et qui nous touche concernant la Palestine et la situation à Gaza depuis le massacre qui a eu lieu cet hiver...
      Nous nous intéressons particulièrement aux témoignages de personnes que cette situation d'appartheid incite à s'exprimer avec un désir de résistance aux poncifs et à la désinformation mise en oeuvre depuis 60 piges par l'ensemble des Etats occidentaux et leurs représentants... ceux qui refusent comme nous-mêmes d'entrer dans le jeu pervers et auto destruction de l'opposition systématique du Nord et du Sud. Bien sûr nous sommes sensibles avant tout aux réactions des créateurs et artistes car c'est par ce biais peut-être qu'on peut rêver un jour s'en sortir avec autre chose que la violence comme seule issue...
      Vous avez pu remarquer que nos reproductions de textes et articles divers provenaient de gens aussi différents que des poètes et artistes israéliens antisionistes, des poètes et écrivains palestiniens, libanais, maghrébins et de nombreux journalistes, créateurs, philosophes et autres également en Europe ou aux Etats-Unis...
      Notre but est avant tout en empruntant à certains sites dont les infos concernant la Palestine sont fiables et justes tel qu'essentiellement : www.info-palestine.net et en diffusant ces articles sur notre blog de lutter pour parvenir à une conscience de ce qui est en train d'être détruit de notre humanité à travers le génocide d'un peuple, d'un pays et le massacre autorisé encore récemment d'enfants qui ont comme tous les enfants droit à grandir en paix et sans devenir l'objet d'une haine qui ne peut pas les concerner...
      Nous ne pouvons laisser faire cela sans réagir par des mots et des images : ce qui est notre façon à nous de résister parce que nous sommes des hommes justement ainsi que l'entendait Camus. Tant que cette situation se perpétuera eh bien ! nous continuerons à en causer et à faire face à ce qui ne peut être accepté même si nous sommes aujourd'hui face à une pulsion de mort générale des Etats et des peuples... 
      
     Et comme le hasard poétique fait toujours bien les choses... cet après-midi en me baladant du côté de la rue Moufetard dans le 5ème arr. je suis tombée en arrêt sur une petite afichette qui diffusait l'info suivante que je vous fait suivre :
      Elle est diffusée par l'association CJPP Comité justice et paix en Palestine qui a son blog à l'adresse suivante : www.cjpp5over-blog.com Il s'agit d'une soirée organisée par la Librairie Palestine Proche-Orient  ( que je ne connais pas mais ça va se faire... ) intitulée Retour de Gaza avec la présence de Stéphane Hessel dont nous avons diffusé certains articles très intéressants et émouvants durant l'offensive contre Gaza cet hiver.
      Cette soirée de discussions à lieu à La Maison Fraternelle, 37, rue Tournefort dans le 5ème métro Monge ou CensierDaubenton le mardi 28 avril à 20 heures.

      Voilà... vous savez tout ou presque et j'espère bien y être et pouvoir rencontrer cet homme qui a vraiment des choses fortes et généreuses à nous communiquer et aussi bien sûr partager ces moments avec ceux d'entre vous qui viendront... Alors à mardi soir et surtout n'oublions pas ainsi que l'affirmait Deleuze avant de nous larguer que " toute oeuvre d'art est une oeuvre de résistance ! "

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 21:51

Refuser la reconnaissance d’Israël, par principe

Mercredi 22 avril 2009

 

Steven Salaita

Dissident Voice

 

      Finalement, quand les sionistes vous demandent d’affirmer le droit d’exister d’Israël, ce qu’ils vous demandent en réalité c’est votre validation. Ne la leur donnez pas.

 

      Il y a quelques années, j’ai été invité à faire un exposé dans mon alma mater [mon ancienne faculté] sur le massacre des Palestiniens par Israël à Deir Yassin, en 1948. En dépit d’un méchant rhume le jour du débat, j’ai attrapé une feuille sur les chiffres effroyables du massacre et une poignée de mouchoirs en papier, et me voilà parti pour aller dénoncer Israël, en me demandant combien de sionistes cette fois s’en iraient et se plaindraient.

      En fait, je n’ai eu qu’un seul contradicteur ( certes, dans une petite assistance ), un de mes anciens professeurs dont j’avais comme étudiant admiré le style intellectuel et pédagogique ( et que j’admire toujours en tant que professionnel ). J’avais fait trois classes avec ce professeur, toutes les trois précieuses et intéressantes. Je savais à l’époque qu’il était juif, comme il savait que j’étais Arabe, mais nous avions surpassé nos divergences politiques supposées grâce à une passion commune de la littérature. Et je lui suis toujours obligé de m’avoir écrit une lettre de recommandation positive pour mon troisième cycle.

      Quand mon ancien professeur s’est présenté pour assister à l’exposé, j’ai eu le sentiment qu’il n’aimerait pas ce que je m’apprêtais à dire, bien que j’eusse soigneusement évité toute polémique et m’en fusse tenu à une relation factuelle des crimes de guerre du début d’Israël, me référant à l’historiographie classique. J’ai eu du mal à maîtriser un mouvement de recul quand il a levé la main à la fin de mon intervention. Un instant plus tard, nous nous disputions. Je m’étais un peu réjoui de cette opportunité de la présence d’un ancien mentor et d’une personne d’autorité, mais j’ai aussi été perturbé par le vitriol de sa réaction à ce que j’avais conçu comme une intervention modérée. J’ai certainement dit des choses bien pires sur Israël en d’autres occasions.

      Nous avons vite repris notre calme et essayé de faire le tour de nos divergences. Comme d’autres membres de l’assistance, ainsi que l’organisateur du débat - un autre de mes anciens professeurs -, intervenaient dans le débat, j’ai constaté que mon adversaire se troublait de plus en plus.

      “ Vous n’êtes pas convaincu du droit d’Israël à exister ” m’a-t-il lancé soudain. Je me suis trouvé déconcerté, non par ce que laissait présager cette déclaration mais par le fait que nulle part dans mes commentaires ou dans nos arguments on avait soulevé une telle question.

      “ Je ne pense pas que quelqu’un ici m’ait entendu dire quoi que ce soit sur la destruction d’Israël, professeur, ” lui ai-je répondu froidement. Il ne laissait pas tomber le sujet cependant, sujet toujours et encore soulevé pour me pousser à chaque fois à affirmer le droit d’exister d’Israël. Et à chaque fois, je n’en tiens pas compte ou je le refuse formellement. Alors il a quitté la salle, tremblant, inconsolable malgré toute la vénération de l’organisateur du débat.

 

         Il y a beaucoup de raisons qui m’ont amené à ne pas répondre à la demande de mon ancien professeur de reconnaître Israël. La première est d’ordre pratique : je n’ai jamais plaidé pour la destruction d’Israël, il est donc curieux qu’on me demande d’affirmer son existence. Personne ne m’a jamais demandé d’affirmer l’existence d’un autre Etat-Nation, demande à laquelle, de la même manière, je ne répondrais pas de toute façon. Comme tous ceux qui mettent l’humanité au-dessus du capital et de la hiérarchie, je crois que ce sont les êtres, et non les institutions nationales, qui requièrent notre empathie et notre attention. D’ailleurs, j’étais mécontent de la violence innée qu’on m’attribuait implicitement alors, pendant que la violence enracinée dans Israël, et que je venais de mettre en avant pendant 45 minutes, bénéficiait une fois encore d’une absence de critique, comme si elle était normative.

        Les autres raisons de ma réticence à satisfaire à la demande particulière de mon ancien professeur sont d’ordres philosophique et politique. Il est particulièrement éhonté pour une nation qui s’est créée sur la destruction de la Palestine et qui est aujourd’hui entraînée dans des formes brutales de nettoyage ethnique d’exiger des victimes de sa malveillance de la reconnaître. C’est aussi une astuce rhétorique qui dissimule à peine certains impératifs opportuns, à savoir : légitimer Israël en tant qu’Etat juif, l’amnistier de son passé déplorable, l’absoudre tacitement de son comportement immoral, privilégier ses besoins au détriment de la reconnaissance élémentaire des besoins des Palestiniens.

        Je n’ai aucune envie d’encourager ces impératifs. Et même si j’en avais l’envie, je n’en aurais pas le pouvoir : il ne m’appartient pas, ni à d’autres individus, de renoncer à la Palestine sous la pression d’une insistance humaniste fallacieuse venant des sionistes, ni de justifier leur perfidie sous le prétexte que cela ferait de moi, en quelque sorte, un homme respectueux et responsable.

        Beaucoup de gens de toute façon ont écrit bien plus de détails sur les affirmations sous-jacentes et insidieuses du “ droit d’exister ” d’Israël, une expression si ambiguë qu’elle devrait susciter le soupçon chez toute personne pensante. Plutôt que de limiter ma discussion aux facteurs philosophique, politique et pratique, je préfère évoquer une raison marquante, sur le plan psychologique, pour écarter l’exigence de tous ceux qui veulent qu’on engage le débat sur le conflit israélo-palestinien en proclamant d’abord son attachement à l’existence d’Israël : une raison de principe.

        En effet, c’est par principe que je suggère de ne pas acquiescer à la demande. Les sionistes détiennent déjà tous les pouvoirs dans le conflit Israël/Palestine et la plupart dans les campagnes culturelles suscitées par le conflit. Ils ont plus de financements, les meilleurs accès aux entreprises de communication et le soutien de l’armée américaine. Pourtant, les Palestiniens ont un certain pouvoir, qui ne requiert ni argent, ni sympathie des médias, ni armement : ils ont la légitimité, cette légitimité que les sionistes veulent si désespérément nous voir conférer à Israël. C’est un petit pouvoir, un pouvoir sans appareil important, mais c’est un pouvoir cependant, et que je ne suis pas prêt d’abandonner, et aucune obligation morale ne m’oblige à y renoncer. Les sionistes ont déjà pris la Palestine. Maintenant, ils essaient de s’approprier aussi notre droit à résister.

        Je suis ravi, pressé même, d’affirmer le droit des juifs à vivre en paix et en sécurité, où qu’ils soient, un droit que tous les humains méritent, sans hiérarchie particulière dans le mérite. Mais je ne célébrerai pas la création sanglante d’Israël ni son objectif visant à conserver son ethnocentrisme juridique. Finalement, quand les sionistes vous demandent d’affirmer le droit d’exister d’Israël, ce qu’ils vous demandent en réalité c’est votre validation. Ne la leur donnez pas.

 

         Jusqu’à ce qu’Israël traite les Palestiniens à égalité et avec humanité, il ne mérite pas le droit à la célébration de son existence.

 

         

        Le dernier livre de Steven Salaita est : Les guerres incultes : les Arabes, les musulmans et la pauvreté de la pensée libérale. Son adresse mel :
salaita@vt.edu.

Du même auteur :

 Le pragmatisme du nettoyage ethnique

 20 avril 2009 - Dissident Voice - traduction : JPP

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19 avril 2009 7 19 /04 /avril /2009 21:17

Voici la suite du texte dont j'ai publié la première partie il y a deux jours sur notre blog et que j'ai découvert sur le site www.info-palestine.net

Moi, Gilad Atzmon, musicien de jazz, israélien et humain du monde suite


          En juillet 1981, je me suis engagé dans l’armée israélienne, mais, je suis fier de dire que dès le premier jour, j’ai tout fait pour éviter tout appel du devoir. Non pas que j’étais pacifiste, ni que je me souciais beaucoup du sort des Palestiniens, ni encore que j’étais porté par une passion secrète pour la paix, non, tout simplement parce que j’adorais me retrouver seul avec mon saxophone.

         Quand a éclaté la première guerre du Liban, cela faisait un an que j’étais à l’armée. Pas besoin d’être un génie pour deviner la vérité, je savais que nos dirigeants mentaient. Chaque soldat israélien se rendait bien compte que cette guerre était une agression de la part d’Israël. Personnellement, je n’étais plus du tout attaché à la cause sioniste. Je n’avais plus le sentiment d’en faire partie. Cependant, ce n’était toujours ni la politique ni le sens moral qui me motivaient, c’était mon désir d’être seul avec mon saxo. Faire des gammes à la vitesse de la lumière me semblait bien plus important que de tuer des Arabes au nom de la rédemption des Juifs. Et c’est ainsi qu’au lieu de m’évertuer à devenir un tueur patenté, je concentrais tous mes efforts à essayer de me faire engager dans une des fanfares militaires.

          Il m’a fallu plusieurs mois pour y arriver, mais j’ai réussi à atterrir en douceur dans l’orchestre de l’armée de l’air israélienne  ( Israeli Air Force Orchestra – IAFO ). Il n’y avait que deux possibilités pour intégrer l’IFAO : soit on avait décelé en vous un musicien de jazz au talent prometteur, soit vous étiez le fils d’un pilote mort en mission.

          Le fait d’avoir été admis, sachant que mon père était encore de ce monde, m’a pour la première fois conforté dans l’idée que j’avais peut-être du talent.

          A ma grande surprise, aucun des musiciens de l’orchestre n’était un passionné d’armée.

          Nous ne nous intéressions qu’à une chose : développer notre talent musical personnel.

          Nous détestions l’armée et il n’a pas fallu bien longtemps pour que je me mette à haïr l’état qui avait une si grande armée avec des forces aériennes si importantes qu’elle avait besoin d’un orchestre qui m’empêchait de m’exercer 24h sur 24 et 7 jours sur 7.

          Quand on nous faisait venir pour jouer lors d’une manifestation militaire, nous nous efforcions de jouer le plus mal possible de façon à ne plus jamais être réinvités. C’est au sein de l’orchestre que j’ai appris à être subversif. Comment détruire le système afin d’atteindre la perfection pure au niveau personnel.

          A l’été 1984, juste trois semaines avant de me débarrasser de mon uniforme militaire, nous avons été envoyés au Liban pour une tournée de concerts. A l’époque, le Liban était un endroit très dangereux et l’armée israélienne était installée dans des bunkers et des tranchées profondément enfouis pour éviter tout contact avec la population locale. Le deuxième jour, nous sommes arrivés à Aszar, un camp de concentration israélien de sinistre réputation installé sur le territoire libanais.

          Et c’est l’événement qui a changé ma vie. Il faisait une chaleur d’étuve en ce début de juillet. Un chemin de terre poussiéreux nous a conduits jusqu’à l’enfer sur terre. Un immense centre de détention entouré de barbelés. Pour aller jusqu’au quartier général du camp, nous avons dû passer devant des milliers de détenus à la peau brûlée par le soleil.

          C’est difficile à croire, mais les orchestres militaires sont toujours bien accueillis. Une fois arrivés devant le QG des officiers, nous sommes allés faire un tour guidé du camp. Nous avancions le long d’interminables grillages de barbelés et de miradors. Je n’en croyais pas mes yeux. Qui sont ces gens ?, ai-je demandé à l’officier-guide. Ce sont des Palestiniens, m’a-t-il répondu. Ici, à gauche, vous avez les OLP et là, à droite, les “ Ahmed Jibril ” ( le FPLP, Front populaire de la Palestine ), ils sont beaucoup plus dangereux que les autres alors, on les isole. J’ai regardé les détenus et ils avaient l’air totalement différents des Palestiniens que je rencontrais à Jérusalem. Ceux que je voyais à Ansar étaient en colère. Ils n’étaient pas vaincus et ils étaient nombreux.

          En avançant le long des barbelés, je regardais fixement ces détenus et j’ai alors réalisé l’atroce vérité : j’étais vêtu de l’uniforme de l’armée israélienne. Alors que je pensais à mon uniforme, essayant de régler le terrible sentiment de honte naissante, je me suis retrouvé sur un grand terrain plat au milieu du camp. Nous nous sommes arrêtés là, entourant l’officier qui nous servait de guide, et qui nous donnait d’autres informations, d’autres mensonges sur la guerre en cours pour défendre notre havre juif.

Pendant qu’il nous ennuyait à mourir avec ses mensonges absurdes, j’ai remarqué que nous étions entourés d’une vingtaine de blocs de béton d’environ un mètre carré de superficie sur un mètre trente de hauteur. Il y avait une petite porte métallique et j’étais horrifié à l’idée que mon armée avait peut-être décidé d’enfermer pour la nuit dans ces constructions les chiens de garde. Mettant mon “ chutzpah ” israélien en action, j’ai demandé au guide à quoi servaient ces horribles cubes de béton.

          Il a répondu aussitôt : “ Ca ? ce sont nos cellules d’isolement, deux jours dans une de ces cellules et vous êtes plus sioniste que les sionistes ”.

          C’en était trop pour moi. C’est donc dès 1984 que j’ai réalisé que ma relation avec l’état israélien et le sionisme était terminée.

 

          Et pourtant, je ne connaissais pas grand-chose de la Palestine, de la Nabka ou même sur le judaïsme et la judéité. J’ai seulement réalisé qu’en ce qui me concernait, Israël, c’était pourri et je ne voulais plus rien avoir à faire désormais avec ce pays.

          Deux semaines plus tard, je rendais mon uniforme, j’attrapais mon saxo alto, je prenais la navette pour l’aéroport Ben Gourion et je partais pour l’Europe pendant quelques mois.

          A l’âge de 21 ans, j’étais libre pour la première fois. En décembre, comme il faisait trop froid, je suis retourné chez moi avec la ferme intention de revenir en Europe. Il m’a fallu attendre encore 10 ans avant de pouvoir quitter Israël définitivement.

          A cette époque, je commençais à en apprendre de plus en plus sur le conflit israélo-palestinien, sur l’oppression. Je commençais à accepter le fait que je vivais sur le territoire de quelqu’un d’autre. Je commençais à intégrer le fait terrible qu’en 1948, les Palestiniens ne voulaient pas réellement partir de leur plein gré, mais qu’ils avaient subi une épuration ethnique brutale de la part de mon grand père et ceux de son espèce. Je me suis mis à réaliser que l’épuration ethnique n’avait jamais rebuté Israël, simplement, elle prenait des formes différentes. Je me suis mis à réaliser que le système judiciaire était totalement raciste.

          Un bon exemple en était le “ Droit au retour ”, une loi qui encourage les Juifs à revenir chez eux 2000 ans plus tard mais qui empêche les Palestiniens de retourner sur leur terre et dans leurs villages après deux ans d’absence. Et pendant tout ce temps-là, ma carrière de musicien évoluait. J’étais devenu producteur de musique et musicien de jazz reconnu.

          Mais, je ne m’étais toujours pas véritablement investi dans une activité politique quelconque. J’avais étudié à la loupe le programme de la gauche israélienne et j’en avais déduit qu’il s’agissait plus du programme d’une œuvre sociale que d’une structure idéologique fondée sur une éthique.

          Au moment des accords d’Oslo ( 1994 ), j’en avais assez vu. J’ai réalisé que la paix pour Israël, c’était du pipeau. Elle n’allait pas conduire à une réconciliation avec les Palestiniens, ni à remettre en cause le péché originel des sionistes. Au contraire, elle était destinée à consolider l’existence de l’état juif aux dépens des Palestiniens. Il n’était absolument pas question du droit au retour des Palestiniens. J’ai décidé de quitter ma maison, d’abandonner ma carrière. J’ai tout quitté, même ma femme, Tali, qui est venue me rejoindre par la suite. Tout ce que j’avais emporté, c’était mon saxo ténor, mon seul ami véritable.

          Je me suis installé à Londres où j’ai suivi des cours de philosophie en troisième cycle à l’université d’Essex. Et en l’espace d’une semaine à Londres, je réussissais à me faire embaucher au Black Lion, pub irlandais mythique dans Kilburn High Road. A l’époque, je ne réalisais pas la chance que j’avais eue. Je ne savais pas combien il était difficile d’arriver à se produire à Londres. En fait, c’est ce qui a marqué le début de ma carrière internationale de musicien de jazz. En l’espace d’un an, j’étais devenu très connu au Royaume Uni comme musicien de be-bop et d’après be-bop. Et trois ans plus tard, je faisais des tournées dans toute l’Europe avec mon jazz band.

          Cependant, je n’ai pas mis longtemps à avoir la nostalgie du pays. A ma grande surprise, ce n’était pas Israël qui me manquait. Ce n’était pas Tel-Aviv, Haïfa ou Jérusalem. C’était, en réalité, la Palestine.

 

          Ce n’était pas le chauffeur de taxi grossier à l’aéroport Ben Gourion, ni un centre commercial à Ramat Gan, c’était le petit restau d’houmous à Yafo au coin des rues Yesfet et Salasa. C’était les villages palestiniens qui s’étendaient sur les collines entre les champs d’oliviers et les figues de barbarie. J’ai réalisé que chaque fois que j’avais le mal du pays, je me retrouvais à Edgware Road, où je passais la soirée dans un restaurant libanais. Et, quand je me mettais à penser à Israël en public, il s’est vite avéré qu’Edgware Road était ce qui se rapprochait le plus de mon pays natal.

          Je dois admettre que quand j’étais en Israël, je ne m’étais pas du tout intéressé à la musique arabe. Un colon ne s’intéresse pas à la culture indigène.

          J’ai toujours adoré la musique folklorique. En Europe, on me présentait comme un spécialiste de musique klezmer. Au fil des ans, je me suis mis à jouer de la musique turque et grecque.

          Mais, j’avais complètement occulté la musique arabe et, en particulier, la musique palestinienne. Une fois à Londres, dans ces restaurants libanais, j’ai réalisé que je ne m’étais jamais véritablement intéressé à la musique de mes voisins. Plus inquiétant, je l’avais complètement ignorée, même si je l’entendais tout le temps.

          Elle était partout autour de moi, mais je ne l’avais jamais réellement entendue. Elle était là, à chaque recoin de mon existence. L’appel à la prière qui venait des mosquées sur les collines, Oum Kalthoum, Farid El Atrash , Abdel Halim Hafez , étaient présents à chaque recoin de ma vie, dans la rue, dans les petits cafés de la vieille ville à Jérusalem, dans les restaurants. Ils étaient partout mais je les avais, de façon grossière, totalement ignorés.

          Vers l’âge de 34-35 ans, loin de ma terre natale, je me suis penché sur la musique indigène de mon pays. Cela n’a pas été facile. C’était à la limite de l’inaccessible. Autant le jazz, je m’en imprégnais aussitôt, autant la musique arabe, cela m’était pratiquement impossible. Je passais un morceau et j’attrapais mon saxo ou ma clarinette, j’essayais d’en saisir l’essence, mais ce que je faisais avait des sonorités étrangères. J’ai vite réalisé que la musique arabe était un langage totalement différent. Je ne savais pas par où commencer ni comment l’approcher.

          Le jazz est une création occidentale. Il a évolué au XX°s et s’est développé en marge du secteur musical classique. Le be-bop, la musique avec laquelle j’ai grandi, se compose de morceaux de musique relativement courts. Les airs sont courts parce qu’il fallait les faire tenir dans le format de disque des années 40 ( 3 min. ). Et la musique occidentale peut facilement se retranscrire sur papier avec les notes et les accords.

          Le jazz, comme toute forme artistique occidentale, est en partie numérique. La musique arabe, en revanche, est analogique, elle ne peut se retranscrire. Une fois retranscrite, elle perd toute authenticité. Et alors que j’avais atteint suffisamment de maturité pour affronter la musique de mon pays, voilà que c’était mes connaissances musicales qui constituaient un obstacle.

          Je ne voyais pas ce qui pouvait bien m’empêcher de capturer les sonorités de la musique arabe. Je ne comprenais pas ce qui clochait. J’avais beau y consacrer du temps, à écouter et à m’entraîner, rien à faire, ce n’était pas ça.

          Les critiques musicaux européens appréciaient de plus en plus mon nouveau style et commençaient à me considérer à la fois comme un nouveau héros du jazz qui avait su rapprocher les genres musicaux et comme spécialiste de la musique arabe. Moi, je savais qu’ils avaient tort, même si je faisais tous les efforts nécessaires pour "rapprocher les genres", je voyais bien que la musique que je produisais était étrangère à l’essence même de la musique arabe.

          Et c’est alors que j’ai trouvé une astuce. Dans les concerts, quand je cherchais à reproduire le style oriental, je chantais d’abord le vers d’un chant qui me rappelait les sons que j’avais occultés au cours de mon enfance, essayant de me remémorer les échos de l’appel à la prière du muezzin, qui, depuis les vallées alentour, s’insinuaient dans les ruelles de la ville. J’essayais de me remettre en mémoire la musique surprenante et obsédante de mes amis Dhafer Youssef et Nizar Al Issa

          L’an dernier, alors que j’enregistrais un album en Suisse, j’ai réalisé que la façon dont je jouais la musique arabe n’était plus un problème. En réécoutant quelques morceaux, j’ai soudain réalisé que les sonorités de Jenine, d’Al-Quds et de Ramallah jaillissaient tout naturellement des enceintes.

J’ai réfléchi à ce qui s’était passé, à la raison pour laquelle, brusquement, j’avais réussi à produire un son authentique.

          Et j’ai réalisé que j’avais laissé tomber la primauté de l’œil et que j’étais passé à la prééminence de l’oreille. Je n’avais pas cherché l’inspiration dans la retranscription, ni des notes, ni des accords. Au lieu de cela, j’écoutais ma voix intérieure. Le fait que j’aie eu du mal avec la musique arabe m’a rappelé pourquoi je m’étais mis à la musique initialement. En fait, je ne regardais jamais Bird sur MTV, je préférais l’entendre à la radio.

 

          J’aimerais terminer cette réflexion en disant qu’il serait temps que nous apprenions à écouter les gens que nous aimons.

          Il serait temps que nous entendions les Palestiniens plutôt de que nous référer à de vieux manuels en lambeaux. Il serait temps.

          Ce n’est que récemment que j’ai réalisé que l’éthique intervient quand les yeux se ferment et que les échos de la conscience forment un air au plus profond de notre âme. S’identifier à l’autre, c’est accepter la primauté de l’oreille.

 

 Du même auteur :

 

  Le pétage de plombs d’Aaronovitch et la démolition du pouvoir juif - 13 avril 2009

  La guerre contre la terreur intérieure : Fin de l’Histoire juive - 23 mars 2009

  Gilad Shalit : La Grande Illusion - 20 février 2009

  Gilad Atzmon : “ C’est Israël, qui a besoin de la Turquie ! ” - 12 février 2009

  Une interview de Gilad Atzmon - 24 janvier 2009

  Israël a perdu une fois de plus - 16 janvier 2009


 Vous trouverez la traduction originale de ce texte sur le site : Des bassines et du zèle

15 janvier 2009

 

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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 21:48

      
      Vous avez remarqué que sur notre blog des Cahiers depuis les massacres qui ont eu lieu à l'encontre de la population de Gaza on relaie les infos, les images, les textes, les poèmes et tout ce qui touche de près nos amis de Palestine... Une façon modeste de leur apporter toute notre amitié et notre soutien dans la cruelle et honteuse situation de violence coloniale et d'appartheid qui leur est faite depuis 1948.
      Une façon également de répondre au matraquage sur les ondes, dans les journaux et dans une certaine opinion de la propagnade sioniste qui ne nous convient pas et que nous n'avons pas décidé librement de subir. Et bien sûr qu'il y a de l'humanité et de la bonté et de la justice partout sur la terre, c'est pourquoi il y a des artistes et des gens en Israël qui réagissent fortement contre cette situation innommable que le gouvernement de ce pays où nous vivons admet et encourage depuis deux ans...
      Gilad Atzmonn est un saxophoniste israélien et un homme vraiment bien... Un de ces types qui ne cessent de parler de la Palestine avec de l'amour et de reconnaître les droits du peuple palestinien partout où il peut le faire face aux sionistes et aux souteneurs de cet état d'infâmie. Une de ceux qui ont acquis la grandeur simple que donne la création à celles et à ceux qui défendent la vie et qui résistent à la formidable pulsion de mort dans laquelle ce monde tout entier est embarqué...
       J'ai découvert cet homme ainsi que bien d'autres poètes... écrivains... musiciens et créateurs d'Israël de Palestine et du monde grâce au site www.info-palestine.net où je vais régulièrement piocher les articles que je publie sur notre blog et leur boulot est extra ! Mais là vraiment je les remercie pour ce travail... cette découverte est pour moi magique...
      Voici la première partie de l'extrait du récit de sa trajectoire, et puis vous aurez droit à une de ses interventions dont il a le secret face aux crapules... A suivre...


Vous trouverez la traduction originale de ce texte sur le blog : Des bassines et du zèle
 


Moi, Gilad Atzmon, musicien de jazz, israélien et humain du monde

Jeudi 16 avril 2009

 

Gilad Atzmon

 

      Gilad Atzmon est un saxophoniste renommé. Né en Israël dans une famille sioniste laïque, il réalise un jour le traitement qu’inflige aux Palestiniens son propre pays. A partir de là, son souci sera d’aller transporter ailleurs, à Londres, New York ou Paris, sa musique, son humour et son pays, la Palestine. Il finira par atterrir à Londres.
      Ecoutez la musique de ses mots - enfin, ce que j’ai pu en tirer de mon saxo rouillé.
     Je vous ferai grâce d’une interprétation d’un de ses morceaux au saxo. Allez donc plutôt écouter les originaux dont vous trouverez certains en lien en fin de billet. La musique a cela de magique qu’elle est universelle et n’a pas besoin d’être traduite par des béotiens ...
      (Merci à Pièce Détachée qui m’a permis de mieux connaître ce personnage attachant).

 

 Gilad Atzmon La primauté de l’oreille

De la musique à l’éthique

 

Introduction (extraits)

 

      La même question revient fréquemment quand je suis interviewé par des médias arabes : “ Gilad, comment se fait-il que vous perceviez ce que beaucoup d’Israéliens refusent de voir ? ”.
      Pendant de nombreuses années, je n’avais aucune réponse à apporter. Cependant, j’ai réalisé récemment que cela a probablement un rapport avec mon saxophone. C’est la musique qui a modelé ma vision du conflit israélo-palestinien et qui a formé ma critique de l’identité juive. Aujourd’hui, je vais vous parler du parcours de la musique jusqu’à l’éthique.
      La vie, on le sait, prend tout son sens quand on la passe en revue du moment présent en remontant jusqu’à son origine.
      Et c’est pourquoi, je vais tenter d’analyser ma propre lutte contre le sionisme à la lumière de mon évolution en temps que musicien. Et vous parler des blocages que je faisais naguère avec la musique arabe.
      C’est, en quelque sorte, l’histoire de ma vie jusqu’à aujourd’hui ( du moins l’une d’elles ).
      *** J’ai été élevé en Israël dans une famille laïque et, disons-le, sioniste.
      Mon grand père était un ancien terroriste, d’une poésie charismatique, ancien officier supérieur de l’organisation terroriste de droite Irgoun. Je dois admettre qu’il a eu une énorme influence sur moi quand j’étais jeune. Sa haine de tout ce qui n’était pas juif était son inspiration majeure.
      Il haïssait les Allemands, et donc, il avait interdit à mon père d’acheter une voiture allemande. Il méprisait également les “ Brits ” parce qu’ils avaient colonisé sa “ Terre Promise ”.
      Je suppose qu’il ne haïssait pas les Brits autant que les Allemands parce qu’il avait autorisé mon père à conduire une vieille Vauxhall Viva.
      Il était également plutôt remonté contre les Palestiniens pour s’être installés sur des terres dont il était sûr qu’elles lui revenaient à lui, et à son peuple. Assez souvent, il disait, à propos des Palestiniens : “ Ces Arabes, ils ont des tas de pays, pourquoi faut-il qu’ils viennent se mettre juste à l’endroit où nous voulons vivre ? ”
      Mais plus que tout au monde, mon grand père détestait les Juifs de gauche.
      Cependant, il est important de noter que, dans la mesure où les Juifs de gauche n’ont jamais produit de voiture, cette haine particulière ne s’est pas traduite par des conflits d’intérêts entre mon père et lui.

      Adepte de Zeev Jabotinsky, mon grand père, s’était rendu à l’évidence que la philosophie de gauche et le système de valeurs juif étaient une contradiction en soi. Ancien terroriste de droite en même temps que Juif tribal sûr de sa supériorité, il savait parfaitement que le tribalisme ne peut pas cohabiter pacifiquement avec l’humanisme et l’universalisme.

      Suivant les préceptes de son mentor, Zeev Jabotinsky, il croyait en la philosophie du *“  Mur de Fer ”. Il partait du principe que les Arabes devaient être combattus avec bravoure et férocité. Citant l’antienne du Bétar, il aimait à répéter : “ Dans le sang et la sueur, nous construirons notre race ”.

      Mon grand père croyait en une race juive, moi aussi quand j’étais très jeune.

 

      Comme mes pairs, je ne voyais pas les Palestiniens autour de moi. Ils étaient là pourtant, c’est sûr : ils réparaient la voiture de mon père pour moitié prix, ils construisaient nos maisons, ils ramassaient nos ordures, ils trimbalaient les cartons dans les petits commerces locaux, mais ils disparaissaient toujours juste avant le coucher du soleil pour réapparaître le lendemain à l’aube. Ils ne se mêlaient jamais à nos activités. Nous ne comprenions pas vraiment qui ils étaient et ce qu’ils représentaient. La suprématie était, sans aucun doute, infuse chez nous au plus profond de nos êtres et nous regardions le monde à travers le prisme du racisme et du chauvinisme.

      A l’âge de 17 ans, je me préparais à effectuer mon service militaire obligatoire dans l’IDF (Israel Defense Forces). Adolescent bien bâti, imprégné de l’âme sioniste et immergé dans le pharisaïsme, j’étais destiné à être incorporé dans une unité spéciale de sauvetage de l’Armée de l’Air.

      Mais c’est alors que s’est produit l’imprévisible. Dans une émission de radio tardive, j’ai entendu des morceaux de l’album Bird (Charlie Parker) with Strings.

      J’étais sonné. C’était, de loin, plus pur, plus poétique, plus sentimental et cependant plus fou que tout ce qui m’avait été donné d’entendre jusqu’à présent. Mon père écoutait Bennie Goodman et Artie Shaw, qui étaient tous deux plaisants à écouter, et jouaient fort bien, ma foi, de la clarinette, mais Bird, c’était une toute autre histoire. C’était une féerie jouissive d’esprit et d’énergie à lui tout seul.

      Le lendemain, je décidais de manquer l’école pour me précipiter à Piccadilly Record, le plus grand magasin de musique de Jérusalem. Dans la section jazz, j’achetais tous les albums de be-bop que j’avais trouvés dans les rayons ( en tout, deux albums, je crois ).

      C’est une fois dans le bus, en rentrant chez moi, que j’ai réalisé que Bird était noir, en réalité. Cela ne m’a pas totalement surpris mais c’était une sorte de révélation : dans mon univers, seuls les Juifs étaient associés avec ce qu’il y avait de bien sur terre. Bird, c’était le début d’une aventure.

      A l’époque, comme mes semblables, j’étais persuadé que les Juifs étaient effectivement le peuple élu. Ma génération avait été élevée avec, à l’esprit, la victoire magique de la Guerre des Six Jours, nous étions complètement sûrs de nous.

      Comme nous étions laïcs, nous associons chaque succès à nos qualités toutes‑puissantes. Nous ne croyions pas en l’intervention divine, nous croyions en nous. Nous croyions que notre force émanait de notre essence hébraïque ressuscitée.

      Les Palestiniens, de leur côté, nous servaient docilement et il ne semblait pas à l’époque que cette situation allait changer un jour. Ils ne montraient aucun signe de rébellion collective. Les attaques sporadiques soi-disant “ terroristes ” nous donnaient le sentiment d’être vertueux, et nous enflaient du désir de nous venger.

      Mais d’une certaine façon, au milieu de cette fantasia de sentiment de supériorité, à ma grande surprise, j’avais quand même fini par réaliser que les gens qui me procuraient le plus de plaisir étaient une bande de Noirs américains. Des gens qui n’avaient rien à voir avec le miracle sioniste. Des gens qui n’avaient rien à faire dans ma propre tribu sectaire et chauvine.

      Il ne m’a pas fallu plus de deux jours pour louer mon premier saxo. Le saxo est un instrument dont on apprend vite les rudiments ... si vous ne me croyez pas, demandez à Bill Clinton.

      Cependant, aussi facile qu’il soit d’en jouer, de là à jouer comme Bird ou Cannonball, cela me semblait mission impossible. Je me suis mis à m’exercer jour et nuit, et plus je jouais, plus je me sentais écrasé par la réussite extraordinaire de cette famille géniale de musiciens noirs américains, une famille que je commençais à bien connaître désormais.

      En l’espace d’un mois, j’avais découvert Sonny Rollins, Joe Henderson, Hank Mobley, Monk, Oscar Peterson et le Duke, et plus je les écoutais, plus je me rendais compte que mon éducation initiale “ judéo-centrique ” était complètement erronée. Au bout d’un mois passé avec le saxo vissé aux lèvres, mon enthousiasme sioniste s’était complètement évaporé.

      Au lieu de rêver de piloter des hélicos au-dessus des lignes ennemies, je commençais à m’imaginer vivant à New York, Londres ou Paris. Tout ce qui m’intéressait, c’était avoir une chance d’aller entendre les grands noms du jazz, et dans les années 1970, il y en avait encore beaucoup dans le circuit.

Actuellement, les jeunes qui veulent faire du jazz vont généralement s’inscrire dans une école de musique, or, à mon époque, c’était tout à fait différent. Ceux qui voulaient faire de la musique classique entraient dans un conservatoire, mais ceux qui voulaient jouer pour le simple plaisir de faire de la musique restaient chez eux et jouaient non stop. D’autre part, vers la fin les années 70, il n’y avait pas de cours de jazz en Israël et, à Jérusalem, ma ville natale, il n’y avait qu’un club de jazz.

      C’était le Pargod, et il était installé dans les locaux d’anciens Bains Turcs rénovés. Le vendredi après-midi, ils organisaient un bœuf, et pour mes deux premières années de jazz, ces bœufs étaient l’essence même de mon existence. J’avais, littéralement, arrêté tout le reste et ma seule activité consistait à m’entraîner jour et nuit pour me préparer à la session suivante. J’écoutais de la musique, je retranscrivais certains grands solos, il m’est même arrivé de jouer en dormant.

      J’avais décidé de consacrer ma vie à faire du jazz, acceptant l’idée qu’en tant qu’Israélien et blanc, mes chances d’arriver au sommet étaient plutôt minces. Sans m’en rendre compte, à l’époque, ma passion naissante pour le jazz avait englouti mon sectarisme sioniste. Sans m’en rendre compte, je m’étais débarrassé de ce truc sur “ le peuple élu ”. J’étais devenu un être humain ordinaire. Ce n’est que des années plus tard que j’ai compris que c’est le jazz qui m’avait permis d’échapper à tout ça. En l’espace de quelques mois, je me suis senti de plus en plus déconnecté de la réalité qui m’entourait, me considérant comme le membre d’une famille bien plus large et bien plus géniale.

      Une famille d’amateurs de musique, une bande de gens adorables qui s’intéressaient à la beauté et l’esprit au lieu de territoires et d’occupation. Mais, il me restait toujours à effectuer mon service militaire. Si les générations suivantes de musiciens de jazz israéliens se soustrayaient aux obligations militaires en s’enfuyant à New York, la Mecque du jazz, pour un jeune garçon comme moi, d’origine sioniste à Jérusalem, il n’y avait pas d’alternative possible, d’ailleurs, cette éventualité ne m’avait même pas effleuré.
A suivre...

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13 avril 2009 1 13 /04 /avril /2009 22:40

Une fillette, un cri

Lundi 13 avril 2009

 

De Mahmoud Darwish

 

      Coïncidences de la vie : du temps où le grand poète palestinien Mahmoud Darwish écrivait les vers suivants dans la ville palestinienne de Ramallah, je me trouvais à Gaza donnant une interview pour ce journal aux enfants survivants de la famille Galia. C’était au mois d’août 2006. La guerre sévissait dans la Bande de Gaza comme au Liban.

 

      Tentant de fuir la chaleur du camp de réfugiés de Yabalia, deux mois auparavant la famille Galia s’était rendue à la plage. Une patrouille israélienne tira depuis la mer méditerranée tuant deux membres d’une autre famille.

      Pris de peur, les Galia se levèrent et s’enfuirent jusqu’à ce qu’un nouveau projectile prît la vie de sept d’entre eux, laissant leurs corps étalés sur le sable.

Un crime brutal, sans explication, qui ébranla des millions de téléspectateurs dans toute la planète grâce aux images enregistrées par mon admirable collègue Zakaria Abu Harbid, de l’agence Ramattan. Un caméraman courageux, gravement blessé en 2001 et lauréat du prestigieux prix de la Fondation Rory Peck en 2001.

      Evidemment, les pseudo-médias ne manquèrent pas de nier ces événements, dans une offense ouverte à la profession et encore plus aux personnes décédées elles-mêmes. Ils avaient déjà essayé de nier les faits avec le petit Mohamed Durra, de même que lors le second massacre de Qana, puisque la capacité à être infâme semble ne pas avoir de limite.

      Une enquête réalisée sur le terrain par Human Rights Watch dévoilera, encore une fois, leurs mensonges.

       Les images de la petite Juda Galia, criant près du corps inerte de son père secouèrent les consciences du monde entier, bien que ce ne soit pas suffisant, étant donné que ces trois dernières années, à plusieurs reprises s’élevèrent des cris chargés d’horreur vers le ciel de Gaza.

Hernán Zin, 20 Minutos - España

 

Une fillette, un cri

Sur la plage il y a une fillette, cette fillette a une famille

Et cette famille, une maison

La maison a deux fenêtres et une porte...

Sur la mer, un cuirassé s’amuse à chasser les gens qui se promènent

Sur la plage : quatre, cinq, sept

Tombent sur le sable. La fillette l’a échappé belle,

Grâce à une main invisible,

Une main non divine qui lui vient en aide. Elle crie :

Papa !

Papa ! Lève-toi, rentrons : la mer n’est pas comme nous.

Le père, enseveli dans son ombre, à la merci de l’invisible,

Ne répond pas.

Du sang dans les palmiers, du sang dans les nuages.

Plus haut et plus loin l’emporte cette voix de

La plage. Elle crie dans la nuit déserte.

Nul écho dans l’écho.

Et le cri éternel devient nouvelle

Rapide qui cesse d’être nouvelle lorsque

Les avions reviennent pour bombarder une maison

Avec deux fenêtres et une porte.

 

Mahmoud Darwish

 

9 avril 2009 - Palestina Libre - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.palestinalibre.org/artic...

Traduction de l’espagnol : Assia B.

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6 avril 2009 1 06 /04 /avril /2009 23:13

Défendre le sionnisme défendre l'indéfendable suite...

      Pearl comme beaucoup ne peut accepter le fait qu’Israël dédaigne la paix, se nourrisse de la violence et en ait besoin pour se justifier. L’idée même de paix et d’une résolution du conflit terrifie Israël. Ce que le Premier ministre Yitzhak Shamir a reconnu autrefois pour lancer la guerre d’Israël contre le Liban en 1982 : qu’il y avait un “ épouvantable danger... pas tant militaire que politique ”, aussi il fallait inventer un prétexte pour attaquer s’il n’y avait ni menace ni justification.

Il a fallu 18 000 morts et une occupation du Sud Liban pour que les Forces de défense israéliennes se retirent en mai 2000, sauf sur les 25 km carré des Fermes de Shebaa qu’il conserve illégalement encore aujourd’hui.

Pourtant, Pearl insiste, disant que “ l’antisionisme vise la fraction la plus vulnérable du peuple juif, à savoir la population juive d’Israël dont la sécurité physique et la dignité individuelle dépendent de façon primordiale du maintien de la souveraineté israélienne. Pour parler franchement, le ‘ projet ’ antisioniste vise à se débarrasser des juifs, il condamne 5 millions et demi d’êtres humains, la plupart des réfugiés ou des enfants de réfugiés, à une vulnérabilité éternelle dans une région où les velléités génocidaires ne sont pas rares. ”

Il ajoute que “ la rhétorique antisioniste ( montre ) une sophistication universitaire et une acceptation sociale dans certains cercles extrémistes toujours intarissables. ( C’est aussi ) un coup de poignard dans le dos du camp de la paix israélien ( et ) cela accorde du crédit ( à ) l’agenda caché de tout Palestinien ( pour ) éliminer à long terme Israël. ”

 

Aujourd’hui, certains faits sont dénaturés, falsifiés, ou tus par Pearl et d’autres apologistes de la même pensée :

 

Il n’y a jamais eu et il n’y a pas aujourd’hui de “ camp de la paix israélien ” comme indiqué ci-dessus.

La souveraineté d’Israël n’est pas le problème ; elle existe, elle est acceptée et les antisionistes ne la contestent pas ; en outre, depuis au moins la fin des années 80, les dirigeants palestiniens ( dont Arafat et le Hamas ) ont été prêts à la reconnaître ; mais Israël rejette toute ouverture vers la paix et la réconciliation, ce que les médias dominants et les sionistes taisent.

Les Palestiniens et les autres Arabes ne prennent pas Israël pour cible, pas depuis la guerre de 1973 ; cependant, ils se défendent à bon droit quand ils sont attaqués, comme le leur permet le droit international.

Les antisionistes, comme l’auteur de cet article, ne projettent ni ne souhaitent la destruction d’Israël, pas plus de nuire à son peuple, ou de le rendre vulnérable ; ils exigent, par contre, que le comportement et les actes d’Israël se civilisent, qu’il mette en œuvre la démocratie dont il se revendique, qu’il observe les lois internationales comme ses propres lois, et qu’il en soit tenu pour responsable quand ce n’est pas le cas, notamment ses dirigeants pour leurs crimes de guerre et contre l’humanité, afin de les dissuader à l’avenir de commettre de telles violations.

Seul Israël est une menace, contre les Palestiniens et contre les autres Etats de la région, notamment le Liban, la Syrie et l’Iran ; ni ces nations, ni les autres ne menacent Israël, et une fois encore, les médias et la propagande sioniste disent le contraire.

L’idéologie sioniste est extrémiste, antidémocratique et haineuse ; elle prétend à la suprématie juive, à sa spécificité et son unicité : “ le peuple choisi ” de Dieu ; cette idéologie nuit aux juifs comme aux non-juifs.

L’ancien critique universitaire israélien Israel Shahak ( 1933-2001 ), qui a milité longtemps pour les droits de l’homme, expliquait les dangers du chauvinisme juif, du fanatisme religieux et de son influence sur la politique américaine.

 

Il qualifiait d’ “ absurde ” l’idée de juifs qui auraient la haine d’eux-mêmes et définissait ainsi le juif :

 

...“ Celui dont la mère, la grand-mère, l’arrière-grand-mère ( ou ) l’arrière‑arrière‑grand-mère étaient juives par la religion ; ou celui qui ( se convertissait ) au judaïsme d’une manière qui sied aux autorités israéliennes, et à condition qu’il ne se reconvertisse pas du judaïsme à une autre religion. ” Selon le Talmud et la loi rabbinique post‑talmudique, “ la conversion ( doit être ) assurée par des rabbins autorisés et de façon appropriée. ” Pour les femmes, elle implique un rituel intéressant : “ leur inspection par trois rabbins, entièrement nues dans un‘ bain de purification ” pour confirmer leur conversion.

Shahak a beaucoup écrit sur la façon dont Israël pratique la discrimination en faveur des juifs dans la plupart des domaines de la vie, dont les trois qu’il considérait comme les plus importants : “ le droit à une résidence, le droit au travail ( et d’avoir ) l’égalité devant la loi. ”

L’idéologie sioniste rabaisse les non-juifs et leur nie tout droit à l’égalité en Israël. Un corps législatif la renforce pour pouvoir discriminer légalement les citoyens israéliens non juifs ( de par leur religion ) et les Palestiniens dans les Territoires, quelque chose d’inimaginable dans tout Etat développé et dans la plupart des autres Etats de tous les continents.

Shahak déclarait : “ L’intention évidente derrière de telles mesures discriminatoires est de réduire le nombre de citoyens non juifs en Israël ( pour affirmer son existence en tant qu’ )‘Etat juif ”, des mesures totalement hostiles et dénigrantes à l’égard des autres croyances religieuses.

C’est là le message sioniste et c’est pourquoi un nombre croissant de juifs, et bien d’autres, s’y opposent. Soutenir le sionisme est répugnant, indéfendable et équivaut à défendre un cancer, une tumeur maligne qui détruit le corps qui la porte. Ce message doit être exhibé, dénoncé et, une fois pour toutes, éradiqué du corps politique.

Une étude de la CIA entrevoit une alternative : au-delà de 20 ans, Israël ne survivra pas dans sa forme actuelle.

L’agence prévoit “ un mouvement inexorable allant d’une solution à deux Etats vers une solution à un Etat unique, comme le modèle le mieux réalisable fondé sur les principes démocratiques d’une égalité entière, qui se débarrasse du spectre menaçant de l’apartheid colonial et permet le retour des réfugiés ( palestiniens ) de 1947/1948 et 1967. Ce dernier point ( est ) la condition préalable à toute paix durable dans la région. ”

Selon l’avocat international, Franklin Lamb, “ L’écriture... est sur le mur... l’histoire rejettera l’entreprise coloniale, tôt ou tard. ”

Le rapport de la CIA prévoit également le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leur foyer et l’exode de deux millions de juifs israéliens vers les Etats-Unis dans les 15 prochaines années. Ils en auront marre et voudront partir. Ce qui a été omis dans le rapport, ou tout au moins non indiqué, c’est qu’à défaut d’une résolution équitable d’un conflit palestinien qui dure depuis si longtemps, Israël va finir par s’autodétruire. Les nations qui vivent par l’épée, meurent par l’épée, et Israël ne fait pas exception.

L’alternative est la paix et la réconciliation, quelque chose qu’Israël rejette catégoriquement. Si rien ne change, son existence même est en jeu, c’est ce que l’histoire nous enseigne, mais Israël doit encore l’apprendre.

 

 

 Stephen Lendman est associé de recherche au Centre de recherche sur la Globalisation. Il a rédigé cet article pour PalestineChronicle.com. Il peut être joint à l’adresse : lendmanstephen@sbcglobal.net.

Vous pouvez aussi consulter son blog à l’adresse

  : http://www.sjlendman.blogspot.com/.

 

Du même auteur :

Punir Gaza ( CounterPunch )

Chicago, le 30 mars 209 - PalestineChronicle - traduction : JPP

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4 avril 2009 6 04 /04 /avril /2009 21:08

Défendre le sionisme : défendre l’indéfendable

Samedi 4 avril 2009

 

Stephen Lendman

PalestineChronicle

 

L’alternative est la paix et la réconciliation, quelque chose qu’Israël rejette catégoriquement. Si rien ne change, son existence même est en jeu, c’est ce que l’histoire nous enseigne, mais Israël doit encore l’apprendre.

 

Cet article répond à celui de Judea Pearl, dans le Los Angeles Times du 15 mars, L’antisionisme, est-ce la haine ?. Pearl enseigne l’informatique à l’université de Californie à Los Angeles ( UCLA ), il est le père du journaliste assassiné Daniel Pearl, et président de la fondation Daniel Pearl, “ créée... pour poursuivre la mission de Danny et s’attaquer aux causes profonde de cette tragédie dans l’esprit ” de l’homme qu’elle représente, notamment “ une objectivité et une intégrité sans compromis... et le respect pour les personnes de toutes cultures... ”

Pearl qualifie l’antisionisme de “ haine plus dangereuse que l’antisémitisme, qui menace la vie et la paix au Moyen-Orient. ” Pour lui, le sionisme est précisément tout l’opposé, comme de nombreux écrivains juifs, dont lui-même, le considèrent.

Dans son livre Vaincre le sionisme, Joel Kovel explique comment le sionisme nourrit “ l’expansion et le militarisme impérialistes et ( avec ) les marques d’une malignité fasciste ; ” ce qui a transformé Israël en “ une machine à fabriquer des violations des droits humains ” commandée par des terroristes qui se présentent comme des démocrates. Le livre de Kovel et son travail lui ont valu d’être renvoyé de sa faculté, le College Bard, à compter du 1er juillet, jour de l’expiration de son contrat - pour avoir osé critiquer Israël, son idéologie sioniste, son terrorisme alimenté par l’Etat, et des décennies de violations des lois et d’un comportement sans pareil.

Kovel a été outré que des institutions comme Bard ne puissent être inquiétées ; qu’elles accordent toute impunité à Israël, étouffent toute contestation, marginalisent, punissent et renvoient les “ hérétiques ”, comme Kovel qui, avec honnêteté et courage, ne font qu’écrire la vérité.

Pearl s’était insurgé contre l’invitation à un symposium, au Centre des Etudes sur le Proche-Orient ( à l’UCLA ), de “ quatre dénigreurs notoires d’Israël ”, afin qu’ils s’en prennent à la “ légitimité du sionisme et à sa vision d’une solution à deux Etats... ” - un projet pour consigner les Palestiniens dans des cantons isolés et leur voler le maximum de leurs terres les plus fertiles.

Il assimile la critique légitime d’Israël et l’antisionisme à la “ criminalisation de l’existence d’Israël, à la déformation de ses motivations ”  et à la calomnie de son caractère, de sa naissance, et même de sa conception Il cite “ des dirigeants juifs ( qui condamnent ) cette haine et la voient comme une dangereuse incitation à une hystérie antisémite  ”, même si l’un n’à rien à voir avec l’autre et si les associer masque le vrai problème : les effets corrosifs du sionisme et les mythes sur lesquels il se fonde.

C’est ce que font les gens comme Pearl quand ils disent que “ l’antisionisme rejette l’idée même que les juifs sont une nation - un ensemble de personnes réunies par une histoire commune - et, en conséquence, qu’il dénie aux juifs le droit à l’autodétermination dans leur berceau historique. L’antisionisme recherche le démantèlement de l’Etat-nation juif, Israël, (alors qu’il) "reconnaît" à d’autres collectifs soudés historiquement ( par exemple les Français, les Espagnols, les Palestiniens ) le droit à une nationalité... ”

Pearl ne peut accepter la dure réalité démontrée dans le livre de Shlomo Sand, Comment fut inventé le peuple juif.

Pearl ne peut accepter la dure réalité qu’un professeur universItaire de Tel Aviv, Shlomo Sand, a démontrée dans son important livre Comment le peuple juif fut inventé (Fayard - 2008). Il y fait apparaître les contradictions de la Bible qui comprennent le cœur des croyances sionistes sur les juifs :

 

que les Romains antiques les auraient expulsés ;

leur exode d’Egypte quittée pour aller errer sans racine à travers la terre ;

qu’ils auraient été asservis, opprimés, et tourmentés pendant des siècles ; et

le mythe selon lequel Dieu aurait accordé “ un Grand Israël ” pour les seuls juifs - “une terre sans peuple pour un peuple sans terre . ”

Selon le journaliste israélien Tom Segev, et d’autres :

 

il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive ;

il n’y a eu aucun exil, et par conséquent il ne peut y avoir de retour, et une grande partie de la diaspora juive a été volontaire ; et

l’histoire est une invention sioniste, une conspiration pour justifier un Etat juif, et aujourd’hui, vilipender l’autodétermination palestinienne comme un complot visant à le détruire.

En ce qui concerne les autres “ collectifs homogènes ”, comme la France, l’Espagne, l’Amérique et d’autres Etats, ce sont des nationalités, pas des religions. Israël est un Etat juif avec des droits uniquement pour les juifs. Les juifs sont importants. Les autres pas, et là réside la différence. Les Palestiniens, par contre, sont occupés, appauvris, opprimés, chassés de leurs terres, bafoués en tant que musulmans et victimes d’un lent génocide visant à les détruire ainsi que tout espoir d’autodétermination.

 

“ Les juifs sont-ils une nation ? ” demande Pearl.  “ Certains philosophes arguent que les juifs sont d’abord une nation et ensuite une religion ”. Pearl cite la mythologie habituelle : l’exode et le retour sur la ” terre promise qu’ils ont reçue de la Torah sur le mont Sinaï ” ; “ la conviction inébranlable dans leur rapatriement vers le lieu de ( leur ) naissance (étant donné) leur expulsion par les Romains ” ; et leur “ histoire commune, pas la religion, ( comme ) principale force unificatrice de la société multiethnique, laïque, d’Israël ” - favorisant les seuls juifs dans un Etat quasi laïc/religieux et où pratiquer une autre religion est dangereux.

L’ “ identité juive aujourd’hui nourrit l’histoire juive ( plus précisément le folklore et les mythes ) et ses dérivés naturels : l’Etat d’Israël ” - en dépit de sa création illégitime et des ses racines mythologiques ; “ ses combats pour survivre ” - bien que ce soit la quatrième puissance militaire au monde, qui dispose de l’arme nucléaire ; qui n’a aucun ennemi en dehors de ceux qu’elle se fabrique ; et qui accumule tout un passé de guerres agressives, de violence plutôt que de conciliation, de confrontation plutôt que de diplomatie ; et se prétend en état de légitime de défense alors que ce n’est pas le cas ; “  ses réalisations culturelles et scientifiques ” - dont la plus grande partie touche au militarisme et à une conception rigide de sa sécurité ; et “ ses campagnes sans fin pour la paix ”.

 

Pearl ne peut accepter le fait qu’Israël ait besoin de la violence pour se justifier.
A suivre...

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29 mars 2009 7 29 /03 /mars /2009 21:55

Palestiniens : le stockage d’un “ peuple en trop ”

Mardi 16 septembre 2008

 

Jeff Halper - ICAHD

 

      Quel que soit l’angle de vue, qu’il soit historique, culturel, politique ou économique, les Palestiniens ont été définis comme “ une humanité en trop ”, et il n’y a rien de plus à faire avec eux à part les stocker, ce que la communauté internationale semble permettre à Israël de faire.
      La rapidité avec laquelle intervient un changement systématique au sein de cette entité indivisible connue sous le nom d’Israël/Palestine est telle qu’elle met au défi nos capacités à y faire face. La campagne délibérée et systématique ayant eu pour objectif de jeter les Palestiniens hors du pays en 1948 a été rapidement oubliée, et le sort subi par plus de 700.000 Palestiniens est devenu une question invisible qui ne se pose même pas. Au lieu de cela, un Israël plein de cran, européen et “ socialiste ” a surgi comme le chéri de tous y compris de la gauche radicale, éclipsant complètement la campagne de nettoyage ethnique qui a permis sa naissance.
      De même, et jusqu’au déclenchement de la première Intifada à la fin de l’année 1987, l’occupation par Israël en 1967 de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza est restée une question virtuelle ne se posant même pas. Le seul aspect du conflit qui est apparu sur les radars de la population a été celui de l’équation entre Palestiniens et terrorisme. Jusqu’au début des négociations d’Oslo en 1993, même la mention du mot “ occupation ”, sans parler du mot “ Palestiniens ”,  vous aurait conduit à être traité d’antisémite, ces mots étant encore de nos jours rarement utilisés en Israël. Même lorsque le conflit sinon l’occupation en soi sont devenus une question internationale, Israël a régulé le domaine fondamental des relations publiques.
      L’argument le plus parlant utilisé à l’encontre de la lutte des Palestiniens repose sur la notion largement répandue selon laquelle Arafat a refusé “ l’offre généreuse ” de Ehoud Barak à Camp David. La réalité des faits sur cette question, qui a disparu en cours de route, est qu’il n’y a jamais eu “ d’offre généreuse ” et que même si Barak avait offert 95 % des Territoires occupés ( à l’instar d’Olmert qui en a récemment “ offert ” 93 % ), un Etat palestinien n’aurait représenté guère plus qu’un bantoustan sud-africain tronqué et non viable sur moins de 20 % de la Palestine historique. La seule chose qui en reste, c’est un Arafat à nouveau démonisé. Ensuite, l’emprisonnement par Sharon du président palestinien dans une sombre salle de son quartier général en ruines l’a politiquement éliminé - et je le crois aussi physiquement -, emprisonnement qui n’a donné lieu à aucune opposition ou même critique au sein de la communauté internationale.
      De fait, les efforts déterminés de groupes appartenant à la société civile partout dans le monde ( associations politiques et pour les droits humains, gens d’église et militants juifs radicaux, syndicats, intellectuels et même quelques politiques connus, et ce tant en Israël qu’à l’étranger ) ont permis au cours de plus ou moins la dernière décennie à élever l’occupation au statut de question globale. Néanmoins, dès que le concept de l’occupation a commencé à prendre, il a été rapidement supplanté par la politique effrénée d’Israël en matière d’expansion des “ faits acquis sur le terrain ”. Car une occupation est définie au titre du droit international comme “ une situation militaire temporaire ”. La création de plus de 200 colonies et avant-postes dans les Territoires occupés, regroupés en sept grands blocs ” de colonies dans lesquels sont ancrés plus de 20 importants centres urbains qui sont inextricablement rattachés à Israël proprement dit grâce à un large réseau routier réservé au seul usage des Israéliens, et aussi depuis peu la Barrière de sécurité, tout cela a donné à l’occupation un caractère permanent.
      Un système israélien, indivisible, et qui n’est plus ni temporaire ni fondé sur la sécurité, s’est étendu entre la Méditerranée et le Jourdain. Tous ceux qui ont voulu voir les choses en face ont décrypté la vérité : qu’ils soient ou pas en faveur d’une solution à deux états, l’occupation a accouché d’un système d’apartheid à titre permanent. C’est à ce jour une réalité de facto. Si le “ processus d’Annapolis” se déroule pour Israël conformément à ses plans, cela deviendra un système d’apartheid de jure, intelligemment vendu comme la “ solution à deux états ” et avec l’approbation d’un dirigeant collaborationniste palestinien.

      De toute façon, Annapolis n’a pas réellement d’importance. Israël sait que pas plus les Palestiniens que la société civile internationale n’accepteront l’apartheid. Son rôle n’a d’autre but que celui des divers “ processus politiques ”  au cours des quatre dernières décennies : rejeter toute solution qui contraindrait Israël à faire des concessions importantes tout en lui donnant la couverture politique et le temps nécessaire pour créer des fait irréversibles sur le terrain. “ L’occupation ”  israélienne s’est déplacée au-delà de l’apartheid, dont le terme même est devenu démodé alors qu’il avait commencé à gagner en acceptation au sein d’un large mouvement de protestation et de tollés. Ce qui s’est passé devant nous tous, ce que nous aurions dû voir mais pour lequel nous n’avions pas de référentiel, c’est un système de mise en stockage, une situation statique vidée de tout contenu politique.
      Ce qu’Israël a construit ”, dit Naomi Klein dans son nouveau livre au contenu puissant “ The Shock Doctrine ”, “ c’est un système, ... un réseau d’enclos pour contenir des millions de gens qui ont été rangés dans la catégorie des surplus de l’humanité... Les Palestiniens ne forment pas l’unique peuple au monde qui a ainsi été catégorisé... La mise à l’écart de 25 à 60 % de la population porte l’empreinte de la croisade menée par l’École de Chicago [d’Économie]... En Afrique du Sud, en Russie et à la Nouvelle-Orléans, les riches ont construit des murs les entourant. Israël a conduit ce processus de rejet encore plus loin : il a bâti un mur autour des pauvres jugés dangereux ” ( p.442 )
      Les faits acquis sur le terrain enregistrés par Israël forment l’expression physique d’une politique qui a pour objectif de dé-politiser, et donc de normaliser le contrôle qu’il exerce. Le conflit israélo-palestinien n’est pas présenté comme un conflit ayant des “ parties ”en cause et une dynamique politique. Au lieu de cela, on le range dans la “ guerre contre le terrorisme ”, une bataille ayant pour donnée l’élimination de toute référence à l’occupation - ou qui est présentée comme irrecevable - et qu’Israël nie imposer. Et comme le “ terrorisme ”  et le “ choc des civilisations ” qui sous-tend cette donnée sont présentés comme allant de soi et comme donnée permanente, elle prend la forme d’une question qui ne se pose même pas, un statu- quo ( terme officiel israélien pour définir sa politique à l’égard des Palestiniens ) qui ne peut faire l’objet ni de solution ni de processus de négociation.
      Si les terroristes et autres personnages du même genre - les prisonniers, les immigrants illégaux, les habitants des bidon-villes et les pauvres, les victimes aigries d’opérations anti-insurgés, les adeptes des religions “ du mal ”, les idéologies ou les cultures, pour n’en citer que quelques uns - deviennent des accessoires permanents qu’il faut gérer plutôt que des personnes dont les griefs, les besoins et les droits nécessitent d’être pris en charge, c’est alors que les prisons, y compris les prisons/assignations à résidence aussi vastes que Gaza, les Territoires palestiniens occupés au grand complet et des populations et régions entières, deviennent pour eux l’avant-dernière solution.Alors, la mise en stockage devient le meilleur terme, sinon le plus terrible, pour définir ce qu’Israël met en place pour les Palestiniens des Territoires occupés.
      C’est bien pire, sur de nombreux plans, que les bantoustans de l’ère de l’apartheid sud-africain. Les dix “ réserves ” non-viables créées par l’Afrique du Sud pour la majorité noire africaine sur seulement 11 % du pays étaient sans conteste une forme de mise en stockage. Ceux-ci avaient pour objectif de fournir à l’Afrique du Sud une main-d’œuvre peu chère tout en lui permettant de se débarrasser de sa population noire, et rendant alors possible une “ démocratie ” dominée par des Européens. C’est précisément ce qu’Israël veut faire - via un bantoustan palestinien clos sur environ 15 % de la Palestine historique - mais avec une sérieuse limite : les travailleurs palestiniens ne seront pas autorisés à entrer en Israël. 

      Ayant découvert une main d’œuvre peu chère formée de quelque 300.000 travailleurs étrangers importés de Chine, des Philippines, de Thaïlande, de Roumanie et d’Afrique de l’Ouest et complétée par ses propres citoyens arabes, mizrahi, éthiopiens, russes et est-européens, Israël peut se permettre de garder les Palestiniens enfermés tout en les empêchant d’avoir une économie viable et qui leur soit propre grâce à un libre accès aux pays arabes voisins. Quel que soit l’angle de vue, qu’il soit historique, culturel, politique ou économique, les Palestiniens ont été définis comme “ une humanité en trop ”, et il n’y a rien de plus à faire avec eux à part les stocker, ce que la communauté internationale semble permettre à Israël de faire.
      Comme la mise en stockage est un phénomène global et qu’Israël devient précurseur quant à sa modélisation, ce qui arrive aux Palestiniens devrait préoccuper tout un chacun. Cela peut constituer un tout nouveau crime contre l’humanité, et dès lors devrait relever de la juridiction universelle des tribunaux mondiaux, au même titre que les autres horribles violations des droits humains. Dans ce sens, “ l’occupation ”  israélienne a des implications qui vont bien plus loin qu’un conflit localisé entre deux peuples. Si Israël peut mettre en forme et exporter sa Matrice de contrôle en forme de mille-feuille, un système de répression permanente combiné à une administration kafkaïenne, à la loi et à une planification ayant des formes ouvertement coercitives de contrôle sur une population particulière qui est cernée par des ensembles communautaires infranchissables ( les colonies en l’espèce ), des murs et différents obstacles empêchant tout mouvement, alors, comme l’écrit crûment Naomi Klein, n’importe quel pays pourra ressembler à Israël/Palestine : “ Une partie ressemble à Israël, l’autre ressemble à Gaza. ” En d’autres termes, une Palestine Globale.
      Expliquer pourquoi Israël se sent peu concerné par la mise en place d’un véritable processus de paix et la résolution du conflit avec les Palestiniens est un dur et long chemin. Car en les stockant ainsi, Israël obtient le meilleur des deux mondes : une liberté totale pour étendre ses colonies, et exercer le contrôle sans jamais avoir à faire de compromis comme toute solution politique l’exigerait. Pareillement, cela explique pourquoi la communauté internationale laisse Israël se “ débarrasser ” d’eux. Au lieu de présenter à la communauté internationale des problèmes épineux à résoudre - violations des droits humains, droit international et résolutions successives des Nations unies, sans parler des implications de ce conflit sur la politique internationale et l’économie - Israël est au contraire vu comme fournissant un service à valeur ajoutée : celui de développer un système grâce auquel les “ populations en trop ” pourront partout être contrôlées, gérées, et maîtrisées.
      Israël se met alors en synchronisation complète avec tant la logique économique que militaire du capitalisme global, et en est largement récompensé. Notre erreur, confortée par des termes tels que “ conflit ”, “ occupation ”  et “ apartheid ”, est de voir le contrôle des Palestiniens par Israël comme une question politique qui doit être résolue. Au lieu de cela, la “ résolution ” interviendra lorsque les Palestiniens auront “ disparu ”, à l’instar des peuples “ disparus ”  en Amérique du Sud sous régime militaire. Dov Weisglass, l’architecte du “ désengagement ” de Gaza sous le gouvernement Sharon, n’a rien dit d’autre dans une interview révélatrice [1] :
      “ Le plan de désengagement, c’est le milieu de conservation de la séquence principale. C’est la bouteille de formol dans laquelle vous mettez la formule du président [2] afin de pouvoir la conserver pendant très très longtemps. Le désengagement, en réalité, c’est ça : c’est du formol. Il fournit la quantité de formol nécessaire pour s’assurer qu’il n’y ait pas de processus politique d’engagé avec les Palestiniens. ” Haaretz : Ce que vous dites-là signifie-t-il que vous avez changé de stratégie, passant d’une stratégie d’accord intérimaire à long terme à une stratégie de situation intérimaire à long terme
      “ L’expression américaine, pour cela, c’est : “ trouver une bonne place pour garer sa voiture ”. Le plan de désengagement permet à Israël de bien se garer, dans une situation intérimaire qui nous éloigne autant que faire se peut de toute pression politique. Il légitime notre affirmation qu’il n’y a aucune possibilité de négocier avec les Palestiniens. Il s’agit bien là, en la matière, de la décision d’en faire le moins possible, afin de maintenir notre position politique en l’état. La décision est auto- réalisatrice. Elle permet aux Américains d’aller voir une communauté internationale furibarde et prête à exploser, et de lui dire : “ C’est ce que vous voulez . ” Il replace l’initiative entre nos mains. Il impose au monde de s’accommoder de notre idée, du scénario que nous avons écrit nous-mêmes... ”.
      La mise en stockage constitue le concept politique le plus absolu, parce qu’il représente une dépolitisation de la répression, la transformation d’une question politique de base en question qui ne se pose même pas, une situation regrettable mais inévitable qui doit être bien mieux traitée grâce à des secours, de la charité et des programmes humanitaires. C’est une impasse, un “ accommodement ”, pour lequel il n’y a pas de remède. Ceci, bien sûr, n’est pas le cas, et nous ne pouvons laisser les choses être présentées ainsi. La mise en stockage constitue une politique dérivée des intérêts particuliers des super-puissances. L’usage que nous faisons du terme  “ stockage ” doit alors être effectué pour  “ nommer la chose ”  en vue de nous en donner à tous une idée, et à tout le mieux pour la combattre et la mettre en échec. A nouveau, Israël fournit un exemple instructif ( et poignant ).
      Malgré le pouvoir illimité et incontrôlé que détient Israël sur tous les éléments de la vie des Palestiniens, incluant l’aide active des USA, de l’Europe et de la majorité de la communauté internationale y compris quelques-uns des pays arabes et musulmans, Israël a échoué à imposer tant l’apartheid que la mise en stockage. La résistance palestinienne continue, soutenue par les peuples arabes et musulmans, par des franges significatives de la société civile internationale et par le camp des pacifistes radicaux israéliens. L’effet déstabilisant du conflit sur le système international prend de l’ampleur, de telle façon que cela finisse par forcer la communauté internationale à intervenir en fin de compte. Pas plus les Israéliens que les Américains ( avec la complicité de l’Europe ) ne peuvent, malgré leur pouvoir illimité, forcer les Palestiniens au sort auquel ils les destinent.
      Dès lors, le terme  “ stockage ” , même s’il s’applique à un phénomène réel, doit aussi être compris comme un avertissement. Nous devons continuer nos efforts pour mettre fin à l’occupation israélienne, et ce même si cela doit conduire en fin de compte à la création d’un authentique Palestine/Israël ou d’une confédération régionale plus large, plutôt qu’à une solution d’apartheid-à-deux-états ou au stockage. Voir la Palestine comme le microcosme d’une réalité globale plus vaste de mise en stockage nous permet à tous de bien mieux identifier ces éléments apparaissant ailleurs, et à prendre la mesure de ce qu’Israël développe, le tout pour mieux s’y opposer. Quand même, si notre langage et l’analyse qui en découle doit non seulement être honnête et implacable, il faut avancer au même rythme que les intentions politiques et les “ faits acquis sur le terrain ”  qui avancent à grands pas.

 

[1] “ La grande congélation ”,  Ha’aretz Magazine, 8 oct. 2004 - traduction effectuée à l’époque par Marcel Charbonnier. NdT

 

[2] Bush - selon laquelle Israël peut garder les blocs de colonies, y compris le Grand Jérusalem

 * Jeff Halper dirige le Comité israélien contre les démolitions de maisons (ICAHD). Il peut être joint à : jeff@icahd.org

Du même auteur :

Jeff Halper à Gaza : “Nous sommes l’oppresseur” - 6 septembre 2008

Fin d’une odyssée - 5 septembre 2008

 Garder le cap sur l’apartheid - 2 juillet 2007

 Il ne s’agit pas seulement de territoire, mais de viabilité - 25 août 2007

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