Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
  • Contact

Saïd et Diana

Said-et-Diana-2.jpg

Recherche

Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 23:00

Nous aussi, nous aimons la vie

1986

Mahmoud Darwich

 Darwich

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre eux, nous dressons un minaret ou un palmier.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel
qui nous appartienne et enclore cette migration.

Et nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin
sorte dans les rues comme une belle journée.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Là où nous élisons demeure, nous cultivons les plantes
vivaces et récoltons les morts.

Dans la flûte, nous soufflons la couleur du plus lointain,
sur le sable du défilé, nous dessinons les hennissements

Et nous écrivons nos noms, pierre par pierre. Toi l’éclair,
éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens... 


La terre nous est étroite et autres poèmes

traduit de l’arabe de Palestine par Elias Sanbar
Gallimard, NRF Poésie, 2000.

fillettes-palestiniennes.jpg

Partager cet article
Repost0
27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 22:00
Selon Israël, le Hamas est lâche et cynique
Le Hamas, nous dit Israël, se cache parmi la population civile. (The Guardian)

othman_hussein_home_destroyed_books.jpg

Richard SEYMOUR

 

Ils se sont cachés à l’hôpital El-Wafa.

Ils se sont cachés à l’hôpital Al-Aqsa .

Ils se sont cachés sur la plage, où des enfants jouaient au football

Ils se sont cachés dans la cour de Mohammed Hamad, un homme âgé de 75 ans .

Ils se sont cachés dans les quartiers populaires de Shejaiya.

Ils se sont cachés dans les quartiers de Zaytoun et de Toffah.

Ils se sont cachés à Rafah et à Khan Younès.

Ils se sont cachés dans la maison des Qassan .

Ils se sont cachés dans la maison du poète Othman Hussein.

Ils se sont cachés dans le village de Khoza’a.

Ils se sont cachés dans les milliers de maisons endommagées ou détruites.

Ils se sont cachés dans 84 écoles et 23 centres médicaux .

Ils se sont cachés dans un café, où les Gazaouis regardaient la Coupe du Monde.

Ils se sont cachés dans les ambulances qui allaient ramasser les blessés.

Ils se sont cachés dans 24 cadavres ensevelis sous les décombres .

Ils se sont cachés dans le corps d’une jeune femme en chaussons roses, étalée sur le trottoir et abattue alors qu’elle tentait de fuir.

Ils se sont cachés dans les corps de deux frères de quatre et huit ans, qui étaient en soins intensifs dans le service des grands brûlés d’Al-Shifa .

Ils se sont cachés dans le corps du petit garçon dont les restes avaient été recueillis par son père dans un sac plastique.

Ils se sont cachés dans l’enchevêtrement inouï de corps qui arrivaient dans les hôpitaux de Gaza.

Ils se sont cachés dans le corps d’une femme âgée, qui gisait dans une mare de sang sur le sol en pierre.

Le Hamas, nous disent-ils, est lâche et cynique.

 

Richard Seymour

traduction Leo Lerouge

»» http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/jul/21/hospital-hamas-is...
URL de cet article 26325
1 yasser arafat
Partager cet article
Repost0
27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 01:34

Le 27 mai 1894 y a de ça pile-poil 120 piges que Ferdine ou plutôt Monsieur Céline poussait la porte du printemps comme il l'a écrit de la façon d'enchantement dont lui seul est le magicien.

Ce petit texte qui est un fragment du bouquin que je tente de gribouiller pour causer avec lui encore et encore.

Bon anniversaire Ferdinand !celine-louis-petit.jpg

      “ C'est sur ce quai-là, au 18, que mes bons parents firent de bien tristes affaires pendant l'hiver 92, ça nous remet loin. C'était un magasin de "Modes, fleurs et plumes". Y avait en tout comme modèles que trois chapeaux, dans une seule vitrine, on me l'a souvent raconté. La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps. ”


Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit ,1936.

 

Ouaouf ! Ouaouf ! Le revoilà ce chien du monde encore ! Ce sacré bon sang de clébard qui tient à la ramener chaque fois qu’on cherche à la lui faire fermer et qu’y a péril pour sa peau pour ses poils pour sa tronche de vieux baroudeur d’utopies. Celui qui cavale à rebrousse mégot du sommeil silence qu’enfarine le petit trèpe depuis toujours. Celui qu’on trimbale de l’enfance à l’abattoir bidoche et carcasse déjà vendues d’origine et le reste. Et pourquoi donc sa gueulerie hein ?

Ouais d’accord il se mêle ! il se mêle !… mais vous croyez pas qu’y a lieu vu que c’est lui le baroudeur des quartiers périphériques le traîne ailleurs des banlieues mégapoles le zonard furieux de l’époque qu’on cause ici ? Ce 21ème Siècle à la bonne guinguette où on refile du géant spectacle de l’instantané magnifique aux gueux pour les faire se tenir prêts à la prochaine grande façon de s’entretuer tous ? Lui qui se coltine depuis un sacré nombre de berges qu’il arpente les lieux l’histoire effarée de ceux qui justement en ont pas et qui n’en finissent jamais de crounir de lanterner aux faubourgs de l’énorme citadelle et ses murailles d’or toujours plus inaccessibles.

Et y a pas de quoi se mêler des fois en cette année 2014 où ils sont en train de nous mitonner court bouillonner la grande la première la foutraque la démesurée la joyeuse rengaine de la culotte rouge s’en‑va‑t‑en‑guerre ? Que voilà un lustre qu’elle reluit qu’elle combure qu’elle scintille son petit astre de sang frais l’incitatrice au carnage en haut des forts qui sont devenus pépères pour finir les repères à lapins sauvages et à chiftirs. C’est qu’ils vont bien nous l’étaler sur l’établi au labeur la peau de l’animal tant de fois abattu rabattu déjà frappée rancie noircie aux caillots de petits hier mal réveillés. Alors l’ouvrier le prolétaire qu’on lui disait il s’en allait à l’aube se la faire crever la pelure à l’usine ou à la guerre au choix c’était son destin au bougre.

Y a un siècle tout rond 1914 c’est pas un chiffre à oublier hein ? que la jolie couleur écarlate de la toupie de plomb tourne tourne autour du monde et elle ne nous lâchera pas tant qu’on ne l’aura pas épouillé ce chien de la clique sanguinaire des parasites marchands d’armes et de leur tribu d’humanoïdes décadents leurs troupeaux militaires avides de meurtres et d’ordalies ! 

Ouaouf ! Ouaouf ! La réflexion qu’il se fait le chien qu’a la manie des interrogations dans son for d’intérieur vu que dehors les causeries des autres les humains intelligents il se mêle pas il a pas lu assez il peut pas hein ?… La réflexion c’est que ça a démarré ce jour‑là le maudit 31 juillet 1914 l’enterrement l’irrémédiable momification des combats et de la mémoire des classes populaires. Ouais ça a démarré quand le gars Jaurès le défenseur des ouvriers mineurs et verriers de Carmaux s’est fait descendre au quartier Croissant et Montmartre là où les imprimeries de presse rotativaient à fond pour sortir l’Huma et la Lanterne.

La question ouais c’est ça… un siècle plus tard où qu’on en est de la conscience hérisson qu’ont les lascars des milieux populaires de leur histoire singulière ? Où qu’on en est chez les montreurs de mots les griots d’Afrique bitumisés les diseurs des rues qui font l’impasse à la bonne aventure les poètes des caves les hobos des quartiers passeurs de Slam et de Rapp où qu’on en est ? Ouais où qu’on en est de la réalité de la grandiose manipulation qu’il avait dénoncée déjà Céline le formidable imprécateur ? Lui qu’a ouvert d’un coup d’une volée de généreuse colère plume à la patte la porte des ghettos faubouriens en écrivant Voyage au bout de la nuit vingt piges après la tuerie pour tenter d’affranchir le monde sur les recoins puants la mort et l’esclavagerie imbécile maintenus tels par les misérables eux‑mêmes ?

Ouaouf !… Ce qu’il est advenu de cette chienne de langue l’héritière des goualantes des trottoirs et des cours avec l’orgue de barbarie qui mouline sa fureur et sa complainte ? De cette poésie des chemineurs des villes de suie et d’asphalte et des chanteuses de bitume à la nocturne à Montmartre que la tribu de la butte Gen Paul Bonvilliers Le Vigan Eugène Dabit Elisabeth Craig “ Lili ” et Mahé rejoignait au retour de ses tournées joyeuses sur “ l’arche à copines et à copains ” de la Malamoa ?celine-a-Meudon.jpg 

Est‑ce qu’une écriture canaille une écriture d’après Céline d’après son grand trucidage des mots moutons résonnant résignés sur les dalles de l’abattoir à langues va en finir pour de bon avec la forfaiture de l’écriture de classe ? Une baveuse affranchie de tout qui fait dans l’aboiement elle a une chance d’exister peut‑être hein ? Et pas comme une mode libertaire sur les rebords de la langue officielle mais comme la forme et le style privilégiés des poètes baladins des quartiers en train de se l’approprier ?

Parce qu’y a l’écriture d’avant Céline et Voyage et l’écriture d’après. Vrai qu’il y est arrivé Ferdine à refiler à la parole vivante et à la bonne goualante toute leur place dans la langue des livres. Et qu’il n’a pu y parvenir que parce qu’il était à l’écoute de la petite musique de Courbevoie Seine du Passage des Bérésinas de Clichy La Garenne Rancy et d’autres…C’est la petite musique de Babylone Zero. Ouaouf ! Et Ferdine sûr qu’on le reconnaît comme un des nôtres le premier le scribe fondateur des quartiers tiens !

 

Ouaouf ! Ouaouf !… C’est en commençant à écrire qu’on apprend à aboyer ou peut‑être c’est parce qu’on n’a pas cessé d’aboyer toujours nous autres les artistes sans art les poètes du quotidien qu’on a osé un jour se mettre à écrire. Depuis le temps qu’on trime qu’on s’esquinte à l’ouvrage de fabriquer un langage qui nous permette de dire autrement qu’on a jamais appris à le faire aux écoles. Mais il faut croire que l’enseignement qui nous est asséné d’autor et la façon dont les maîtres nous l’ont repassé portent une force d’aliénation drôlement efficace qui a réussi a persuader ceux comme mézigue prêts à foncer sur les pistes sauvages des légendes des contes des épopées poétiques qui circulent naturel de génération en génération que ça n’est pas la peine… Non hein pas la peine ?

Y en a eu pourtant de ces écrivains bien humains issus de familles modestes qui créchaient à l’intérieur des quartiers pauvres des villes comme celle de Camus au quartier de Belcourt à Alger dont on n’a retenu et qu’on enseigne ce qui appartient à la grande écriture. Et la langue de leurs bouquins est marquée indélébile par cette contrainte‑là et par l’impasse faite sur une forme d’expression populaire différente qui a été la leur. Qu’on songe à l’article “ Misère de la Kabylie ” publié dans Alger Républicain en 1939 et à ses Ecrits libertaires 1948‑1960. Il y a là une autre intensité du ton et du récit qui n’est pas romanesque mais proche de l’expérience vécue comme c’est le cas pour son dernier livre inachevé Le premier homme. Mais aujourd’hui qui a lu et qui connaît ce Camus‑là dans le peuple algérien hein ?

Y en a d’autres comme Vallès qui a refusé d’engloutir ce que son instit de paternel lui servait à chaque occase avec quelques torgnoles pour faire couler et qui dans sa trilogie de la jeunesse aux cerises nous prépare déjà les trottoirs blues d’une autre écriture quasi animale… Ouaouf ! Ouaouf ! Des chuintements… des hululements… des croassements à la Artaud. Et voilà qu’on approche qu’on approche de ces tournures de phrases explosées déguenillées qu’on entend dans les faubourgs et les banlieues.

A partir de Céline y aurait eu transgression alors et refus conscient de ce qui nous empêche d’être des gens du peuple qui possèdent des savoirs singuliers et des savoirs faire originaux ? Et tout ça bien touillé ça fait une culture qui nous est commune ? Quand j’étais gamine et qu’avec l’intuition de l’injuste et du faux des mômignards je reluquais de partout les chasses grands ouverts et j’écoutais à fond de mes esgourdes ma grand‑mère pour calmer mes révoltes avait cette phrase que je n’ai pas pigée pas à l’époque : “ Nous on a rien à dire… on est des p’tites gens… ” A trente piges de là j’ai entendu Céline l’inattendu lire à la radio ce moyen le mien d’enfance aussi de me colleter avec les voix des gens un extrait de Voyage au bout de la nuit. Alors j’ai senti comme ça doucement au fond d’une grande joie douloureuse que la petite phrase qui m’avait bien tenue la muselière tout ce temps m’avait d’un coup lâché la peau. Ouaouf ! Ouaouf ! Et je crois bien que c’est là juste là que la chienne Bonnie l’anarchiste celle qui cavale au train des mots a déboulé et qu’il a fallu que je me coltine vite fait une rengaine d’aboiements inconvenante et espiègle et voilà ! Celine_Meudon-o.jpg

Je crois bien que durant les années d’apprentissage et de formatage aux écoles et ça a été très long je me souviens que je me suis beaucoup ennuyée. Et puis je pensais que ces quantités de connaissances qu’on voulait nous bourrer dans le mou ça n’était pas pour moi. Des connaissances j’en avais déjà elles occupaient l’espace imaginaire et usuel de ma vie. Dans les écoles il y avait deux sortes de gaziers si on veut. Ceux qui attendaient le museau enfariné qu’on les arrange de l’intérieur pour une cause qui ne sera jamais la leur mais ils ne le savent pas. Et ceux qui ont l’intuition que la piste de la vie qui est un voyage c’est pas de ce côté qu’on la trouve.

Les écoles j’y restais pas je faisais mon petit scandale au passage y avait pas grand-chose qui me tenait sauf les poèmes. On m’emmenait et c’est avec mon grand‑père le cheminot que j’ai appris à lire d’un train à l’autre et à dessiner les motrices. On feuilletait la Vie du Rail et il me racontait les histoires des gros livres cartonnés ses livres de prix. Ces bouquins c’était sa bibliothèque y en avait pas d’autres. Ouaouf ! Les écoles c’est un lieu où on vous remplace votre savoir que le corps la tripe l’émotion des anciens vous ont refilé par du prêt à muter muet docile crétin quoi ! 

 Ouaouf ! ce que j’en savais moi alors c’est que je devais me dépêcher d’oublier ce qui m’avait bien empêtrée me défaire de ces costumes les uns sur les autres. Ils m’avaient refilé ma dégaine de plus rien du tout par‑dessus ce que des générations d’ouvriers paysans en bleu de chauffe et en pantalon velours dont ma famille est issue m’avaient légué. Mon héritage d’une culture et d’une mémoire populaires partagées toujours empêchées d’être.

Céline avec Voyage d’abord il a fait sauter le verrouillage de l’imposture qui n’a pas fini de nous courir pour autant Boum ! Vlan ! il a viré par‑dessus bord l’idée tenace que l’écriture c’est un job réservé aux spécialistes lui qu’était médecin de la banlieue qu’on magine !  Pas un initié Ferdine ah non alors ! pour ça qu’il insiste tant à répéter qu’il a toujours trimé et que louis-ferdiand-celine-meudon.jpgc’est l’expérience de la vie qui lui a appris à être une sorte de scribe des féeries ordinaires Ouaouf ! 

Pour cézigue qui écrit après des années d’autisme voilà une trace afin d’essayer de tirer au clair comment on s’en sort quand on est marqué par l’habitude de penser à partir de ce qu’on ressent et par les traditions de ceux qui marnent avec leurs mains. La trouille que je me suis fadée quand je m’y suis mise ça n’était pas rien et bien sûr qu’à ce moment‑là Céline ni le Docteur Destouches je ne connaissais pas… Et oui… et non… j’ai vécu jusqu’à 35 piges somnambules sans avoir lu une seule ligne de Céline du “ au commencement était l’émotion… ” il me manquait et je ne le savais pas… C’est vrai… Ouaouf ! Ouaouf !

 

Ouais alors… l’écriture au début pas de lézard y a que le côté artisanal pas du tout coupé du réel ou quoi qui me cause. Celui du graveur d'eaux-fortes avec son burin sa pointe‑sèche et son moindre détail près. Et puis c’est un travail d’ouvrier qui taille sa plume avant de s’y plonger tout affolé de ce qu’il sent lui gronder en dedans et qui broie son encre sur la pierre. Broyeur d’encre en voilà un métier ! C’est ça… c’est bien ça… écrire ça se passe dans les paluches d’abord et c’est le bout l’extrême du savoir faire de toutes ces générations de paysans et d’ouvriers qui a accompli cette dernière métamorphose. L’encre broyée des mots tatouée ou taggée c’est la même dedans la peau de papier des livres et sur les murailles de Babylone la citadelle de l’enfer qui s’annonce en cette fin du 19ème siècle où Céline débarque et dans tout le 20ème où il ne lâche pas l’affaire Ouaouf !

Cette merveille de style qu'il a créée c’est juste un rétablissement de la langue des gueux à la devanture. La seule qui peut dire cette passion de vie libre sans dieu sans maîtres sans doctrines sans interdits sans hontes sans rien. A nous de prendre en main notre héritage fabuleux pour revendiquer un aboiement qui tout en ayant été le sien devienne à force de fureur et de démesure  le nôtre.

Chacun d’entre nous privé de la pensée commune d’un monde ouvrier ou paysan est aujourd’hui seul dans sa langue et dans ses rêves. C'est au fond infâme de cette solitude-là que la création frémit se rassemble bondit comme la toute petite farouche de lumière et qu'elle nous conduit à notre dignité humaine à travers les aboiements sauvages des chiens de la nuit... Ouaouf !... Ouaouf !...AVT_Louis-Ferdinand-Celine_1932.jpeg

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 18:03

      Le texte qui suit est publié sur le site Mediapart : www.blogs.mediapart.fr

      Ce sujet est assez grave et ce qui se passe ici dans ce pays sur le plan de la politique extérieure aussi pour qu'on y revienne encore et encore...

      A ceux et celles qui ne sauraient pas qui était celui que les Palestiniens et les Palestiniennes ont appelé le boucher de Sabra et Chatila voici de quoi se faire une idée sur certaines gens qui passent une vie sans être inquiétés pour leurs crimes à répétition tels Franco et Pinochet pour exemple... Ce qui rend encore plus abject la cabale contre Dieudonné on y reviendra...

Ariel SHARON : une vie comme une traînée de sang

hebron_graffiti_5.jpg

Les propos de François Hollande suite à la mort d’Ariel Sharon sont conformes au parti-pris du PS en faveur des politiques menées par le gouvernement d’Israël. Les commentaires d’un grand nombre de médias gomment bien entendu ce qui fut pourtant la réalité de la vie de cet homme qui aurait dû être jugé pour crimes contre l’humanité. Mais qui, comme tout Isrélien responsable de ce crime de masse, bénéficie scandaleusement de l’impunité la plus totale et de la complaisance d’un très grand nombre de journalistes.

C’est bien pour échapper à la Justice et protéger Sharon que les USA et Israël ont exercé des pressions intenses sur la Belgique afin qu’elle vide de son sens sa loi dite de compétence universelle qui aurait permis à des survivants des massacres de Sabra et Chatila d’obtenir justice devant les tribunaux belges. C’est bien pour que les crimes commis par l’armée israélienne au Liban et dans les territoires palestiniens occupés échappent à toute justice que les USA ont exigé que la Cour Pénale Internationale ne puisse être compétente que pour des faits commis après sa création alors que le droit pénal international consacre l’imprescritpibilité des crimes de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des USA qui, comme Israël, ont finalement refusé de ratifier le traité créant la CPI.

Voici la biographie de la vie de Sharon telle que je l’ai résumée en 2002 dans un document qui aurait du servir au procès de Bruxelles si les autorités belges n’avaient pas cédé aux USA et à Israël. J’avais, entre 1999 et 2002, effectué une enquête approfondie sur les massacres de Sabra et Chatila, y compris en me rendant à plusieurs reprises au Liban. Le 18 juin 2001, à Bruxelles, 23 personnes ont déposé plainte avec constitution de partie civile en application de la législation belge relative à la répression des violations graves du droit international humanitaire du chef de : actes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes portant atteinte aux personnes et aux biens protégés par les conventions de Genève signées à Genève le 12 août 1949. Les plaignants se sont constitués parties civiles contre MM. Ariel Sharon, Amos Yaron et autres responsables israéliens et libanais des massacres, tueries, viols et disparitions de populations civiles qui ont eu lieu à Beyrouth, du jeudi 16 au samedi 18 septembre 1982 dans la région des camps de Sabra et Chatila. Il n’y a pas eu de suite.

QUAND LA FIN JUSTIFIE TOUS LES MOYENS… 

Pendant la campagne électorale, début 2001, Yitzhak Berman, qui fut ministre de l’Energie dans le deuxième gouvernement  présidé par Menachem Begin et collègue de Sharon, confiait au journal Ha’aretz « Pensai-je que Sharon serait un jour candidat au poste de Premier Ministre ? La réponse est non. Je ne crois pas que Sharon ait changé. Mais la majorité des citoyens de ce pays ne se sentent pas concernés par l’Histoire. Ce qui s’est passé avant n’a aucune espèce d’importance. Je ne pense même pas que les gens se souviennent encore de la guerre du Liban. »

On a envie de nuancer le propos en indiquant que la mémoire des peuples est très souvent sélective et qu’on s’empresse, sous toutes les latitudes, d’oublier ce qui gène, de la même manière qu’on ne néglige rien dans le rappel de ce qui peut servir le présent. On doit aussi constater que l’actuel gouvernement israélien ne fait rien pour restituer fidèlement le récit des évènements de 1982-1983. La biographie officielle du Premier Ministre Sharon est étrangement muette sur les actes et propos du Ministre de la Défense Sharon en 1982-1983.

Il convient donc, avant de tenter de cerner cette personnalité, de restituer d’abord toutes les étapes de sa vie en se servant de sa propre autobiographie, mais également de toutes les autres sources disponibles.

 1. De l’Unité 101 à Sabra et Chatila : le parcours d’un homme de guerre

(Les numéros entre parenthèses renvoient aux pages de l’édition de 2001 en anglais de l’autobiographie de Sharon, intitulée de manière très significative Warrior, Simon and Schuster, 1984 et Touchstone, 2001).

Ariel Scheirnerman naît en 1928 dans le village – un moshav - de Kfar Malal, à 25 kilomètres au nord-est de Tel Aviv, préféré par ses parents à un kibbutz parce qu’ils « pourraient posséder leurs propres terres » (p.14). Son père, Samuel, est agronome de formation. Sa mère, Véra, n’a pas pu achever des études de médecine, suite à leur départ de Russie. Le jeune Ariel participe activement aux travaux de la ferme. Vingt ans plus tard, lorsque Ben Gourion exigera que les officiers portent un nom hébreu, il choisira de s’appeler Sharon.

Il a quatorze ans lorsqu’il prête le serment d’adhésion à la Haganah tout en éprouvant une grande admiration pour les groupes terroristes juifs Irgoun et Stern qu’il appelle des « organisations militantes clandestines» (p. 33 et 37). Trois ans plus tard, il participe à un cours secret de formation militaire de deux mois organisé par la Haganah en bordure du désert du Néguev. Au terme de ce cours, destiné à de futurs chefs d’équipe, il est reçu comme « soldat de première classe » et non comme caporal, ainsi qu’espéré (p.35). Il rejoint la police qui protège les zones juives de peuplement.

Après des études secondaires dans un lycée de Tel Aviv, il vient de s’inscrire à la Faculté d’Agronomie de l’Université Hébraïque de Jérusalem lorsqu’en décembre 1947, il est mobilisé en permanence au sein de la Haganah suite à l’adoption du plan de partage de la Palestine par l’ONU. Suite à son rôle dans la prise du village palestinien de Bir Addas, il est promu chef de section. Après la déclaration d’indépendance d’Israël, le 14 mai 1948, sa section, qui fait partie du 32e bataillon de la Brigade Alexandroni, est transférée au sein de la 7e Brigade créée pour prendre le contrôle de Latrun, une ville stratégique sur la route de Jérusalem. La bataille de Latrun est la plus importante de la guerre 1948-1949. Sharon est blessé pendant la première attaque, le 26 mai. Il réintègre son bataillon en juillet et participe à tous les combats, en qualité d’officier de reconnaissance, jusqu’au cessez-le feu, en 1949.

Le nouvel Etat hébreu organise son armée baptisée Forces de Défense d’Israël (FDI). Sharon commande la compagnie de reconnaissance de la Brigade Golani. En 1950, sa maîtrise des « techniques agressives de reconnaissance et de renseignement » (p. 69) lui valent d’être promu au grade de capitaine. Il est ensuite affecté comme officier de renseignement au quartier général du commandement militaire central. L’année suivante, il nommé chef du renseignement du commandement du secteur Nord. En 1952, il s’inscrit à la Faculté d’Histoire du Moyen-Orient à l’Université Hébraïque de Jérusalem tout en commandant un bataillon de réserve.

Qibya, Gaza 

Un an plus tard,fin juillet, il fait un choix décisif. Il renonce à ses études et accepte la proposition du Commandant en chef des FDI de créer une unité spéciale antiterroriste hautement qualifiée dont il reçoit le commandement. Cette unité est baptisée « Unité 101».

Après un entraînement intensif, cette unité opère contre ce que Sharon appelle les « gangs arabes » et les « terroristes » (p. 85-86). Fin août, elle tue vingt réfugiés du camp de Burayj, dans la bande de Gaza.

Le 13 octobre 1953, une grenade est lancée dans une maison de la colonie israélienne Yehud, non loin de la frontière avec la Jordanie (aujourd’hui, la Cisjordanie). Une mère et ses deux enfants sont tués. Ben Gourion et les chefs des FDI confient une opération de représailles à Sharon sur le village palestinien de Qibya. L’Unité 101 pénètre dans le village dans la nuit du 14 au 15 octobre et jette des grenades dans les maisons. Un massacre collectif s’en suit dont rend compte le journal Ha’aretz du 26 octobre : « ils ont tiré sur chaque homme, femme et enfant qu’ils trouvèrent. Et pour finir sur les troupeaux de vaches. Ils dynamitèrent ensuite quarante-deux maisons, une école et une mosquée. » Soixante-neuf personnes trouvent la mort, en majorité des femmes et des enfants. Le Département d’Etat US, le 18 octobre, déclare que les responsables « devraient être amenés à rendre des comptes». Le 25 novembre, le Conseil de Sécurité de l’ONU, unanime, condamne Israël pour ce massacre. Ben Gourion félicite Sharon. L’Unité 101 incarne la volonté d’Israël de s’imposer dans la région (p.90-91).

L’Unité 101 fusionne avec une unité de parachutistes. Sous le commandement de Sharon, ces commandos vont s’illustrer dans des opérations particulièrement meurtrières.

En représailles à des attaques de fedayin provenant de Gaza, les commandos de Sharon, fin février 1955, attaquent le quartier général de l’Armée égyptienne à Gaza, au cours d’une opération baptisée « flèche noire». Trente-huit soldats égyptiens sont tués dans leur sommeil. En décembre, une opération baptisée « feuilles d’olive » contre des positions syriennes le long du lac de Tibériade se traduit par la mort de cinquante-six soldats syriens. Même Ben Gourion trouve que ces actions sont « trop  réussies » (p.126), sans que Sharon indique les raisons de cette étrange appréciation dans Warrior.

En octobre 1956, peu avant la campagne du Sinaï, une attaque israélienne conduite par Sharon contre le quartier général des forces jordaniennes à Kalkilia se traduit par un débat fondamental sur les méthodes de dissuasion à employer contre les opérations qualifiées de terroristes. Sharon plaide pour l’occupation de territoires nouveaux.

Le Sinaï

Pendant la campagne du Sinaï, Sharon, dont les unités sous son commandement forment désormais la brigade 202, désobéit aux ordres et fait entrer ses hommes, conduits par les commandants de bataillon Motta Gur et Rafael Eytan (bataillon 890), dans la Passe de Mitla où ils  tombent dans une embuscade égyptienne. Lorsque leurs soldats, au prix de lourdes pertes, viennent à bout de leurs ennemis, ils massacrent les 49 Egyptiens qui ont été faits prisonniers et ligotés. Vingt-cinq ouvriers du département égyptien de la voirie, après avoir eu les mains ligotées, sont également abattus. Lorsque la brigade de Sharon poursuit son avance depuis la passe de Mitla vers le détroit de Charm el Cheik, à Ras Sudar, le bataillon 890 massacre les 56 occupants – civils – palestiniens d’un camion croisé sur la route. Peu après al-Tur, à 15 km du détroit, le 4 novembre, il rencontre un régiment égyptien en déroute et massacre les 168 soldats. Une enquête fut ouverte par les autorités militaires, mais elle ne concernait que l’acte de désobéissance de Sharon devant la Passe de Mitla. Protégé par Ben Gourion, il ne fut pas blâmé, même si sa carrière en fut considérablement ralentie.

En septembre de l’année suivante, il effectue des études à l’Académie Militaire de Kimberley, dans le Surrey, en Grande-Bretagne et à son retour dix mois plus tard, il est promu Colonel. Comme il est d’usage à l’époque pour les officiers de son rang, il adhère au parti travailliste (p.224). Peu après, il est nommé Commandant de l’Ecole d’infanterie tout en exerçant le commandement d’une brigade d’infanterie de réserve. Il entreprend en même temps des études à la Faculté de Droit de l’Université Hébraïque de Tel-Aviv.

En 1964, il est nommé Chef d’Etat-Major du commandement du secteur Nord et deux ans plus tard il reçoit le grade de Major-Général et exerce la direction du département de formation militaire tout en commandant une division blindée de réserve, ce qui ne l’empêche pas d’obtenir la même année son diplôme de droit.

A la veille de la guerre des Six Jours, il est basé dans le Néguev. Ses exploits militaires pendant cette guerre-éclair lui valent une grande popularité en Israël et dans les communautés juives à l’étranger. Lorsqu’il reprend la direction du département de formation militaire, il procède au transfert immédiat dans les Territoires occupés (p.208-209) de tous les établissements sous son autorité (écoles d’infanterie, du génie, de la police militaire, des parachutistes, …).

En conflit avec Bar-Lev, le Commandant en Chef des FDI, la reconduction de son engagement dans les FDI lui est refusée. Il  fait connaître son intention d’adhérer au parti libéral associé au Herut, le parti de Menachem Begin et de participer aux élections qui doivent avoir lieu fin 1969. A la suite de quoi, il est maintenu dans les FDI et obtient, après les élections, le poste de Commandant du Secteur Sud, ce qui inclut l’autorité militaire sur la Bande de Gaza.

Lorsqu’en septembre 1970, l’armée jordanienne massacre des milliers de Palestiniens près d’Amman, la Syrie intervient militairement. Les USA demandent à Israël d’exercer une menace sur la Syrie qui, dès lors, se retire de Jordanie. Sharon désapprouve le soutien à la monarchie haschémite. Pour lui, la chute de celle-ci aurait permis la constitution d’un Etat palestinien (p.246) en Jordanie.

La Bande de Gaza

En 1971, sousson autorité sont lancés ce que le journaliste israélien Yigal Mosko (Kol Ha’ir, du 30 juin 1995) appelle « les escadrons de la mort d’Ariel Sharon ». Il s’agit d’unités du Sayeret Matkal, composées de para commandos parlant l’arabe, ne portant pas d’uniforme et autorisés à procéder à des assassinats, c’est-à-dire tuer des gens en dehors des combats. De juillet 1971 à février 1972, il  y a 104 assassinats de Palestiniens. Ces unités opèrent surtout dans la Bande de Gazaoù des milliers de maisons sont détruites dans les camps de réfugiés palestiniens (2.000 pour le seul mois d’août 1971). Des puits d’eau sont bouchés. Sharon y installe 4 colonies de peuplement. Des centaines de Palestiniens, y compris des femmes et des enfants, sont emprisonnés.

Ayant compris qu’il n’obtiendrait jamais le poste de Chef d’Etat-Major, Sharon quitte le service actif en 1973 et reçoit le commandement d’une division blindée de réserve. Il la commande pendant la guerre d’octobre et lui fait traverser le Canal de Suez vers l’Egypte, renversant ainsi le cours de la guerre sur le front égyptien. Pour beaucoup d’Israéliens, il devient le « roi Arik. »

Un guerrier en politique

Peu avant la guerre du Kippour, il avait lancé un appel à l’union des partis opposés aux Travaillistes et avait conduit, aux côtés de Menachem Begin, des négociations qui ont abouti à la création du Likoud. Fin décembre, alors qu’il commande toujours sa division sur la rive ouest du Canal de Suez, il est élu député à la Knesset sur la liste du Likoud. Un an plus tard, déçu par la vie parlementaire, il démissionne de son mandat de député (p.341-342).

Il se consacre à son exploitation agricole quand, en juin, le Premier ministre Rabin lui propose le poste de conseiller spécial pour les questions de sécurité. La guerre civile vient d’éclater au Liban. Sharon recommande d’empêcher toute présence syrienne dans ce pays (p. 423). C’est à ce moment qu’Israël commence à soutenir le Major Saad Haddad (p.424). Rabin et Peres, ministre des Affaires étrangères, nouent des liens avec les dirigeants chrétiens libanais. Dans le même temps, Sharon prépare un plan de peuplement juif de la Cisjordanie.

Ayant goûté du pouvoir, Sharon veut voler de ses propres ailes. En février 1976, alors que le gouvernement est affaibli par des scandales, il quitte Rabin et, contre l’avis de la plupart de ses amis, il crée son propre parti : le Shlomzion (Paix pour Sion). Très vite, il constate ses faibles chances aux élections (p.348-353). Il tente alors, mais trop tardivement, d’intégrer son parti dans le Likoud. Le Shlomzion ne remporte que 2 sièges aux élections de 1977. Le Likoud est le grand vainqueur du scrutin. Le 15 juillet, le premier gouvernement Begin entre en fonction. Sharon est ministre de l’Agriculture auquel, à sa demande (p. 354), on ajoute la présidence du comité ministériel de la colonisation dans les Territoires Occupés. En octobre, il fait approuver, malgré les réticences de Bégin, un plan de colonisation massive de la Cisjordanie et des abords de Jérusalem. Il réalise ainsi un projet auquel il pensait depuis dix ans (p. 361). A de multiples reprises, Sharon se fait le porte-parole du Gush Emunim (« Bloc des Croyants »), groupe d’extrémistes religieux ultra-nationalistes à propos desquels « il ressent une profonde identification avec leurs efforts pour établir une communauté juive dans la patrie juive historique » (p. 362) et auxquels il veut garantir « le droit de vivre dans l’Israël historique » (p. 368). Quatre années plus tard, 64 colonies supplémentaires auront été créées en Cisjordanie. Il intensifie aussi le peuplement juif de la Galilée sans se soucier des droits des populations palestiniennes qui y vivent.

 L’année suivante, Begin et Sadate signent, avec Jimmy Carter, les Accords de Camp David. Sharon est opposé à la partie relative à l’autonomie des Palestiniens. Il pense qu’elle pourrait avoir l’effet d’une Déclaration Balfour pour les Palestiniens et conduire à un second Etat palestinien, après la Jordanie, ce qui est totalement inacceptable à ses yeux. « La Judée, la Samarie et Gaza sont parties intégrantes de Eretz Israël » et l’autonomie accordée ne peut l’être qu’aux personnes, sans leur concéder la moindre souveraineté territoriale (p. 402-406).

A partir d’avril 1980, le ministre de l’Agriculture et des colonies de peuplement va s’employer, avec Begin, de convaincre le gouvernement de la nécessité de détruire le réacteur nucléaire irakien d’Osirak. Quatorze mois plus tard, c’est chose faite.

La législature s’achève et, en juin 1981, pendant la campagne électorale, Sharon organise, pour 300.000 personnes, les « Sharon Tours » : visites des montagnes dans les Territoires occupés afin de convaincre les électeurs de leur importance stratégique et de la nécessité d’annexer la Cisjordanie. Après les élections, il devient ministre de la Défense dans le 2e gouvernement Begin, malgré l’opposition de nombreux membres du Likoud qui le trouvent dangereux.

 Avant même d’occuper ses nouvelles fonctions, il s’oppose au cessez-le feu négocié par Philip Habib, diplomate américain, pour mettre fin aux attaques de l’OLP dans le Liban Sud (contrôlé par Haddad) et en Galilée et aux représailles israéliennes. Avant que l’Egypte retrouve sa souveraineté sur le Sinaï, suite aux Accords de Camp David, il fait détruire complètement la ville juive de Yamit, construite dix ans plus tôt, afin qu’elle ne devienne pas une ville égyptienne. En octobre, il demande à l’Etat-Major des FDI de préparer les plans d’une invasion du Liban. Ceux-ci sont arrêtés à la mi-décembre (p. 436-437).  Il encourage la coopération militaire avec certains pays africains tels le Soudan de Nimeiry, le Congo de Mobutu, l’Afrique du Sud de l’apartheid, mais également avec les juntes militaires du Guatemala et d’El Salvador. En décembre, il signe le premier accord de coopération stratégique avec les USA.

L’année 1982 est entièrement consacrée à l’invasion du Liban qui conduit aux massacres de Sabra et Chatila et à la création d’une commission d’enquête sous la pression de près de 400.000 manifestants. Le 8 février 1983, la Commission Kahan publie son rapport. Sharon considère qu’il s’agit de la « marque de Caïn contre le peuple juif » (p.520) et d’une « trahison » (p.523). Le Conseil des Ministres approuve le Rapport Kahan par 16 voix contre 1, celle de Sharon. Le 14 février, sa démission comme ministre de la Défense est entérinée, mais il refuse de quitter le gouvernement où il reste comme ministre sans portefeuille. Six jours plus tard, il est réintégré dans les comités ministériels de la défense et des négociations relatives au Liban. Le 21 février, l’hebdomadaire américain Time Magazine publie un article dans lequel il rapporte que, lors de l’entrevue du 15 septembre 1982 entre Pierre et Amin Gemayel et Sharon, ce dernier aurait « discuté de la nécessité pour les Phalangistes de venger l’assassinat de Bechir Gemayel». Sharon poursuit Time en justice pour diffamation et demande 50 millions de US $ de dommages et intérêts devant un tribunal de New York. Il affirme que le Rapport Kahan a déterminé une responsabilité indirecte de sa part dans les massacres. Une incitation à la vengeance signifierait une responsabilité directe. Il nie avoir tenu de tels propos. Six mois plus tard, lors de la démission de Begin, il se présente au sein du Likoud contre Shamir et obtient 42,5 des voix. Il devient un des leaders influents du Likoud.

2. Le Grand Israël, à n’importe quel prix

L’histoire militaire retient des noms éminents et respectables, même pour ceux que ne fascine pas « l’art de la guerre ». On ne les a jamais confondus avec ces tueurs revêtus d’un uniforme qui émergent dans les situations de crise. On ne peut résumer l’itinéraire de Sharon à celui de ces militaires brillants qui ont laissé leur nom dans l’histoire. Ce fut, certes, à l’occasion, un stratège audacieux capable de coups de génie, un peu à la manière d’un Patton. On ne peut pourtant se contenter de l’image de baroudeur sympathique que se complaisent à offrir de lui la plupart des média occidentaux. Ces portraits ne suffisent pas pour décrire le personnage. Il faut y ajouter des traits beaucoup moins flatteurs qui font penser à ces généraux apparus dans les divers camps qui se sont affrontés lors de l’éclatement de la Yougoslavie et dont les rêves nationalistes ne pouvaient s’accomplir que par l’élimination physique de ceux qui se trouvaient sur leur chemin.

Le rêve de Sharon, il ne s’en est jamais caché et son autobiographie le confirme, c’est le sionisme accompli, c’est Eretz Israël, le grand Israël, de la Méditerranée au Jourdain, incorporant la Cisjordanie (toujours dénommée par les noms bibliques de Judée et Samarie) et Gaza (p. 402). Certes, il n’est pas le seul dans son pays à penser de la sorte. L’extrémiste de droite Sharon n’est pas différent du social-démocrate Shimon Peres qui, au moment où le plan Sharon de colonisation des Territoires occupés devenait réalité, déclarait, comme leader de l’opposition,: « Il n’y a pas de discussion en Israël à propos de nos droits historiques sur la terre d’Israël. Le passé est immuable et la Bible est le document décisif qui détermine le destin de notre terre » (The New York Times, 6 août 1978).

Mais, ce qui distingue Sharon, c’est sa propension à traduire en actes sanglants une conviction qui nie l’existence du peuple palestinien et qui entend, par tous les moyens, détruire le nationalisme palestinien sous toutes ses formes. L’obstacle au sionisme de Sharon, ce sont les populations qui habitent ces territoires depuis des siècles. Quand il évoque les civils, il ne les appelle jamais des « Palestiniens », mais toujours des « Arabes » Et leur place, selon lui, se trouve en Jordanie. Quand il parle des combattants palestiniens, niant tout droit à la résistance, il les qualifie systématiquement de « terroristes » au point d’en faire une sorte de synonyme de Palestiniens. Les camps de réfugiés sont, même lorsque nulle présence militaire n’est observée, nécessairement à ses yeux des « camps terroristes. »

On ne s’étonnera donc pas de la leçon que Sharon tire des massacres qu’il a perpétrés à Qibya. Alors que le monde entier s’émeut des victimes innocentes, Sharon considère que «le raid de Qibya fut un tournant (…) les FDI étaient de nouveau capables de trouver et de frapper des objectifs loin derrière les lignes ennemies (…) avec Qibya, un nouveau sens de confiance en soi prenait racine »(page 90).

Ce qui domine la biographie de Sharon, comme celles de Ben Gourion, de Golda Meir, de Menachem Begin et d’Yitzhak Shamir, ces premiers ministres sous lesquels il a servi et auxquels il se réfère, c’est le mépris du Palestinien poussé jusqu’à sa plus extrême limite : sa négation qui autorise son élimination et qui fonde une logique du massacre d’Etat. Son autobiographie en fait foi, il partage sans réserve les mots d’un Ben Gourion, le fondateur de l’Etat d’Israël, qui, à propos des réactions à toute forme de résistance à la politique d’Israël notait dans son journal : «Faire sauter une maison ne suffit pas. Ce qu’il faut, ce sont des réactions cruelles et fortes. (…) Nous devons frapper sans pitié, y compris les femmes et les enfants. Autrement, les réactions ne sont pas efficaces. A l’heure de la réaction, il n’y a pas de place pour distinguer entre le coupable et l’innocent». (1 janvier 1948) ou de Golda Meir, premier ministre, qui déclarait au Sunday Times (15 juin 1969) : « Il n’y a pas de peuple palestinien.(…) Ils n’existent pas». ou encore de Menachem Begin, qui n’hésitait pas à déclarer à la tribune du parlement israélien le 8 juin 1982 : « Les Palestiniens sont des animaux à deux pattes. »

Mais même de tels propos ne suffisent pas à Sharon. Il ne croit pas aux contraintes juridiques. Il ne croit pas qu’Israël puisse confier sa sécurité à des accords et garanties internationaux. Au « sionisme politique » de Begin, il préfère le « sionisme pragmatique » que lui a enseigné son père et  qui s’appuie sur la conviction que rien ne peut s’accomplir par des accords de droit, si on ne s’est pas assuré en même temps des garanties sur le terrain (p. 392). Comme Ben Gourion, Sharon est le partisan du fait accompli – imposé par la force des armes – que viennent, seulement ensuite, et le cas échéant, consolider les dispositions politiques et juridiques. L’homme qui n’hésite pas à déclarer « Nos ancêtres ne sont pas venus ici pour construire une démocratie, mais pour construire un Etat juif » (Forward, 21 mai 1993) ne s’embarrasse guère des règles de droit qui civilisent les sociétés humaines. Evoquant la nécessité de prendre les terres et de créer les faits dans le réel, il écrit dans son autobiographie qu’il adhère à cette formule répétée dans le cercle familial : « ne parle pas de cela, fais en sorte que cela soit » (p.279).

A peine devenu Ministre de la Défense, Sharon a fait préparer des plans pour l’invasion du Liban. Son objectif était triple : ainsi qu’il l’a déclaré lui-même, il s’agissait de détruire l’OLP. Mais un deuxième objectif explique mieux la barbarie organisée par les FDI. En effet, la campagne « La Jordanie, c’est la Palestine » est venue confirmer les affirmations selon lesquelles un des objectifs d’Israël dans la guerre du Liban était l’expulsion de tous ses réfugiés palestiniens vers la Jordanie pour provoquer la chute du roi Hussein et y établir l’Etat palestinien. Enfin, Sharon reprenait à son compte un projet déjà formulé par Ben Gourion, le fondateur d’Israël. En mai 1948, à l’occasion d’une discussion sur les stratégies à mettre en œuvre une fois la guerre engagée avec les pays arabes, Ben Gourion déclarait à l’Etat-Major de la Haganah : « …nous devrions nous préparer à passer à l’offensive…le point faible est le Liban.(…). Un Etat chrétien devrait être établi, avec pour frontière Sud le Litani. Nous ferons alliance avec lui… » L’invasion du Liban en 1982 poursuivait aussi le rêve de mettre en place un protectorat libanais contrôlé par la famille Gemayel. Sharon n’a atteint aucun de ses objectifs. Mais, par contre, des dizaines de milliers de personnes en sont mortes dans des souffrance innommables.

Amos Perlmuytter, spécialiste israélo-américain d’histoire militaire et analyste des questions stratégiques, écrivait dans Foreign Affairs (automne 1982) :  « Begin et Sharon partagent le même rêve : Sharon est l’homme de main de ce rêve. Ce rêve est d’anéantir l’OLP, d’éteindre le moindre vestige du nationalisme palestinien, d’écraser les alliés et les partisans de l’OLP en Cisjordanie et, à la fin, de chasser les Palestiniens qui y sont vers la Jordanie et de paralyser, sinon de mettre fin au mouvement nationaliste palestinien. Tel était pour Sharon et Begin, l’objectif ultime de la guerre du Liban. »

Plus fondamentalement, on conviendra, avec Annette Levy-Willard, que « Sharon est le meilleur représentant de cette génération d’Israéliens pour qui – comme Begin – les mots de Juifs, d’Israël et de sécurité justifient toutes les raisons d’Etat et tous les immoralismes…qu’importent les moyens pourvu qu’on ait la fin » (Libération, 11 février 1983).

Philip Habib, qui fut une sorte d’anti-Kissinger de la diplomatie américaine, déclarait après les massacres : « Sharon est un assassin, animé par la haine contre les Palestiniens. J’ai donné à Arafat des garanties que les Palestiniens ne seraient pas touchés, mais Sharon ne les a pas honorées. Une promesse de cet homme ne vaut rien. (…) C’est le plus grand menteur, de ce côté-ci de la Méditerranée ».

Toute la carrière d’Ariel Sharon indique que cet homme a partagé avec certains dirigeants et une partie de la population de son pays la conviction que la sécurité d’Israël nécessitait une extension de son territoire jusqu’aux limites bibliques de la Palestine, l’homogénéité démographique la plus grande et la transformation du Liban en un protectorat dirigé par une dictature phalangiste. L’histoire d’Israël, dès 1947 jusqu’à nos jours, de même que la biographie d’Ariel Sharon fournissent des informations incontestables sur certaines méthodes auxquelles une partie de la classe politique et de l’establishment militaire n’ont eu aucun scrupule à recourir pour réaliser ces objectifs : la conquête militaire de territoires nouveaux, le nettoyage ethnique par la terreur, l’invasion et l’occupation du Liban après plusieurs années d’ingérences directes et de raids militaires, l’assimilation des populations civiles à l’ennemi.

C’est le constat que fait la Commission MacBride : « En d’autres mots, l’actuel leadership de l’Etat d’Israël a été directement impliqué dans des politiques terroristes à l’égard des populations civiles palestiniennes. La Commission tire la conclusion que les massacres de Sabra et Chatila constituent seulement un exemple culminant de ce type d’implication, renforçant avec l’intensité historique notre appréciation que l’Etat d’Israël, ses dirigeants civils et militaires, comme responsables officiels, portent en droit la responsabilité de ces évènements et de la terrible tragédie qu’ils ont provoquée. »

Dès le début de sa carrière, Sharon est de ceux qui ont fait le choix de tels objectifs et de telles méthodes. Maître dans l’art d’imposer ses vues par la force, après avoir dissimulé ou menti, il a très souvent placé sa hiérarchie militaire, son premier ministre, ses collègues du gouvernement et les alliés les plus inconditionnels de son pays devant des faits accomplis. Il s’est presque toujours efforcé d’imposer des solutions militaires aux problèmes politiques.

Ainsi remises en perspective, l’histoire d’Israël et la vie de Sharon font apparaître les crimes perpétrés à Sabra et Chatila, non pas comme un accident, non pas comme une exception malheureuse dans une continuité qui serait par ailleurs conforme à la morale et au droit, mais bien comme une étape dans une longue suite d’actions militaires extrêmement coûteuses en vies humaines et amplement destructrices combinées à des opérations répétées de massacres destinés à terroriser et à faire fuir des populations niées dans leur droit à l’existence, bafouées dans leurs droits fondamentaux et dans leur dignité au point d’être traitées comme des « untermenschen» dont on justifie l’élimination en les appelant systématiquement des « terroristes ». Comme l’écrit Thomas Friedman, « les soldats israéliens n’ont pas vu des civils innocents en train d’être massacrés et ils n’ont pas entendu les hurlements des enfants innocents conduits à leur tombe. Ce qu’ils ont vu, c’est « l’infestation terroriste » qui est « nettoyée » et des « infirmiers terroristes » qui s’enfuient et des « teenagers terroristes » qui essaient de se défendre et ce qu’ils ont entendu sont les hurlements de « femmes terroristes ».

Robert Fisk rappelle que, dans son journal, Anne Frank a décrit comment Utrecht allait être « nettoyée » des Juifs par les Allemands. Comme si les Juifs étaient des « cafards » ! s’indignait-elle. « Nettoyer », le verbe utilisé par Sharon et Eytan à propos des Palestiniens. « Cafards », le mot employé par Eytan, devant la Knesset en avril 1983, pour nommer les Palestiniens des Territoires occupés…

Menahem Begin avait écrit dans ses Mémoires que le massacre de Deir Yassine était une « victoire». Sharon, peu avant Sabra et Chatila, avait rappelé aux Palestiniens de se souvenir de Deir Yassine. Sur ordre de Sharon, par l’action coordonnée des Forces de Défense d’Israël et des milices chrétiennes libanaises, Sabra et Chatila ont été transformés en camps d’extermination.

De telles pratiques n’ont pas leur place dans un monde où doivent prévaloir et s’imposer les valeurs qui fondent l’humanité. Ces pratiques sont prohibées. Elles ne peuvent l’être selon les opportunités politiciennes du moment, selon que les bourreaux sont ou ne sont pas les amis de l’un ou l’autre pays. Elles doivent être sanctionnées, sous toutes les latitudes et quels que soient les bourreaux. Les hommes qui en assument la responsabilité portent atteinte à l’humanité tout entière et doivent être jugés et punis « afin de défendre l’honneur ou l’autorité de celui qui a été lésé, afin que l’absence de châtiment n’entraîne pas la dégradation de la victime», comme y invitait Grotius, le père du droit international, cité lors du procès de Jérusalem contre Eichmann. 

Pour l’honneur d’Israël et du peuple juif, il s’est trouvé 400.000 personnes, un soir à Tel Aviv, pour refuser l’inacceptable. Il s’est trouvé un Yeshayahu Leibovitz, professeur à l’Université Hébraïque et éditeur de l’Encyclopedia Hebraica, pour assumer, en déclarant : « le massacre fut accompli par nous. Les Phalangistes sont nos mercenaires exactement comme les Ukrainiens, les Croates et les Slovaques furent les mercenaires d’Hitler, qui les a organisés en soldats pour faire le travail pour lui. De la même manière, nous avons organisé les assassins au Liban en vue de tuer les Palestiniens. »

Il reste à trouver des magistrats courageux. Peu importe où, pourvu qu’ils jugent au nom de l’humanité meurtrie par Sharon. Car « les assassins modernes, serviteurs de l’Etat, auteurs de meurtres en série, doivent être poursuivis parce qu’ils ont violé l’ordre de l’humanité » insistait Hanah Arendt au terme de sa réflexion sur le procès Eichmann. 

---------------------

Le texte qui précède date de 2002 ;  il ne s’est pas trouvé de magistrats courageux pour juger celui qui a violé l’ordre de l’humanité…

Raoul Marc JENNAR

Partager cet article
Repost0
11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 21:57

   Il y aurait dû y avoir un autre texte en place de celui-ci concernant la liberté d'expression bien sûr et puis voilà... cette mémoire-là aujourd'hui Ouais surtout aujourd'hui avec ce qu'on sait de l'interdit qui nous remet aux tripes des rages qu'on croyait pouvoir remiser on va bien vite la nier n'est-ce pas ?

   Sabra et Chatila qu'est-ce que c'est Hein ?

   Y a un paquet de gaziers ici chez nous enfin non pas chez moi en tout cas car ce pays-ci n'est pas chez moi qui ont intérêt à ce qu'on oublie ce qui s'est passé là-bas ailleurs au Liban justement... ce Liban où un certain président d'un certain pays va offrir via L'Arabie Saoudite des armes toutes fraîches de fabrication maison pour que la belle guerre civile syrienne puisse s'y étaler grassement Hein ?

    En mémoire des Palestiniens et des Libanais massacrés par l'armée israélienne d'Ariel Sharon et ses potes des Phallanges Chrétiennes il n'y aura aucune image sur ce texte...

    BLANC MUET EFFACE MORT ABSENCE SILENCE OUBLI RIEN


Sabra et Chatila (1) Le 16 Septembre 1982 ...
Al Faraby

En date du 6 juin 1982, l’armée israélienne a envahi le Liban. L’opération israélienne, préparée de longue date, est baptisée "paix en Galilée".

Initialement, le gouvernement israélien avait annoncé son intention de pénétrer sur 40 km dans le territoire libanais. Le commandement militaire, sous la direction du ministre de la défense, le général Ariel SHARON, a cependant décidé d’exécuter un projet plus ambitieux que Sharon avait préparé depuis plusieurs mois. Après avoir occupé le sud du pays, et y avoir détruit la résistance palestinienne et libanaise, tout en commettant déjà une série d’exactions contre la population civile , les troupes israéliennes ont effectué une percée jusqu’à Beyrouth, encerclant à partir du 18 juin 1982 les forces armées de l’Organisation pour la Libération de la Palestine, retranchées dans la partie ouest de la ville.

L’offensive israélienne, et notamment les bombardements intensifs sur Beyrouth, auraient occasionné, selon des statistiques libanaises, 18.000 morts et 30.000 blessés, en très grande majorité des civils.

Après deux mois de combat, un cessez-le-feu a été négocié par l’intermédiaire de l’émissaire des Etats-Unis, Philippe HABIB. Il a été convenu que l’O.L.P. évacuerait Beyrouth, sous la supervision d’une force multinationale qui se déploierait dans la partie évacuée de la ville. Les Accords Habib envisageaient que Beyrouth-Ouest soit éventuellement investi par l’armée libanaise, et des garanties américaines étaient données au leadership palestinien pour la sécurité des civils dans les camps après leur départ.

L’évacuation de l’O.L.P. s’est terminée le 1er septembre 1982.

Le 10 septembre 1982, les forces multinationales ont quitté Beyrouth. Le lendemain, Ariel SHARON annonçait que "deux mille terroristes" restaient encore dans les camps de réfugiés palestiniens autour de Beyrouth. Le mercredi 15 septembre, après l’assassinat la veille du président-élu Bachir GEMAYEL, l’armée israélienne occupait Beyrouth-ouest, "encerclant et bouclant" les camps de Sabra et de Chatila, habités uniquement par une population civile palestinienne et libanaise, l’entièreté des résistants armés (plus de 14.000 personnes) ayant évacué Beyrouth et sa banlieue.

Historiens et journalistes s’accordent pour admettre que c’est probablement lors d’une rencontre entre A. SHARON et B. GEMAYEL à Bikfaya le 12 septembre, qu’un accord a été conclu pour autoriser les « Forces libanaises » à « nettoyer » ces camps palestiniens. L’intention d’envoyer les forces phalangistes dans Beyrouth-ouest avait déjà été annoncée par SHARON le 9 juillet 1982 et dans sa biographie, il confirme avoir négocié l’opération lors de la rencontre de Bikfaya.

Selon les déclarations d’Ariel SHARON au Knesset (parlement israélien) en date du 22 septembre 1982, l’entrée des Phalangistes dans les camps de réfugiés de Beyrouth fut décidée le mercredi 15 septembre 1982 à 15h30. Toujours selon le général SHARON, le commandant israélien avait reçu comme instruction : "Il est interdit aux forces de Tsahal d’entrer dans les camps de réfugiés. Le ratissage et le nettoyage des camps seront effectués par les Phalanges ou l’armée libanaise".

Dès l’aube du 15 septembre 1982, des chasseurs bombardiers israéliens ont commencé à survoler Beyrouth-ouest à basse altitude et les troupes israéliennes ont entamé leur entrée dans Beyrouth-ouest. A partir de 9h du matin, le général SHARON a été lui-même sur place pour diriger personnellement la poursuite de la percée israélienne, et s’est installé au quartier général de l’armée au carrefour de l’ambassade du Koweit, situé à la limite de Chatila. Du toit de cet immeuble de 6 étages, on pouvait parfaitement observer la ville et les camps de Sabra et Chatila.

Dès midi, les camps de Sabra et Chatila, qui forment en réalité une seule zone de camps de réfugiés au sud de Beyrouth-ouest, sont encerclés par des chars et par des soldats israéliens, qui installent tout autour des camps des points de contrôle permettant de surveiller les entrées et les sorties. Durant la fin de l’après-midi et la soirée, les camps sont bombardés au tir d’obus.

Le jeudi 16 septembre 1982, l’armée israélienne contrôle l’ensemble de Beyrouth-ouest. Dans un communiqué, le porte-parole militaire déclare "Tsahal contrôle tous les points stratégiques de Beyrouth. Les camps de réfugiés, incluant les concentrations de terroristes, sont encerclés et fermés".

Au matin du 16 septembre, l’ordre 6 est donné par le haut commandement de l’armée : "Searching and mopping up of the camps will be done by the Phalangists/ Lebanese Army"

Pendant la matinée, des obus sont tirés vers les camps depuis les hauteurs environnantes et des tireurs d’élite israéliens postés autour, tirent sur des personnes se trouvant dans les rues. Vers midi, le commandement militaire israélien donne aux milices phalangistes le feu vert pour l’entrée dans les camps de réfugiés. Peu après 17h, une unité d’environ 150 Phalangistes entre par le sud et le sud-ouest dans le camp de Chatila.

Lorsque le général Drori appelle par téléphone Ariel Sharon et lui annonce : "Nos amis avancent dans les camps. Nous avons coordonné leur entrée." Ce dernier répond "Félicitations !, l’opération de nos amis est approuvée."

Pendant 40 heures, dans les camps « encerclées et bouclés », les miliciens phalangistes vont violer, tuer, blesser un grand nombre de civils non armés, en majorité des enfants, des femmes et des vieillards. Ces actions sont accompagnées ou suivies de rafles systématiques, avalisées ou renforcées par l’armée israélienne, résultant dans des dizaines de disparitions.

Jusqu’au matin du samedi 18 septembre 1982, l’armée israélienne, qui savait parfaitement ce qui se passait dans les camps, et dont les dirigeants étaient en contact permanent avec les dirigeants des milices qui perpétraient le massacre, s’est non seulement abstenue de toute intervention, mais a fourni une aide directe en empêchant des civils de fuir les camps et en organisant un éclairage constant des camps durant la nuit, moyennant des fusées éclairantes, lancées par des hélicoptères et des mortiers.

Les chiffres des victimes varieront entre 700 (chiffre officiel israélien) et 3.500 (notamment l’enquête précitée du journaliste israélien KAPELIOUK). Le chiffre exact ne pourra jamais être déterminé parce que, outre environ 1.000 personnes qui ont été enterrées dans des fosses communes par le C.I.C.R. ou enterrées dans des cimetières de Beyrouth par des membres de leur famille, un grand nombre de cadavres ont été enterrés par les miliciens eux-mêmes, qui les ont ensevelis sous des immeubles qu’ils ont détruits avec des bulldozers.

Par ailleurs, surtout les 17 et 18 septembre, des centaines de personnes avaient été emmenées vivantes dans des camions vers des destinations inconnues et ont disparu.

Depuis le massacre, les victimes et survivants des massacres n’ont bénéficié d’aucune instruction judiciaire, ni au Liban, ni en Israël, ni ailleurs. Sous la pression d’une manifestation de 400.000 participants, le parlement israélien (Knesset) a nommé une commission d’enquête sous la présidence de Monsieur Yitzhak KAHAN en septembre 1982. Malgré les limitations résultant tant du mandat de la Commission (un mandat politique et non judiciaire) que de son ignorance totale des voix et demandes des victimes, la Commission a conclu que "Le Ministre de la Défense était personnellement responsable" des massacres.

Sur l’insistance de la Commission, et des manifestations qui ont suivi son rapport, SHARON démissionnait de son poste de Ministre de la Défense, tout en gardant un poste au gouvernement comme ministre sans portefeuille. Il est à noter que la manifestation du mouvement "Paix Maintenant", qui a immédiatement précédé sa "démission", avait donné lieu à une attaque à la grenade de ses partisans contre les manifestants, résultant dans la mort d’un jeune manifestant.

Par ailleurs, plusieurs enquêtes non officielles et rapports basés sur des témoignages surtout occidentaux, dont celle de MacBride et de la Nordic Commission, ainsi que des rapports journalistiques et historiques fouillés, ont réuni des informations précieuses. Ces textes, en tout ou en partie, sont joints au dossier en annexe.

Malgré l’évidence du "massacre criminel", qualification du Conseil de Sécurité, et la triste place des massacres de Sabra et Chatila dans la mémoire collective de l’humanité au rang des grands crimes du XXème siècle, le "responsable personnel" de ces massacres, ses acolytes, et les exécutants, n’ont jamais été poursuivis en justice ou punis. Les journalistes israéliens Schiff et Yaari avaient conclu, en 1984, leur chapitre sur le massacre par cette réflexion : "If there is a moral to the painful episode of Sabra and Shatila, it has yet to be acknowledged."

Cette réalité de l’impunité est tout aussi vraie aujourd’hui.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a condamné le massacre par la résolution 521 (1982) du 19 septembre 1982. Cette condamnation a été suivie par une résolution de l’Assemblée Générale du 16 décembre 1982 qui a qualifié le massacre comme "acte de génocide".

http://bellaciao.org/fr/article.php...

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 00:55

      Cet article a été publié sur le site du Grand Soir et je ne pourrais guère écrire mieux sauf à développer la façon dont Mouamar El-Ghadafi a travaillé de son vivant afin de sortir l'Afrique de l'exploitation qu'elle subit de la part de ses roitelets et des maîtres occidentaux qui les manoeuvrent afin de la piller et de réduire ses peuples en un perpétuel esclavage.

      Ceci à lire dans le cadre de l'écriture que je poursuis depuis l'écartèlement de la Libye et l'assassinat de Mouamar El-Ghadafi et si ça n'était pas si obscène ce qui se passe aujourd'hui serait drôle... bientôt en effet ils ne pourront plus empêcher cette " immigration massive " qui les terrifie et la mise en scène actuelle ne leur sera d'aucun secours...

gaddafi

La tragédie de Lampedusa : Ce dont l’Italie doit vraiment avoir honte
Mardi 8 octobre 2013

Manlio DINUCCI

“ Honte et horreur ” : ce sont les termes utilisés par le président de la république Napolitano à propos de la tragédie de Lampedusa. Ils devraient plus exactement être utilisés pour définir la politique de l’Italie à l’égard de l’Afrique, en particulier de la Libye d’où provenait le bateau de la mort. Les gouvernants qui aujourd’hui battent leur coulpe sont les mêmes qui ont contribué à cette tragédie, et à d’autres, des migrants.

D’abord, le gouvernement Prodi, le 29 décembre 2007, souscrit l’Accord avec la Libye de Khadafi pour “ faire obstacle aux flux migratoires illégaux ”. Puis, le 4 février 2009, le gouvernement Berlusconi le perfectionne avec un protocole d’application. L’accord prévoit des patrouilles maritimes conjointes devant les côtes libyennes et la fourniture à la Libye, de concert avec l’Union européenne, d’un système de contrôle militaire des frontières terrestres et maritimes. On constitue à cet effet un Commandement opérationnel inter-forces italo‑libyen. La Libye de Khadafi devient ainsi la frontière avancée de l’Italie et de l’UE pour bloquer les flux migratoires d’Afrique. Des milliers de migrants venant d’Afrique sub‑saharienne, bloqués en Libye par l’accord Rome-Tripoli, sont contraints de retourner dans le désert, condamnés à une mort certaine. Sans que personne à Rome n’exprime honte et horreur.

On passe ensuite à une page plus honteuse encore : celle de la guerre contre la Libye. Pour démanteler un État national qui, malgré d’amples garanties et ouvertures à l’Occident, ne peut plus totalement être contrôlé par les États-Unis et par les puissances européennes, garde le contrôle de ses propres réserves énergétiques en concédant aux compagnies étrangères des marges de profit restreintes, investit à l’étranger des fonds souverains pour plus de 150 mMouamar et Hugoilliards de dollars, finance l’Union africaine pour qu’elle crée ses organismes économiques indépendants : la Banque africaine d’investissement, la Banque centrale africaine et le Fond monétaire africain. Grâce à un actif commercial de 27 milliards de dollars annuels et un revenu par habitant de 13mille dollars, la Libye est, avant la guerre, le pays africain où le niveau de vie est les plus élevé, malgré les disparités, et se trouve félicitée par la Banque mondiale pour “ l’utilisation optimale de la dépense publique, y compris en faveur des couches sociales pauvres ”. Dans cette Libye, environ un million et demi d’immigrés africains trouvent du travail.

Quand en mars 2011 commence la guerre États-Unis/OTAN contre la Libye ( avec 10 mille missions d’attaque aérienne et de forces infiltrées ), le président Napolitano assure que “ nous ne sommes pas entrés en guerre ” et Enrico Letta, vice-secrétaire du Pd ( Partito democratico ), déclare que “ les va-t-en-guerre sont ceux qui sont contre l’intervention internationale en Libye, et certainement pas nous qui sommes des bâtisseurs de paix  ”. “ Paix ” dont les premières victimes sont les immigrés africains en Libye, qui, persécutés, sont contraints de s’enfuir. Rien qu’au Niger 200-250 mille migrants reviennent dès les premiers mois, en perdant la source de revenus qui entretenait des millions de personnes. Nombre d’entre eux, poussés par le désespoir, tentent la traversée de la Méditerranée vers l’Europe. Ceux qui y perdent la vie sont eux aussi des victimes de la AFRICA432guerre voulue par les chefs de l‘Occident.

Ces mêmes gouvernants qui aujourd’hui alimentent la guerre en Syrie, qui a déjà provoqué plus de 2 millions de réfugiés. Parmi lesquels certains tentent déjà la traversée de la Méditerranée. Si leur embarcation aussi coule, il se trouve toujours un Letta prêt à proclamer le deuil national.

Partager cet article
Repost0
26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 23:03
      En hommage à Me Jacques Vergès qui a été l'avocat de l'Algérie libre et indépendante et qui a risqué sa peau dans le soutien actif et engagé dans tous les sens de ce terme qu'il a apporté aux Algériens et aux Algériennes qui ne l'ont jamais oublié.
      Cet article est extrait du Quotidien d'Oran : www.lequotidien-oran.com
Vergès et la guerre des Algériens03C003C000762408-photo-jacques-verges-dans-l-avocat-de-la-t.jpg

par Omar Merzoug

 

          La presse française a largement couvert la disparition de Jacques Vergès. Les quotidiens parisiens « Le Figaro », « Le Monde », « Libération » ont abondamment disséqué la carrière de l'avocat, les hebdomadaires suivront et les sites électroniques ne seront pas en reste. L'impression qui s'en dégage est celle de « l'avocat de la terreur », du défenseur des « dictateurs », des «causes perdues» et enfin du « provocateur  ». 

        A quoi est venue s'ajouter, c'est sûrement un effet de son décès, le caractè re mystérieux du personnage : " Sa vie, pleine de mystères, fait de lui un personnage de roman " écrit ' Le Figaro '. Disons-le nettement : la presse française, prévenue contre Vergès depuis son engagement anti-colonialiste, l'est encore davantage depuis qu'il a assuré la défense de Klaus Barbie, de Roger Garaudy et de Carlos. En revanche, les hommages qui viennent d'Algérie, d'Afrique et d'ailleurs semblent faire litière des réserves de la presse et d'une frange de l'opinion publique françaises.
jacques-verges.jpg

        Rendre hommage au grand avocat qu'il fut surtout pendant les années sanglantes de la révolution algérienne lorsqu'il accepta de plaider la cause des militants du FLN, enlevés, séquestrés et torturés par l'armée française, c'est d'abord retracer les moments de cette action, y dénicher les ressorts. " La Guerre d'Algérie a été la grande école de ma vie ", cette guerre qui, précise-t-il, " a été marquée par les pires crimes de guerre : viols systématiques des femmes, incendies des villages, exécutions sommaires, déplacements de populations et tortures ". On ne saurait mieux résumer l'action " civilisatrice " de l'armée française. Précisons que l'ignominie de telles actions ne saurait retomber indistinctement sur l'armée française dans son ensemble. Des soldats, des officier supérieurs se sont démarqués en dénonçant les crimes dont se rendaient coupables les tortionnaires et que couvrait le pouvoir politique des Mollet, Lacoste et Mitterrand.
3462374_3_9ea5_jacques-verges-en-1986-lors-du-proces-d-ibra.jpg

        En mai 1957, le général Paris de Bollardière demande à être relevé de son commandement en signe de protestation contre des actes qui salissent l'armée française. Dans une lettre envoyée à " L'Express ", il met en garde contre " l'effroyable danger qu'il y a à perdre de vue, sous prétexte d'efficacité immédiate, les valeurs morales ". Pourtant les tortionnaires des détachements spécialisés persistent et signent en faisant valoir que la " gégène ", les coups, les pendaisons, la baignoire et la " corvée de bois " font partie de l'arsenal de la répression du terrorisme du FLN. Les crimes du 17 octobre 1961 ne seront que l'acmé de ces pratiques qui déshonorent ceux qui les ont autorisés et couverts, au premier rang desquels il faut citer Maurice Papon. Le trouble jeté en France par ces pratiques, indignes d'une grande nation, a atteint les plus hautes sphères du pouvoir. En avril 1958, Michel Debré, futur premier ministre, déclarait à Jean-Marie Domenach, directeur de la revue " Esprit ", : " Oui, il y a des tortures en Algérie, mais c'est parce que nous n'avons pas d'Etat. Lorsque nous aurons un Etat, vous verrez, les choses changeront ".
        Elles ne changeront pas. Edmond Michelet, le Garde des Sceaux, déclarait en mars 1959, en parlant de la torture qu'il " s'agit là des séquelles de la vérole, du totalitarisme nazi ". Henri Marrou l'avait déjà écrit dans une tribune publiée par " Le Monde " : " Je ne prononcerai que trois mots, assez chargés de sens : camps de concentration, torture et répression collective " et il ajoutait : " Je ne puis éviter de parler de 'Gestapo' : partout en Algérie ont été installés de véritables laboratoires de torture, avec baignoire électrique et tout ce qu'il faut et ceci est une honte pour le pays de la Révolution française et de l'Affaire Dreyfus ". Il s'est donc trouvé, en France même, des hommes courageux, politiquement engagés et moralement intransigeants qui ont sonné l'alarme et dénoncé les crimes immondes commis au " nom du peuple français ".
Djamila-Bouhired.jpg

        Il est certain que Jacques Vergès en fait partie. Encarté au Parti communiste français en 1945, il décide, peu après le début de la guerre d' Algérie, de rompre les liens avec l'organisation communiste, parce qu'il juge les positions du PCF non seulement timorées, mais en décalage avec les réalités nouvelles imposées par l'insurrection de novembre 1954. Prisonnier de sa base ouvrière " raciste, colonialiste et impérialiste " comme le reconnaissait Laurent Casanova, membre du bureau politique, rénovateur éliminé par le très stalinien Maurice Thorez. Un signe qui ne saurait tromper quant au caractère raciste et colonialiste de la 'classe ouvrière', ceux qui votaient autrefois communiste votent aujourd'hui en faveur du Front national.

        Quand il entreprend de défendre les militants du FLN, Jacques Vergès et le collectif mettent au point la " défense de rupture " qui s'oppose à la défense prônée par les avocats humanistes en ce qu'elle exclut la connivence. Celle-ci vise à amadouer les juges, à chercher le dialogue avec eux. Au contraire, la défense dite de rupture balaie ces servilités et fait usage de tous les moyens pour faire retentir, hors les prétoires, le bruit de l'injustice faite aux accusés : " Contrairement à nos confrères de la gauche officielle, loin de chercher un impossible dialogue avec les juges, nous les avons traités comme ils le méritaient et de la manière la plus brutale " ( J.Vergèsin " Que mes guerres étaient belles ! " éditions du Rocher, Paris, 2007 ). Le procès Jeanson, plus exactement " le procès Haddad Hamada et autres ", qui s'ouvre le 5 septembre 1960 en est l'illustration. 6 Algériens et 18 Français s'apprêtent à être jugés.

        Dès l'ouverture du procès, la défense va ridiculiser les représentants de la justice en faisant lanterner le tribunal. Des questions de langue, et plus exactement de traduction, qui sont d'habitude rapidement expédiées vont se traîner plusieurs jours et donner la preuve de la versatilité du tribunal et de son président qui change plusieurs fois d'avis, rendant ainsi des décisions contradictoires. De la sorte le procès qui devait être bouclé en une semaine languit jusqu'au 1er octobre. Vergès le déclare expressément le 8 septembre 1960: " Au terme de ces trois jours de débat, la preuve est faite que la défense peut, car elle est maîtresse du jeu, ordonner ce procès comme elle l'entendra, le faire durer 6 mois "
jacques-verges-M117786.jpg

        Pour bien comprendre la notion de " défense de rupture " adoptée par le Collectif, il faut la situer dans son contexte. Or celui-ci est de part en part politique. " Nous sommes dans des procès politiques, notre défense est politique et nous soulevons des arguments politiques " déclare Vergès dans " Le Salaud lumineux " ( Conversations avec Jean-Louis Remilleux, Michel Lafon éditeur, 1990 ).

       Qu'est-ce qui distingue cette défense de rupture avec une stratégie de défense classique adoptée par les avocats de la gauche française ? La différence gît dans l'attitude de Vergès et du Collectif à l'égard des textes législatifs qui gouvernent le droit français. " Tous les avocats de la gauche invoquent en permanence la constitution française, tandis que nous nous situons le problème sur le plan international " souligne Vergès qui enfonce le clou : " Pour nous, l'Algérie n'est pas la France et les Algériens sont des résistants " en tout semblables aux résistants français pendant l'Occupation. On est en présence d'un véritable différend, c'est-à-dire qu'aucun dialogue n'est possible entre la défense et les juges. Il n'y a pas de commune mesure, un terrain où un compromis peut se déployer.

        C'est un dialogue de sourds : tandis que le tribunal persiste à qualifier les militants du FLN de " citoyens français " qui seraient donc justiciables du droit français, le collectif des avocats du FLN s'insurge en disant qu'il s'agit là de " citoyens algériens ". Alors que les magistrats français accusent les résistants algériens d'avoir constitué une " association de malfaiteurs ", Vergès rétorque : " Ce sont des résistants qui ont constitué une association de résistance ". Et lorsque le tribunal impute aux militants de la cause nationale des actes de terrorisme, Vergès réplique : ces militants ont " accompli sous l'ordre de leurs chefs des actions de guerre ".
Jacques-Verges_pics_390.jpg

        Telle est la défense de rupture parfaitement résumée au demeurant lors du procès du réseau Jeanson par la déclaration de Haddad Hamada, l'un des cadres du FLN. Après avoir rappelé que le FLN est un " mouvement libérateur " auquel il a " l'honneur d'appartenir ", un mouvement de rassemblement national ouvert à tous les Algériens. " La présence dans ses rangs d'Algériens israélites, sans distinction de race ni de religion ou d'opinions philosophiques en est un témoignage ", il ajoute : " Quant à l'accusation que vous portez contre moi, à savoir atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat, en ma qualité d'Algérien, j'ai conscience de n'avoir jamais commis un tel délit pour la simple raison que l'Algérie n'est pas française et qu'elle ne l'a jamais été, n'en déplaise à ceux qui veulent entretenir le mythe d'une Algérie française par des arguments qui sont un défi au bon sens ". Peu après le début de la révolution algérienne, en novembre 1954, Messali Hadj répond dans 'France Observateur' aux allégations de Pierre Mendès France et de François Mitterrand. Si, leur dit-il en substance, l'Algérie est une terre française, pourquoi donc est-elle soumise à un statut particulier ? Pourquoi y a-t-il un double collège, et pourquoi, en un mot, les mêmes dispositions légales ne s'appliquent-elles pas uniment à l'Algérie et à la Métropole ? Peu après, Colette et Francis Jeanson, dans 'L'Algérie hors la loi' (1955), apportent les preuves que l'Algérie n'est pas la France.
Verges.jpg
        En novembre 1955, un éditorial publié par ' Les Temps Modernes ', la revue de Jean-Paul Sartre, aborde frontalement la question : " Si 'l'Algérie était la France', cent vingt députés musulmans doivent entrer à l'Assemblée Nationale, les régimes des salaires, de la Sécurité Sociale, doivent être unifiés, toute discrimination doit disparaitre. Si l'Algérie n'est pas la France, il supprimer le gouvernement général, négocier avec les nationalistes et reconnaître au peuple algérien le pouvoir de s'administrer lui-même ". Pour en arriver là, il faudra plus de sept ans de guerre et des milliers de morts et de blessés. La responsabilité politique et morale, dans les crimes de guerre commis par l'armée, des Mollet et des Mitterrand, soutenus par les communistes est écrasante alors que le Front républicain avait reçu, aux élections du 2 janvier 1956, le mandat du peuple français d'en finir, selon les termes mêmes de Guy Mollet, avec une " guerre imbécile et sans issue ". Les tomates qui s'abattent sur la figure de Mollet, le 6 février 1956, le conduiront à une reculade honteuse et sans gloire devant les hordeshystériques de la populace de " Petits Blancs ".
L-avocat-de-la-terreur.jpg

        Cette stratégie de rupture provoque dans le tribunal une sorte de séisme. Les incidents se multiplient. Les assistants, pour une bonne part des parachutistes et des partisans de l'Algérie française, présents dans la salle, menacent et insultent les avocats. Ce qui leur attirera ce commentaire de Vergès s'adressant au président Roynard : " Sommes-nous ici dans un tribunal ou dans un meeting d'assassinat ? ". Cela vaudra à Jacques Vergès un avertissement du président Roynard. Ces nervis troublaient les débats en lançant à Jacques Vergès l'épithète de " Chinois ", celui en verve de provocation répliquait : " Dois-je rappeler à ces gens que lorsque leurs ancêtres 'bouffaient' des glands dans la forêt, les miens construisaient des palais ? ". La presse française relèvera l'atmosphère de lynchage qui sévissait alors au tribunal d'Alger : " C'est sous les huées d'une centaine de personnes (des nervis et des parachutistes mêlés) que les avocats parisiens quittèrent la salle et, en proie aux cris hostiles du public " massé aux abords du tribunal " ils durent être protégés par la police pour regagner leur hôtel ".

        Alors que la défense de connivence implique un accord sur les principes entre le tribunal, l'avocat et l'accusé, la stratégie de rupture se fonde sur l'absence de tout accord sur les principes et cette différence est fondamentale. Si risquée qu'elle soit, la stratégie de rupture a porté ses fruits en ce qu'elle a attiré l'attention des médias, et donc du monde, sur la lutte de libération nationale et sur les violations du droit que l'occupation française de l'Algérie impliquait. Elle fut fructueuse en ce qu'elle a entraîné un soutien et une solidarité internationale en mettant au jour les procédés infects utilisés par l'armée française pour soi-disant garder l'Algérie à la France. Elle a du même coup donné un " coup de fouet " à l'idée d'indépendance qui a fini par s'imposer en dépit de tout.
Jacques-Verges-mort.jpeg 
Partager cet article
Repost0
9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 11:24

      Je me suis décidée à reproduire pour celles et ceux qui persistent avec solidarité à venir lire notre blog cet article que j'ai lu dans Le Grand Soir où je publie de temps en temps des bouts de mes Carnets parce qu'il m'a redonné l'énergie et la passion d'écrire en ces moments de petite agonie créatrice...

      Les photos sont également celles de l'article et je remercie tous ceux qui ont contribué à ce reportage et à sa publication-diffusion car nous avons besoin nous autres les combattants poètes largués d'un monde sans fraternité de lutte de savoir que la vigilante bonté du Comandante a trouvé des héritiers dignes de lui dignes des peuples bolivariens et dignes de tous les peuples du monde qui agissent pour notre libération et la fin de notre aliénation commune.

      Je vous dirai à la suite de ce reportage qu'il faut que nous archivions comme base de travail et piste à interprêter ici à notre manière ce qu'il en est de notre errance actuelle... Hasta la victoriasempre !

“ Nous t’écoutons, Claudia ”

Thierry DERONNE

9 mai 2013

Claudia-1.jpg

URL de cet article : http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/

http://www.venezuelainfos.wordpress.com

URL de cet article 20525

http://www.legrandsoir.info/nous-t-ecoutons-claudia.html

 

C’est probablement la phase la plus importante de la révolution bolivarienne : la mise en pratique du “gouvernement dans la rue” que le président Chavez avait souvent demandé de réaliser, sans guère de résultat, à ses ministres (1). Les médias privés ( hégémoniques au Venezuela ) et internationaux ne s’y trompent pas en l’occultant totalement…

La caméra balaie les barrios, on dirait que la pluie leur a pris leurs couleurs. Le président Maduro interroge les citoyens assemblés.

- Comment êtes-vous arrivés ici ? Qui fut le premier à construire ici ?

- Lucero !

- Et d’où venait Lucero ?

- De la campagne.

- Voilà : vous avez été expulsés de la campagne par le libéralisme. En plus dans les années 70 les vallées du Tuy étaient devenus non seulement la cité-dortoir de Caracas mais aussi, pardon du mot, le dépotoir des pauvres de Caracas.

- C’est vrai, je l’ai vécu président, on nous a déportés ici dans les années 70, on nous amenait dans des autobus à deux heures du matin quand la pluie avait rasé nos maisons, et puis… débrouillez-vous ! Et ce que dit la compagne sur nos hôpitaux, c’est vrai : l’autre jour un travailleur a failli mourir, on a trouvé de justesse une ambulance parce qu’il fallait l’emmener jusqu’à Caracas.

Assise parmi les habitants, la nouvelle ministre de la santé Isabel Iturria, fondatrice de l’Hôpital latino-américain de Cardiologie Infantile, confirme : “ nous avons inspecté aujourd’hui deux hôpitaux publics : ils n’ont pas assez de lits  ”.

Une porte-parole communale se lève : “ Il nous faut plus que ces deux hôpitaux parce qu’on nous renvoie de l’un à l’autre et il ne nous reste qu’à mourir ou à accoucher dans la rue ”.

Maduro à la ministre : “ réunissez-vous dans l’heure, il faut remettre sur pied tous ces hôpitaux, comme nous l’avons fait pour l’hôpital de Coche quand les gens ont dénoncé, nous, nous assumons nos erreurs et nous agissons rapidement ”.

 

Depuis deux semaines le gouvernement bolivarien se déploie dans les lieux de travail, les quartiers populaires, inspectant les chantiers publics et cherchant des solutions aux problèmes posés par les organisations sociales - pour la plupart des conseils communaux, au rythme de quatre à cinq assemblées par jour. Certains ministres y gagnent des cernes ou perdent du poids, ou la voix. D’autres en reviennent couverts de pluie et de ciment. Après les États du Zulia et de Miranda, la mobilisation sur le terrain promise par le président Maduro dès sa prise de fonctions, touchera les 21 états restant.

Claudia-220525_1_noti1_3413-edab8.jpg

Johanna, porte-parole de l’économie informelle de la municipalité de Guaicaipuro, prend la parole.

- Président, nous sommes dans la rue sous la pluie, sous le soleil depuis des années, les passants se prennent les pieds dans nos kiosques. On ne nous brutalise plus comme le faisait la police avant, mais plutôt qu’un problème nous voulons être une solution. Nous avons besoin d’un marché couvert, le dossier n’avance pas.

- Quel est l’organisme chargé du projet ?

- Fundapropatria.

- Appelez-moi le président de Fundapropatria.

- Président je suis Teresa Lopez, je suis fière de mon quartier de Guarimar, notre principal problème, ce sont les voies d’accès. La route alternative est dangereuse, la nuit il y a des accidents, beaucoup n’ont pas été voter parce qu’ils se sentent abandonnés, et Capriles quand il est passé, il nous a offert 25 mille Bolivars… ( NdT : ex-candidat néo-libéral aux présidentielles, Henrique Capriles est l’actuel gouverneur de l’État de Miranda ). La route c’est le plus important pour nous, nous ne nous vendons pas mais avec nos rues de terre, quand il pleut les enfants ne peuvent pas aller à l’école.

- Le ministre du transport doit s’en charger. Et je viens de parler au président de Fundapropatria, Mr. Tascon, qui viendra au plus tard dans deux semaines pour commencer avec vous la construction du marché populaire ( applaudisssements ).

Claudia-3-20525_2_image_preview-7175d.jpg

- Président, nous avons de grands problèmes avec la collecte des immondices… Avec une dotation de camions, d’autres conseils communaux ont pu pallier l’irresponsabilité du maire…

- Oui nous avons reçu pas mal de dénonciations à ce sujet… ( le nouveau ministre de l’environnement Dante Rivas promet de se réunir avec les conseils communaux concernés. )

- Il y a la distribution du gaz dans les quartiers, parfois les gens courent derrière les camions, les forcent à s’arrêter pour se fournir eux-mêmes…

- De qui dépend cela ?

- De PDVSA-Gaz. Et il y a le problème de l’Université Bolivarienne, j’y ai étudié moi-même à mes cinquante ans… ( applaudissements ) et elle n’a toujours pas de siège propre… nous proposons l’immeuble de Petramiranda…

- Bien d’accord, nous allons transférer l’ancien siège de PetraMiranda, à l’Université Bolivarienne. Et toutes ces écoles primaires qui ne fonctionnent pas, qu’elles passent sous la responsabilité des communautés !

- Bonsoir Président, je suis Yanoares, porte-parole du secteur de la Matica. Nous avons 186 conseils communaux pour 38000 habitants, nous sommes très nombreux. Nous n’avons reçu aucune aide du gouverneur Capriles, par contre nous avons eu l’appui de mairies, de communes, du conseil fédéral de gouvernement mais les solutions manquent, nous n’avons pas encore l’eau, nous avons besoin de plus d’appui pour la sécurité.. Nous avons des projets de logements mais depuis des années nous n’avons obtenu aucun titre de propriété. A l’école nous prenons soin des pupitres, nous comptons 500 élèves mais la majorité des étudiants doit descendre jusqu’au centre, parce que dans notre communauté il n’y a pas de lycée, pas de Mission Ribas, pas de Mission Robinson. Nous avons une maison d’accueil pour les jeunes victimes de la drogue mais nous avons besoin d’appui, parce que nos permanents ne perçoivent aucun type de ressources.

Claudia-4-20525_3_gobierno-de-calle-miranda4-628bc.jpg

Maduro : Pardonne-moi de t’interrompre un instant, je sens en toi une grande capacité de lutte, je le vois dans ce le dossier que tu as dans les mains et je lis aussi en toi une grande impatience. Si nous faisons la liste des tous les problèmes de ta communauté, nous passerons ici plusieurs jours. Pour ne pas nous laisser submerger, nous devons intégrer les solutions à travers un plan comme le Barrio Tricolor, qui va rénover, reconstruire les quartiers et dont nous avons décidé qu’il allait se mettre en marche ici rapidement, ce qui comprend ton quartier.

Nous avons faits nos calculs : 800.0000 sympathisants chavistes n’ont pas été voter le 14 avril, certains ont sombré dans la tristesse qui a suivi la mort du président Chavez et les médias privés les ont bombardés tous les jours : “ Maduro n’est pas Chavez, Maduro n’est pas Chavez… ”. En plus de cela, reconnaissons-le, nous n’avons pas fait le travail nécessaire, le porte-à-porte pendant la campagne, nous ne l’avons pas fait. Malgré tout, alors que je n’ai eu droit qu’à trois semaines de campagne pour parcourir tout le pays, nous avons gagné avec près de 300.000 voix d’avance, ce fut une victoire héroïque. Mais je vous demande, si deux pour cent de plus des nôtres n’étaient pas allés voter ? Que se serait-il passé avec l’éducation, la santé, le logement si le néo-libéral avait été élu ?

Et avec l’ALBA, l’UNASUR, PetroCaribe ? Maintenant, croyez-vous qu’il est possible d’atteindre le socialisme en 2019 ? Je vous pose toutes ces questions pour que nous, le “ Venezuela pensant ” – avant la bourgeoise se croyait la seule à penser – nous tous réfléchissions aujourd’hui sur les moyens d’atteindre la pauvreté zéro. Certains d’entre nous, quand ils obtiennent enfin l’appartement construit par la révolution, quand ils sortent du chômage et reçoivent un salaire digne, oublient tout, se croient des “ Rockefeller ”, c’est la misère spirituelle du capitalisme. Nous devons nous sentir fiers de nos quartiers populaires, les embellir chaque jour et c’est pouquoi ici dans l’État de Miranda, nous allons relancer le programme Barrio Tricolor.Claudia 5 20525 4 noticias1116-ac12d

Quand un délégué de prévention d’accidents du travail prend la parole, Maduro parle “ des travailleurs de l’électricité, ceux des lignes à haute tension, qui souffrent souvent des articulations, des vertèbres cervicales, évidemment la bourgeoisie n’en est même pas consciente alors qu’elle en est la responsable. ”

 Lorsque deux jeunes qui ont décidé de renoncer à la délinquance racontent leur vie, remettent leur projet socio-culturel à Maduro et parlent de la difficulté de la réinsertion, le nouveau ministre de la Commune, le sociologue Reinaldo Iturizza et la Ministre du Service Pénitenciaire Iris Varela prennent rendez-vous. Nicolas Maduro qui a lancé ce plan national de désarmement et d’action culturelle avec pour acteurs principaux les jeunes des quartiers populaires, leur demande s’ils connaissent la vie de Malcolm X, et comme ils répondent que non, il leur parle de lui, de l’importance d’étudier l’Histoire, sans laquelle un peuple perd tout horizon, et demande à la chaîne publique VTV de diffuser le film de Spike Lee. Il leur montre l’image qu’il a publiée sur son compte twitter @NicolasMaduro :

Claudia-6-malcolm_x-1264e.jpg

 Puis le président annonce des rectifications comme “ le contrôle ouvrier qui n’a pas fonctionné dans nos entreprises de base comme SIDOR, parce qu’il s’est mué en bureaucratie. Est-ce pour cela que nous allons renoncer au contrôle ouvrier ? Non, nous allons le renforcer car notre économie est encore essentiellement capitaliste ”. Et d’évoquer le corps d’inspecteurs qui se déploie aujourd’hui dans le pays pour la bataille contre la corruption. “ Il y aura des surprises dans les prochains jours. La corruption dans nos rangs, de ceux qui se déguisent en révolutionnaires, doit cesser totalement, comme celle de la bourgeoisie, peu importe le camp. Il y a deux siècles Bolivar avait décrété de fusiller les fonctionnaires corrompus. Nous, nous ne tuons personne mais la loi et la constitution s’appliquent à tous, même à ceux qui se diront ensuite avec l’appui des médias, ‘ persécutés politiquement. ”

- Quand les ministres venaient-ils ici dans les vallées du fleuve Tuy ?

- Jamais ! répond l’assemblée.

Routes alternatives, grand marché d’alimentation “ Bicentenario ”, Centres de Diagnostic Intégral, lycées, canalisations d’eau potable, construction d’espaces culturels, crédits pour les producteurs agricoles, voies ferrées, extensions du métro de Caracas, création d’une université polytechnique régionale... Au bout de trois mois, les ministres et le président reviendront sur place pour l’inspection. Ces réunions sont cruciales pour le moral des bolivarien(ne)s. Les médias privés hégémoniques du Venezuela, ne s’y trompent pas : pas une news, pas un article, pas un bulletin radio ne mentionnent ce “ gouvernement dans la rue ”.

 Claudia-7-20525_6_gobierno-de-calle-miranda2-25110.jpg

Au même moment, alors que Barack Obama reste le seul gouvernant à refuser de reconnaître le verdict des électeurs vénézuéliens, un sommet extraordinaire de PetroCaribe et de l’ALBA se réunit à Caracas.

18 chefs d’État des Caraïbes et d’Amérique Latine rendent hommage au président Chavez en ratifiant l’alliance des deux organismes pour les éloigner un peu plus du chaos capitaliste, par la création d’une zone économique interne qui fortifiera l’industrie, le tourisme, l’agriculture, les liaisons aériennes, entre autres.

Claudia-8-20525_8_img_92101367631752-72c30.jpg

Les médias internationaux, eux aussi, censurent ce sommet qui concerne des millions de latino-américains, de même qu’ils invisibilisent le “ gouvernement dans la rue ” et, depuis quatorze ans, l’ensemble des réalisations de la démocratie participative vénézuélienne. Ils occultent les sabotages et les assassinats commis par une droite sur orbite états-unienne, relaient avec sympathie le refus de reconnaître le scrutin par son leader Capriles et face aux plans de déstabilisation, personnalisent et réduisent la révolution bolivarienne à Nicolas Maduro, brossé en tribun fantasque, agressif comme ils l’ont fait avec Hugo Chavez.

 Huit heures du soir. L’assemblée-fleuve déborde presque la sécurité. Tous veulent parler, saluer, montrer leurs banderoles, remettre leurs messages. Maduro : “ Je le vois dans vos yeux, nous saurons répondre en travaillant, en exigeant le respect à l’empire, aux transnationales médiatiques. Tôt ou tard nous reviendrons travailler avec vous. Nous devons rester ce peuple plein d’énergie, invincible, sans jamais nous laisser emporter par l’indifférence, le populisme, le clientélisme. Si nous voulons une école pour nos enfants, pourquoi ne pas commencer en donnant un sac de ciment, toi les briques, toi le pot de peinture, pourquoi ne pas organiser une ou deux journées de travail volontaire ? ”

- Président, il reste cinq porte‑paroles de conseils communaux qui doivent prendre la parole, c’est le tour de Claudia.

 - Nous t’écoutons, Claudia.

 

Thierry Deronne, Caracas, le 6 mai 2013.

 

( 1 ) Voir “ Le président Chavez exige au gouvernement d’avancer vers une communication plus profonde et plus populaire ” 

http://venezuelainfos.wordpress.com/2012/10/21/le-president-chavez-exi...

Hugo Chavez in Brazil-1861

      Juste quelques mots à la suite de ce texte sublime quise suffit à lui-même pour continuer le lien de parole entre nous tous...

      Comme je l'indiquais à quelqu'un qui me demandait généreusement de mes nouvelles sans me connaître nous avons trouvé un lieu pour poser nos khaïma et nos bouquins provisoirement Jacques et moi par la bonne baraka qui nous accompagne et grâce à l'aide financière des êtres proches et en particulier de mon ami Louis.

      Ce qui m'a confortée dans la vision que j'ai de ce monde dans lequel nous vivons ici nous autres les revenus d'une utopie qui demeure notre idéal quotidien c'est qu'aucune et aucun de celles et de ceux qui me fréquentent depuis des années n'a cherché à savoir ce qu'il adviendrait de nous à l'exception de trois amis qui savent que ma gratitude les accompagne.

      Rien d'étonnant à ça puisque ce monde occidental est celui qu'on sait et il ne s'agit pas de notre cas particulier sans intérêt mais bien de celui de tous ces gens dont ni voisin ni parent ni ami ni rien ni personne n'a cure les regardant errer perdus abandonnés à leur sort... Voilà ce monde dont nous ne voulions pas nous les enfants des années 56 ( lire Terres en Péril ) et voilà qu'il est advenu.

      De l'autre côté de ce monde il y a celui mis en route par le Commandante Hugo Chavez et relayé par ses partenaires bolivariens de l'ALBA où désormais les conseils communaux et les autres organisations populaires des quartiers et des campagnes ne permettent plus qu'un peuple s'auto-détruise par les conceptions enracinées en lui d'individualisme et d'ignorance de la lutte commune apprises aux écoles du pouvoir dominant.

     Ce titre magnifique " Nous t'écoutons Claudia " que j'aimerais reprendre pour le donner à un petit bouquin à écrire est tout ce que les gens ici ont à découvrir et à inventer pour sortir de leur trou à misère qui les fait se mépriser mutuellement en ayant pour but de " passer devant " pour aller nulle part. Et y aller seul. 

     Après le départ si douloureux du Présidente Chavez ces mots sont les premiers qui mettent sur la plaie ouverte du manque un baume d'espoir et de vie qui se régénère et s'accomplit à nouveau. Désormais j'ai confiance en Nicolas Maduro : continuer et avancer dans la parole redonnée au peuple en train depuis 14 ans d'apprendre à se défaire de l'aliénation et la première des actions à mener et rien n'arrêtera cette marche commune vers demain.

    Quant à nous ?...293341 le-president-du-venezuela-hugo-chavez-envoie-un-bais

Partager cet article
Repost0
9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 00:16

A Bobby Sands

R.I.P Óglach Roibeárd Gearóid Ó Seachnasaigh, (Bobby Sands), 9 March 1954 – 5 May 1981.

“ NEVER WILL THEY LABEL OUR LIBERATION STRUGGLE AS CRIMINAL ”

Bobby-Sands.jpg 

They call us “ cons ” to right the wrongs, They do it with a pen, They call us “ crims ” to suit their whims, Of politics my friend, But they can call us all they want For the people call us men - Bobby Sands ‑...

 Belfast-1981.jpg

Ils nous appellent “ contre ” à redresser les torts, Ils le font avec un stylo, Ils nous appellent “ CRIMS ” en fonction de leurs caprices, de la politique de mon ami, Mais ils peuvent nous appeler tout ce qu'ils veulent Pour les gens nous disent les hommes ‑ Bobby Sands ‑...Bobby_Sands_Mural_by_irish_republicanism.jpg

Partager cet article
Repost0
6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 12:10

chavez-viejita-300x287chavez_died-9182f.jpg

Que ta bonté, ta force rebelle et ta justice humaine continuent de vivre en nous Commandante

Merci pour tout l'espoir que tu nous as donné

Partager cet article
Repost0