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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

4 septembre 2014 4 04 /09 /septembre /2014 16:51

Limaille des joursA la chasse copie

A Louis

Dimanche, 31 août 2014 Les pensardines 1 détail 2

 

quand je vois ta moue triste et angoissée d’enfant

ton menton tremblant je me souviens de ces heures

écrasées de bruit de chaleur de doigts courant

de pieds tapant de cris de puanteur les corps

traqués par le métronome des instants morts

où bat le sang des vies que le turbin leur vole

quand je vois tes yeux déchiffrant la trajectoire

de l’oiseau buveur de matin chimères mûres

je me souviens de Sylvain journalier des champs

qui n’a jamais vu bleuets ni coquelicots

et le rire édenté d’une ancienne gamine

de sept ans accroupie parmi les araignées

les fils de couleur hurlant lui tissant leur toile

je revois les oncles sortant de l’atelier

polissage tournage peinturage fiers

leurs visages emmaillés d’or d’argent de ferLes pensardines 1 détail

imbibés d’oubli dedans leurs boyaux ardents

dans les filatures du Nord le torse noir

et nu des hommes qui halètent et qui cherchent

en vain le ciel à travers la buée des cuves

de teinture s’égouttant fièvre de rosée

leur peau semblable à celle criblée au fouet

des esclaves du coton o ténèbres bleues

hier nous sommes partis pour réenchanter

un monde de mangroves nocturnes et douces

aux jeune pêcheurs partis pour les empêcher

de faire de nous et des enfants de demain

les compteurs fous de minutes interminablesFemme de mineur

pour les empêcher de passer nos rêves graves

dans le tamis étroit de leur vision d’insectes

et de retenir l’eau insouciante des sources

sous les replis voyous de leurs costumes gris

mais nous n’avons rien empêché du tout enfants

nous sommes restés au bord d’un désir en friche

et la machine a mangé ceux que nous aimions

quand je vois ton visage triste et las je songe

aux minutes usées au coin des salles sombres

dessous nos paupières poursuivant les empreintes

des chats hautains sur la neige des jardins roux

tout en haut d’une cité de lune turquoise

à la baleine qui va plonger plus profond

jusqu’au palais secret d’anémones obscur

riant au nez des fabricants de rouge à lèvres

retenus pas le peur des guerriers de corail

je songe aux soirs saignant de cent plaies d’horizon

et à l’armure légère des voyageurs

vêtus de parfums rares ceux qui ont laissé

au vestiaire la cote rouillée de sueur

des soupirails d’enfance où pétille toujours

en frisson buissonnier la limaille des jours

 

Le-maire-au-lance-pierres.jpg

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 22:59

Léo la fête aux vivants

Dimanche, 24 août 2014Léo

 

ouaouf ! des fois on se demande hein ?

24 août 2014… 24 août 1916 naissance de Léo 98 balais que ça t’aurait fait aujourd’hui Léo mon frère de sang et nous autres alors désormais comment qu’on se dépatouille avec ce lustre néant et total cornichon celui d’après le plus plombé le plus crasspet le plus massicot à barbaque qui soit lourdingue en diable ah ouiche… comment qu’on fait pour la prendre sur nos endosses la frétillante la chansonnette à Rimb’ que t’as pas cessé jusqu’à la dernière de faufiler entre les mailles à lumière de ton piano ?

ce matin à l’ouverture du poste Requiem de Berlioz enregistré en 1989 dans la cathédrale forêt tropicale de Köln pour fêter la révolution française de 1789 t’y crois toi Léo hein ? ouais y a des fois où on se demande pas vrai ? toi mon pote l’anarchiste qu’a mis les voiles un 14 de juillet pour nous faire forcé la pirouette à Guignol je t’imagine paluches levées en face de la tribu des pingouins à musique parés à se la refaire la grande messe des morts bien solennelle pour cette fête des vivants bondis jaillis enfin de leur trou d’ombre à misère ah ! ouiche… 

ça n’est pas la musique qui dévore les murs de l’enceinte interdite aux rebelles obscurs et cuit les rues où bouillonne son tison liquide architecture de lave levée bulles crevant au bord des lèvres baisers incandescents de silence gargouillements couperets de pierre ce sont les voix les voix des hommes défaits à qui on a pas dit sauf toi Léo et les autres goualants des cours des caves des bicoques ruinées au bout des routes qu’on traque que poésie c’est la fête à la vie

qui peut arrêter le souffle trompettes fourneaux de lune plus libre que l’air vif vert de la nuit des peuples hurlant la joie murant de salive la porte livide des abattoirs des tribunaux militaires aux mâchoires mastiqueuses de brume rosée mastiquant l’entrée des quartiers sécurité où des chiffons pendent des gorges muettes ? ouaouf ! qui peut arrêter l’appel des trains de ligne quand les chiens à leur bord dévorent de leurs canines nues toutes les terres humaines plutôt que de se rendre ? les trains où les hommes farouches sautent en marche agrippent la paille de bois des plateformes et jettent par‑dessus bord leurs nippes d’esclaves appelant le petit jour de son nom de passeur fulgurant

ouais ! qui peut nous empêcher de monter en route hors des gares nos godasses gavées sur les marche‑pieds plaqués du sang d’or mouvant des mangroves femmes et hommes d’argile qui marchons toujours

les voix en transe débordent la lumière des tilleuls arrêtée qui couine aux clairières un temps hors de ce temps Ouaouf ! on se décale encore un pas de côté pour sortir de là et se retourner vers la bonne trajectoire celle qui part de Charleville et grimpe dans la poudre bleue des verrières du chemin la même que le vieux buveur d’absinthe chasse cinquante piges plus tard d’un geste de la main sur la table du bistrot couverte de feuillets que personne ne réclame et la suie les efface les voix des poètes se sont tues qui dira combien on vous a mal aimés

des fois on se demande 1789… un autre pas pour sortir de là nous sommes des créatures d’argile petit bataillon de boue bavurée de métal la danse est de rigueur nos armes vont virer de sens délivrance blessures pansées marche arrière tout ce sang n’a pas coulé dans le mitant doux des rivières on s’ébroue enfin on a faim de mies de pain semées sur le bord de la voie lactée

 sauvages nous étions Léo avant que tu ne nous apporte des fruits des fleurs des feuilles et des branches on en a fait des paillasses parfumées où on s’ébroue à la night dans nos cocons d’émeraude avant de fermer nos yeux hiboux et de nous égarer loin au bout des rails où tu nous as laissés

en haut les voix traversent Oh là ! les frangins Oh là ! c’est l’heure du refus et de la fête Oh là ! ta voix Léo sur mes trottoirs pianos d’hier ma nostalgie comme c’est extra tu sais…comme c’est extra 

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 21:37

Les fils d’Ura

Epinay, vendredi, 25 juillet 2014

 normal Sahel Fennec

dans leur rêve déjà les marcheurs sont en route

fascinés ils observent la fin du spectacle

agrippés aux babines des robots d’Ura

tueurs obscènes dieux joueurs jumeaux de SethSekhet.jpg

rapteurs du rouge tous les signaux seront faux

déchirure qui danse peau des calebasses

se crevasse teintures de sang des totems

Decheret le Rouge aras en pluie corps gisants

fricassées cigales d’Ura abdomen d’or

jeunes garçons masqués lapins de jaspe mauve

fuyez les fûts métal vert giclant en grand vol

pointes phosphore rongeuses au sol fixant

fuyez la tribu livrée avec terre arable

chassée de toutes prairies des arbres‑ima

des fontaines de buée où Sekhet moissonne

fuyez les vals de Kemet déesse de boue

déesse d’eau figure apprivoisée des fleuves

retournez aux bras serpents de Mami Wata

créature de l’océan Noun indigo JRouch Gao

Harrakoyé sa fille première et sauvage 

des génies Tourou aux pêcheurs Sorko elle va

offrant sa beauté ses fruits poissons et ses îles

couleurs sacrées des pinasses jamais lassées

fils d’Ura la soif est votre désir sans fin

Harrakoyé gorou‑gondi totem reptilePorteuses d'eau Dogon

chevelure noire naissance des rivières

la force de son lait vous a faits voyageurs

fils d’Ura héritiers du soleil vos ancêtres

nomades et montures de laine leurs chants

semailles aux dunes offerts marcheurs de lune

seigneurs des tours de froid donjons sapés grisaille

fils d’Ura fuyez quittez la nourrice amère

buvez le lait gras de la chamelle de tête

en arrière nul ne reviendra sous vos pieds

s’écrit l’épopée de la piste peuples rares

les cathédrales du désert sont des maisons

de passage demain Jabbaren des Ajjer

girafes de Tin‑Tehad prêtresses du temps

laissant derrière loin les noirs soleils de mort

fils d’Ura gardez‑vous des émissaires doubles

partout s’épouillent leurs armures et vous visent

soyez sculpteurs de branches petites demeures

de vents voraces bercées par les hanches larges

oliviers enchevêtrés chevelures d’ambre

qui vieilliront debout dessus notre néant

leurs colliers de fruits joyaux mûrs au cou des femmes

pressés giclent la nuit plaies marines bouts d’os

au creux du poing fermé des vieux compagnons d’Ur

graveurs de loups garous des rocs d’oued Mathendous

nains griots auvents voiliers de Bandiagara

convives très anciens au festin de Saturne

dans les cours des villages les autels se parent

lait caillé sang frais les Hogons peignent des rêves

les masques Awa saluent le jour de la danse

prenez avec vous le lapin le kanaga

salut la terre ! elle vous protège salut ! 

enfants arcboutés aux flancs desséchés d’Ura

vous lirez bien avant la fin de ces murailles

le radium bout dedans ses marmites d’azur

rapteurs de rouge au fronton cousu des visagesALG-SEL-Jabbaren

la traque a remplacé la trace mais les pas

de la chamelle de tête délient le sable

de ses promesses d’eau l’Azalaï continue

dans l’autre sens au désert il faut repartirMali - Danse des masques en pays dogon

et monter plus haut pour voir le monde sauvé

 lessive de lune bleue fumante farouche

futur arraché aux gras charniers d’abondance

 fils d’Ura gardez secrète la pierre à feu

il faudra tout réapprendre à l’envers des îles

océan poche marsupiale abandonnée

terrier rouge couche de mousse frais sommeil

rêveurs d’eau innocents tamiseurs de bonté

la race des guerriers a des veines de givre

salut la terre ! l’espèce mangeuse git

fils d’Ura oubliez son nom que rien ne reste

d’elle montez plus haut voir le monde sauvé

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 23:23

Asafuk Jour du soleil

Samedi, 20 octobre 2012

 

 4463943_3_10af_la-compagnie-nationale-libyenne-de-petrole-a.jpg

Il y a un an une brume rousse s’est étendue sur Afrika pendant que la chamelle blanche

La porteuse d’eau celle qui marche devant a emporté le corps de l’homme supplicié

Reviens‑nous voir avec les mamelles de marbre ocre rose d’Ubari pendues à ton cou !

Reviens Ô toi Afekay le généreux la tribu du fennec d’or gris Abayghur et ses huit femelles fières

Et ses fils gardent les petites pyramides rouge cendre des tombeaux d’Al‑Hatya ta royale nécropole et tes guerriers Garamantes ont tendu leurs chars de cuir vert

Reviens Ô toi Afellan le sauvage et les hommes noirs de ton peuple sont retournés sur les rives de Joliba

Ils apprêtent ta fiancée de pierre au milieu du Désert Blanc de tous les bogolans nappes trop mûres des tables de sable

Depuis un an ils n’ont pas cessé de tisser et de teindre

Pour l’enfant morte ses mèches ébène bleu nouées autour de ton corps ils t’ont lavé les maîtres iguanes mains des sorciers d’Umm al Maa

Ils ont cuit la taguella de tes noces de sable chaque puits s’ouvre pour ta bouche la couche turquoise du ciel est ton oreiller

Afoudagh ! J’ai soif répète le Moula‑Moula le bol est toujours plein de ton désir Afoudagh !

Tes frères de Gao déchirent la tunique salée collée à la chair d’Afrika il n’y a pas d’autre moyen que le sang de mil et les tambours d’eau

Reviens Ô Amenay cavalier seigneur et nourrit le cœur des hommes‑lions de grandeur le feu de ton enclume soleil coule entre leurs mains bonnes

Asafuk Jour du soleil c’est ton heure plus d’esclaves nègres leur corps totem porte ton linceul de braise

L’homme qui t’a montré du doigt en riant connaît le sort de celui qui ne trouvera plus la trace pas de chamelle blanche au festin de la Hamada séchant ses os

Ils ont mis dans les mains des voleurs de l’ancien Trésor de Bengazhi les couteaux rituels qui tranchent les parts amères de l’imposture

Ô Amenay entre dans la peau de l’homme noir de Danakil du bédouin de Sehba du forgeron d’Agadez ils te nomment Aslal le rayon de miel

De Gao à Kidal de Tombouctou aux miroirs de sel de Taoudenni les poings chevauchent les tabalés pas de fenêtres aux tentes du Gourma

Ils habitent le souffle du Ghibli ils lui offrent l’asile de leurs maisons d’argile entre dans leurs cris et dans leur course les Ziarrha de Tazrouk et de Ghât et leur épouse lunaire

Laissons les tueurs et leurs haines de papier à l’affût leurs crânes taillés dans l’or de nos peuples

Asafuk Jour du soleil aux joyaux d’Ubari d’Umm al Maa de Gabraoun tu t’ébroues et la chamelle blanche la porteuse d’eau est arrivée à la place où tu l’attends

Ils ne savent pas que là où tu sommeilles un grand incendie s’est allumé les foggaras noyées par l’huile noire qu’ils boivent éblouissent leur aube

Et les bûchers là‑bas leurs livres d’histoire rongés leurs splendeurs prises dans le plâtre des murailles leurs forteresses roulées entre les doigts des jeli

Asafuk Jour du soleil là où tu renais bientôt nous les chasserons même de la mémoire du temps.

 

Kadhafi

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 21:35

 

Poème de Louis

L-aumone.jpg

Tzigane

Dimanche, 2 février 2014

 

Ils sont sur des vélos déglingués

Aux allures de vieux chevaux

Multicolore et embringués

Au ramassage des caniveaux

Orpailleur de poubelles

Et aux culs des giro  

De policeman antique

La vie est cathodique

Et qu'il brise au marteau

Tzigane zarbi ou romano

 

Les déflecteurs  en  poche

Aumône luminophore

Il vend le cuivre tout moche

Tzigane zarbi ou romano

À des marchands aux culs d'amphores

Et pas du tout marteaux       

La chevelure est noire et la vie réciproque

Nous vivons se dit il une formidable époque

Le courant d'air facile et le rat abondant

A Saint-Denis Nord de Seine

Y à de drôles de sirènes

Qui vrillent  les tympans

Ici ça sent les feux de camp

La merde et le ressentiment.

Ça expulse ou ça dort c'est selon l'opinion

Les enfants se baignent  dans le fleuve en été

Léthé pour indigents

À deux pas il y a  le stade de France

Formidable et indifférent...

 

 

REPARATEUR-du-ciel.jpg

 Zone de rêves

Samedi, 8 mars 2014

 

 Viens ! c’est une pluie de météores

qui nous tombe des nues faut qu’on se grouille

qu’on quête les boucliers de ferraille

rouillée d’émeraudes que les bombes

tatouent avant que graves ils mettent

la tête dans tout ça et des accents

sur les a boucliers girouettes

sur eux l’argent coule des gargouilles

pendant que les bouffons font ripaille

les zonards nocent la nuit de leur sang

mais y a des gibets tout là‑bas

où se balancent des angles morts

un matin de banlieue on y croit pas

en douce ce sont nos rêves qu’ils plombent

 

Viens ! une nappe des bols de café

pour déjeuner à la table des rats

et des automates ingénus

qui s’en vont croquer des allumettes

et goûter des flammèches de velours

ça n’est pas l’heure de l’autodafé

tout le monde dort et nos blessures

remplies de météores nous font mal

quand les sorciers du sel qui sont là

saupoudrent nos cartes de séjour

et salpêtrent nains nos écritures

les zonards nippent de mûres les nues

dans nos musettes les bombes râlent

si on pouvait se faire les murs

 

Viens ! météorites sur les oiseaux

boules de lave les tuent fleurs ! vols !

zones de rêves à marée basse

menottes aux mains mais on peint pourtant

un laisser passer jardins il nous faut

fluorescent dessiner des fissures

par où ils puissent jouer roseau

dans un commissariat très dégueulasse

des boucliers amarrés d’auréoles

en sous‑sol la fanfare chante faux

aérosol ou flingue à bout‑portant

les zonards ont des rats pleins les manches

la tronche du renard qui rassure

se pointe on calcule pas le dimanche

 

Viens ! c’est une pluie de météores

une brouille de petits soleils purs

à la table des rats nulle ripaille

impasse infâme où on ira pas

zone de rêves dans le sac on fouille

accélère la traque aux couleurs rares

galets doux de lune verte tombés

guéris les oiseaux quittent les murs

ça sèche vite faut qu’on s’en aille

sur place on laisse un sacré repas

victuailles de nuit qui nous réparent

de la tête aux pieds vivant tagué

un type qui méritait la mort

les zonards embaument bleue sa dépouille

 

Viens ! zone de rêves faut embarquer

artisan du ciel maquilleur d’aurores

sur météorites class la couleur

pas perdue pour nous béton voilure

griffer ensemble le commissariat

vaisseau mâture d’iris largués

pourpres s’éveilleront nos murailles

pas de boucliers loin de nous la peur

les bouffons mangent avec les rats

nos festins rongent les encâblures

faudra repeindre aussi le firmament

alors dehors le petit jour canaille

et tout travesti de météores

pour nous remercier de ce labeur

nous filera ravi la clef des champs

La-guerre-pour-de-faux.jpg

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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 22:49

Floupbanlieue-2.jpg


       Ouaouf ! la ville n’a jamais été bonne pour nous la ville n’est bonne pour personne

la ville d’Auber où je suis née comme n’importe quelle cité des faubourgs nous rend la vie impossible et pourtant par les choix que j’ai faits y a longtemps je reviens m’y cacher et survivre

la citadelle n’importe où qu’on se cogne à ses remparts maudits c’est la même en Afrique Bamako Ziguinchor Dakar Ouagadougou Alger Tanger ailleurs en Orient Beyrouth Damas Bagdad Téhéran Istanbul c’est partout pareil il y a des gens plein ses rues qui errent et qui sont comme des tourbillons de malheur féroces et graves joyeux et maladroits impuissants et guerriers voyeurs et mystérieux rusés et innocents fragiles et conquérants généreux et solitaires fulgurants et résignés mélancoliques et fiers

ouaouf ! il y a des gens qui errent et ça fait mal de les regarder et de les voir s’empêtrer dans leurs nippes de peur mézigue qui les connais bien à force de ne pas faire autre chose que mettre mes mots dans leurs pas je sais qu’il n’y a rien à faire que d’ouvrir les mirettes et de s’asseoir sur la borne frontière qui délimite nulle part à la croisée de toutes les eaux sauvages

la ville la Babylone et son absence de nécropole indigo c’est elle qui suce l’âme des gens ailleurs dans la solitude des plateaux avec les chiens et les troupeaux jamais ils ne feraient ce qu’ils font sur sa terre vitrifiée béton jamais Ouaouf !

hier métro ligne 4 station les halles je viens de descendre il est 4 heures du soir et malgré mon habitude ça me prend au pif l’odeur moitié pisse tabac froid chaussettes sales sandwichs turcs cannettes de bière grésil javel parfums pas cher sueur moitié moisi mousse brunâtre le long des carreaux poussière d’acier frotté des rails plastique chauffé cramé direction clignancourt c’est à gare du nord que je vais le totem de la périphérie N‑E

Ouaouf ! Ouaouf ! sur les céramiques orange qui font des bancs froids je m’assois jamais sur les sièges en plastique on dirait des cuvettes wc cette fois je mets quelques mètres pas beaucoup entre un clochard avec tout son fourniment couché emballé dans un rouleau de couvertures grises comme celles du pensionnat on les reconnaît partout ce sont les mêmes celles qu’on file aux chiens de la spa ils en ont des quantités les surplus de l’armée des prisons des tranchées de tout Ouaouf ! trois sacs plastique verts remplis de fringues et des bouts de son repas rangés dans un carton à ses pieds je mets un peu de la distance pourquoi ? par un mauvais réflexe dû à ma distraction habituelle de pas m’approcher des gens dans ces lieux‑là ou à cause de l’odeur

l’odeur quelle odeur je sais bien moi que quand je suis passée à côté de lui y en avait pas d’odeur non à ce moment‑là y en avait pas d’odeur pas d’autre que celle ordinaire du monde là en‑dessous les gens pressés les ouvriers du labeur les trimardeurs voilà Ouaouf !

y a un gars qui arrive avec un gilet orange fluo à bandes argentées sur le dos et l’inscription dessus d’une boîte de nettoyage il a dans les mains des sacs poubelles un seau rempli d’un produit pour laver les sols ça déborde éclabousse mousse on en voit tant on fait pas attention il n’a pas de balais il est grand et très maigre avec une petite moustache qui lui donne un air comme Charlot de la colère et de l’indifférence en même temps il a de grandes grosses godasses qu’il traîne sur le macadam gras gris poisseux laiteux anthracite sale où on pose tous nos pompes

je me dis qu’il vient laver les bancs céramique à cette heure où se pointe la pointe des gens les usagers une marée c’est bizarre normalement c’est la nuit qu’ils font ça mais il s’apsdf6_3.jpgproche du clochard qui dort profond tourne dans un sens dans l’autre ronchonne des trcs que je capte pas tourne et retourne et hop ! il balance le liquide de son seau en plastique bleu autour du mec couché floup ! une giclée à la tête qu’on imagine et qu’on voit pas sous les couvrantes floup ! une giclée sur la boîte avec les restes du repas floup ! une giclée aux pieds qui ont l’air d’une queue d’otarie planquée d’ailleurs c’est peut‑être une queue d’otarie il hausse les épaules et il s’arrête une fois son seau vide Ouaouf !

mézigue je ne crois pas que c’est ça qu’il est venu faire et je me lève pour venir plus près voir et je choppe ses yeux qui n’ont pas de regard absents partis immobiles des billes de plomb d’agate de verre je vais lui demander pourquoi mais l’odeur du produit du grésil du désinfectant du chlore et un parfum à vomir qu’on met dans les lessives bon marché m’empêche me repousse me jette y a une barrière infranchissable une muraille une citadelle

je m’arrête autour de moi il y a des gens qui prennent le métro le soir pour rejoindre la gare du nord et rentrer chez eux mais il n’y a personne ils ne sont pas là et d’ailleurs la rame arrive je fixe les yeux disparus de l’employé du nettoyage il me regarde pas me calcule pas jette encore un geste vers la masse couchée qui n’a pas bougé rehausse les épaules et s’en va Ouaouf ! Ouaouf !

mézigue je n’ai rien dit l’odeur écoeurante maintenant je la sens bien je recule et je monte dans la rame qui est pleine en marche arrière dans mon dos mon sac pousse les gens qui font une place comme toujours ça sonne grésille à l’intérieur de mes esgourdes j’avale la salive qui remplit ma bouche de fureur elle est amère

le métro gronde déjà sous le tunnel et la forme de l’homme couché la proie prise dans les filets de la misère et du sommeil qui réchappe et celle de l’homme debout l’autre proie prise dans les filets du travail de l’ignorance de la peur me font grincer des dents

les mots de la chanson de Lavilliers poème de Nazim Hikmet qui me remonte parce que des mots mézigue j’en ai pas face à ces deux créatures humaines à qui on a volé toute leur humanité Ouaouf !

tu es terrible mon frère tu es terrible et tu n’es pas un tu n’es pas cinq tu es des milliers

oui il est terrible le floup ! le petit bruit du produit nettoyant qui cerne le corps endormi d’un être otarie sur la céramique sans défenses comme il est terrible le petit bruit de l’œuf durcomputer.jpg qu’on casse sur un comptoir d’étain dans la tête de l’homme qui a faim de Prévert il est terrible ce petit bruit qui résonne et qui résonnera toujours dans mes oreilles floup !

il est terrible cet homme exploité esclavagisé imbécillisé par une boîte d’intérim quelconque qui jette autour du corps d’un homme comme lui une frontière d’odeur qui les sépare chacun d’un côté semblable aliéné semblablement seul terrible ce geste qui n’a pas de sens pas de raison pas d’âme terrible parce qu’à l’intérieur de la frontière de la misère qu’il a tracée il y est il y est aussi même si on lui fait croire que non il y est Ouaouf !

si j’avais pu l’approcher si je n’avais pas eu peur de pénétrer sur la scène de son drame à lui ce que je lui aurais dit c’est : mais pourquoi tu fais ça ?

la ville n’est pas bonne pour nous la ville n’est bonne pour personne et le bruit de tous les floup ! qui nous encerclent nous a déjà rendus fous comme les nains maladroits et boiteux jouant ravis à la cour des rois le rôle de celui qui accepte de singer la mort et qui en meurt Ouaouf ! Ouaouf ! 

 

 

  Les fils du destin

Samedi, 1er mars 2014

 A Louis


au fond des couloirs du métro

ni tout en bas ni tout en haut

après des escaliers qui tournent

et des marchands de fruits sauvages

comme on en voit quoi dans les quartiers chauds

de La Havane on ouvre les fenêtres

jaunes vives dans le ciel on enfourne

de gros pains à tous les étages

des maisons où ont habité peut-êtreBanlieue.jpg

des chiens empaillés par de vieilles femmes

grasses dont les robes lourdes à traînes

ramassent les feuillets où n’est

rien décidé encore mais les âmes

des gamins des cités se traînent

à ma suite et les couloirs du métro

sont des scènes de théâtre où il naît

un spectacle au bout de chaque virage

que les pas des passants épiques

mangent car nous avons très faim

de rêves que les envouteurs nous piquent

une Cadillac leur file le train

alors l’odeur du pain cuit à point frappe

aux carreaux de la fenêtre volage

cette fois‑ci c’est une marionnette

petit clown drôle dont les doigts magiques

prennent ta main au moment où on tape

les trois coups et ses yeux doux guettent

les tiens au fond des couloirs du métro

 

ni tout en bas ni tout en haut

c’est moi qui tiens les fils de son destin

chaud comme les quartiers de La Havane

où dorment les chiens des ConquistadoresRatkail.jpg

empaillés pendant que se pavanent

leurs femmes en robes à traînes d’or

et que dans les cours du quartier latin

on entend jouer des infantes

avec des nains dont les trop grands yeux luisent

tous ces feuillets où je n’écrirai rien

s’envolent alors que sur le rebord

des fenêtres jaunes des gros pains cuisent

et les couteaux des avaleurs nous mentent

hier ils ont fait péter les carreaux

tu viens tu poses au creux de la main

du petit clown confiant une canne

à sucre si douce à sucer

qu’il se laisse dénouer un à un

les fils qui depuis la cité

entraînent tous les gamins à sa suite

au fond des couloirs du métro

où mes vieilles angoisses prennent fuite

telles les traînes de mes lourds costumes

usés que tu jettes par la fenêtre

au creux de tes mains infantes de plume

mon petit clown ma marionnette

depuis longtemps évadée de mon corps

jaune vive comme de gros pains chauds

ni tout en bas ni tout en haut s’endort

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 17:00

Poème de Louis

 

La gruebellevue

 Mardi, 18 février 2014


Regarde la grue qui trône là-haut
Elle est pas faite pour nous construire un chapiteau
C'est un autre cirque c'est un autre lot
Faut pas confondre logements sociaux et Medrano
C'est pour des clowns, mais en moins beau
C'est fais de sciure, mais sans chevaux
Regarde la grue qui trône là-haut
Elle nous fabrique des pauv châteaux
Pour RMiste pour les augustes les sans gâteaux
Faut pas qui s'plaignent y s'ront au chaud
Arrête-t-on cirque et crève là-haut ...
Dis le clown blanc aux cas sociaux
Pistes aux étoiles sans magicien et sans chapeau
Regarde la grue qui trône là-haut.....

 

 

Poème de mézigue

 

Tambours sans peauA-dog-barks-at-a-formatio-007-1.jpg

Epinay, dimanche, 23 février 2014

 

que savent‑ils de toi hé ! môme des cités

des coup coups aiguisés parmi lesquels tu vis  

des grands vents d’où tu es venu silex et pluie

hé là ! bientôt plus rien ne pourra t’arrêter

que savent‑ils de toi moitié chair moitié chien

marchands de machettes coup’ coup’ coup’ leur les mains

que savent‑ils de toi hé ! môme des cités

contre les hommes à muselières tu bombes

ton nom sur tous les murs de la tess’ des cadors

bananes ananas cartonnent ils sont rois

les masques des frangins glacés comme des tombes

finissent placardés avec les vieux décors

termitière de sang héritage incertain

hé ! môme des cités où bat ton cœur Afrique

quand la tribu des chiens qui a beaucoup grandi

atmosphère ton cri d’adorables étés

que savent‑ils de toi eux et toute leur clique

des pays de cannes d’où les tiens sont partis

et leur suaire blanc qui t’a toujours hanté

hé ! coup’ coup’ leur les mains fais comme s’ils étaient

des milliers se pressant sur tes tambours sans peau

pour écrire le chant des Negros à leur place

les esclaves marchant las tout le long des quais

et les milliers de chiens bondissant d’un chapeau

que savent‑ils de toi ton regard qui les glace

hé ! môme des cités si t’étais magicien

coup’ coup’ coup’ leur les mains coup’ coup’ coup’ leur les mains

leurs mains dedans au creux y’a des guns qu’ont fleuri

que savent‑ils de toi quand ils ciblent ton crâne

coquelicots urbains sur le front des cousins

tu rapièces les jours où vous chassiez la nuit

aux flambeaux de la tess’ les taggeurs de bananes

que savent‑ils de toi hé ! môme des cités

les vendeurs de poussier les fracasseurs de vie

A‑fric tu devines que c’est leur territoire

que savent‑ils de toi et ce qu’ils ont trahi

black hibou tu reviens veinard de quelle histoire

le cœur de tes tambours sans peau tout matraqué

en troupeau les chiens jouent refourguant leur aubade

polènent la zone de leurs feux de bengale

bananes ananas le sang commun s’affaire

tu ressembles à ceux qui le réveil en rade

se lèvent à minuit pour boire les étoiles

sur les murs de carton griot tu les fais taire

que savent‑ils de toi hé ! môme des quartiers

des brûlots des brouillards dedans lesquels tu bats

le rappel inutile à l’heure des gamelles

et les quinquets violets dans les files d’attente

brûl’ brûl’ brûl’ leur le cœur vas‑y pas de pitié !

invalide leur cœur la cavale lui va

tambour d’acier les cuirassiers l’ont mis en vente

ses fringues ont vieilli pardi bouts de ficelles

la tribu des clébards s’en va tirer dessus

pour habiller encore ton corps fiancé

de couleurs écorchées drapeau vivant tissu

tatoué de sueur noire tambour sans peau

que savent‑ils de toi hé ! môme des cités

ne te calculent pas tu es leur bon prétexte

brûl’ brûl’ brûl’ leur le cœur Afrique c’était eux

ils traquent tout de toi et des peuples venus

grands vents silex et pluie les combats de beauté

récoltent vos saisons fertiles oripeaux

enfant guetteur défie de tes iris nuit bleue

leurs bulles de métal tirées de tout contexte

leurs laisses dégainées leurs cages barreaux nus

ôte‑leur la lune et la rue de ton index

hé ! môme des quartiers sur leur torse tu bombes

une cible où Afrik s’orange sans la peaulaciterose.still2.jpeg

on la pèle et puis on becte le fruit en trombe

et tu ouvres au feu la paume des griots

qui recueillent son jus ton élixir jaloux

remplissant les cocktails hé ! môme des banlieues

du sang audacieux des esclaves debout

les chants les cris les joies de la cité carton

bananes ananas nains dénudant les cieux

brûl’ le cœur d’Afrique brûl’ frissonnant flambeau

laisse‑les à leur morgue aucun sang sur tes doigts

que la tribu des chiens leur jette le bâton

on ne saura rien d’eux tant mieux tambour sans peau

hé ! môme des cités que savent‑ils de toi

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9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 21:13

Poème et aquarelle de Louis


la-créatrice-de-poeme

 

Le cœur des ouvriers

Dimanche, 9 février 2014

 

Le cœur des ouvriers ne soupe plus des cadences
Aujourd'hui faut manger bio et lire confidence
Le cœur des ouvriers ne s'arme plus aux présidences
Il faut fermer sa gueule et faire face aux urgences
Le cœur des ouvriers n'est plus rouge garance
Il cherche la tête lourde une légère espérance
Le cœur des ouvriers ne bondit plus dans la violence
Il bat dans les télés et dans l'accoutumance
Le cœur des ouvriers n'aime plus la désobéissance
Il dit oui à son chef et croit en la croissance
Mais bientôt  les cœurs des ouvriers souperont de la danse…
Mais bientôt les cœurs des ouvriers briseront le silence
Et dans le cœur des ouvriers il y aura l'insouciance.

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24 janvier 2014 5 24 /01 /janvier /2014 01:40

Art bruteLapin dans l'oreille

Epinay, mercredi, 22 janvier 2014        

 

 Lapin dans l’oreille bat taille à la hâte pour pas que l’heure très passe

 

              Survivre tout est là dans ces clameurs éclaboussures ce mouillé à la hâte du corps

                     qui déchiquète l’état les tas du regard y a pas rien là‑dedans fatras décomposition

                           de lambeaux allumés éteints allumés éteints bravement bavés de colle

                                 plastique bouilli de poupées sans yeux ses fétiches à la vie en‑dessous

                                           du trou à excréments une odeur de la misère qui scintille son

                                                   carrosse autobus dessoudé de mains fil de fer pleines de rosée

                                                         pas rien qui veut qu’on s’épanche se penche y faut dire

                                                                 vider balancer au trognon qu’on nous lâche qu’on

                                                                        nous foute lanlaire qu’enfin on calcule pas nos

                                                                               goules à rire enfarinées de bouffons à

                                                                                      camisole de neige interdite et toute

                                                                                              la peau givrée fracture facture

                                                                                                     la cellule à l’isolement pas

                                                                                                            moufter pas crire pas

                                                                                                                   dé lire du monde

                                                                                                                          purée sang

                                                                                                                                 son sperme

                                                                                                                             qui touille les

                                                                                                                      couleurs grattées à

                                                                                                               des tronçons de tubes

                                                                                                            salive là un papier cul

                                                                                                       allumettes brûlées barbarie

                                                                                                 muette il faut dire on ne peut pas

                                                                                        c’est cloué avec des aiguilles rouille

                                                                                   dérouille le chargement de syllabes à la

                                                                              gorge tranchée sous l’arbre des petites filles

                                                                       perchées jaune calque la hurle là où la voie inter

                                                                   dite s’emballe de chiffons à éponger la mer matrice

                                                            épouvante

                                                       et qu’on arrête de nous empêcher de nous dépendre du

                                                  pommier toutes les pommes nous sont tombées dessus au

                                              bout du couloir y a un couteau pour lui éplucher les idées pas

                                         bon du tout la nuit des héros pas pour lui avec sa tête en moins

                                    il sera soustrait au sacrifice du sang pour cuire les fétiches cousues

                                les manches du pull over ouvrez‑nous la porte qu’on sorte de là lapin

                           lapin y es tu agite ses mains d’argile les menottes attachées aux barreaux

                      du lit petit tailleur et poseur de rails taillent la route avec le canasson tiré aux

                 abattoirs y a long jusqu’à Tshwane ne seront pas à l’heure pour sortir le lapin de

             l’affaire dommage

         à South Side un type a mis fil de fer phare de bagnole cassé boîte à gâteaux métal tête

    de poupée celluloïd boulons sonnette de vélo sous la tronche du fer à souder

 dessoudé au bout de la rue par la faim au dentier de rat tradéri déra

c’est la déchèterie qui l’aura le trésor l’or dure dans nos fouilles

c’est la dernière fois qu’on vous sort le lapin de l’oreille

brutes on reste sans art qui vice nos vies entre fous

on veut rien de vous on veut pas vos sous

juste la neige rouge en sac et des clous

le-mechant-garcon.jpg

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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 21:48

Que danser

Dimanche, 12 janvier 2014Ainsi-parlait-Zarathoustra-2013.jpg

 

A Dieudonné et à tous ceux qui ont un jour été enfermés par

un état dans ses geôles de silence et de mort

 

je ne sais faire que danser

malgré mes deuils mes amitiés

incinérées il va le vent

soufflant au vol les cendriers

les crématoires les bûchers

mat mat mat traque et je m’enfuis devant

la peur la haine le courroux

montés par les fils de Camarde

viva la muerte mors aux dents

les chevaux captifs me regardent

baladin défier les gourous

des hommes blancs des hommes blacks

c’est un jeu mais ils ne jouent pas

je fuis devant et ils me traquent

je suis le fou diagonale banale

j’ai perdu ma montre à gousset

au fond de la grotte où je me suspends

je crois que je vais finir en civet

quand les chauves-souris m’offrent leur sang

goutte à goutte pour me sauver

 

je ne sais faire que danser

vers moi descendent cannibales

des cavaliers d’argent je fuis devant

mais héroïques se détraquent

les pendules mes amitiés

mat mat mat traque qui se font la malle

bien avant le lever du jour

me laissent seul flairer le vent

les cavaliers s’acharnent de leurs tours

en rappel qu’ai-je donc perdu

sur les glissières sans retour

l’échapper belle coupable toujours

dans leur récit leur jugement rendu

te taille un costard pour ta vie d’avant

et puis soudain j’en ai ma claque

des poinçonneurs du temps qui ment

on m’appelle du côté de la rue

des vieux abonnés devenus absents

rattraperai‑je le lapin d’Alice

je fuis devant et ils me traquent

 

je ne sais faire que danser

perchés sur les toits les voyeurs obscènes

salivent le compte à rebours

des héros artistes a commencé

ils vont me lyncher avec la rosée

mat mat mat traque j’ai pas de gants blancs

c’est bien ma veine je les ai posés

devant l’échiquier j’ai fait demi‑tour

la reine les a pris mes mains sont noires

bouffons triés metteurs en scène

de la tragédie des peuples châtrésle-maitre--du-monde-2013.jpg

état sans grâce tu laissais partir

enfants vieillards pions blancs pions noirs

estampillés par tes cornacs

ils sont d’accord ton bouc je suis

dans un bocal très insouciant

surnage mon corps lapin blanc

Négro quelle drôle d’arnaque !

à vue d’heure je rétrécis

devant je fuis et ils me traquent

 

je ne sais faire que danser

les cavaliers joueront gagnant

sur nos carcasses trépassées

de clowns qui s’en vont refusant

parmi les chevaux échappés

mat mat mat traque saison morte

d’endosser la cape de sang

des abattoirs trop étroite est la porte

par la lucarne des greniers

de mon corps de fou je m’enfuis

je m’agenouillerai devant la pluie

la chair des animaux meurtrie

une couleuvre aux beaux yeux verts

m’a redonné goût à la vie

carrés noirs carrés blancs mais ça suffit !

me voici nain échec me dit la reine

je perds la tête c’est la mise à sac

je ne ferai rien à moitié

lapin blanc est là hors d’haleine

je fuis devant et ils me traquent

 

je ne sais faire que danser

j’ai mis tous les pions au panier

toi viens ici ! s’écrie le roi

sûrement pas répond le vent

mes ancêtres gravent avec bonté

mat mat mat traque leur histoire 

leurs révoltes et leurs combats

aux états coloniaux esclaves noirs

si on veut causer sérieux y’a de quoi

les marchandeurs de repentance

alors moi je préfère en rire

et vous faire entrer dans la danse

leur vieux sac à malice est plein de mort

j’aime mieux aux enfants de Palestine

avoir mille lapins blancs à offrir

échec et mat soit j’accepte mon sort

ils me traquent je fuis poussière fine

nargue leurs matraques je suis vivant

libre de votre décor je me tire

je ne sais faire que danser.

le-coup-des-lapins

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