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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 16:57

 Pot au feuaffiche_Malville.reduit-3-bb84a.jpg

Paris, jeudi, 17 mars 2011

 

Voilà une semaine qu’on traverse une sorte de tragédie humaine qui ne doit avoir d’équivalent que dans les guerres que notre génération des années 50‑60 n’a pas connues enfin du moins pas celles qui ont ravagé la moitié de la planète et fait crever des millions de gens pour rien ou plutôt si… pour le bien‑être dément et la mégalomanie morbide de quelques familles qui ont gardé des privilèges fabuleux que personne n’a été leur retirer des paluches et pour le bonheur des banquiers véreux aidés par les passionnés de la boucherie universelle… les promoteurs d’abattoirs qui depuis un mois cette fois‑ci nous réclament en couinant à la lâcheté qu’on déverse des flots de missiles sur la Libye… 

Faut pas hésiter marchands d’armes et de pots au feux atomiques comme on est depuis des siècles on peut causer d’intervenir avec bonté pas de lézard hein ?

J’n’avais pas trop envie de rajouter mon p’tit gribouillage à la grosse énorme débandade de radotages informes et foireux concernant ce qui nous tombe sur le tarbouif et nous vient avec le vent frais d’océan des rivages massacrés du Japon tant cette malversation des dieux de la prétention et de la bêtise humaine était vue du haut de nos révoltes des années d’utopies prévisible et mille fois imaginé raconté transmis aux p’tits loupiots des villages communautaires qui se trouvaient bien aise eux de se chauffer au bois quand y en avait et de ne rien pouvoir acheter au supermarché du coin s’ils s’en moquaient alors !… Y a au moins un excellent terrible film sur le sujet qu’à l’époque on a tous vu et revu et qui nous a fait nous réveiller dans nos nuits de printemps aux lunes vertes avec des cauchemars d’épouvante c’est Malville état de siège ( 1978 ) de Serge Poljinsky avec Serrault… Dutronc… Villeret…  Trintignant…  Dhéry… etc… C’était une autre vision de l’apocalypse et avec le côté romanesque de l’affaire qui ne nous apparaît pas vraiment dans celle‑ci mais tout y était déjà y compris la fin… qui se pointe des pattes dans notre histoire japonaise et planétaire…

Ouais parc’qu’à la fin si vous voyez un peu dans vos mémoires y a les hélicoptères qui rappliquent et qui viennent récupérer les survivants de la bombe sauf trois qui arrivent à leur échapper et à fiche le camp pour ne pas rejoindre leur meilleur des mondes sur un radeau d’infortune… Bon eh bien là nous autres on en est qu’au début de ce désastre qui met en danger direct au moins l’existence de pas mal de Japonais sans causer de toute la nature autour mais qui donc s’en soucie et même dans le début de ce qui peut nous advenir comme calamité on entrevoit déjà la fin qu’est un gros pataquès de rapports de pognon et de surtout pas remettre le meilleur des mondes en questions hein ?… La première des idées baladeuse et nomade qui nous vient à nous autres les affranchis du baratin mondial sur le nucléaire qu’est la meilleure des solutions pour l’avenir de notre terre bleue et de cézigues les lustucrus d’humains c’est justement qu’au lieu de nous causer d’un avenir qu’ils sont pas du tout capables de reluquer dans leur brouillard actuel et de toujours les abominables qui prennent des décisions qu’on ne leur a pas demandées pourraient se préoccuper du présent des gens ça nous changerait…Brebis.jpeg

C’t’affaire d’épouvante qui nous empêche de roupiller et de rêver au printemps qui vient ça me semble qu’elle reflète dans un géant miroir lac argenté de sel et de mercure l’état de notre monde depuis qu’il a viré y a quelques 40 années de ça à la grande braderie des choses qu’on achète et qu’on revend et les gugusses qui fabriquent les choses avec et que le mouvement de l’automate qui mène le bazar et qui n’a plus de clef pour qu’on l’arrête s’est emballé y a dix piges à peu près avec les biffetons qui volent rase motte dans tous les terrains de golf des ratisseurs à fric balisant l’univers de leur silhouette de corbacs blacks couleur sang séché et vas‑­y !

On les a vus les morbacs sur les pistes d’Africa avec leurs 4×4 nickel pétrole qui viennent vendre l’eau de leur sous‑sol et l’eau de la pluie du ciel qui leur tombe une fois par siècle et qui posent des compteurs à monnaie sur les robinets des fontaines publiques devant l’air ahuri et résigné des populations qui retournent queue leu leu à la mare du coin remplir leurs bidons d’eau polluée vous voyez ?…

Ce monde le nôtre à c’qu’il me semble s’il était comme on le serine nous autres vu qu’il se trouve désormais relié de tous les bouts avec ses ordinateurs et ses téléphones portables un rien solidaire et si nous autres les gens on ne s’était pas tranquilles précipités dans la petite routine du quotidien individualiste comac et bien pépère chez soi avec le minimum les quinquets tournés vers ailleurs au large au loin les peuples qui ne sont pas blancs judéo‑chrétiens riches dominants il aurait tout de suite eu la réflexe de comment on peut les sortir de là les Japonais d’abord avec leur vague de boue sur le coin du museau qui a tout ravagé leur centrale qui fait mine de leur péter à la touffe et l’hiver qui se pointe la neige pas de chauffage pas de jus la fin du monde quoi !… Une petite réflexion qu’on s’y mette tous les pénards pas menacés de calancher sous la grêle des atomes des pays partout ailleurs et qu’on les fasse radiner chez nous dans le moins pire des scénarios possible avec de la sollicitude et de l’accueil humain déjà pour commencer ce que vous en dites ? 

Je n’sais pas si vous les avez vus les gaziers avec leurs bidons rouges de tôle ou de plastique pour qu’on leur vende à prix d’or j’ai confiance dans la bricoleLe-mendiant-et-le-nuage.jpgpourrie quelques litres de benzine et entasser deux trois valoches quelques petites affaires à eux de leur vie dans le coffre des autos quand ils en ont et sinon ce sont les files avec les cartons et les p’tits moutards aux aéroports… et tenter de fiche le camp au plus vite mettre à l’abri les gosses le chien ce qu’ils peuve nt quoi… Et derrière le sauve qui peut que personne soutient que personne aide que personne organise qu’ils aient un vrai refuge au bout de l’exode galère et misère en attendant que le pire n’arrive pas et qu’ils puissent retourner bientôt peut-être hein ?… 

Ce que ça me dit tout ça c’est que si ce monde mondialisé du fric de la guerre qu’on nous vend comme une intervention humanitaire ben tiens… des banquiers malades à vomir de leurs pouvoirs et des maîtres de l’Olympe qu’ont pas un pois chiche à la place du cœur de l’esprit de l’âme était le nôtre celui des hommes intègres et généreux on ne se soucierait pas de la fin… du cours du Yen et du Dollar et de la poursuite inévitable du nucléaire mais de protéger ces personnes du terrible désarroi qui est déjà le désespoir le plus barbare qui soit…

Je ne sais pas vous mais cézigue n’en a rien à braire de savoir si demain on va s’éclairer à la bougie à la petite loupiote pétrole de Buko et se chauffer à l’éolienne épouvantail du joli jardin de mai et ses roses café crème et si on va devoir arrêter de tout acheter ce qui nous passe sous le pif sur le tapis roulant de la grande gare de triage des tonnes de choses déjà mortes…

Ce qui me cause à moi aujourd’hui c’est comment faire pour que des êtres humains ne deviennent pas d’un seul coup des restes des résidus en train de disparaître dans l’abandon tout pareil que les populations d’Afrique sans flotte à boire d’une société que l’inconscience mène direAffiche_Plogoff_Mascarade.red-3-1835a.jpgct à détruire de plus en plus vite la seule utopie qui nous différencie peut-être de nos ancêtres les dinosaures… celle d’une humanité solidaire et heureuse qui n’a pas besoin de commanditaires déments et obsédés par le fric le pouvoir et la mort pour lui dire si demain quand elle aura moins la trouille et qu’elle commencera à oublier ses instants de lucidité actuels elle va ou non décider de sortir enfin de ce qui la sépare d’elle‑même et la détruit… Et vous autres ce que vous en pensez ?…

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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 23:39

Cet article a été publié sur le site de http://www.fidelista.net/reflexions/l%E2%80%99otan-la-guerre-le-mensonge-et-les-affaires-2909

 

L’OTAN, LA GUERRE, LE MENSONGE ET LES AFFAIRES

Posté le 10 / 03 / 2011

Fidel Castro Ruz231416-fidel-castro.jpg

 

Comme certains le savent, le colonel Mouammar el-Kadhafi, un Bédouin au caractère particulier, s’inspirant des idées du leader égyptien Gamal Abdel Nasser, prépara au sein des forces armées un mouvement qui renversa en septembre 1969 Idris Ier, roi de Libye, un pays désertique en sa quasi-totalité et faiblement peuplé, situé au nord de l’Afrique, entre la Tunisie et l’Égypte.

Ce n’est que peu à peu que  l’on découvrit ses très grosses et utiles ressources énergétiques.

Né dans une famille de bédouins, dans la région de Tripoli, Kadhafi était foncièrement anticolonialiste. On dit que son grand-père paternel mourut en luttant contre les envahisseurs italiens en 1911 : le régime colonial et le fascisme changèrent la vie de tous les habitants. On dit aussi que son père endura la prison avant de pouvoir gagner sa vie comme ouvrier industriel.

Jusqu’aux adversaires de Kadhafi assurent qu’il se fit remarquer par son intelligence durant ses études. Expulsé du lycée pour ses activités antimonarchiques, il s’inscrivit dans un autre, puis conclut des études de droit à l’université de Benghazi à vingt et un ans. Il entra ensuite à l’école militaire de cette ville où il créa en secret le Mouvement des officiers unionistes libres, et il conclut ses études dans une école militaire britannique.

Ces antécédents expliquent l’influence notable qu’il a exercée ensuite en Libye et sur d’autres dirigeants politiques, qu’ils soient aujourd’hui pour ou contre lui.

Il s’engagea dans la vie politique par des actions incontestablement révolutionnaires.

En mars 1970, il obtint que les soldats britanniques évacuent le pays au terme de manifestations nationalistes massives et, en juin, que les États-Unis se retirent d’une grande base aérienne proche de Tripoli, qui fut remise à des instructeurs militaires égyptiens dont le pays était l’allié de la Libye.

En 1970, la Révolution toucha à plusieurs sociétés pétrolières occidentales et à des banques à participation étrangère. Fin 1971, la fameuse British Petroleum subit le même sort. Dans le domaine agricole, tous les biens italiens furent saisis, et les colons et leurs descendants expulsés de Libye.

 

L’État entreprit donc de contrôler les grandes sociétés. La production commença à devenir l’une des plus élevées du monde arabe. Le jeu et l’alcool furent interdits. Le statut juridique de la femme, traditionnellement limitée, s’améliora.

Le dirigeant libyen élabora des théories extrémistes, s’opposant à la fois au communisme et au capitalisme. Ça n’aurait pas de sens d’inclure cette étape de théorisations de sa part dans mon analyse, quoique je doive signaler que l’article premier de la Proclamation constitutionnelle de 1969 stipulait la nature “ socialiste ” de la Jamahiriya arabe libyenne populaire.

Je tiens en revanche à insister sur le fait que les droits humains n’ont jamais intéressé les États-Unis ni leurs alliés de l’OTAN.lespis-magna-en-lybie-1368319278-1282058.jpg

La réunion du Conseil de sécurité, la réunion du Conseil des droits de l’homme à Genève et l’Assemblée générale des Nations Unies à New York n’ont été que du théâtre, un panier de crabes.

Je comprends parfaitement les réactions des dirigeants politiques impliqués dans tant de contradictions et dans des débats si stériles, compte tenu de l’entrelacs d’intérêts et de problèmes dans lequel ils se retrouvent.

Nous savons tous très bien que le statut de membre permanent du Conseil de sécurité associé au pouvoir de veto, la possession d’armes nucléaires et l’appartenance à maintes institutions sont des sources de privilèges et d’intérêts que l’0n impose de force à l’humanité. On peut être d’accord ou non avec nombre de ces institutions, mais on ne saurait les accepter comme des juges justes ou moraux.

L’Empire prétend maintenant faire tourner les événements autour de ce qu’a fait ou n’a pas fait Kadhafi, parce qu’il a besoin d’intervenir militairement en Libye et de bloquer la vague révolutionnaire qui déferle dans le monde arabe. Car, à ce jour, personne ne disait mot, tout le monde faisait silence… et de bonnes affaires. Que la rébellion libyenne ait été attisée par les services secrets yankees ou par les erreurs de Kadhafi lui-même, il est important que les peuples ne se laissent pas duper, car l’opinion mondiale aurait très bientôt suffisamment de preuves pour savoir à quoi s’en tenir.

Il fallait – et je l’ai dit dès le premier moment – dénoncer les plans de cette organisation belliciste qu’est l’OTAN. À l’instar de nombreux pays du Tiers-monde, la Libye est membre du Mouvement des pays non alignés, du Groupe des 77 et d’autres organisations internationales à travers lesquelles se nouent des relations, indépendamment de leur système économique et social.

À grands traits : la révolution, inspirée de principes marxistes-léninistes et martiniens, triompha en 1959 à Cuba, à cent cinquante kilomètres des États-Unis qui nous avaient imposé l’amendement Platt et qui étaient propriétaires de l’économie de  notre pays. L’Empire déclencha presque aussitôt contre notre peuple sa sale guerre, organisa des bandes contre‑révolutionnaires, décréta un blocus économique criminel et peaufina l’invasion mercenaire de Playa Girón, durant laquelle un de ses porte-avion patrouillait non loin et ses marines étaient prêts à débarquer au cas où ses forces mercenaires auraient atteints les objectifs prévus.

À peine un an et demi, il nous menaça de son arsenal nucléaire, et une guerre de cette nature faillit éclater. Tous les pays latino-américains, hormis le Mexique, participèrent au blocus criminel qui est toujours en place. Mais notre pays ne s’est jamais rendu. Il est important de le rappeler à ceux qui ont la mémoire historique courte.

 

En janvier 1986, sous prétexte que la Libye était derrière le terrorisme dit révolutionnaire, Reagan rompit les relations économiques et commerciales avec ce pays. En mars de cette même année, une force embarquée à bord de porte-avions situés dans le golfe de Syrte, dans les eaux que la Libye considère comme nationales, déclencha des attaques qui détruisirent plusieurs navires équipés de lance-missiles et des systèmes de radars côtiers que ce pays avait achetés à l’URSS.

Le 5 avril, une discothèque de Berlin-Ouest fréquentée par des soldats étasuniens fut plastiquée : trois personnes moururent, dont deux militaires étasuniens, et beaucoup furent blessées. Reagan en accusa Kadhafi et ordonna à ses forces de l’air de riposter. Trois escadrilles décollèrent des porte-avions de la VIe flotte et de bases du Royaume-Uni et lancèrent des bombes et des missiles sur sept objectifs militaires à Tripoli et à Benghazi. Un quarantaine de personnes moururent, dont quinze civils. Averti de l’avance des bombardiers, Kadhafi était en train d’évacuer  sa famille de sa résidence située dans le complexe militaire de Bab Al Aziziya, au sud de la capitale, quand un missile la frappa de plein fouet : sa fille Hanna mourut, et deux autres enfants furent blessés. Cette attaque fut largement condamnée ; l’Assemblée générale des Nations Unies vota une résolution la condamnant pour violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. Le Mouvement des pays non alignés, la Ligue arabe et l’OUA adoptèrent des positions tout aussi énergiques.

Le 21 décembre 1988, un Boeing 747 de Pan Am se désintégra en plein vol entre Londres et New York sous l’effet d’une bombe, et les restes tombèrent sur la localité de Lockerbie. La tragédie tua deux cent soixante-dix personnes de vingt et une nationalités. Au départ, l’administration étasunienne pensa à des représailles de l’Iran, dont un avion de ligne, un Airbus, avait été abattu par les USA, causant la mort de deux cent quatre-vingt-dix personnes. Selon les Yankees, les recherches impliquaient deux agents secrets libyens. Des imputations similaires furent faites contre la Libye au sujet d’un avion de ligne français desservant Brazzaville-N’Djamena-Paris, mais Kadhafi refusa d’extrader les fonctionnaires libyens censément impliqués dans des faits qu’il nia catégoriquement. On commença à tisser une légende ténébreuse contre lui, avec la participation de Reagan et de Bush père.

De 1975 jusqu’à la fin de l’administration Reagan, Cuba se consacra à ses devoirs internationalistes en Angola et dans d’autres pays africains. Je connaissais les conflits qui se déroulaient en Libye ou autour d’elle grâce à des lectures et aux témoignages de personnes très liées à ce pays et au monde arabe, ainsi qu’aux impressions que je gardais de nombreuses personnalités de différents pays avec lesquelles j’avais eu des contacts durant ces années-là.fanon frantz castro fidel 03

De nombreux leaders africains connus avec lesquels Kadhafi maintenait des rapports étroits s’efforcèrent de chercher des solutions à la forte tension existant entre la Libye et le Royaume-Uni. Le Conseil de sécurité avait imposé à la Libye des sanctions qui commencèrent à être levées quand Kadhafi accepta de faire juger, dans des conditions données, les deux accusés pour le sabotage de l’avion en Écosse. Dès lors, on commença à inviter des délégations libyennes à des réunions européennes. En juillet 1999, Londres entreprit de renouer totalement ses relations diplomatiques avec la Libye, après que celle-ci eut fait encore plus de concessions. En septembre, les ministres de l’Union européenne acceptèrent d’annuler les mesures de restrictions commerciales adoptées en 1992. Le 2 décembre, Massimo D’Alema, Premier ministre italien, fut le premier chef de gouvernement européen à se rendre en Libye. L’URSS et le camp socialiste européen avaient disparu, et Kadhafi avait décidé d’accepter les réclamations des USA et de l’OTAN.

Quand je me suis rendu en Libye en mai 2001, Kadhafi me montra les ruines provoquées par l’attaque traîtresse par laquelle Reagan assassina sa fillette et faillit exterminer toute sa famille. Début 2002, le département d’État faisait savoir que des conversations diplomatiques étaient en cours entre les USA et la Libye. En mai, il avait inscrit de nouveau la Libye sur la liste des États promoteurs de terrorisme, bien que George W. Bush n’eût pas mentionné ce pays africain dans son fameux discours de janvier sur “ l’axe du mal ”.

Début 2003, après que la Libye eut accepté de signer un accord économique d’indemnisations avec les pays demandeurs, le Royaume-Uni et la France, le Conseil de sécurité de l’ONU leva les sanctions qu’il lui avait infligées en 1992. Avant la fin de 2003, Bush et Antony Blair informèrent d’un accord avec la Libye, qui avait remis à des experts en renseignements britanniques et étasuniens de la documentation sur ses programmes d’armements non classiques et sur ses missiles balistiques d’une portée supérieure à trois cents kilomètres. Des fonctionnaires de ces deux pays avaient visité différentes installations. Cet accord, comme le révéla Bush, couronnait des mois de conversations entre Tripoli et Washington.

Kadhafi tint ses promesses de désarmement. En quelques mois, la Libye se débarrassa de ses cinq batteries de missiles Scud-C d’une portée de huit cents kilomètres et ses centaines de Scud-B d’une portée supérieures à trois cents kilomètres parmi ses engins défensifs de courte portée. Un marathon de visites à Tripoli démarra en octobre 2002 : Berlusconi, en octobre 2002 ; José María Aznar, en septembre 2003 ; de nouveau Berlusconi en  février, août et octobre 2004 ; Blair, en mars 2004 ; le chancelier allemand Schroeder, en octobre 2004 ; Jacques Chirac, en novembre 2004. Tout le monde était aux anges. Comme le dit le fameux poème espagnol : “ Don Argent est un puissant monsieur. ”

Kadhafi parcourait l’Europe en triomphe. Il fut reçu à Bruxelles en avril 2004 par  Romano Prodi, le président de la Commission européenne ; en août, il fut invité par Bush ; Exxon Mobil, Chevron Texaco et Conoco Philips mettaient la dernière main à la reprise de l’extraction de pétrole par des joint ventures. En mai 2006, les USA faisaient savoir qu’ils retiraient la Libye de la liste des pays terroristes et qu’ils renouaient pleinement les relations diplomatiques. En 2006 et 2007, la France et les États-Unis souscrivirent des accords de coopération nucléaire à de fins pacifiques. En mai 2007, Blair visite de nouveau Kadhafi à Syrte. La British Petroleum signa un contrat de prospection de gisements de gaz “ extraordinairement important ”, selon les informations de l’époque. En décembre 2007, Kadhafi se rendit deux fois en France et signa des contrats d’équipements militaires et civils pour dix milliards d’euros, et en Espagne, où il eut des entretiens avec le chef de gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero. Il signa de  très gros contrats avec d’importants pays de l’OTAN.lybie3a.jpg

Pourquoi donc les États-Unis et les autres membres de l’OTAN ont-ils évacué maintenant leurs ambassades en Libye ?

Tout ceci est extrêmement curieux.

 

George W. Bush, le père de cette stupide guerre antiterroriste, avait déclaré le 20 septembre 2001 devant les élèves de l’école militaire de West Point : “ Notre sécurité exigera… le recours aux forces militaires que vous commanderez et qui doivent prêtes à attaquer sur-le-champ n’importe quel sombre recoin du monde, et notre sécurité exigera que nous soyons prêts, le cas échéant, à déclencher des attaques préventives pour défendre notre liberté et… nos vies. […] Nous devons découvrir des cellules terroristes dans une soixantaine de pays… Aux côtés de nos amis et alliés, nous devons nous opposer à la prolifération et faire face aux régimes qui promeuvent le terrorisme en fonction de chaque cas. ”

Que pense donc Obama de ce discours ?

Le Conseil de sécurité imposera-t-il des sanctions à ceux qui ont tué plus d’un million de civils en Iraq et à ceux qui assassinent tous les jours des hommes, des femmes et des enfants en Afghanistan où, tout récemment, la population en colère est descendue dans la rue pour protester contre le massacre d’enfants innocents ?

Une dépêche de l’AFP, daté de Kaboul aujourd’hui même, révèle :

“ L’année passée a été la plus meurtrière pour les civils après neuf années de guerre entre les Talibans et les forces internationales en Afghanistan : presque 2 800 morts, soit 15 p. 100 de plus qu’en 2009, a affirmé ce mercredi un rapport de l’ONU qui insiste sur les coûts humains de ce conflit pour la population. …les Talibans ont intensifié leur insurrection ces dernières mois, gagnant du terrain par des actions de guérilla réalisées au-delà de leurs bastions traditionnels du Sud et de l’Est. Avec exactement 2 777 civils morts en 2010, la quantité de victimes a augmenté de 15 p. 100 par rapport à 2009, indique le rapport annuel conjoint de la Mission d’aide des Nations Unies en Afghanistan…

Le président Barack Obama a exprimé, le 3 mars, son “ profond regret ” au peuple afghan pour les neuf enfants tués, tout comme l’ont fait le général étasunien David Petraeus, commandant en chef de l’ISAF, et le secrétaire à la Défense, Robert Gates. …le rapport de l’UNAMA souligne que le chiffre de civils morts en 2010 est quatre fois supérieur à celui des soldats des forces internationales tombés en combat cette même année. L’année 2010 a pourtant été, et de loin, la plus meurtrière pour les soldats étrangers en neuf années de guerre, soit 711 morts, ce qui conforme que la guérilla des Talibans s’est intensifiée malgré l’envoi en renfort, l’an dernier, de trente mille soldats étasuniens. ”

Pendant dix jours, on a entendu aux Nations Unies – entre Genève et New York – plus de cent cinquante discours sur les violations des droits humains, qui ont été repris des millions de fois à la télévision, à la radio, dans la presse écrite et sur Internet. Notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodríguez, est intervenu devant ses pairs réunis à Genève dans le cadre de Conseil des droits de l’homme, le 1er mars dernier. Il y a dit notamment :

“ La conscience humaine s’élève contre la mort d’innocents en toute circonstance et en tout lieu. Cuba fait tout à fait sienne l’inquiétude du monde devant les morts de civils en Libye et souhaite que son peuple règle d’une manière pacifique et souveraine la guerre civile qui s’y déroule, sans aucune ingérence étrangère et d’une façon qui garantisse l’intégrité de cette nation. ”

Certains paragraphes finals de son intervention ont été péremptoires :

“ S’il est vrai que le droit humain essentiel est le droit à la vie, alors le Conseil est-il prêt à en expulser les États qui déclenchent une guerre ? Expulsera-t-il donc les États qui offrent un financement et une aide militaire à un autre État qui les utilise à des violations massives, flagrantes et systématiques des droits humains et à des attaques contre la population civile, comme cela se passe en Palestine ?

Appliquera-t-il donc cette mesure à des pays puissants qui réalisent des exécutions extrajudiciaires sur le territoire d’autres États en recourant à une technologie de pointe, telle que les munitions intelligents et les drones ? Qu’arrivera-t-il donc aux États qui acceptent d’héberger sur leur territoire des prisons secrètes illégales, qui facilitent le transit secret d’avions emportant des personnes séquestrées ou qui participent à la torture ? Carte-Libye.gif

Je partage à fond la courageuse position du dirigeant vénézuélien Hugo Chávez et de l’ALBA. Nous sommes contre la guerre intestine en Libye, en faveur de la paix immédiate et du plein respect de la vie et des droits de tous les citoyens, sans intervention étrangère, car celle-ci ne servirait qu’à prolonger le conflit et à favoriser les visées de l’OTAN.

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 19:16

Le temps des peuples retrouvés suite...frantz_fanon-390.jpg


Car ce à quoi la jeunesse tunisienne et la jeunesse égyptienne s’affrontent ce ne sont rien d’autre que les dernières murailles encore solides et tenaces des forteresses que nous avons commencées à abattre en essayant de mettre en route ce rapprochement entre les fils d’ouvriers des villes que nous étions et le monde paysan des années 70 qui réapprenait l’efficacité des anciennes jacqueries sur le Plateau du Larzac.

Elles ont à chercher des modèles pour donner un sens à leur lutte en deçà et au‑delà de l’histoire récente qui les a coupées à la fois des combats menés par ceux qui ont conquis leur liberté avant que l’Afrique ne soit partagée en fragments d’empire pour remplir les écuelles de l’Occident et à la fois de ceux qui sur d’autres territoires et dans d’autres situations ont pris conscience comme l’écrit Fanon dans Les damnés de la terre à propos de la décolonisation que ce “ qui se propose de changer l’ordre du monde, est, on le voit, un programme de désordre absolu. ”

Et c’est bien parce qu’il est au plein cœur de la lutte partagée quotidiennement avec ses compagnons de l’ALN que Fanon développe le récit de ce qu’il croit être les futurs “ Etats‑Unis d’Afrique ” dans ses notes Pour la révolution africaine à travers ses différents articles où à chaque progression de la révolution algérienne il précise ses intuitions sur ce qu’il regarde comme un des principaux dangers menaçant l’Afrique qui est “ le manque d’idéologie ” des bourgeoisies nationales. Bourgeoisies commerçantes ou paysannes qui ont toutes plus ou moins été les alliées objectives des anciens colons et qui voient bien mal ce temps où elles vont enfin pouvoir prendre la place convoitée des maîtres comme il l’écrit plus tard dans Les Damnés de la terre “ Le colon fait l’histoire. Sa vie est une épopée, une odyssée. Il est le commencement absolu : ‘ Cette terre, c’est nous qui l’avons faite. ” leur échapper au profit de quelqu’un qui prétend dans un élan de charisme fou comme Patrice Lumumba au Congo ou Thomas Sankara au Burkina Faso rendre au peuple ce qui lui revient.

 

“ Depuis près de trois ans, j’essaie de faire sortir la fumeuse idée d’Unité africaine des marasmes subjectivistes, voire carrément fantasmatiques de la majorité de ses supporters. L’Unité africaine est un principe à partir duquel on se propose de réaliser les Etats‑Unis d’Afrique sans passer par la phase nationale chauvine avec son cortège de guerres et de deuils. ”

Notes écrites au cours de la mission en Afrique occidentale in “ Unité africaine ”, 1960

 

Participer à la libération d’un monde aliéné depuis toujours celui des classes populaires par la situation de dominés qui leur est faite dans un univers hiérarchisé où la verticalité absurde tient lieu de rapports humains et celui des classes dominantes qui ignorent leur propre asservissement à ce type de réalité où il faut sans cesse renforcer ses pouvoirs faute de quoi c’est la chute et la trahison de ceux qui guettent la place en toute amitié, et le faire comme a pu le faire Fanon acteur au présent révolutionnaire avec ses camarades de combat et écrivain premier témoin de l’histoire en train de s’écrire sous ses yeux, c’est le rôle qui nous reviendrait à nous autres les rebelles des années 70… beaute.jpg

Nous qui étions traités de néo‑ruraux et d’Indiens par les paysans alliés aux petits commerçants et artisans locaux des Cévennes et autres provinces du Sud qui nous voyaient débarquer avec notre enthousiasme et nos convictions et qui se moquaient bien de nos discours tiers-mondistes…

Nous qui avons été frustrés tout ce temps de l’inaction et de l’imposture d’une langue formatée par les fabricants de moules à produire du bonheur de vivre obligatoire individuel et factice réservé aux élus du monde riche‑blanc‑dominant nous avons adopté durant toutes ces années la posture de “ présumé coupable ” du colonisé qui “ attend patiemment que le colon relâche sa vigilance pour lui sauter dessus… ”, colonisés qui toujours dans les mots de Fanon passent soudain de “ spectateurs écrasés d’inessentialité ” à “ acteurs privilégiés, saisis de façon quasi grandiose par le faisceau de l’Histoire. ” 

Oui notre attente a été lancinante et secrète et il y a quarante ans qu’elle écoute aux portes du désert conçu et réalisé par les organisateurs des Expositions coloniales avec villages nègres et zoos humains pour effacer les cultures et les civilisations africaines avec la même efficacité qu’ils ont balayé les cultures paysannes et ouvrières populaires du vieil Occident… “ Dans ses muscles, le colonisé est toujours en attente… ”  écrit Fanon. Et aujourd’hui nous qui sommes retournés vivre à l’intérieur des cité périphériques de notre enfance nous partageons le temps impatient et tendu à bloc comme l’élastique de nos lance‑pierres des jeunes fils et filles des ex‑colonisés exilés de la prodigieuse épopée africaine que les griots ne racontent pas veilleurs d’un monde qui s’invente à mesure que les peuples apprennent à relier ensemble les périodes où ils ont décidés d’être responsables de leur destinée… 

Entre temps entre ces temps de jouissance du présent exalté de solidarités nouvelles il n’y a que du temps mort du temps vide comme les 40 années de Franco la Muerte en Espagne et les 17 années de Pinochet au Chili qui n’appartiennent toujours pas au passé qu’on peut laisser pourrir au passé décomposé. Voilà d’ailleurs ce que pensait Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme de cet “ avant ” des peuples colonisés qui rejoint un autre “ avant ” celui des peuples objectivés… chosifiés… Celui des paysans sans terres des ouvriers sans outil de travail qui déjà séparés et coupés d’eux‑mêmes et des autres par la perte de vue de leur idéal commun ont oublié la culture populaire qui les enracine dans un temps partagé…

 

“ Les Vietnamiens, avant l’arrivée des Français dans leur pays, étaient des gens de culture vieille, exquise et raffinée. Ce rappel indispose la Banque d’Indochine. Faites fonctionner l’oublioir !

Ces Malgaches, que l’on torture aujourd’hui, étaient, il y a moins d’un siècle, des poètes, des artistes, des administrateurs ? Chut ! Bouche cousue ! Et le silence se fait profond comme un coffre‑fort ! Heureusement qu’il reste les nègres. Ah ! les nègreaime_cesaire.jpgs ! parlons‑en des nègres ! 

Eh bien, oui, parlons‑en des nègres !

Des empires soudanais ? Des bronzes du Bénin ? De la sculpture Shongo ? Je veux bien ; ça nous changera de tant de sensationnels navets qui adornent tant de capitales européennes. De la musique africaine. Pourquoi pas ?

Et de ce qu’ont dit, de ce qu’ont vu les premiers explorateurs… Pas de ceux qui mangent aux râteliers des Compagnies ! Mais des d’Elbée, des Marchais, des Pigafetta ! Et puis de Frobénius ! Hein, vous savez qui c’est, Frobénius ? Et nous lisons ensemble : 

‘ Civilisés jusqu’à la moelle des os ! L’idée du nègre barbare est une invention européenne. 

 

Notre temps d’alors à bord des villages communautaires où nous freinions de toutes nos forces devant la société virtuelle qui arrivait et qui n’est rien d’autre que celui d’une génération quarante ans à peine auquel on nous reproche de nous relier nous réassure et nous renseigne sans cesse sur l’avènement d’un devenir révolutionnaire des peuples qui ne sont pas encore branchés au goutte‑à‑goutte de l’abondance inépuisable des richesses et des choses jetées pour être aussitôt reproduites… Notre temps insoumis en nous renvoyant bien plus loin en arrière à l’origine des nôtres paysans‑ouvriers hors de toute référence au prolétariat des villes décadent des années 60 que nous avons fui tant sa capacité autodestructrice nous remplissait de sa violence, nous qui n’avons jamais été des intellectuels par refus et par goût de l’aventure paysanne et de la création manuelle nous a rendus proches des feddayins palestiniens en quête de leur terre volée, des paysans Cubains luttant contre l’United‑Fruit et des paysans sans terres du Chiapas animés par le Sous Commandant Marcos…  

 Quand Fanon parle en considérant les périodes colonialistes d’“ un temps historique falsifié ”et qu’il précise que “ le colonialiste, par un mécanisme de pensée somme toute assez banal, en arrive à ne plus pouvoir imaginer un temps se faisant sans lui… ” c’est déjà d’un temps post‑colonial dont il parle sans le savoir car une fois passée l’ère des Indépendances africaines dont nous avons senti d es années après le souffle brûlant sur nos lèvres nous nous sommes retrouvés à partir des années 80 abasourdis par la persistance de ce temps colonial greffé à l’intérieur du corps des hommes noirs et arabes qui  n’avaient plus besoin de la présence effective des anciens maîtres pour persévérer dans ce bannissement de leur propre histoire. Seule l’expérience de Thomas Sankara au Burkina Faso jusqu’en 1987 était porteuse d’ une énergie populaire poétique et rebelle où nous pouvions nous inscrire sans hésiter comme témoins et scribes engagés dans le récit de l’épopée en train de s’accomplir sans attendre qu’elle s’inscrive dans la durée.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             “ Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croThomas_Sankara-43579.jpgiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse. 

Aimé Césaire Cahier d'un retour au pays natal, 1939

 

 

“ Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement, il peut s’asseoir et écrire son développement ; il peut s’asseoir et écrire son bonheur ; il peut dire ce qu’il désire. Et en même temps, sentir quel est le prix à payer pour ce bonheur.”

“ Fratricide au Burkina, Sankara et la Françafrique ”, documentaire de Thuy Tien Hi et Didier Mauro, production ICTV Solférino

 

Pour celles et ceux qui sont curieux de découvrir qui a été Thomas Sankara et son travail formidable au Burkina Faso à travers deux documentaires qui sont plein de témoignages émouvants et forts et qui nous donnent à croire dans la jeunesse black et dans la jeunesse tout court voici un lien qui vous époustouflera beaucoup passionnément... Je n'ai pas encore visionné le film sur la Françafrique mais dès que c'est fait je vous en cause promis !

Partie 1 : «Sur les traces de Thomas Sankara»

http://www.dailymotion.com/video/xda48v_news

 

Partie 2 : "Thomas Sankara : Heritages en partage..."

 http://www.dailymotion.com/video/xdaogi_partie-2-thomas-sankara-heritages-e_news


A suivre...

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 14:25

INVESTIG'ACTION michelcollon.info

 

“ Bush en Irak, c'était formidable. Vous en reprendrez bien un peu en Libye ? ”

 

Michel CollonMichel-Collon.jpg

 

L'Otan se déclare prête à intervenir en Libye.

Nous voilà tout émus. Ainsi, ceux qui bombardent les civils en Afghanistan, veulent au contraire les protéger en Libye. Ceux qui n'ont pas levé le petit doigt quand Israël massacrait Gaza, se prennent tout à coup d'un amour immense pour les Arabes !

 

La larme à l'oeil, Bernard-Henri Lévy appelle à nouveau à la guerre, comme il le fit contre l'Irak. Mais la guerre humanitaire n'existe pas. La guerre pour le pétrole, si. Henry Kissinger ( chef de la diplomatie US sous Nixon ) avoua, un jour de franchise : “ Les grandes puissances n'ont pas de principes, seulement des intérêts. ”

 

Même si on veut que ça cesse, les Libyens ne souffriront pas moins sous une occupation par les Etats-Unis. Bush l'a prouvé en Irak, Obama en Afghanistan. Drogues, violences, terreur...

 

Tout en soutenant les revendications légitimes des peuples, et en réprouvant toute violence dictatoriale, on se souviendra que toutes les guerres des USA ont été bâties sur des médiamensonges. Chaque info ou prétendue info sera donc analysée avec l'émotion de la solidarité, mais aussi avec la raison de l'expérience...

 

Si la guerre humanitaire existait, les USA et l'Europe seraient intervenues pour sauver Gaza.

 

Extrait du direct du journal en ligne Le Monde ce matin jeudi, 3 mars 2011

 

Hugo-Chavez.jpgDe son côté, le président vénézuélien Hugo Chavez s'est entretenu avec Mouammar Kadhafi d'une proposition d'envoi d'une mission internationale de paix pour régler le conflit, a annoncé Caracas mercredi.

 La Ligue arabe dit étudier le plan de paix proposé par le président vénézuélien Hugo Chavez pour mettre un terme à la crise en Libye, jugeant prématurées les informations faisant état d'un accord. La chaîne Al-Jazira affirme que Mouammar Kadhafi et la Ligue arabe auraient accepté la proposition d'Hugo Chavez.

Caracas propose l'envoi d'une mission de médiation internationale formée de représentants de pays d'Amérique latine, d'Europe et du Moyen-Orient pour tenter de négocier une issue entre le pouvoir libyen et les forces rebelles.

La Ligue arabe, qui s'est prononcée contre une intervention militaire extérieure directe, a indiqué qu'elle pourrait s'associer à une zone d'exclusion aérienne en coopération avec l’Union africaine.

Chavez‑Kadhafi

Hugo Chavez s'est entretenu avec Mouammar Kadhafi d'une proposition d'envoi d'une mission internationale de paix pour régler le conflit en Libye, a annoncé mercredi le ministre vénézuélien des communications, Andres Izarra.

Lundi M. Chavez avait lancé cette proposition formée par plusieurs pays amis qui puisse faire office de médiateur entre le dirigeant libyen et les insurgés, en condamnant toute intervention militaire, qui, selon lui, serait “ une catastrophe ”.“ Et si au lieu d'envoyer des marines et des avions nous envoyons une mission de bonne volonté pour aider à ce que nos frères cessent de s'entretuer ”, avait-il déclaré.

“ Les Etats-Unis se sont déjà dits disposés à envahir la Libye. Et presque tous les pays d'Europe ” ont condamné la Libye. “ Que veulent-ils ? Le pétrole libyen , avait ajouté Chavez, qui dans les derniers jours a exprimé son appui au gouvernement de Kadhafi tout en gardant une certaine distance.

“ Moi, je ne peux pas dire que j'appuie, je soutiens et j'applaudis toute décision quelle qu'elle soit que prend un ami quel qu'il soit où que ce soit dans le monde, Hugo-Chavez-Michel-Collon.jpgavait notamment indiqué M. Chavez vendredi au cours d'un conseil de ministres. “ Mais oui, nous appuyons le gouvernement de Libye, l'indépendance de la Libye. Nous voulons la paix pour la Libye et nous devons nous opposer radicalement aux volontés d'intervention , avait-il ajouté.

Le Venezuela et la Libye se sont rapprochés ces dernières années. M. Chavez avait déclaré lors d'une visite de M. Kadhafi dans son pays en 2009 que les deux pays étaient “ unis dans un même destin, dans la même bataille contre un ennemi commun , l'impérialisme américain.

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 14:46

Le temps des peuples retrouvésfanon2.jpg

Epinay, dimanche, 20 février 2011

 

 

“ Le bruit rapide et tranquillisant des cités libérées qui rompent leurs amarres et s’avancent grandiloquentes mais nullement grandioses, ces anciens militants aujourd’hui admis définitivement à tous leurs examens qui s’asseyent et… se souviennent, mais le soleil est encore très haut dans le ciel et si l’on écoute l’oreille collée au sol rouge, on entend très distinctement des bruits de chaînes rouillées, des ‘ han ’ de détresse et les épaules vous en tombent tant est toujours présente la chair meurtrie dans ce midi assommant. L’Afrique de tous les jours, oh ! pas celle des poètes, pas celle qui endort, mais celle qui empêche de dormir, car le peuple est impatient de faire, de jouer, de dire. Le peuple qui dit : je veux me construire en tant que peuple, je veux bâtir, aimer, respecter, créer. Ce peuple qui pleure quand vous dites : je viens d’un pays où les femmes sont sans enfants et les enfants sans mère et qui chante : l’Algérie, pays frère, pays qui appelle, pays qui espère.

C’est bien l’Afrique, cette Afrique‑là qu’il nous fallait lâcher dans le sillon continental, dans la direction continentale. Cette Afrique‑là qu’il fallait orienter, mobiliser, lancer à l’offensive. Cette Afrique à venir. ”

 “ Unité africaine ” in Pour la révolution africaine Frantz Fanon

Librairie François Maspéro, Paris, 1964, 1969.

 

Je ne sais pas si vous êtes comme moi et si vous frémissez d’enthousiasme à la perspective fumante de fêter vos 55 ans de vie à bord du rafiot d’un monde sénile que dans notre jeunesse insoumise des seventies on s’acharnait à envoyer par le fond pendant que Salvador Allende se suicidait dans le Palais de la Moneda à Santiago du Chili le 11 septembre 1973 et que les avions de combat et les détachements armés des militaires qui l’avaient trahi détruisaient tranquillement le gouvernement de l'Unidad Popular, en même temps que ce dont nous autres les rescapés d’utopie on n’a pas cessé de rêver… Cette révolte des peuples d’Afrique que Frantz Fanon l’écrivain antillais militant de l’Indépendance algérienne imaginait avec l’intuition des passeurs de témoin quand il rédigeait ses articles à Tunis dans l’équipe des animateurs d’El Moudjahid dont ce sont les premiers numéros en 1957 qui renvoie à nos quinquets ravis quasi soixante ans après sa lumineuse évidence nous n’avons pas cessé de l’attendre…

Bien qu’on ne sache pas du tout quel avenir révolutionnaire pourra sortir sa tête de jeune tournesol encore fripé et prêt pour l’ensoleil total et sa bonté ni si la chaleur de l’astre rayonnant à Tipaza de gloire et de grandeur suffira à multiplier l’élan des fleurs solitaires que sont redevenus chacun des peuples après la grande et furtive union des Indépendances pour qu’ils se rejoignent enfin comme dans la toile du peintre de la maison jaune d’Arles en une nouvelle jeunesse éblouissante et fraternelle on ne peut pas ne pas croire que Fanon qui va mourir en 1961 sans avoir vu l’Indépendance de l’Algérie se réaliser ni “ cette Afrique à venir ” qu’il contribue à préparer à partir de mars 1960 durant sa mission en Afrique occidentale à Accra la capitale du Ghana, sait déjà d’où nous viendra le vent brûlant d’espoirs anciens et neufs de notre libération commune d’une commune aliénation…

En fait pris par sa passion urgente pour la prise de conscience de tous les peuples noirs qu’il aurait sans doute appelés le peuple noir et pour ce que Aimé Césaire nommait dans Discours sur le colonialisme les deux problèmes majeurs “ que la civilisation dite ‘ européenne ’, la civilisation ‘ occidentale ’, telle que l’ont façonnée deux siècles de régime bourgeois, est incapable de résoudre ” “ le problème du prolétariat et le problème colonial ”, Fanon sans hésiter a fait le choix de l’action dans le contexte d’une guerre de libération dont il était certain qu’elle était à la fois portée par une âme populaire et à la fois par le désir de tout Africain de rompre définitivement le tissage où il se trouve noué parmi les autres à la toile de l’esclavage.

 

“ Mettre l’Afrique en branle, collaborer à son organisation, à son regroupement, derrière des principes révolutionnaires. Participer au mouvement ordonné d’un continent, c’était cela, en définitive, le travail que j’avais choisi. ”

Notes écrites au cours de la mission en Afrique occidentale in “ Unité africaine ”, 1960

 

En revoyant les images du film de Patricio Guzman La bataille du Chili tourné entre 1975 et 1979 sur les décombres abandonnés aux caillots secs et aux épines barbelées sans mémoire de ce qui avait été une tentative de construction d’un autre état des choses humaines une société du peuple en actes et en devenir j’ai toujours du mal avec les dernières visions de ce peuple fuyant au moment de l’attaque de la Moneda par les forces associées des Empires fabriques d’esclaves et laissant Allende seul avec ses quelques compagnons face à l’oubli qui vient déjà… Moi qui ai toujours cru savoir avec Fanon que les peuples mais peut-être avant tous les autres les peuples d’Afrique par le fait qu’ils ont été tenus esclaves si tellement long temps sont capables de “ prendre l’absurde et l’impossible à rebrousse‑poil et lancer un continent à l’assaut des derniers remparts de la puissance coloniale ” ce que j’ai vu à Tunis et au Caire me redonne courage et foi en nous qui sommes aussi enfants de ce peuple rebelle et partageuxfanon_frantz_castro_fidel_03.jpg

Le temps est‑il venu enfin un temps réel et non plus un temps fantasmé un temps mis entre parenthèses du temps historique et laborieux ( ce temps volé de vie par chaque journée de travail abrutissant et répété ce temps fracassé ce temps en miettes ) des peuples où nous cesserons de regarder en arrière d’une manière nostalgique pour renouer le lien entre les actions accomplies et celles en train de se réaliser ? Un temps d’imagination populaire devenue action et création quotidiennes dans ce creuset des foules qui savent à nouveau s’organiser en communes et qui devrait être le nôtre… Un temps qu’on aurait pu appeler au moment où Fanon écrivait sur ce futur de l’Afrique le temps des peuples retrouvés ?

 

“ Entre la rupture avec le passé algérien avec, comme conséquence, l’installation dans une colonisation rénovée mais continuée et la fidélité à la nation transitoirement asservie, le peuple algérien a choisi. ”

El Moudjahid, n°22, 16 avril 1958

A suivre...

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 15:36

      Il y a plusieurs jours que je veux vous écrire quelques lignes au sujet de ce qui se passe en Libye qui n'est pas du tout à mon avis semblable aux révolutions tunisienne et égyptienne mais compte tenu de mon peu de connaissances concernant ce pays et de la difficulté de trouver des articles fiables et de bonnes sources... j'ai préféré attendre...

      Voici un article publié par le site qu'anime Michel Collon Investig'Action qui correspond à ma propre analyse des faits et qui vous permettra d'y voir plus clair dans ce chaos d'infos pas toujours bien vues...

 

La Libye et l’impérialismeworld_in_hands.png

Sara Flounders

 

24 février 2011

 

De toutes les luttes qui se déroulent actuellement en Afrique du Nord et au Moyen‑Orient, la plus malaisée à décortiquer est celle qui se passe en Libye.

Quel est le caractère de l’opposition au régime de Kadhafi et qui, rapporte-t-on, contrôle actuellement la ville de Benghazi, dans l’est du pays ?

Est-ce précisément une coïncidence si la rébellion a démarré à Benghazi, située au nord des champs pétroliers les plus riches de la Libye et proche en même temps de ses oléoducs, gazoducs, raffineries et port GNL ? Existe-t-il un plan de partition du pays ?

 Quel est le risque d’intervention militaire impérialiste, ce qui pose un très grave danger pour la population de toute la région ?

 

La Libye n’est pas comparable à l’Égypte. Son dirigeant, Mouammar Kadhafi, n’a pas été une marionnette de l’impérialisme comme Hosni Moubarak. Durant de nombreuses années, Kadhafi a été l’allié de pays et de mouvements combattant l’impérialisme. En prenant le pouvoir en 1969, à la faveur d’un coup d’État militaire, il a nationalisé le pétrole libyen et a utilisé une grosse partie de cet argent pour développer l’économie libyenne. Les conditions de vie se sont considérablement améliorées, pour le peuple.

Pour cette raison, les impérialistes étaient bel et bien décidés à écraser la Libye. En fait, en 1986, les États-Unis ont lancé des frappes aériennes sur Tripoli et Benghazi, lesquelles avaient tué 60 personnes, dont la petite fille de Kadhafi – chose que l’on mentionne rarement dans les médias traditionnels. Des sanctions dévastatrices ont été imposées à la fois par les États-Unis et par les Nations unies, afin de couler l’économie libyenne.

 Après l’invasion de l’Irak par les Américains, en 2003, et la destruction d’une grande partie de Bagdad via une campagne de bombardement orgueilleusement baptisée “ shock & awe ” ( choc et terreur ) par le Pentagone, Kadhafi a tenté d’écarter d’autres menaces d’agression contre la Libye en faisant d’importantes concessions politiques et économiques aux impérialistes. Il a ouvert l’économie aux banques et sociétés étrangères, il a abondé dans le sens des demandes d’“ ajustements structurels ” émanant du FMI, privatisant ainsi de nombreuses entreprises de l’État et réduisant fortement les subsides de l’État à l’alimentation et au carburant.

 Le peuple libyen souffre de ces mêmes prix élevés et du chômage à la base des rébellions qui éclatent ailleurs et qui découlent de la crise économique capitaliste mondiale.

 

Il ne fait pas de doute que la lutte pour la liberté politique et la justice économique qui balaie actuellement le monde arabe a également trouvé son écho en Libye. On, ne peut douter que le mécontentement suscité par le régime de Kadhafi motive une section signification de la population.

 Toutefois, il est important que les progressistes sachent qu’un grand nombre des personnages dont l’Occident fait la promotion en tant que dirigeants de l’opposition sont à long terme des agents de l’impérialisme. Le 22 février, la BBC a montré des séquences où l’on voit à Benghazi des foules qui arrachent le drapeau vert de la république pour le remplacer par celui du monarque renversé ( en 1969, NdT ), le roi Idris – qui avait été une marionnette de l’impérialisme américain et britannique.

 Les médias occidentaux appuient une bonne partie de leurs reportages sur des faits supposés, fournis par le groupe d’exilés du Front national pour la sauvegarde de la Libye, formé et financé par la CIA américaine. Cherchez sur Google en introduisant le nom du front plus CIA et vous découvrirez des centaines de références.

 Dans un édito du 23 février, The Wall Street Journal écrivait ceci : “ Les États-Unis et l’Europe devraient aider les Libyens à renverser le régime de Kadhafi. ” On n’y dit mot des chambres de commission ou des corridors de Washington sur une intervention destinée à aider le peuple du Koweït, de l’Arabie saoudite ou du Bahreïn à renverser leurs dirigeants dictatoriaux. Même avec tout le semblant d’intérêt accordé aux luttes de masse secouant la région actuellement, la chose serait impensable. Quant à l’Égypte et à la Tunisie, les impérialistes tirent sur toutes les ficelles possibles pour retirer les masses des rues.

 Il n’a pas été question d’intervention américaine pour aider le peuple palestinien de Gaza quand des milliers de personnes ont perdu la vie suite au blocus, aux bombardements et à l’invasion par Israël. Ce fut exactement le contraire : les États-Unis sont intervenus afin d’empêcher la condamnation de l’État sioniste occupant.

Il n’est pas difficile de voir où résident les intérêts de l’impérialisme, en Libye. Le 22 février, Bloomberg.com disait, à ce propos, que, tout en étant le troisième pays producteur de pétrole de l’Afrique, la Libye est en même temps le pays qui possède les plus importantes réserves – prouvées – du continent, avec 44,3 milliards de barils. C’est un pays à la population relativement peu nombreuse mais qui doté d’un important potentiel de production de bénéfices pour les compagnies pétrolières géantes. Voilà comment les grosses fortunes voient la Libye et c’est ce qui sous-tend les préoccupations qu’elles expriment quand aux droits démocratiques du peuple libyen.

 Obtenir des concessions de Kadhafi ne suffit pas, pour les barons impérialistes du pétrole. Ils veulent un gouvernement dont ils peuvent disposer directement, le cadenasser, le tenir en dépôt et le mettre en fût. Ils n’ont jamais pardonné à Kadhafi d’avoir renversé la monarchie et nationalisé le pétrole. Dans sa rubrique “ Réflexions ”, Fidel Castro, de Cuba, met en exergue la soif de pétrole de l’impérialisme et met en garde contre le fait que les États-Unis posent actuellement les bases d’une intervention militaire en Libye.

 Aux États-Unis, certaines forces tentent de lancer au niveau de la rue une campagne de promotion en faveur d’une telle intervention américaine. Nous devrions nous y opposer carrément et rappeler à toutes les personnes bien intentionnées les millions de morts et de personnes déplacées provoquées par l’intervention américaine en Irak et en Afghanistan.

 

 Les progressistes éprouvent de la sympathie pour ce qu’ils considèrent comme Libye.jpgun mouvement populaire en Libye. Nous pouvons aider un tel mouvement en soutenant ses revendications légitimes tout en rejetant toute intervention impérialiste, quelle que soit la forme qu’elle puisse revêtir. C’est au peuple libyen qu’il revient de décider de son avenir.

 

 Traduit de l'anglais par Jean-Marie Flémal pour Investig'Action

Source : www.michelcollon.info

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 21:54

Cet article est publié sur le site : www.info-palestine.net

Égypte : l’explosion des revendications ouvrières

Dimanche 20 février 2011Armee-egyptienne.jpg

Viviane Lafont - Lutte Ouvrière

 Bien peu de temps s’était écoulé depuis l’annonce du départ de Moubarak avant que les généraux du Conseil militaire suprême affirment dans un communiqué télévisé - le numéro 5 - que les “ Égyptiens honorables savent que les grèves, dans cette période délicate, produisent des résultats négatifs ” et “ appellent les citoyens et les syndicats professionnels et ouvriers à assumer leur rôle de la meilleure manière, chacun à sa place ”.

 Les travailleurs, ces “ Égyptiens non honorables ” sans doute, avaient depuis le départ du dictateur multiplié les mouvements de grève et les sit-in, au Caire et dans d’autres villes. Le responsable d’une organisation syndicale d’opposition jugeait même plus juste, plutôt que de se demander qui est en grève, de poser la question : “ Qui ne l’est pas ? ”.

On peut, malgré l’éloignement, se référer à de nombreux témoignages pour constater que, dans de multiples secteurs de l’industrie et des services, les travailleurs sont mobilisés pour que leurs revendications essentielles, sur les salaires très insuffisants, les conditions de travail souvent moyenâgeuses et la précarité des emplois, soient exprimées, publiquement, dans cette “ période délicate ”, comme la nomment les militaires au pouvoir.

Dans une Égypte de 85 millions d’habitants environ, comprenant près de 27 millions d’“ actifs ”, plus de la moitié de ceux-ci survivraient, selon une statistique syndicale récente, dans le secteur que les économistes nomment “ l’économie informelle ”, de ces petits jobs que tous les travailleurs des pays pauvres connaissent de près. Les autres, quelques millions de paysans pauvres, quelques millions de petits employés de l’État et quelques millions d’ouvriers et employés, ont depuis longtemps accumulé les raisons de se révolter.

Le salaire moyen, quelques centaines de livres égyptiennes, soit 50 à 70 euros, permet difficilement, même en cumulant plusieurs emplois, d’assurer à la fois le logement, les études des enfants et la nourriture de la famille. Dans de nombreux secteurs de l’industrie, étatisée ou privée, ainsi que dans la fonction publique, les emplois sont précaires et l’embauche n’est même pas obtenue, parfois, après des années dans la place. Dans les usines du textile, du ciment, dans des services, les équipes de douze heures, six jours sur sept, les heures supplémentaires non payées, sont quasiment la règle. Seul un syndicat officiel, appendice du pouvoir, réglait jusqu’à présent les salaires et les conditions de vie, en “ négociant ” avec directeurs d’usines et patrons !

 Les mouvements de la classe ouvrière se sont bien heureusement rendus très visibles quelques jours déjà avant le départ de Moubarak. Pour n’en citer que quelques-uns : 1 500 travailleurs de l’hôpital de Kafr ez-Zayyat, dans le delta, ont organisé un sit-in sur les salaires, bloqués depuis des années ; des milliers d’ouvriers de l’immense usine textile d’État de Mahalla el-Kubra ont fait grève pour les salaires et l’embauche des précaires. Les 15 % d’augmentation des ouvriers d’État annoncés en hâte par Moubarak avant son départ ne couvriraient, selon des syndicalistes indépendants, que l’inflation d’une année... 2 000 grévistes à la Coke Companyd’Helouan, dans la banlieue sud du Caire ; 400 dans l’aciérie de Suez ; des grévistes dans les usines d’armement.

Et après le 11 février les mouvements se sont étendus. 4 000 ouvriers des différentes minoteries de l’est du delta exigent 70 % de hausse de salaire. Ceux de la sucrerie d’El Fayoum, les employés de la poste, de la pétrochimie, de la banque nationale, de certains ministères formulent les mêmes revendications, et pour cause !

On ne peut pas dire que ces mouvements soient nouveaux, même s’ils sont étendus à de nombreux secteurs, s’ils semblent plus visibles en tout cas. Depuis plusieurs années, les grèves se sont multipliées dans l’industrie et les services, pour obtenir par exemple des primes permettant au moins de rattraper l’inflation, mais aussi pour tenter d’imposer des syndicats indépendants du pouvoir. Une vaste mobilisation des employés des impôts a ainsi abouti à la constitution d’un syndicat indépendant, le premier alors reconnu par le pouvoir. Et surtout, en 2007 et 2008, au milieu de mouvements qui depuis longtemps n’avaient pas compté autant de participants - plusieurs centaines de milliers de grévistes dans le pays au total, selon une ONG - deux importants mouvements ont bloqué à chaque fois pendant plusieurs jours la grande usine textile de Mahalla el-Kubra, où 24 000 ouvriers fabriquent les profits des privilégiés proches du pouvoir, des banques et des groupes capitalistes occidentaux.

Pour ses intérêtsEnfants-egyptiens.jpg propres, mais aussi pour ceux des millions de pauvres qui survivent avec moins de 1,5 euro, ou ceux des petits paysans spoliés depuis tant d’années d’au moins 6 millions d’hectares de terre, la classe ouvrière égyptienne a, espérons-le, seulement commencé à faire entendre sa voix.

18 février 2011 - Lutte Ouvrière - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.lutte-ouvriere-journal.o... 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 23:44

Quand nous n’aurons plus peurRevolution.jpg

Paris, 11 février 2011

 

Au peuple égyptien

Aux peuples

 

 

Mabrouk ! Mabrouk ! Mabrouk !

 

Un peuple vient de décider de son histoire de sa destinée avec son sang soleil qui a pris possession de la figure obscure du monde et l’a fait se lever oiseau rubis s’ébrouer s’égoutter à l’horizon ou on devine d’ici une lueur qui bondit hors de la grenade fraîche coupée là…

Un peuple vient d’écrire son histoire avec ses mots à lui des mots de pierres à ténèbres cassées au bâton d’olivier déjà criblé de petites feuilles et aux morceaux de ferraille des forges lavés de feu la nuit et la nuit et d’autres nuits de laine noire… et les pierres ont rempli les catapultes en planches de caisses d’oranges et les frondes bois de citronniers et les mains nues…

Un peuple a conçu cette épopée bonne à nos lèvres d’hommes en marche et affamés et il nous a nourris de cette Intifada couleur azur ce bleu d’Arabie qui nous arrive comme une météorite détachée de notre petite terre voyageuse et nous comble de poussière gourmande à mâcher lentement…

Un peuple qui a bu sa délivrance au fleuve abondant venu des plateaux indigo d’Ethiopie an‑Nil al‑Azraq plongé comme l’enfant du jour dans la source sacrée du Tana a écarté de ses poings gardiens de l’épeautre et des yeux turquoise des statues les gestes des géants prêts à jeter par‑dessus bord les pierres à encre et les rouleaux d’argile fraîche et à vendre nos destinées aux idoles anciennes qui ont tiré sur nous la couverture de braise des déserts…

Un peuple a porté sa jeunesse ouverte comme la fleur des baobabs en haut du tronc luisant d’abeilles de son désir dressé chaque nuit de notre fin d’hivernage et le lait de sa candeur a rendu aux pierres la clarté des promesses fécondes faites aux roses des sables et leur parfum fou…

Un peuple a poussé la porte de la terre accordée à notre joie de paysans et d’ouvriers et l’enfant de beauté est entrée avec à ses talons roses les bracelets de lumière douce et nous avons marché à sa rencontre dans la bonté du petit matin…

 

Mabrouk ! Mabrouk ! Mabrouk !

 

ALLONS ENFANTS D'ALGERIE, MARCHONS!


 

Rénia Aouadène11-fevrier-2011.jpg

 

Il est temps de se réveiller et de  dire que nous ne subiss ons aucune fatalité. On nous a fait croire pendant des décennies que l'Algérie était victime d'un sort qui la condamnait à subir la violence provoquée par ceux qui la gouvernent depuis 1962. L es Tunisiens ont dit non, les Egyptiens le hurlent chaque jour car Moubarak et ses sbires ne veulent pas céder avec la bénédiction de l'Occident inquiet de voir apparaître de réelles démocraties qui annoncent un profond changement, établi depuis “ la décolonisation ”qui en fait n'en était pas une.

Nous avons vu se multiplier des dictateurs, véritables amis des chefs d'état occidentaux qui n'ont cessé de fermer les yeux devant leurs exactions commises, leurs atteintes aux droits de l'homme, les emprisonnements, la presse muselée et l'absence de projets pour ces jeunes qui ont choisi la mort en Harraga que la vie sans rêves et illusions. Nous marcherons car chacun d'entre nous a versé le sang des siens pour qu'enfin nous devenions des citoyens libres et capables de faire un choix de vie en accord avec la Terre où nos aïeux n'ont cessé de semer les graines de la Liberté face aux nombreux envahisseurs qui l'ont souillée voulant nous mettre à genoux.

Alors que l'on a tenté de faire du peuple algérien, un peuple déculturé , celui-ci a montré qu'il s'était au fil des siècles enrichi et qu'il pouvait être fier de ses racines, de son histoire, de son passé.

 Nous marcherons car les autorités algériennes sentant le danger, continuent de brandir le spectre de l'intégrisme, histoire de réveiller en chacun d'entre-nous, les horreurs d'une guerre civile que nous ne devons pas  oublier car ils sont les seuls coupables de l'avoir engendrée à force de spoliation, de détournement des biens de l'état, d'abus de pouvoir ....

Nous marcherons parce que, nous devons rendre honneur à nos pères qui sont morts sous les balles de ces voleurs de Liberté qui déjà, se préparaient à s'accaparer notre histoire et à se prétendre les seuls véritables combattants de l'indépendance alors que les véritables héros se révoltent sous la terre de tant de mensonges et de tant d'ignominie.

Nous marcherons car nous voulons réhabiliter l'histoire, dire qu'il est temps de demander des comptes, crier que nous aspirons à la Liberté, au droit de choisir un avenir pour chacun des nôtres qui a préféré vivre sur sa Terre afin que chaque mère n'ait plus à pleurer le départ forPeuples.jpgcé de son enfant vers des lieux dont elle sait qu'il ne reviendra pas si nous persistons à baisser les bras.

Alors Enfants de l'Algérie, Hommes et Femmes en amour de ce pays, il est temps de hurler: Adieu despotes ! Nous sommes et nous serons des hommes libres, de véritables descendants d'un peuple Libre !

 

Demain samedi à Alger, le départ est fixé à 11 heures ( 10 heures GMT ) Place du 1er mai ( baptisée Place de la Concorde ) et le point d'arrivée est la Place des Martyrs, aux pieds de la Casbah et à l'entrée de Bab el Oued, théâtre traditionnel de la révolte.

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 21:33

Egypte : 3e semaine, 16e jour, et le régime s’enlise de plus en plusPlace Tahrir 9 février 2011

Mercredi, 9 février 2011

Robert Fisk - The Independent

             Le sang vire au brun avec le temps. Mais pas les révolutions.

 Ils ne passeront pas : les manifestants assis entre deux véhicules blindés de armée égyptienne sur la place Tahrir au Caire, hier, empêchent les soldats de réduire l’espace disponible pour les manifestants anti-Moubarak

De tristes pièces de tissu sont aujourd’hui exposées dans un coin de la place, les vêtements portés par les derniers martyrs de Tahrir : parmi eux un médecin, un avocat, une jeune femme, leurs photos suspendues au-dessus de la foule, les T-shirts et les pantalons teintés d’une couleur ressemblant à de la boue.

Mais hier, le peuple, par dizaines de milliers, honorait ses morts dans la plus grande manifestation jamais tenue contre la dictature du président Hosni Moubarak, une foule transpirant, poussant, criant, pleurant, des gens joyeux, impatients, craignant que le monde puisse oublier leur courage et leur sacrifice. Il m’a fallu trois heures pour me frayer un passage sur la place, deux heures à plonger dans une mer de corps humains pour pouvoir partir.

Bien au-dessus de nous, un photomontage horrible claquait au vent : la tête de Hosni Moubarak superposée à l’image terrible de Saddam Hussein avec une corde autour du cou.

 Les soulèvements ne respectent pas d’horaires. Et Moubarak va chercher à se venger de l’explosion renouvelée hier de colère et de frustration face à son règne de 30 ans. Pendant deux jours, son nouveau gouvernement de retour aux affaires a tenté de faire voir l’Egypte comme la nation retombant dans sa torpeur ancienne et autocratique. Les stations-service ouvertes, une obligatoire série d’embouteillages, des banques distribuant l’argent - mais en quantités suffisamment petites - des boutiques ouvertes mais avec précaution, des ministres siégeant sous les caméras de la télévision d’Etat, ainsi que l’homme qui resterait roi pour 5 autres mois les chapitrant sur la nécessité de ramener l’ordre - sa seule raison, a-t-il déclaré, pour s’accrocher fermement au pouvoir.

Mais Issam Etman a prouvé qu’il avait tort. Bousculé et secoué par des milliers autour de lui, il portait sa fille de cinq ans Hadiga sur ses épaules. “ Je suis ici pour ma fille ”, cria‑t‑il par-dessus la manifestation. “ C’est pour sa liberté que je veux que Moubarak s’en aille. Je ne suis pas pauvre. Je dirige une entreprise de transport et une station d’essence. Tout est fermé aujourd’hui et c’est difficile pour moi, mais je ne m’inquiète pas. Je paie mon personnel à partir de ma propre poche. Il s’agit de la liberté. Tout ceci en vaut la peine. ” Et pendant ce temps, la petite fille assise sur les épaules d’Issam Etman regardait cette foule épique avec émerveillement ; aucune scène d’Harry Potter n’arriverait à ce niveau...

tumblr_lfti58nFj31qz906xo1_500.jpgBeaucoup parmi les manifestants - ils étaient tellement nombreux à affluer vers la place hier soir que le lieu de la manifestation avait débordé sur les ponts du Nil et les autres places du centre du Caire - étaient venus pour la première fois. Les soldats de la Troisième Armée de terre devaient être à peu près 1 pour 40 000 manifestants, et ils se sont assis humblement sur leurs chars et véhicules blindés de transport, souriant nerveusement tandis que les vieillards, les jeunes hommes et les jeunes femmes étaient assis autour des chars, dormant sur le blindage, la tête sur les jantes en acier, une force militaire réduite à l’impuissance par une armée de dissidents.

Beaucoup ont dit qu’ils étaient venus parce qu’ils avaient peur, parce qu’ils craignaient que le monde ne perde son intérêt pour leur lutte, parce que Moubarak n’avait pas encore quitté son palais, parce que la foule était devenue plus petite ces derniers jours, parce que certaines des équipes de tournage étaient parties pour d’autres tragédies et d’autres dictatures, parce que l’odeur de la trahison était dans l’air. Si la République de Tahrir se dessèche, alors le réveil national sera terminé. Mais hier a prouvé que la révolution est bien vivante.

Son erreur a été de sous-estimer la capacité du régime de continuer à vivre, à survivre, à envoyer ses bourreaux, à éteindre les caméras et à harceler la seule voix de ces gens - les journalistes - et à convaincre les anciens ennemis de la révolution, les “ modérés ” que l’Occident aime tant, d’abandonner leur unique demande. Qu’est-ce que cinq mois plus si le vieil homme s’en va en Septembre ? Même Amr Moussa, le plus respecté des Egyptiens favoris de la foule, avoue se résoudre à ce que Moubarak poursuive son mandat jusqu’à la fin. Et triste, en vérité, est l’accord politique de cette foule innocente mais qui manque souvent d’expérience.

 Certains régimes produisent des racines de fer. Lorsque les Syriens ont quitté le Liban en 2005, la pensée libanaise était qu’il était suffisant d’élaguer la tête pour obtenir que les soldats et les officiers du renseignement quittent leur pays. Mais je me souviens de l’étonnement avec lequel nous avons tous découvert la profondeur des racines syriennes. Elles s’enfoncent dans les profondeurs de la terre du Liban, à la base même. Les assassinats se sont poursuivis. Et il en est ainsi en Egypte. Les voyous du ministère de l’Intérieur, de la police de sécurité d’État, du dictateur qui leur donne ses ordres, sont toujours en activité - et si l’on fait rouler une tête, il y aura d’autres têtes pour décider d’envoyer ces hommes cruels à nouveau dans les rues.

Certains en Egypte - et j’ai rencontré l’un d’entre eux la nuit dernière, un ami à moi -‑ qui ont un bon niveau de vie et soutiennent véritablement le mouvement démocratique et veulent que Mubarak s’en aille mais tout en craignant que s’il quitte maintenant son palais, les militaires puissent imposer leurs propres lois d’exception avant que la moindre réforme ait été discutée. “ Je veux voir des réformes en place avant que l’homme ne parte, ” m’a dit mon ami. “ S’il s’en va maintenant, le nouveau chef n’aura aucune obligation d’effectuer des réformes. Celles-ci devraient être convenues maintenant et être faites rapidement - c’est la législature, l’ordre judiciaire, les changements constitutionnels, les mandats présidentiels qui importent. Dès que Mubarak partira, les hommes avec du laiton sur leurs épaules diront : ‘ C’est terminé - Rentrez chez vous ! Et alors nous aurons une junte militaire pour cinq ans. Laissons donc le vieil homme rester jusqu’à Septembre. ”

Mais il est facile d’accuser les centaines des milliers de manifestants de naïveté, de manquer d’intelligence, d’avoir trop confiance dans l’Internet et Facebook. En effet, il est de plus en plus évident que la “ réalité virtuelle ” est devenue réalité pour les jeunes en Egypte, qu’ils en arrivent à faire plus confiance à un écran plutôt qu’à la rue - et que quand ils sont descendus dans la rue, ils ont été profondément bouleversés par la violence de l’Etat et la force physique permanente du régime, sa résistance brutale. Mais maintenant, goûter cette nouvelle liberté est primordiale. Comment un peuple qui a vécu sous la dictature a-t-il pu préparer sa révolution ? Nous, en Occident, l’avons oublié. Nous sommes si institutionnalisés que tout notre avenir est tout programmé. L’Egypte est un orage sans direction, une inondation d’expression populaire qui ne s’insère pas d’une manière ordonnée dans nos livres d’histoire révolutionnaires ou notre météorologie politique.

 Contestations.jpg

Toutes les révolutions ont leurs “ martyrs ”, et les visages d’Ahmed Bassiouni et des jeunes Sally Zahrani et Moahmoud Mohamed Hassan flottent sur des enseignes autour de la place, avec des images de têtes terriblement mutilées avec le mot “ non identifié ” imprimé à côté avec une finalité effroyable. Si les foules abandonnent Tahrir maintenant, ces morts auront été également trahis. Et si nous croyons vraiment à la théorie du “ régime-ou-chaos ” qui taraude toujours Washington , Londres et Paris, la nature laïque, démocratique, civilisée de cette grande protestation sera également trahie. Le stalinisme mortel des gigantesques bureaux gouvernementaux de Mugamma, le pathétique drapeau vert en lambeaux au siège de la Ligue Arabe, la garde militaire du Musée Égyptien avec le masque mortuaire en or de Tutankhamen - un symbole du puissant passé de l’Egypte - enterré profondément dans ses caves ; voici ce qui ceint la République de Tahrir.

Le jour 16 de la semaine 3 manque de la romance et de la promesse du Jour de la Rage et des grandes batailles contre les abrutis du ministère égyptien de l’Intérieur, et du moment, il y a juste une semaine, où l’armée a refusé les ordres de Mubarak d’écraser, tout à fait littéralement, le peuple sur la place. Y aura-t-il une semaine 6 ou un jour 32 ? Les appareils‑photos seront-ils toujours là ? Le peuple ? Nous ? Hier a à nouveau démenti nos prévisions. Mais ils devront se rappeler que les griffes de fer de ce régime se sont il y a bien longtemps développées dans le sable, plus profondes que les pyramides, plus puissantes que l’idéologie. Nous n’avons pas encore vu la fin de cette créature particulière. Ni de son esprit de vengeance.

9 février 2011 - The Independent -

Vous pouvez consulter cet article à :http://www.independent.co.uk/opinio...

Traduction : Abd al-Rahim

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 21:32

Charonne, 8 février 1962‑ 8 février 2011GD-FR-Charonne004.jpg

 

Ouaouf ! Vous devez commencer à le savoir que cézigue et Bonnie la chienne furax on crèche à Nation enfin par là… Sûr qu’on est bien placées pour ce qui est de manifs vu que plus précisément notre château des mirages il se perche sur le Cours de Vincennes pile à l’endroit où les autocars font le pied de grue des fois des centaines qui amènent les gaziers venus des régions… ça oui on est au parfum dès qu’y a une affaire de manif on n’peut pas la louper c’est pratique…

Aujourd’hui sur le coup de cinq heures on s’en va aux commissions faut bien croûter hein pardi quand même qu’on est des rebelles on a l’estomac dedans les talons comme tout le monde au moins deux fois par jour et la Bonnie elle c’est pas une minute qu’elle arrêterait de se goinfrer une horreur à satisfaire que vous imaginez pas ! Ouaouf ! Et sur le Cours y avait une ribambelle de cars qu’avaient pas été annoncés pourtant on peut le dire que je me tiens au courant je m’informe même que le plus souvent ça me rase trop mais j’voudrais surtout pas louper la révolution du siècle… si ça se trouve on sait jamais… 

Par ces temps c’est en Egypte que ça révolutionne sacrément et on en perd pas une miette ce qui fait que du coup on a des excuses de perdre un peu la boule concernant ce qu’il faut pas qu’on oublie et qu’est toujours près de notre cœur les frangins morts à c’t’époque où la révolution dans les pays arabes c’était pas pour demain… La honte quoi mais cette manif en souvenir des 9 personnes qui se sont fait tabasser par la police à la station de métro Charonne le 8 février 1962 à la fin de la manifestation organisée par le PC et la CGT afin de lutter contre les tueurs de l’OAS vous l’avez lue quelque part vous autres ? Pas de danger car mézigue comme je vous disais je me fais ma revue de presse tous les matins et plusieurs fois par jour : nib que dalle rien du tout ouallou !… 

Ouaouf ! Ouaouf ! Pas de commémoration publique pour ces morts-là pas plus que pour Céline pas de danger hein ?… Charonne c’est mon quartier j’y zone tous les jours ou presque et justement les commissions un hasard c’est de ce côté… C’est quand je descends du métro que d’un coup une grande bouffée de mémoire terrible me saute au museau… autour de la plaque qui a été mise y a seulement quelques années là en bas des marches de l’entrée du métro où les gens se sont fait assassiner y a un énorme tas de fleurs avec des mots d’écrits sur les rubans des couronnes c’est triste c’est dur et ça fait mal… Ouaouf ! J’avale une grande goulée de l’air du soir qui se fait frais en reluquant un gros bouquet d’œillets rouges posé là comme y en a au Mur des Fédérés au Père Lachaise pour la semaine sanglante de la Commune de Paris chaque année… C’est terrible tous ces morts qu’on a à commémorer nous autres les gens du peuple alors ! Ouaouf !

Sans causer de ceux qui sont restés au fond dedans les puits de mines comme à Courrières en 1906 où il y a eu plus de 1000 mineurs et jeunes galibots entre 14 et 15 ans de tués par le coup de grisou et le coup de poussier et des centaines d’ouvriers des fonderies qui bossaient au trois/huits et quand l’équipe du matin arrivait elle regardait à l’affichage s’il y’avait eu un mort dans la nuit… Ouaouf ! Ouaouf !… J’ai laissé là les couronnes et les fleurs rouges comme le sang des gens qui n’en a pas fini de s’écouler jusqu’au fleuve avec notre mémoire en me répétant que jamais jamais il ne faudra arrêter de se souvenir d’eux… Et que c’est à nous autres les rescapés de cette histoire d’un siècle si violent et si barbare d’en causer aux jeunes pour qu’ils sachent ce qu’un Etat peut faire si on ne se dresse pas fasse à lui comme l’ont fait les Communards pour l’empêcher de nuire aux peuples qui n’ont pas la conscience de leur aliénation… Ouaouf !…

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Charonne 8 février 1962 : Anthropologie historique d'un massacre d'Etat

Alain Dewerpe

Ed. Gallimard Folio, histoire, inédit, 2006

 

8 février 1962 : en réaction à l'offensive terroriste de l'OAS, une manifestation se heurte à la violence voulue de l'Etat. A la station de métro Charonne, devant les portes ouvertes, on relèvera neuf morts sous les coups de la police. Au-delà de la reconstitution des faits avérés, Alain Dewerpe pose des problèmes historiques d'un ordre plus général dans un livre qui servira de modèle à d'autres. Il traite d'abord de la violence d'Etat en démocratie représentative : organisé ou non, planifié ou non, le meurtre politique fait partie de l'outillage des actes d'Etat ; il a, même obscures ou contournées, ses raisons et son efficace. Il pose la question du scandale civique : à quoi l'Etat a-t-il droit ?

L'affaire pourrait se dénouer par la mise en place d'un récit moralement et politiquement fondé et partagé. Or, à travers une version d'Etat mensongère jusqu'à nos jours, ce règlement est demeuré historiquement instable. Il ouvre également sur les usages politiques et sociaux de la mort : la manifestation-obsèques du 13 février fut un des plus considérables rassemblements dans la France du XXe siècle. Comment comprendre alors que cette mémoire du massacre, faite de commémorations mais aussi de censures, de souvenirs mais aussi d'oublis, s'est effritée devant d'autres événements traumatisants de la guerre d'Algérie ? Faut-il l'écrire ? Cet ouvrage est unique en son genre.

 

Ci-dessous la présentation de cet ouvrage par Olivier Wieviorka ( Libération, le 11 mai 2006 ).

 

8 février 1962, les organisations de gauche, communistes au premier chef, appelèrent à protester contre la campagne d’attentats que menait l’OAS en métropole. Interdite par le pouvoir gaulliste, la manifestation ­ rassemblant sans doute quelque 20 000 personnes ­ fut sévèrement réprimée, les charges de la police causant neuf morts à la station Charonne. Au mépris de l’évidence, ce “ massacre d’Etat ” fut avec constance nié par les autorités politiques et policières, promptes à imputer la faute à l’irresponsabilité des chefs communistes, à la violence des manifestants, voire à une provocation de l’OAS. Il n’en fut rien, comme le démontre Alain Dewerpe dans un livre qui se pose et en leçon d’histoire et en monument de piété filiale, puisque Fanny Dewerpe, la mère de l’auteur, compta au nombre des victimes.

GD-FR-Charonne006.jpg

Charonne se situe tout d’abord à la confluence de stratégies antagoniques. Les communistes, en clamant leur colère, voulaient protester contre les violences de l’OAS, renouer avec une stratégie antifasciste favorisant l’union de la gauche, peser peut-être dans le futur règlement du conflit algérien.

 

L’OAS, pour sa part, cherchait à attiser la haine opposant gaullistes et communistes afin d’embarrasser le pouvoir. Autant de pressions que rejetait Charles de Gaulle. Ce dernier, par principe, souhaitait maintenir l’autorité de l’Etat, quitte à afficher un détachement hautain face au bruissement de l’opinion publique ; il n’éprouvait, par culture, aucune inclination pour les manifestations quelles qu’elles fussent ; face à une armée et une police sensibles aux sirènes de l’Algérie française, il voulait surtout prouver qu’il n’était ni le tenant du compromis, ni l’homme de la faiblesse.

Furent donc données des consignes d’extrême fermeté. A cette aune, Charonne ne résulta ni de la violence première des manifestants, ni des excès spontanés de la base policière. Car au rebours d’une légende tenace, les grilles du métro n’avaient pas été fermées ; les morts ne furent pas provoquées par la pression d’une foule cherchant à gagner les quais ; elles découlèrent des charges violentes de la police ( et non des CRS ) qui, usant sans retenue du bidule, se plut en outre à jeter sur les hommes et les femmes entassés dans les escaliers les grilles qui, d’ordinaire, protègent les arbres. Ainsi, ce “ massacre d’Etat ” fut dans une large mesure prémédité, même si cette violence s’accordait aux attentes de certains policiers que l’idée de casser quelques crânes communistes n’effarouchait guère.

 

Le drame suscita une vive émotion. La grève lancée le 9 février mobilisa plus de deux millions de participants et les obsèques, le 13 février, rassemblèrent, selon les estimations, de 125 000 à un million de manifestants. Le pouvoir s’entêta pourtant dans ses dénis. Aux mains de l’appareil d’Etat, presse et télévision se turent. Si une enquête policière fut menée avec rigueur, le dossier judiciaire fut prestement classé sans suite et l’amnistie du 17 juin 1966 mit un terme opportun à la quête des responsabilités.

Sur le plan civil, victimes directes et indirectes ne bénéficièrent que d’une faible indemnité, les tribunaux retenant la thèse d’une responsabilité partagée : du fait de l’interdiction, les manifestants auraient dû s’abstenir. Le pouvoir tenta de même d’effacer la mémoire du crime, interdisant par exemple, jusqu’en 1982, de manifester sur les lieux du drame.

 

Du ministre de l’Intérieur Roger Frey au préfet de police Maurice Papon, les responsables adoptèrent une stratégie fuyante, accusant tantôt l’OAS, tantôt les manifestants d’avoir provoqué le désastre avant de se rejeter mutuellement la faute, dans les mémoires rédigés après coup.

 

Brassant une réflexion de qualité sur les usages de la manifestation et les

Daniel-Fery-8-fevrier-1962.jpg

avatars de la mémoire, ce livre maîtrisé invite surtout à réfléchir sur la violence dont peut user un pouvoir, fût-il régulièrement élu.

L’implacable démonstration d’Alain Dewerpe suggère que la prétendue raison d’Etat a pu conduire à des crimes, pavé terrible jeté sur l’image iconique que l’on se forge souvent de la démocratie française en général, et du pouvoir gaulliste en particulier.


Jean-Pierre Bernard

Trente ans. Dessinateur à la direction des Télécommunications. Secrétaire de la section du PCF dans le 15e arrondissement de Paris. Père de trois enfants.

Fanny Dewerpe

Trente et un ans. Secrétaire. Famille décimée par les nazis. Mère d’un garçon de neuf ans. Elle est morte à son arrivée à l’hôpital Saint-Louis.

Daniel Féry

Quinze ans et demi. Apprenti à la SERP, la société qui assurait le routage de “ l’Humanité ”. Membre des Jeunesses communistes et de la CGT.

Anne Godeau

Vingt-quatre ans. Employée des PTT. Communiste.

Édouard Lemarchand

Quarante ans. Artisan menuisier, il venait d’entrer à l’Humanité comme vendeur organisateur.

Suzanne Martorell

Trente-six ans. Mère de trois enfants. Travaillait au service routage de “ l’Humanité ”.

Hippolyte Pina

Cinquante-huit ans. Maçon. Ce communiste avait fui le fascisme italien. Il a succombé à ses blessures le 9 février 1962 à l’hôpital Saint-Antoine.

Raymond Wintgens

Quarante-quatre ans. Typographe. Militant de la CGT.

Maurice Pochard

Quarante-huit ans. Deux enfants. Durement matraqué, il est hospitalisé d’urgence. Coma. Quatre opérations. Il meurt après deux mois et demi de souffrances.

 

Leny Escudero a écrit, en 1968, la chanson Je t'attends à Charonne, dédiée aux victimes

Charonne.jpg

Je t'attends à Charonne

 

L'automne va mourir

Et l'on entend déjà

Le printemps refleurir

Aux branches des lilas

C'est une éternité

Quand on est amoureux

Tu verras mille étés

Eclabousser ses yeux

C'est aujourd'hui l'hiver

Mais c'est encore printemps

La nature est au vert

Lorsque l'on a vingt ans

 

Marie oh Marie je t'aime

Tu es mon premier baptême

Marie que l'amour me pardonne

On m'appelle à Charonne

 

On l'appelle à Charonne

Et moi je reste là

Ni Dieu ni la Madone

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N'ont plus d'amour que moi

Ca me brûle le coeur

D'une douleur si tendre

Que c'est encore bonheur

Pour moi que de t'attendre

Je t'attends je t'attends

Comme l'oiseau qui mourut

 

D'attendre le printemps

Où ils s'étaient connus

 Marie oh Marie je t'aime

Tu restes mon seul baptême

Marie que l'amour me pardonne

J'ai si peur à Charonne

 

Il a peur à Charonne

Mon Dieu prends lui la main

Pour venir de Charonne

Il est long le chemin

Qu'elle est cette rumeur

Venue du fond des temps

 

J'ai si froid j'ai si peur

Daniel oh reviens t'en

Y'a notre vie à nous

Qui dort dedans mon ventre

Les fleurs s'mettent à genoux

Les fleurs te disent rentre

 

Marie oh Marie je t'aime

Tu es mon dernier baptême

Marie que l'amour me pardonne

Je t'attends à Charonne

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