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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

Said-et-Diana-2.jpg

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 18:21
    Ce matin j'ai eu au courrier la triste nouvelle de la mort de la femme de mon ami le poète Jean-Claude Xuereb qui est un proche de mon cher Jean Pélégri et que j'ai rencontré à travers lui il y a quelques années de ça...

      Comment écrire pour parler de ce genre de violence qui nous guette tous et comment l'expédier se faire voir ailleurs... moi je n'ai jamais été fortiche pour gribouiller des paroles qui règlent son compte à la grande ennemie alors voilà parce que le tristesse me va aussi mal qu'une paire de mouffles en été et que c'est trop dur la souffrance des êtres qu'on aime face à laquelle on ne peut rien...

      Juste des mots de poèmes écrits y a longtemps... Comme un vol de papillons étonnés au-dessus d'un champ labouré par les bombes... un peu de couleur dans notre désarroi partagé pour dire combien je pense à vous cher Jean-Claude même et surtout si ça ne sert à rien...

Ma mort pas peur d’accordAmandiers.jpg

Samedi, 6 Juillet 2002

Ma mort Oiseau Ruisseau Trésor

Ma mort Un manteau de feuilles d’or

D’où kangourou je sors

Ma mort Silex qui bouge dans le corps

D’un météore rouge

Ma mort Ecarlate prairie sans effort

Traverser le décor

Ma mort Cymbale emballe colibri l’aurore

Oiseau Ruisseau Trésor

Ma mort pas peur d’accord ?

 

Je serai le rire du bateleur

Comme un grand trou poussant là parmi les fleurs

Un grand trou-bleu mettra à nu mon cœur

Je serai sur la barque du passeur

Libellule émeraudant l’étang charmeur

L’étang charmeur s’y voient les voyageurs

Je serai ta jeune épouse ta sœur

Guettant au fond des eaux ton corps oiseleur

Ton corps oiseleur enivrera ma peurColibri

 

Ma mort Rosier Brasier Regard

Ma mort Et toi tendre nénuphar

Qui nage où je m’égare

Ma mort Ibis te couchant dans le soir

De mes îlots mémoire

Ma mort Une mouvante argile qui s’empare

De nos doigts douce amarre

Ma mort Amant m’enlace fiancé ton corps

Oiseau Ruisseau Trésor

Dune rouge Tadrart

 

Ma mort d’un coup de dé

Tu la tueras d’accord ?

 

Elle

normal Sahel Fennec

Lui Solitaire amant du vent

Aussi souple qu'un grain de sable

Aussi unique Aussi semblable

Que dix mille autres qui n'ont pas le même parfum

Ni la même couleur que lui

Mais tous ils ont la même peur

Il marche il marche vers la citadelle

De lapis-lazuli mêlé aux fleurs de sel

Lui solitaire et relié

Il marche pour la rejoindre

Mais qui ça elle ?

Elle La beautéNiger-Koima.JPG

Sa mère Elle la terre Son amie ?

La lumière des regards fraternels ?

L'eau fraîchement sauvage au cœur du puits ?

L'enfance nouvelle qui l'étreint ?

Elle femme aux doigts d'argile et de lin

Qui doucement amant du vent

Le berce d'odeurs de cannelle

Oui mais qui ça elle ? Elle

Tout simplement la vie.

vieille-bedouine.jpg

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 20:12

      Ecrire sur la peinture ma presque unique passion aujourd'hui c'est ce que je voudrais faire et je n'en aurai peut-être plus la force... Reprendre les crayons et les pinceaux un de ces jours sans illusions cette fois-ci rien que pour voir...

      Le Caravaggio... un des peintres qui m'a de toujours fascinée... mais il y en aurait si tellement à citer... El Greco... Michelangello... Rembrandt... Goya... Boticelli... Veermer... Vinci... L'Italie l'Espagne la Hollande... Les plus grands qui possédaient cette technique incroyable... Les glacis les sfumato les résines les huiles cuites les vernis...

      Mais le Caravaggio c'est autre chose encore à cause du clair-obscur comme Rembrandt... Je connais quasi toutes ses toiles par coeur et pourtant il y a longtemps que je ne vais plus dans les Musées... Mais mes bouquins d'art sont toute ma richesse tant qu'on ne vient pas me les prendre aussi... Et dès que j'en ouvre un alors le délire me prend... Et ça donne des choses comme ça... 

A-fresco

Caravaggio-L-amour-victorieux.jpg

“ Les lèvres (lavées de la mort) gorgées de mots

Elles donnent naissance aux fils multiples de la race sans Père.”

J.Sénac Le Mythe du Sperme Méditerrannéen

Sous un porche la vie m'attend

Dans sa chevelure de laine rouge

De tout mon corps qui s'efface

Je lui laisse la place

Sous la pluie elle se jette en sautillant

Enveloppée dans la laine rouge de sa chevelure

Mon corps mouillé la regarde danser

Et s'éloigner de porte en porte

Comme une enfant qui joue

Avec son ombre que le jour emporte

 

Sous un porche l'amour m'attend

Caravaggio-Le-belier.jpg

Avec son masque de jeune loup

Son masque de soie rouge

Mon cœur qui cherche un chemin pour traverser

Entre les gouttes de pluie lourdes

Comme des gouttes de plomb

Sans être vu par les bradeurs d'éternité

Se cache derrière le masque de jeune loup

Et s'enfonce sur la pointe des pieds

Dans les draps de soie rouge

Que ses amants solitaires offrent à la nuit

 

Sous un porche la mort m'attend

Avec sa verge de velours rouge

Dressée démesurément comme un sucre-d'orge

Et prête à me faire rendre gorge

A coups de poings A coups de pluie

De tout mon sexe tambour battant

La retraite entre les échafaudages géants

Où le petit homme noir de Florence joueMichelangelo-Ignudo.jpg

A me refiler une encablure de viande morte

Je repousse son désir de velours rouge

Qui étale son enduit d'éternité

Et s'égoutte d'un pinceau rageur

Je bouscule les Sibylles et les Géants

L'immortalité a fait son temps

 

Sous un porche la vie m'attend

A pleine bouche de jeunes garçons

A pleins baisers de corps volés à de vieux mecs

Tu ne crois pas que je vais passer ma nuit à poser

Dans ton atelier où la pluie dort

A l'abri des flaques de marbre

Alors qu'ils jettent sur moi

Leur toison de laine rouge

Et m'affichent fièrement

Dans le plâtre frais des tours

Vivante je suis la bouture cerise

De leur chair matinaleCaravaggio.jpg

 

Sous un porche l'amour m'attend

Comme un gamin sur un trottoir escroc

Rappeur de pluie Lapeur de lune

Peu importent les sillons d'écorce qui nous séparent

Je lui retirerai son masque de soie rouge

Et la pluie remontera sur nous

Sa couverture de doigts

A pas de jeune loup

Les souffles écarlates des peintures cuisantes

Nous ont marqués au cou

D'une même naissance

Je giclerai lueurcaravaggio1.jpg

Dans le cœur de sa nuit adolescente

 

Sous un porche la mort m'attend

Avec sa main de dieu comme un sexe bâtard

Qui façonne ma course à l'intérieur des pierres

Et lui cloue sa comète sur la voûte du temps

A fresco Je veux ma vulve comme un trou

Dans un ticket de métro

Je veux ma bouche comme la lune

Dans les miroirs ouverts

A fresco Je veux mes lèvres comme un glaïeul

Sur la verge de velours rouge des jeunes garçons

Qui se taillent à même la chair

De ma grossesse obscure

Un costume d'urgence fragile et dénudée

Refusant d'être mes filsMichelangelo.jpg

Sans plus attendre.

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 12:16

A mains nues

 Mardi, 1er mai 2012

Mains-d-ouvrier-copie.jpg

             

      Aujourd’hui plus que tout autre jour plus que jamais je tiens à dédier ce poème “ A mains nues ”que j’ai écrit il y a longtemps déjà et jamais publié en entier sur notre blog mais qui est paru dans le seul recueil du genre que j’aie pu faire sortir en 2003 Blues Bunker aux ouvriers et aux ouvrières… anciens et toujours paysans et paysannes… immigrés “ en quête d’une vie meilleure ”… pauvres et fiers travailleuses et travailleurs du monde nos compagnons nos camarades nos amis sur la terre…

“ A mains nues ” je l’ai écrit pour Sylvain que vous connaissez bien désormais et pour mémé Sylvie sa fille mon arrière grand­‑mère qui a commencé à marner dans les filatures du Nord à 7 piges sans sécurité de quoi ou qu’est­‑ce sans maladie sans retraite et qui aurait terminé sa jolie vie dans un hospice misérable sans un sou si la famille ne l’avait pas protégée et accompagnée sa vieillesse durant jusqu’à ses 98 ans…

meme-petit.jpg 

Mémé ma rebelle ma petite ma grande qui me racontait la pauvreté sans honte et l’exploitation du peuple ouvrier paysan solidaire… Mémé c’est par elle et par tous ceux qui comme elle ont connu la terre la mine l’usine les hauts‑fourneaux les ateliers toute une vie de labeur et de peine et qui n’ont jamais baissé la tête ni les yeux devant les sonneurs de morts et les semeurs de mépris que j’ai appris qui sont les miens et qui je suis…

Merci... vous êtes notre grandeur et notre délivrance.

 femme-de-mineur-78.jpg

 

A mains nues

main-petit-copie.jpg

Mains d’ouvriers

Sentinelles des fonderies

Mains orgues de barbarie

Dépouillées de la danse des petits singes

Et des sous de cuivre

Qui roulent dans la poussière bleue

Par les rigoles de lave cerise

Ouvertes comme une plaie

A l’intérieur des paumes

 

Mains sillons de terre rose

Sylvain-et-Palmyre-copie.jpg

Mains crevasses langées d’oripeaux

De moissons et d’abeilles sauvages

Labours de doigts livrés

A la houle des crinières

Mains caresses qui roulent

Sur les hanches des meules

Et mettent en boule les mésanges

Mains charbonnières

Fabriquant des nids de paille rousse

Pour les hommes blessés

Et les chevaux qui marchent sous la terre

 

Mains de femmes penchées

Qui glanent des escarbilles de verre

Afin de nous garder de l’hiver

Et de l’ennui

Mains farandoles et rondes folles

Sur le tambour creux des ruches troncs

Reines aux poignets d’écume

Femmes-du-textile-NetB-petit-format-copie.jpg

Battant le sable comme le cœur vert des vagues

Au‑dessus de nous

 

Mains de terre ocre‑rouge et de grand feu

Amantes éphémères des genêts

Couchant les outres crues

Comme des ventres où le pain lève

Dans le brasier de nos désirs enfouis

 

Mains de rebelles

Cousant la toile des drapeaux

Aux bambous des cerfs‑volants

Sentinelles des printemps écervelés

Montant aux branches des cerisiers

Légères comme des rouges‑gorges

Mains cueillant les épis‑bayonettes

Et les bombes de peinture‑sang

Dans la même nuit claire

 

Mains de sorciers sur les deux grands tambours

Tournent la ronde des enfants

Qui n’iront plus en guerre

Mains-d-Elo-se--crivant.jpg

Les œillets sont coupés

Mains ouvertes comme les pages d’un livre

Ecrit pour nous

Doigts d’encre et de poudre mêlés

Comment pourrais‑je oublier ce mur de pierres

Où vous êtes scellés ?

 

Mains de gueux

Mains de poètes

Pas un instant les plombs n’ont cessé de cribler

Les linges blancs

Des signes de reconnaissance

Que vous nous repassiez

Comme des phares

Aujourd-hui-hier.jpg

Entre les barreaux des caves

Mains d’écriture et de conterie

Oiseaux‑labeur échappés

Des poches de l’oiseleur

Paumes rongées par l’eau‑forte et le sel

 

Mains veilleuses allumées dessous la terre

Où les taupes aveugles dépouillent

Les châteaux gravés à l’intérieur

Des douilles de cuivre

De leur manteau de brume verte

 

Mains d’ouvriers

Mains d’immigrés

Mains d’aubes brûlantes comme une plaie

A l’intérieur des paumes

Portrait-chasse-copie.jpg

Mains coupées négligemment

Par les fabriquants d’orgue de barbarie

Mains‑guitares s’abattant à un certain stade

De l’oubli

Qui ne s’appelle plus torture

Mais machine‑outil

C’est fou ce que ces gens‑là aiment la musique !

 

Doigts flocons de neige envolés un à un

Tournent les pages

Comment pourrais‑je oublier mes livres d’images

Où un sang d’encre clair

Tache le bout de mes ongles

De l’empreinte de vos cœurs scellés dans la pierre

A en crier.

 oliviers.jpg

Mercredi, 25 août 1999

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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 23:38

      Le début de cette année 2012 est encore plus dure pour l'écriture que l'a été la fin de celle de 2011... J'ai toujours eu du mal à relier entre eux les fragments de mes récits pour en faire ces choses qu'on appelle... des livres... Ecrire pour moi c'est de l'enthousiasme à vif qui brûle et puis s'échappe... Sans doute pour ça que je ne suis plus guère publiée désormais car il faut un début un milieu une fin aux histoires hein ? Mais les miennes n'ont souvent qu'un début ou qu'une fin et pas de milieu... ça vous le savez bien...

      Voilà que je me suis acharnée à " finir " ces choses ces livres... et à les confier à des éditeurs qui n'éditent pas enfin pas moi... Rien de grave mais juste que sans porte la parole se ferme à moins que ça soit le contraire...

      D'où mon silence de ces derniers temps que vous avez remarqué hein ?

      Et puis voilà que sorti du bois où je croyais bien mourir de froidure l'éditeur ou peut-être l'éditrice a eu envie de publier peut-être... faut jamais s'avancer hein ?... le dialogue que je mène avec Leïla Sebbar depuis deux ans et qui est lui... achevé !

      Alors il se peut que l'écriture r'ouvre ses portes et ses fenêtres qui sait... au printemps hein ?

 

Antres-tuesNuit oasis 1
 
Un œil bleu dans une nuit de henné
Dans une nuit rouquine
Un œil bleu ouvert sur deux
Parenthèses de rimmel fugitives
Une paupière qui lèche des entre-ciels
Dans cette rue les porches sont lourds et mouvants
Comme des quais saouls où viendraient mourir
Des navires mais ils se tirent juste avant
Emportant leur cargaison furtive
Juste avant qu’un œil bleu les lave
Avec l’eau des aquarelles

Un quartier où le poids de la chair fraîche claque
Entre deux coupures mais pas de sang
Papier monnaie emballe beaucoup mieux
Que celui des boucheries
Des ballots de coton comme des sentinelles
Guettent la fin de la nuit
Les blanches matrones des plantations
De l’Afrique à la rue rouquine
Ont épongé mutines
Les fleuves de rubis
Le long des bras tatoués de la Cité
Ses bras brûlants d’amante ensorcelée
Qu’un œil bleu entre ouvre obstinément

Antres plombés à l’humidité de hammam
Eclaboussures sueurs des Négresses
Achetées par paquets jadis
Qui vernissent les strings des Boulevards
Des orchidées de doigts fleurissent sur les fesses
Des filles aux pesantes toisons
Les tenancières se parent d'elles
Un œil bleu ne les quitte pas malgré
Neige violette leur peau
Au bout des seins fripée
Un œil bleu à l’intérieur d’une cicatrice
Dans une nuit rouquine de henné
Les voit comme elles sont

Mille souffles chauds venus de dessous
Le blouson noir des trottoirs morts où crisse
La chair des hommes scarifiée au cou
Par le lacet des muselières
Mille souffles entre leurs cuisses se glissent
Dans ce goulot ils passent à nouveau
Fœtus mouillés au milieu des odeurs de pisse
D’oranges vertes de narcisses
Et de sperme météore
Hommes ils passent sans jamais les regarder
Comme s’ils avaient été tirés au sort
Par un œil bleu dans une nuit de henné

Rue Saint Denis le string des Boulevards se plisseSakountala-1976-Ch-teauroux-petit-copie-1.jpg
Le long des cuisses des rues
Rougies d’orchidées nues
Et ça me fait trop mal au ventre
Pour que je puisse donner encore à leur corps
Souillé mon œil bleu dans une nuit de henné
Une nuit rouquine
Où je me cogne cependant comme un navire
Entre les deux parenthèses rimmel
De leur vie que jamais
Personne n’a regardée comme elle est
Personne n’a entendue comme elle crie.

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 23:53

      Il y a des années j'aurais tout fait pour être peintre et j'ai peint durant vingt piges et je n'ai pas montré ça à grand monde... Ils y a des années que je voulais être écrivain et j'ai beaucoup écrit et j'ai un peu montré ça à pas grand monde... Aujourd'hui je ne sais pas bien ni ce que je veux ni ce que je suis et je n'ai plus envie de montrer ça à personne...

      Pourtant c'était un temps où l'espoir portait chacun de nous vers un grand idéal partagé... et déjà j'étais une voyageuse solitaire... Je ne crois pas que ce poème ait jamais été publié alors voilà...

      A Antonin et à Vincent... deux fous qui me font supporter ma folie...


“ Chacune des floraisons glacières de mon âme intérieure bave sur moi ”… 

A.Artaud  Oeuvres complètes Iartaud9.jpg

 

“ Floraisons glacières ”

 

Trottoir cinglant théâtre à vif

Jupe entrouverte avant les trois coups

Voiture gyrophare bleu exploser le décor

Odeur de pneus chaude à vomir pas possible de ralentir

Freins miaulant écrasés le sable a grimpé sur les planches

Un type à quatre pattes cherche au pied d'un rosier                

Son trousseau de clefs

Epine de glace dans le corps du rosier

 

Ville qui crépite et se déhanche

Maisons bidons juste pour rire

Murs fulgurants coups de poings écarlates

Achète ! c'est combien ?

Toute la cité est à vendre

C'est un théâtre gigantesque où les rats tiennent les chandelles

Et entretiennent les grimoires

De la lubricité géométrique

Moisissures sanglantes d'orchidées béton

Deux vieux regardent l'escalier en lambeauxVincent_van_Gogh_1872.jpg

Qu'un balancier fracasse lentement 

Poèmes implosés comme “ le cri de la vie ”

Dans une assiette d'encre 

 

“ Vous me détestez parce que je ne vous ressemble pas ”

Un type fatigué a laissé son costume de lézard au vestiaire 

Le garde-barrière habite une petite maison jaune

Dans les coulisses

Toit de chaume hérissé d'iris

           

Trottoir cinglant théâtre à vif

Masque de vieux clown                                  

Exonérer sa tronche des rides du hibou

Se voir est proprement dégueulasse 

Bas frontières entre ventre et parking

Arlequin à losanges noirs sur sexe blanc

Passer par ici repasser par là

Trou du souffleur à la fourrure louve

La douleur se marre comme un blouson noir

Camisole de glace au couteau flagrant

Bouquets de roses-haine dans des yeux enfants

 

Enfants barbares comptent leur fric dans les parkings

Le vieux clown joue sa vie sur le trottoir fragile

Les rats notent dans les grimoires

Que le trottoir est un théâtre

Trottoir frontière entre jupes rouges et bas noirs

Histrions purs comme l'épine de glace 

Qui défend le garde-barrière des trains voraces

 

La porte de la maison est fendue sur des champs

De tulipes rougeoyantes                                  

Des signaux d'alarme

Et des femmes courbées aux hanches larges

Le corps grand ouvert un type écarte les jambes

Au milieu de la ville en hurlant

Comme un soleil avorté

 

Trottoir cinglant théâtre à vif

Tournoiement des anges projecteurs soleils castrés

Dans la lueur de son visage     

Pourriture des mots au fond des flaques d'eau vertes   

Mangue-solitude dévorée par des yeux de jeunes loups

Qu'un sax incendie de silences             Ossip-Zadkine.jpg

Trottoirs creusés par des galops de doigts

Bleus gyrophares allument

Leurs jambes comme des aiguillages

Les loges sont remplies de blousons-noirs

Qui protègent les artistes affamés des courants d'ère

 

Trottoir cinglant un ange a entrouvert ma peau  

Avec une épine de glace et m'a faite rosier

Vous entendez bien rosier non pas rose

Et c'est pour cela que vous me détestez

J'ai griffé mes fleurs de glace

A la rampe de l'escalier

Chaque main posée sur elle

Sentira son cœur qui bat dans les décombres

 

La maison au toit d'iris mauves

Brille au fond des souterrains de ma mémoire

Je sais qu'il faut sautiller dans un champ de mines

Pour y parvenir

Un chien aux tendances suicidaires est assis

Au sommet d'un monticule d'escarbilles 

Les rails coupent les champs de tulipes rougeoyantes

De scarifications qui fuient

                       

L'homme au corps grand ouvert rayonne un soleil sanglant

A l'extrémité du sexe

Gouttes de sang dans les grimoires

C'est de nous tout ce qui restera

Moins qu'un costume de lézard

           

Trottoir cinglant Théâtre à vif

Pestilence des rues suant l'urine et les lilas                               

Des centaines de nez rouges se pointent

Dans l'herbe d'un terrain vague

“ Ça sent le rat crevé ”                        

Murmure la petite dame Vincent_Willem_van_Gogh_102.jpg

Dans le trou du souffleur

“ Parlez pour vous ”

Ricane le vieux clown

A quatre pattes il caresse les feuilles

Avec ses mains illusionnistes

“ Nous sommes en pays de barbarie ” 

Souffle la dame obstinément                           

Aux pieds ailés des anges incendiaires

Qui prennent leur envol                                   

En froissant leurs ailes de tôle

Dans les poussières de mercure

Leurs dents s'enfoncent dans la viande crue des étoiles

Mastiquent les mots avalent les lettres

Déchiquètent les points-virgules et les lilas

Sur la scène du parking désert les rats achèvent

De réduire à néant les grimoires

           

Une épine de glace a percé le cœur du rosier

Son cœur de chair seulement

Car son cœur de rose a explosé

En mille cathédrales d'odeurs inhabitées

 

Le garde-barrière de la petite maison

Au toit d'iris a conservé

Secrètement quelques grimoires

Sûr qu'ils se souviennent

Que le dernier train est passé juste à l'heure

Où un type se faisait dans sa baignoire

Un mauvais sang d'encre

 

Deux vieux assis au cinquante quatrième étage

Dans l'escalier de la Tour Azur

Qui résonne de coups de canne et de hululements

Regardent quelques centaines de mètres plus bas

Un homme au corps grand ouvert leur faire signe

Que la répétition va commencer

 

Trottoir cinglant théâtre à vif

Des filles hiboux chassent en rase-bitume                                

L'asphalte rend gorge des mecs au sexe fric1857.jpg

Petite lampe du géomètre lubrique                              

Guide client pas regardant

Achète ! c'est combien ?

Toute femme est à vendre

C'est un bordel gigantesque     

De triangles éphémères 

Où les écureuils font les fous               

Pas de murs qui résistent

A leurs griffes rouillées

 

Ils entrent un à un                                           

Dans les bocaux de verre des épiciers

Et rapportent aux filles et aux poètes

Des poignées de berlingots acidulés 

Et d'étoiles d'araignées

Incandescente indécence

Des trottoirs lucioles aux trésors dévoilés

Où j'ai traqué pour leur déplaire

Le corps de la rose et le cœur du rosier

 

La petite maison au toit d'iris

Est retournée se blottir

Dans son rectangle flamboyant

Il n'y a plus de refuge pour les enfants barbares

Sauf les grimoires ensorcelés

Où les anges noirs et blancs

Se glissent dans les coulisses

Enjambant la ligne rouge qui sépare

Les trottoirs-saltimbanques

Du ventre mou des honnêtes gensA-Artaud.jpg

           

Au  milieu de la ville

Un type au corps grand ouvert comme un livre d'images

Tourne les pages vierges de l'été

Où tombent une à une les épines de glace

Des étoiles d'araignées.

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 22:31

Histoire sans paroles

En-ballon.jpg

 

Oh ! Etre qui rebondit au rebord des nues

Que fais‑tu là sur cet asphalte de papier

De ce désert ta forme survenue

Oh ! Etre tellement inconnu que je crois

Jeune marionnette par des doigts agités

Encore l’avoir inventée mais c’est toi

Qui redessine ma vie à volonté

 

Oh ! Etre de brume chaude et de pain

Que tu partages fol avec les oiseaux

Scotchés nous parlions dans le bitume à l’étroit

Les clochards et les rats passent la porte enfin

De la citadelle enchantée où le château

N’est rien que le secret du dessinateur

Sur le désert parking de ses cartons en tas

 

Oh ! Etre de feuilles et de poussière

Ricoche à chaque image ton rire moqueur

Comment es-tu monté dans ce train où

Je t’ai rencontré tu n’existes qu’à travers

Premi-re-page.jpg

Mes mots qui sautent les tourniquets des gares

Dans les escalators s’assoient sur les genoux

Des personnages fatigués de leurs histoires

Et parmi les calques jetés sur le trottoir

 

Oh ! Etre mirage à l’eau du pinceau

Se mêlent tes désirs d’habiter un empire

Se frottent les couleurs de tes oripeaux

A bord de mes bulles nacelles tu te tires

De la citadelle où l’encre a le dernier mot

Oh ! Tu enjambes comme on sort d’une marelle

Le trait noir qui te cerne ainsi qu’un faire part

Nous dormons ensemble dans des nids d’hirondelles

 

Oh ! Etre qui jaillit là dehors de la ville

Dont je ne connaissais rien encore ou si peu

Petite créature bien plus grande que

Les héros les vainqueurs les sauveurs et les dieux

Tu traverses le hall de la gare hostile

Page2.jpg

Et viens changer ma vie d’un tourbillon de feu

En posant sur ma peau le froissement fragile

De ta peau tatouée par mes mots à musique

 

Oh ! Etre qui prend de mes mains la plume

Le papier l’encrier la règle le buvard

Et les jette très loin sur les trottoirs d’écume

Tu pousses toutes les portes des grimoires

Tu chevauches sans peur des destriers de paille

Plus légers qu’une feuille perdant la mémoire

Pour venir me rejoindre Oh ! Mon amant canaille

Toi et moi déchirant tous les livres des gares

Pour venir me vêtir de tes bulles silence

Visage-d-tail.jpg

Toi et moi effaçant des tableaux noirs d’enfance

Les mots de craie si lourds qu’ils ont tué l’histoire

Oh ! Ami retrouvons notre incroyable errance !

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 21:58

      Voici la fin du poème commencé il y a pile un an que j'avais appelé alors " Déjà qu'il neige sur la lune " qui est une de mes goualantes d'infini et que j'ai rebatisée " Le trompettiste de l'Armée Rouge "... J'ai repris quelques-uns des vers déjà publiés dans le passage précédent début 2011 pour que vous vous y retrouviez un peu... Bon... vous avez l'habitude de mes écritures éclatées hein ? 

Le trompettiste de l'Armée Rouge

Chameau de chat

Aujourd’hui ils ont décidé

Hier ils décidaient déjà

J’ai 50 ans je descends du métro à la station Edgar Quinet le jour del a St Jean ce sont mes retrouvailles avec la lumière

Il fait tellement chaud au bord du grand champ de blé jaune et les fleurs de tournesol me grimpent entre les doigts

Sur le quai il y a un homme assis vêtu d’un uniforme de l’Armée Rouge qui joue de la trompette avec entre ses pieds aux bottes de cuir déchirées un sac en plastique bourré de cannettes de Chimay et de Kriek

Et c’est le dernier rendez‑vous qu’on s’est fixé avant que le présent nous remette chacun à notre place le cimetière du Montparnasse ça n’est pas loin

En coupant à travers les prairies qu’on connaît comme notre poche lui et moi nous marchons à la boussole C’est une vieille habitude qui permet d’égarer le chien du temps qui renifle les solstices aux aisselles citronnelle et les équinoxes aux crinières réglisse

Le soldat de l’armée rouge ne transpire pas nous fumons comme des lessiveuses de neige fondant dans le four des locomotives en prenant d’assaut l’allée 4

Ses cratères de lune aussi gros que des terriers de loups aux corridors incroyables tout au bout Fatima silhouette accroupie

Impatientes ses lavandes et sa djellaba bleue a balayé la terre la ghessa creuse son trou remplie de couscous sur les feuilles de bananier

A l’abri de la stèle dressée les azulejos que le jardinier de l’Alhambra de Grenade m’a donnés dessinent ton nom vols saugrenus Yahya

Martins pêcheurs orange et turquoise frôleurs de bougainvillées violets noyés dans leurs miroirs Fatima allume les écorces des araucarias

Cavaliers corps d’arbres leurs talons crevasses que ton oncle a menés jusqu’au Jardin d’Essai à Alger éloignent leurs lucioles de camphre clignotant les passants de l’intention folle de s’arrêter

De ce côté‑ci du temps brasier nos cérémonies du passage du feu à d’autres roses de sel les bâtons de pluie sont plantés ils avouent notre peau qui veut retourner à la chaleur d’un désespoir jaune

Et la tribu des salamandres cogne sa tête contre tam‑tam peau de chèvre le soleil la tend et on entend leurs coups petits et sourds qui lancent pierres d’horizons de l’autre côté

Magiciennes elles peuvent le forcer à descendre en marche à midi aussi La tribu avance vient lance c’est Potick le chien de la ferme y a cinquante ans

Hey Man tu te souviens hein ? tu te souviens ? 

Potick museau bâillonné les boit météores mais nous ne voulons personne pour la danse lente du retour qui s’achève dans son déluge capricieux

Ruissellent les fleurs coupées aux têtes de serpents de cendres décapités qui agitent leurs khals‑khals comme des grands anneaux d’astres morts autour de leur cou

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Hey Yahya ! est‑ce que tu te souviens ? La face de cette journée sans ombre nous a emportés reliés à la chair immobile de la gloire et du soleil ô son royaume de pierres au jardin de Tipaza

Alors le soleil pas encore le couteau planté le fracas pas encore le charnier sourd églantines Sétif

Pas encore les épaves d’Orient citadelles d’hommes aux soies vendues pas encore l’Afrique dénudée ses ors caraïbes sucrant nos petits noirs sur les tables des bistrots Porte d’Orléans

Pas encore le soleil perdu dans les paumes de Fatima alors la nuit chaque poignée jetée sur ton nom couché te fait tressaillir sa bonté désaltère de lait salé nos déserts

Et le soldat de Stalingrad boit et souffle dans son soleil trahi jusqu’à ce que l’aube rouge vente et emporte la poussière sang sur le visage de Fatima qui a fini de s’éloigner pour un salut définitif à l’Afrique de Sankara et à l’Ukraine de Makhno

Le soldat de l’Armée Rouge a saisit sa trompette et joue Petite Fleur au milieu des oiseaux de marbre qui rient et reprennent le refrain

Il joue il joue pour toi Yahya et pour Fatima la danseuse au ventre troué par un arc‑en‑ciel qui sort du robinet et qui remplit les arrosoirs de vert de bleu d’orange d’indigo ça suffit pour commencer

Et personne ne nous empêchera de balancer le rouge et le jaune des bombes aérosol à la figure des fabricants de livres qui racontent la guerre aux enfants

Et personne ne nous empêchera de les traiter d’assassins censure les mains et de leur couper la parole

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Hey Man ! Est‑ce que tu sais qui je suis ?

Hein ? Est‑ce que tu sais… toi le philosophe qui sucre ton café noir avec d’obscènes petites dents de lait

Les enfants sans tombeau de Palestine et de Libye renaissent déjà d’une rage d’encre et du hululement de mille trompettes solaires 

Je suis celle qui va t’enfoncer une épée de papier à travers la gorge et te clouer à ton miroir de phosphore comme l’image même de la mort

Hey Man ! Ta charogne idéale d’un monde Damoclès à l’étalage des boucheries je l’ai filée aujourd’hui dans la poche de l’uniforme du soldat de l’Armée Rouge qui est reparti bras dessus bras dessous avec Fatima

Et je te jure que là où ils vont il n’y aura personne jamais pour décider à notre place

Hey Man ! Je te jure qu’il n’y aura personne jamais pour retirer aux

Soleil enfants d’Afrika demain

Le chant noir de nos poèmes au bout du petit matin.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 23:16

Ce poème que j'ai écrit il y a quelques temps déjà pour la mort de Yasser Arafat et je ne retoucherai pas un mot... ne me reste plus qu'à en écrire un pour Mouamar Kadhafi...

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11 novembre 2004

A Yasser ArafatMain.jpg

 

Ce matin encore

A rien pu la mort

Des mangeurs de Dieu

Est truqué le jeu

De désert encore

Relanger son pieu

A pas été vieux

Embarque à bon port

Et juste s’endort

Si vous faites mieux ?

Y’a à peine un corps

Qui cadavre à mort

Au clair de ses yeux

Se mare la mort

Un pays soucieux

Chagrins corridors

Fait la peau aux Dieux

Ce matin encore

C’est pas du sérieux

Arafat est moreDarwich.jpg

 

Qu’est‑ce qu’ils ont avec la mort

Journalistes toréadors

Chaque jour ils sont au rapport

Depuis cinquante ans qu’ils ont tort

Mais la mort quand on s’y abonne

Ça Palestine les colonnes

C’est vrai vivre en héros ça donne

Chaud je suis Dieu qu’on me pardonne

J’ai tiré votre carte au sort

Pas de géants je suis d’accord

Mais j’ai des fleurs pour ce décor

Sans peuple une terre c’est more

Commode pour les bulldozers

Vos maisons je joue au poker

Bougez pas moi j’ai votre affaire

J’écris deux mots sur votre enfer

Gaza gazouille bleu ses sources

On tisse la laine des ourses

Pour faire de joyeux burnous

Je suis Dieu je vous aime tous

 

Arafat est moreArafat-copie-1.jpg

S’élance son corps

Sur le temple d’or

Du dieu du soleil

Désert de Libye

Qu’est‑ce que ça dit ?

Trouver l’eau ici

C’est un coup du sort

Des sources pareilles

Au raisin des treilles

Palestine éveille

Des nappes de fruits

La lumière belle

S’enroule et ruisselle

Trésor des chandelles

Autour de son corps

Arafat est more

 

Dessous les oliviers

Repas de lait caillé

De pain et huile fière

L’eau on vous l’a pillée

Vos puits c’est mon trésor

Je suis Dieu je suis fort

Assis sur mon derrière

On vous vendra très cher

Des machines à traire

Des troupeaux morts de soif

Je suis Dieu je fais gaffe !

Je suis le mirador

Qui cloue debout vos corps

Aux murs des vieux ghettos

Pour se venger d’eux‑mêmes

Ils vous feront la peau

Mais Arafat est moreArafat_Darwish_Habash.jpg

 

Et qu’est‑ce qu’ils ont avec la mort

Depuis le temps qu’ils jettent dehors

Les peuples amoureux du soleil

Et tous les Indiens dresseurs d’abeilles

Résistant à leur désir de faire

De leurs vergers joyaux une terre

Promise à de fort riches affaires

Encore un mur mais c’est la dernière

Fois qu’on rejoue à la même guerre

Partez ! Foutez le camp de chez vous !

Je suis Dieu Pan ! Arafat est mortarafat-2.jpg

Un grand drap blanc se pose sur vous

Et que renaisse votre jeunesse

Du pain frais des olives son corps 

Bonne nourriture infante ivresse

Palestine terre où le temps laisse

Aux enfants l’oubli d’un mauvais sort

D’un ghetto qui dure et dure encore

Mais contre vous a rien pu la mort

Je suis un homme et je vous aime tous.

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 21:56

 

Permission de sortie

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Enfance c’était une gare terrible

Où tout s’arrêtait où tout s’épongeait

L’encre sur les doigts avec un mouchoir

Oh ! que j’aimerais Oh ! que j’aimerais

Oiseau colibri savoir inventer la pluie

Avec tes ailes m’envoler jouer tam‑tam

Tam‑tam canne à sucre et puis voler ton âme

Les murs des gares sont en papier buvard

A l’envers tout est écrit mangue ouistiti

Enfance un jeu de massacre une cible

Trop petit pour atteindre le comptoir

Où on dégomme les cafés noirs des gares

Depuis combien de stations on rame

Enfance c’est le crapaud tambourineur

Qui annonce : “ Descendez tous station souffrance ! ”

Quais rails sifflets on connaît ça par cœur

Sous le préau en rangs bérets noirs silence

Enfance c’était une gare de triage

Où tout était joué où tout était triché

Mouchoir déchiré pour bloquer l’aiguillage

Oh ! que j’aimerais Oh ! que j’aimerais

Perroquet turquoise couper par la forêt

Aux lianes phosphores tailler dedans

Et planter de petits totems devant ta case

Dans les halls des gares pupitres en bois blanc

Attendent la cérémonie où on rase

Nos crânes nostalgie mangue ouistiti

Enfance une permission de sortie toujours

Refusée des morceaux de verre pour gratter

L’encre sur le bois oiseau colibri

Sous nos paumes sentir l’âme des crapauds lourds

Monter monter vers nos désirs de tuer

Et de s’asseoir sur les tabourets du bar

Devant combien de quais attend‑on dans le noir

Que les pupitres soient des palétuviers

Bolongs.jpg

Des bananiers géants pour enfance t’aimer

 

Enfance c’était une voix de gorge

Où on se moquait de tout où on cassait tout

Mouchoirs aux fenêtres d’un furieux voyage

Oh ! que j’aimerais Oh ! que j’aimerais

Colibri sortir des statues mortes debout Colibri 

Dans des cimetières où personne ne va                        http://mississippi.centerblog.net

Déposer des petits baisers sur vous amis

Et des cailloux polis mangue ouistiti

Par l’océan lavant les quais à coups de jet                 

D’encre fraîche dans l’herbe qui ne pousse pas

Au milieu des buvards épongeant l’histoire

Que personne n’écrira sauf les murs des gares

Enfance arrêtée là tasses entre les doigts

Figée en morceaux on dirait un coup de feu

Qui règle le problème de la monnaie

Pendant que les grandes tribus de crapauds bleus

Tambourinent tambourinent et voilà

Qu’à l’intérieur du totem de pierre ou de bois

Bat des ailes colibri l’enfance qui meurt

Enfance c’était une station sans arrêt

On montait dans la locomotive à vapeur

Pour vêtir d’un costume toujours rouge et noirOiseau-miroir.jpg

De fumée indécente déesse des gares

Des vieux artistes fous les cadavres en fleurs.

 

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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 22:40

Ma main a dit Non

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Epinay, lundi, 31 octobre 2011

Ce matin en poussant la porte d’un petit bistrot populaire

J’ai vu le journal posé sur le comptoir tranquille

Et tout prêt pour une belle journée docile d’hiver

J’ai vu l’image brutale au milieu de la page du journal

Exposée au coup d’œil machinal des travailleurs de l’aube

Au regard curieux des marchands d’armes et de dieux

Depuis la veille le papier chiffonné couvert de taches brunes

Eveille l’appétit des vieux collectionneurs d’oreilles mâles

Ce midi ils emballeront leur casse‑croûte à la viande crue dedans

Depuis la veille le sang a séché au soleil des vitres pâles

Mais le journal est toujours là épouvantail montrant ses dents

Etalé sur le comptoir gris pareil à un linceul sale

Attendant la nuit entière une lessive de larmes et de clarté

Une pluie bienfaisante pour une ville hérissée d’incendies blancs

Où des corps d’enfants captifs se font à leur cocon de pierre

Sage fourreau définitif qui les protège des bombes et du temps

Je connais une ville qui a des tombeaux plus hauts que les pyramides du Nil

Ses immeubles sont des sarcophages de verre fondu très présentables

Une architecture nouvelle sulfure sortie du four céleste

A enseveli tout un peuple perdu dans le désir dément d’un mercenaire

Assis devant son écran la bouteille de whisky vide entre ses cuisses

J’ai posé ma main dessus l’image nue et ma main a dit Non   

Non à la déesse mort et à ses serviteurs obscurs Non aux clichés obscènes

De l’homme supplicié qui viennent souiller l’enfance à peine sauvée

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Des gamins blacks de Cap Town nageant joyeux dans l’océan à Boulders Beach 

Non à l’histoire tronquée de l’homme supplicié soutenant seul l’ANC

Non à la mémoire d’Afrique trafiquée par les fabricants de fausses nouvelles

J’ai posé ma main sur sa figure fière et ma main a dit Non

Le patron m’a servi un café tiède et gras dans une tasse fêlée

Le type à côté de moi au bar suçait son pastis et son regard lisse

A tracé de la page à ma peau une exquise ligne de mire

Parfaite pour le fusil mitrailleur d’un exécuteur errant

Il a glissé son index furax en direction du journal avec un gros rire

Son crachat éclaboussant la sciure à mes pieds a fait sursauter

La chair fraîche des proies au fond du souvenir empaillé des chasseurs

Je l’ai senti me souffler dans le cou une odeur de charogne

Je l’ai entendu dire d’une voix de philosophe abruti par la peur

Entre les murs de sa chambre d’ombre bardés de photos de guerre

Si ça ne vous plaît pas foutez le camp ailleurs

Mais il n’y aura jamais personne pour m’empêcher d’être là appuyé

Au comptoir d’un bar à bière bon marché à café froid et à tueurs embusqués

Derrière le masque banal d’un des habitants du quartier

Et d’y rester toutes les heures qu’il faut pour dévisager la haine

Epinglée au revers de leurs mimiques repues d’assassins mécaniques

Avec qui je ne partagerai plus les raviolis sauce tomate au sang noir

Dans le réfectoire de l’école communale à la cantine de l’usine

A la table interminable du domaine agricole avec qui je ne partagerai plus rien

Et ma main a dit Non et ma main a arraché la page du journal

Qu’elle a déchiré en centaines de pétales de fleurs de grenadiers

Qu’elle a envoyé au nez des voyeurs du lundi matin au dimanche soir

Et ma main a cherché dans ma poche la monnaie pour payer le café

Elle a jeté les pièces sur le comptoir poussé la porte sans dire au revoir

Dehors j’ai essuyé mes paumes en sueur le matin frais m’offrait

Une grande lampée de tilleuls en maraude et d’érables sucrés

Le rire des mésanges et la lenteur du temps et j’ai songé content

A mes ennemis qui ont été mes amis bien avant que la guerre les ronge

Abattant un à un mes rêves d’une Afrique sœur au fusil mitrailleur

Esclaves de l’or et de la gloire parés pour de futures impostures

Marchands d’images costumés de mirages et de décadences

Et ma main a dit Non si souvent elle avait tenu la leurMain-de-mendiant-Dom-copie.jpg

Semblable au poète son âme au creux de sa paume ouverte

Je suis rentré chez moi c’était à deux pas il faisait doux

La solitude me va comme un gant de neige et de fourrure

Loin des bourreaux le sable assoiffe nos pages d’innocence.

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