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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 22:36

008-desert-blanc-egypte-fennecAsikel la première transhumance

Mercredi, 27 avril 2011

Ecoute… écoute… je voudrais te raconter une histoire…

 Yurugu le petit fennec blanc du géant maître des déserts As‑Sahhara comme tous ses frères aux pattes légères n’est petit que par la taille et surtout pas par le cri… Riaouh ! Riaouh ! Riaouh !… L’appel d’Yurugu le solitaire descendu de la falaise de Bandiagara pour rejoindre par la danse la cité fantôme aux murailles claires de Ghat lui l’errant condamné à faire le nomade sur une terre impure et sèche perce de sa flèche d’argent l’écran des brumes de sable bien mieux que le hurlement de tous les chacals du Fezzan… Riaouh ! Riaouh ! Riaouh !…

Le cri de Yurugu ricoche de l’aube à l’aube et rebondit sur la crinière de gouttes sèches des ergs… Riaouh ! il se faufile entre les touffes des acacias épineux barbelés nains gris turquoise qui font blessures fugaces aux pieds mêmes des Touaregs et tam‑tame dessus le ventre rond des peuplades de coloquintes du Tassili Maghidet aux tatouages mandarine et jaune awragh filles du soleil Asafuk… Hop ! et Hop !…

Ecoute… écoute…

Les murailles de banco rouges barbouillées à la craie que les pierres roulées en bas des irrekanes aiguilles dressées les veilleuses de l’erg Titersine ont donné aux femmes touarègues qui ont peint la citadelle de Ghat n’existent pas… Ghat la première ville touarègue du Fezzan libyen est un mirage voilé par les tagelmouts indigo les cheichs du ciel sans pitié qui boit les yeux des toubabs… Elle n’appartient qu’aux voyageurs du sable venus du Ténéré ou de bien plus loin encore… Dans les ruelles tortillonnes écumeuses de poussière qui mousse de la petite kasbah où des bouts de terrasses blanc crème font le dos rond une tribu de jeunes chevreaux se culbutent comme des dominos en piaillant et tambourinent aux portes peintes ocre et safran… Tam tam ratatam !… La vieille Imma Itri trottine par derrière à trois pas plus un de sa canne taillée d’acacia bleu toute noire du cheich à la djellaba picorée de Croix du Sud mauves autour de la capuche…

‑ Ourt‑ourt ! Ourt‑ourt !… avancez les pitounets… ourt‑ourt ! ourt‑ourt !…

Au milieu de l’après‑midi des étés masques de céruse du Fezzan la cité des Ajjers grogne de courts jappements et éparpille son corps d’argile sous les griffes des gros lézards qui supportent contre leur armure la chaleur qui rend fou et guettent… Au bout de par en par des ossements de pierres les troupeaux de palmiers lents s’ébrouent un peu vigilants serviteurs des oasis de l’erg Ubari où ils boivent tout leur saoul mais ici ils sont les esclaves aux épaules fouettées par l’amshif du Sud et les griffures de verre… Ils dodelinent leur grosse tête d’animaux fossiles qui ramènent la fraîcheur de loin au‑dessus de l’oued Tanezzouft à moitié bu où des bains d’eau chaude se répondent les éclats de rire quand les toubabs qui passent par la ville frontière pour remonter vers Sehba ont retrouvé la piste et attendent que le crépuscule violette et brise le cercle des brûlures…

Akakus_01.jpg

‑ Ourt‑ourt !… p’tits p’tits p’tits !…

Tout au bout de la citadelle effarée les barcanes rouquines reprennent leur attitude moelleuse d’indifférence et n’importe quel guetteur d’ombre à la porte de la ville tourné du côté de l’Erg Ubari et d’Al Awaynat qui tient l’eau dessous ses pieds sait qu’on peut mourir de désespoir quand on n’a plus soif ici… C’est un peu au Nord de l’oued Tanezzouft là où les touffes d’alfafa escaladent les orges et les roseaux qui zigzaguent une ou deux semaines dedans les marres aux auréoles azur et café au milieu des flaques d’argiles s’il survient la pluie d’orage que la baraque en banco d’Asikel continue de s’accroupir comme les joueuses de tindé au moment des Ziaras qui rassemblent les peuples des Ajjers deux fois par an…

C’est bien rare autant que l’or des flammèches qui allumaient les lampes à huiles des conteuses de son enfance… ah ouais ! c’est bien rare qu’y ait quelque chose qui pousse par ici il se dit justement Asikel pendant que le moula‑moula avec son T noir peint au calame sur la queue asticote les trois chèvres Awragh la jaune Azayyagh la rouge et Amellal la blanche en sautillant ressort par‑dessus leurs têtes… Craf ! Craf ! Craf !… C’est Awragh la jaune qui secoue ses cornes courtes pour dire que ça suffit mais moula‑moula insiste et lui arrache la brindille d’orge qui sauve la journée du ventre vide… Craf ! Craf ! Craf !…

Pour Asikel ça n’a pas d’importance qu’il pousse ou qu’il ne pousse pas quelque chose ici vu que les Berbères Touaregs de sa tribu ils n’ont pas dans la peau de faire les jardiniers comme les habitants des oasis et ceux des lacs d’Ubari où il dirige la transhumance sitôt qu’il peut avec les trois chèvres et les deux chameaux de sa famille : Asafuk le soleil mâle et Ayyur la lune femelle au poil plus blanc que la blancheur des mamelles de l’erg… C’est tout ce qu’il lui reste à Asikel si on ne cause pas des quelques chèvres et des chevreaux juste sortis des mamelles qu’Imma Itri lui passe à l’occasion de la vaste caravane de la tribu familiale qui a crapahuté aussi loin en arrière qu’on le sait comme le font les nomades du Fezzan et les autres aussi entre les tourbillons de sable roux et rugueux du Sahara…

Au fond de la mémoire en vrac d’Asikel il y a depuis qu’il a commencé à courir enroulé dans son takakat couleur d’argile au ras des dunes de l’erg Titersine chassant les chevreaux et les agneaux de l’année pas plus grands que lui en criant comme son père Abu H’emu lui a appris avant qu’il parle même : Ourt‑ourt !… Ourt‑ourt !… le rassemblement à la fin de l’hivernage et aussi deux autres fois dans les saisons du désert de tous les troupeaux de la tribu de son père et de ses oncles pour le grand voyage des oasis… C’était le temps de la vie bonne et libre dessous les kaïmas en peaux de chèvre et leurs piquets de bois d’acacia et du portage par les chameaux de tête museau dressé babines fières qui claquent et mènent les bêtes dans leur sillage contre la chaleur brute aux morsures rouges et cuivrées…nomade2-petit.jpg

Le nombre des chameaux d’abord et leur belle tenue avec leurs harnachements d’argent et les selles de cuir taillées et incrustées de turquoises ou de lapis lazulis couvertes de tissages aux couleurs vives c’était le signe de la richesse des tribus et il y avait les troupeaux suivis à la fin par les petits ânes gris et les chiens qui donnaient à la transhumance sa joie et sa grandeur. Sa première transhumance à l’âge de six ans Asikel ne l’a pas oubliée vu qu’elle l’a conduit lui qui restait avant avec les vieilles femmes à l’intérieur du patio de Ghat à regarder les mouvements fantômes au creux des halos de chaleur des monts d’Akakus et du Djebel Idinen jusqu’aux lacs d’Ubari qui sont impossibles à imaginer… 

C’était la plus petite des courses mais une des plus fascinantes à cause de l’enchantement qu’il avait eu après les dix journées solaires qui lui avaient fracassé les chevilles où scintillaient et carillonnaient encore les khal‑khal d’argent que sa mère lui prêtait pour le protéger des djnoun jusqu’à ce qu’il ait grandi de débouler en se laissant couler comme un jeune fennec au pied des géantes dunes laiteuses sur les rives aux griffures vert et violet des lacs brossées par les crêtes ébouriffées vert turquoise des palmiers… Ils avaient bien fait halte en chemin dans la petite oasis d’Al Awanya où il s’est arrêté comme en extase devant le plus gros acacia qu’il ait vu à cette époque nourri qu’il était par la source souterraine qui trouait les langues de sable rouge soudain en étroits lagons éclaboussés de lucioles d’eau mais à côté des joyaux qui crépitaient leurs vaguelettes sans fin à même la pelisse ondulante des mamelles blanches c’était rien du tout alors !… Ourt‑ourt ! Ourt‑ourt !…

C’était vrai il s’en souvenait bien Asikel qu’il avait poussé ce cri inutile vu que les chameaux de tête et tout le troupeau tenu serré par Abu H’emu et ses deux oncles entourés des cousins déjà des meneurs de caravanes avertis étaient entraînés en direction des enclos maintenus comme les toiles des kaïmas par les pieux d’acacias au bord de la plus vaste des retenue d’eau bordée de plantes sauvages Um el Ma… il l’avait poussé tellement la beauté de ces espaces inconnus qui étaient son pays de la soif l’avait étouffé de bonheur qu’il n’avait pas pulybie14.jpg se retenir… Ourt‑ourt !…

A suivre...

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 22:15
Décor encoreLe grand jardinier
Des-corps rivières fleurs et fruits

Des-corps crinières épanouies

Si on savait comment faire

Pour retirer tout ce qu’y a derrière

Eh toi ! corps du vieux monde eh !

Toi à corps et à cris

Cris de joie pardi ! Croa ! Croa !

Cris silences d’une femme accroupie

En train de pisser sous la pluie

 

Dans le caniveau misère enchantée

De la cité pourquoi décor

Une bonne fois pas déplier ?

Et recouvrir toute la ville victuailles

Et pognon matraque soleils jetés

En culs de sacs

Des-corps rouges forêts îles prairies

Une bonne fois vieux monde

Des-corps de fous

Mettre à la place des-corps de sages

 

Eh ! vieux monde pourquoi

Pourquoi la laisser se mouiller seule

Et faire comme si

On n’était pas au parfum lilas bleu

De chez rupin l’arnaque

Un des tenanciers des pissotières d’ici

Une bonne fois balayer chimères

Et tartiner de confiture

Des-corps vers luisants pas chiens qui font tentation

Au passage des lampions

Que portent les kangourous

Au ras de leur poche tant que dure

Eh là ! le ramassage des ordures

 

Décor envers de nous

Envers de notre indifférence

Des-corps confettis d’or

Bientôt on touchera au port

Vieux corps du monde eh !

Pas encore muée ta peau ?

Pas en-corps usée ?

Corps du vieux monde paumé largué

Des-corps chandelle

Juste allumé sur le pavé

Comment tu vas

Quand phare s’égare à te mater

Où tu t’en vas corps étriqué oiseau de nuit

Costard taillé par frénésie

A coups de craie sur goudron pluie

 

Dehors c’est beau

Lilas frémit que d’y penser si tu avais

La louche idée de nous en faire

Porter l’affaire au teinturier

Des-corps nuages cheval été

Des-corps rivière débarbouillée

Eh compère !

Vieux corps du monde mal fagoté

En lampadaires décor raccommodé

 

Des-corps paresse baisers matins

Des-corps promesses de petits riens

Femme dans le caniveau accroupie

Décor entre ses pieds qui fuit

Oiseau bis

Eh vieux monde ! sans tenanciers matraques

Sans envers et sans endroit

La vie demain elle sera bleu lilas.

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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 17:09

Cet article est publié sur le site Bellaciao :  http://bellaciao.org/fr

Je le publie ici avec l'autorisation de son auteur car il me semble essentiel que nous nous relions pour mettre en route le plus vite possible notre refus de ce monde qui est en train de devenir invivable pour nous tous et de passer enfin à l'action ! Indignons-nous et révoltons nous !

. bataille_de_Tchernobyl--1-.jpgCette photo se trouve sur le site : http://the-savoisien.com à visiter de toute urgence

Vous qui saviez..

de : rouge

Samedi 23 avril 2011

            A suivre les événements de Fukushima, on est pris d’un sentiment d’horreur et d’effroi qui glace le sang. Mais, au-delà de la tragédie que subit le peuple japonais, l’objet principal de cette sidération horrifiée, c’est ce que ce que cette tragédie nous révèle sur vous, Messieurs du pouvoir.

 Car VOUS SAVIEZ .

 VOUS SAVIEZ que vos centrales présenteraient des risques d’accident. Oh ! des risques infinitésimaux, bien sûr, car vous aviez tout prévu pour que vos centrales puissent résister à la majorité des risques géologiques prévisibles ; mais, bien sûr bien sûr, comme vous le dites avec votre élégant cynisme, ‘ le risque zéro n’existe pas ’, et on ne peut pas garantir qu’un événement géologique critique ( c’est-à-dire au-delà des sécurités mises en place, entraînant la dégradation majeure de la centrale et une catastrophe ) ne se présentera pas. Mais, chantiez-vous, ce risque serait de l’ordre de 0,05 pour mille, donc négligeable. Et chacun de se sentir rassuré : qu’est-ce qu’une probabilité de 0,05 pour mille ? C’est, tout simplement, un événement qui est susceptible de se produire environ une fois tous les 20.000 ans… et donc, si votre ‘ statistique ’ veut dire quelque chose, qui se produira à coup ( presque ) sûr, d’ici à 20.000 ans … ce qui peut être demain, par exemple. Et donc, actuellement, avec plus de 400 centrales de par le monde, une certitude d’accident majeur nous attend tous les 25 à 50 ans – si vos calculs sont exacts. Nous observons maintenant les résultats de votre prévoyance : en 45 ans d’existence, 3 accidents majeurs, soit en moyenne un accident tous les quinze ans.tchernobyl_memorial.jpg

 VOUS SAVIEZ que cette prétendue mesure des risques ne pouvait ( au mieux ) s’appliquer qu’à des événements objectivement prévisibles, tels que les événements géologiques ( et encore… ? ) ; mais pas à des événements d’origine humaine, tels que des négligences dans l’application des procédures, ou des erreurs, voire des actes criminels ( ou belliqueux ) ; et que vous n’aviez aucune possibilité de prévoir les risques dus à des événements collatéraux, pannes d’électricité, par exemple, ou répercussions sur les sous-sols de techniques industrielles encore inconnues à l’époque de la construction des centrales ( qu’on pense aux gaz de schiste… ). Et que donc, la probabilité d’accidents majeurs était beaucoup plus élevée que tout ce que pouvait laisser espérer ( au doigt mouillé ) la prétendue sévérité des normes de construction et de maintenance de ces centrales.

 VOUS SAVIEZ qu’il n’existe pas d’accident mineur, et que tous les accidents de centrales seraient nécessairement très graves, non seulement pour les vastes populations qu’ils concerneraient directement, mais pour des générations et des territoires immenses, et pendant des siècles – si pas des millénaires.

 VOUS SAVIEZ qu’une telle prise de risque outrepassait scandaleusement le mandat qui vous était confié.

Et VOUS SAVIEZ que nos peuples n’en voulaient pas. Dès le milieu des années 60, les mouvements antinucléaires manifestaient vigoureusement leur opposition à vos projets, mais vous les avez balayés, et n’avez jamais organisé de consultation sur la question, ni même cherché à obtenir le consentement des parlements. Au mépris de cette démocratie, au nom de laquelle vous massacrez des peuples qui ne vous ont rien fait.tchernobyl_bibliotheque_1.jpg

 VOUS SAVIEZ que, loin de nous assurer l’‘ autonomie ’ tant vantée, cette technologie allait vous rendre dépendants des pays fournisseurs d’uranium, et vous obliger à pactiser avec des régimes politiques haïssables, pour le plus grand malheur des peuples des pays producteurs d’uranium.

 VOUS SAVIEZ que l’existence de ces centrales allait vous obliger à établir des régimes policiers de plus en plus durs, d’abord parce que les populations n’étaient pas d’accord ( à Jaitapur, on a tiré à balles réelles et tué face à une population qui refuse, à 95%, la mise en œuvre du gigantesque chantier EPR d’Areva ) ; ensuite parce qu’il fallait prévoir de contenir la colère et la panique lorsque surviendraient les inévitables accidents, et enfin parce que ces centrales constituent des cibles de premier choix en cas de conflits ou de terrorisme.

 VOUS SAVIEZ qu’il n’existait aucune solution en vue pour le démantèlement des centrales, ni pour le traitement de leurs épouvantables déchets, et que le transport même des matières radioactives met en danger les populations.uranium_heritage_empoisonne.jpg

 VOUS SAVIEZ donc que, en tout état de cause, et même sans catastrophe, vous vous apprêtiez à léguer à nos enfants, et pendant des générations, la gestion d’un héritage affreusement dangereux.

 VOUS SAVIEZ que le ‘ bas coût ’ de l’électricité ainsi obtenue devait surtout être imputé aux conditions abominables des ouvriers des mines productrices d’uranium ( situées principalement en Afrique ), et à la dévastation des territoires sur lesquels elles se situent.

 VOUS SAVIEZ que c’est idiot de fabriquer de l’électricité avec le nucléaire, et encore plus pour en tirer du chauffage, car les déperditions d’énergie sont considérables – les centrales servent surtout à produire de l’eau chaude, dont une bonne partie est renvoyée sans ménagement dans les rivières et les mers, où elle détruit la vie.

 Et surtout, VOUS SAVIEZ que tous vos arguments n’étaient que rideau de fumée. Vous avez construit des centrales ‘ civiles ’ parce que ça permettait d’obtenir les matériaux nécessaires à constituer un armement nucléaire. Et jouer les Rambo sur la planète. L’électricité abondante et pas chère, ce n’était qu’un alibi, destiné à détourner notre attention et acheter notre consentement. Et ça ne nous apporte rien, car cette précieuse énergie est dévorée principalement par des océans de gadgets qui nous inondent et nous polluent sans augmenter notre bonheur, pour le plus grand profit de ceux qui nous les vendent.

 VOUS SAVEZ maintenant ( si tant est que vous l’ignoriez jusqu’ici… ) que nos centrales accumulent les ‘ incidents ’ et trichent sur leur nature, leur fréquence et leur gravité ‑ au nom du profit.

 VOUS SAVEZ que les personnels de maintenance de ces centrales ( les ‘ nomades du nucléaire ’ ) sont traités de manière ignoble, et dangereuse, pour de seules raisons de fric.

 Messieurs du pouvoir, vous les politiques, incapables d’élever votre réflexion au-delà des attentes de profit immédiat du ‘ marché ’, vous les financiers et actionnaires, qui vous gavez des profits que rapporte cette industrie mortifère, et même vous, messieurs les ‘ experts ’ si gonflés de votre prétendue connaissance, et même vous, messieurs les ingénieurs, qui savez comment faire pour arrêter des centrales dangereuses mais continuez à les faire tourner pour ne pas risquer vos emplois – les tragédies qui se sont jouées à Tchernobyl, qui se jouent en ce moment mêmeTchernobyl.jpg au Japon, et qui, un jour peut-être pas si lointain, se joueront à notre porte, ces tragédies ne sont pas une fatalité, mais un crime monstrueux, et vous en êtes les auteurs. Et, mis à part peut-être les techniciens des centrales, vous n’en serez jamais les victimes : car ce n’est pas vous qui vous retrouverez coincés dans des régions ravagées par vos exploits, ni confrontés à la tâche ingrate de réparer les dégâts, vous pourrez toujours courir vous mettre à l’abri sous des cieux plus cléments ! 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 19:05

 

Epinay, jeudi, 24 mars 2011

Dimanche, 18 avril 2011le-chien-indigene-palmiers.jpg

 Aux Libyens assassinés par les tueurs de la Françafric

A Vittorio Arragoni militant pacifiste tué à Gaza parce qu’il n’était pas indifférent

Restons humains !

 Printemps d’AfriqueVittorio-13.jpg

 En avant… pour la grande offensive des asiles d’aliénés de Toulon leurs garnisons de déments qui jouent à l’intérieur des baignoires débordant de petits chimpanzés jaune citron à démonter remonter démonter remonter leurs Famas ! En avant… leurs petits poings de gnomes à tignasse fluo tondue ras serrés dessus les cannettes de bière où nagent des rats bourrés ils avancent en rangs le paquetage à l’épaule ils sont prêts pour l’épopée au désert peuplé au fond des trous de chacals rouge et d’éperviers ! 

En avant… tous en première ligne les tueurs vers de gris sortis des camisoles qu’on n’attache jamais assez solidement dessus leurs corps où grouillent les cicatrices luisantes lucioles cousues à même leur peau de varans mécaniques qu’ils ont ramassées à Sétif à Tizi-Ouzou à Dien Bien Phu à Ouaga à N’djaména à Port Saïd à Sarajevo et à Abidjan ! En avant… dedans l’asile de fous caserne où ils sont enfermés des années ce qu’il en reste d’eux leurs dents d’assaut bonnes à empoisonner n’importe quel Négro… Mercenaires ils connaissent le fell le jap le blackos comme des animaux mal apprivoisés leur fourrure épaisse vaut un paquet de pognon et ils mordront sitôt qu’on les aura lâchés à l’assaut des tribus de Koufra que la poussière de paille prépare à la mort sous des suaires légers !

 Sous ton suaire léger de fleurs de jasmin Vittorio tu as repris le voyage au milieu des couleurs que les tueurs invisibles insectes ne voient pas… ne voient jamais… ils ne distinguent que le noir et les degrés des cendres souterraines là où la lumière a été consumée pour toujours… La gangrène qui pourrit leurs jambes moignons bruit du bois qu’on casse aux genoux des kamikazes les empêchera de te suivre sur ton chemin de vitrail que les premières mousses de l’aube colorent pour tes talons qui traversent le réel que nous avons raté…     

Bleus intenses écartelés tout se précipite à ta rencontre

Sur le papier tu endosses les pigments de la malédiction

Uniformes d’eau blanc céruse époux à la fiancée fuyante

Les soleils de chrome mangent la place qui te reste

Tes réserves se réduisent à ton rire ton masque oiseau ne te sépare plus

La sueur verglace tes rides qui n’auront pas le temps

Le graphite te cerne de son trait noir comment vieilliras‑tu

Tout est gravé dedans ta chair déjà où la douleur jette les dés

Rouges puissants liquides tout s’est mis à bouillonner

Au fond de la blessure faite au monde la déesse cinabre

Accroupie devant les pages arrachées de ton carnet de notes

A mêlé ton sang clair aux fleurs de grenadiers et tu es né

Joyeux et vif comme la lumière d’un printemps d’Afrique

Dans les cheveux des astres morts rebondissant sans fin

 

Printemps d’AfriqueAu pays Yorouba

Ils ne te laisseront pas grandir

Une sueur d’amandiers rouges va crêper nos cheveux

Je ne veux plus habiter ce monde

Les sentinelles de Tunis n’ont pas vu les grues de Mourzouk qui remontent vers le Nord

Demain elles seront au check point de Rafah et leurs cris de sirènes lugubres

Appelleront les esprits du sable autour du cercueil de Vittorio recouvert de lézards verts

L’œil métal des crocodiles aux rives d’Assiout soupçonne les fardeaux de viande à l’intérieur des Dodges

A Duékoué l’âme des griots a repeint toutes les portes avec le sang cru des placentas comme des grenades

La colère des jeunes étudiants de Ouaga affole les panthères qui savent déjà se servir de fusils d’assaut

Elles déambulent devant nos quartiers de haute sécurité en string trois couleurs rouge vert jaune

A poil l’Afrique ils ne te regarderont pas longtemps danser tes enfants noués sur ton dos

Détachant le boubou bleu lazuli des reins de leurs mères pour former un seul peuple dans le cercle des palmes et des fontaines

On sait ce que ça signifie un printemps qui arrive en hiver

 

Printemps d’AfriqueMasq

 Je ne veux plus habiter ce monde

Vous qui vivez ici vous détruisez le nyama des puits des sources et des fleuves

Que les nommos quittent un à un ils grimpent glissent s’échappent retournent hier

Le nyama de la bonté abandonne le corps du génie de l’eau et la carcasse vide du cormoran noir

Et du pélican blanc fils d’antan effarés de la migration d’acier au luxe miroitant ses carapaces féroces

Ses plaques d’or épicées des graines de la peur semences tueuses de rosée

Et les jardiniers de Koufra déposent une poignée de sable une poignée d’olives sur le cercueil de Vittorio

 

Printemps d’Afrique

Je ne veux plus habiter ce monde

Où les fabricants de machettes des usines d’Occident n’imagineront jamais que les masques awa

Du lièvre et de l’antilope vont garder vivants les nyamas des jeunes guerriers et que leur force

A l’intérieur du bois des arbres taillés les protège de la dispersion de leurs membres réunis parmi la paille rose et jaune des fétiches

Ton corps Vittorio ne traversera pas la terre qui ne reconnaît ni le rituel de dama pour les funérailles des hommes aimés d’Amma

Et de leurs frères humains ni le partage des marches de pierre qui chevauchent la falaise

Maison des sépultures où tu as porté sur tes épaules les champs de mil et d’oignons les outils et les semences

Les paniers tazu de la récolte les jarres d’argile et d’eau et la prédiction du renard pâle

Il a croisé deux fois ta route et dans l’hiver du grand feu il t’a annoncé la destinée absurde des enfants d’Afrique

Esclaves deux fois esclaves dans l’impureté de la douleur qui fleurit sur eux cendres coton

Vendus par les gourous gras aux petits dieux blancs trésor de sang des caravanes entières de mains et de pieds nusmasque-africain-petit.jpg

Fouillant les dessous de soie jaune d’Imouraren la prostituée du Niger la seconde épouse

Avant eux elle était princesse touarègue de l’Azawagh cavalière meneuse de troupeaux

Les chèvres rousses les moutons les chamelles fuyant les hoquets de leur soif

Et chaque puits de son royaume jardin d’immense aux khaïmas blancheur tissée à ras de rosée d’aube

La nommait sans rivale maintenant elle n’est plus que leur servante dos courbé boubou défait

Errant à travers les rues de poussière ardente les mèches de sa chevelure tressée liant les poignets

De son peuple chassé rageur humilié peuple de bergers d’azur au cheich s’ébrouant d’astres à l’heure du grand repos

Contraint à la colère funèbre des éperviers à la guerre au chaos à la mort colportés sans fin par les petits dieux blancs

Printemps d’Afrique caravane-chameaux-cat.jpg

 

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 22:32

Vittorio n’a jamais été aussi vivant qu’aujourd’hui

Mardi 19 avril 2011Vittorio 12

 Egidia Beretta Arrigoni

* Egidia Beretta Arrigoni est la mère de Vittorio

 

Faut-il mourir pour devenir un héros, pour faire la une des journaux, pour avoir la télévision devant chez soi, faut-il mourir pour rester humains ?vittorio_au_bord_de_la_mer_a_Gaza-97980.jpg

 Je repense à Vittorio à Noël, en 2005, détenu dans la prison de l’aéroport Ben Gourion, aux cicatrices des menottes qui lui ont scié les poignets, aux contacts refusés avec le consulat, au procès-farce. Et à Pâques, la même année, quand à la frontière jordanienne, peu après le pont de Allenby, la police israélienne l’a bloqué pour l’empêcher d’entrer en Israël. Ils l’ont fait monter dans un bus et à sept, il y avait une femme parmi eux, ils l’ont frappé “ avec art ”, sans laisser de signes extérieurs, en vrais professionnels qu’ils sont. Ils l’ont flanqué par terre, en lui lançant au visage, comme une dernière balafre, ses cheveux arrachés par leurs puissants rangers.

Vittorio était devenu indésirable en Israël. Trop subversif, coupable d’avoir manifesté une année auparavant contre le mur de la honte, aux côtés de son ami Gabriel, avec les femmes et les hommes du village de Budrus, en leur apprenant et en chantant en choeur notre plus beau chant partisan “ Bella ciao ”.

A l’époque, je n’ai vu aucune télévision, pas même lorsqu’en automne 2008, un commando attaqua le bateau de pêche dans les eaux palestiniennes au large de Rafah et Vittorio fut enfermé à Ramle, puis renvoyé chez lui en survêtement et pantoufles. Bien sûr, aujourd’hui, je ne peux que remercier la presse et la télévision qui se sont approchées de nous avec délicatesse, qui ont “ occupé ” notre maison avec respect, sans excès, et m’ont donné l’occasion de parler de Vittorio et de ses choix idéaux.Vittorio-10.jpg

 Ce fils perdu, mais tellement en vie, comme il ne l’a peut-être jamais été, que tout comme la graine qui dans la terre pourrit et meurt, il regorgera de fruits. Je le vois et le sens déjà à travers les mots de ses amis, surtout des jeunes, certains proches, d’autres venant de très loin, qui par Vittorio ont appris, davantage encore aujourd’hui, comment on peut donner un sens à l’“ Utopie  ”, et compris que la soif de justice et de paix, la fraternité et la solidarité ont encore droit de cité, que, comme disait Vittorio, “ la Palestine peut être aussi juste au-delà du seuil de nos portes ”.

Nous étions loin, Vittorio et moi, mais à la fois plus proches que jamais. Comme en ce moment, avec sa présence vive qui grandit d’heure en heure, comme un vent qui depuis Gaza, depuis la Méditerranée qui lui était si chère, de son souffle impétueux, nous confie ses espoirs et son amour pour les personnes sans voix, pour les faibles, les opprimés, en nous passant le témoin. Restons humains.

 Adieu_300_0.jpg

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Vittorio Arrigoni assassiné - 15 avril 2011

Vittorio Arrigoni

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 Le testament de Shaban - 18 janvier 2011

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 Le vrai visage des pourparlers - 30 septembre 2010Vittorio-11.jpg

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 Gaza, des enfants qui résistent - 19 septembre 2010

 Eid Mubarak, Gaza ! Shana Tovah, Israel ! - 17 septembre 2010

Le blog de Vittorio peut être consulté à :

http://guerrillaradio.iobloggo.com/

17 avril 2011 - Il Manifesto - Vous pouvez consulter cet article à :

http://www.ilmanifesto.it/archivi/f...

Traduction de l’italien : Y. Khamal

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 11:06

         Article publié sur le site Bellaciao

      Voici un texte d'Antonio Gramsci écrit en 1917... donc il y a quelques petites années de ça qui est tellement actuel et qui parle de notre présent car rien ne marque plus nos moments actuels que l'indifférence justement ce dont je voulais vous causer dans un article au sujet de l'absence totale des "intellectuels " face à la dérive fasciste de notre société...

      Moi aussi je hais l'indifférence et ma passion de la vie me porte souvent à réagir avec une énergie farouche qui en étonne plus d'un devant l'imbécillité crasse de ces temps en lisant et en songeant à la prodigieuse intelligence qui rayonnait à la période heureuse de notre jeunesse... En attendant ce texte nostalgique et propice à un autre avenir en voici un qui dit tout... alors allez-y et révoltez-vous !

Antonio Gramsci , “ Je hais les indifférents ”Gramsci-375b3.jpg

Roberto Ferrario

Jeudi 14 avril 2011 

“ Je hais les indifférents. Pour moi, vivre veut dire prendre parti. Qui vit vraiment ne peut ne pas être citoyen et parti prenant. L’indifférence est apathie, elle est parasitisme, elle est lâcheté, elle n’est pas vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est la boule de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte dans laquelle souvent se noient les enthousiasmes les plus radieux, c’est le marécage qui ceint la vieille cité et la défend mieux que les murailles les plus fermes, mieux que ses guerriers, car elle enlise ses assaillants dans ses gouffres boueux, limoneux, et elle les décime et les démoralise et quelques fois elle les oblige à renoncer à leur entreprise héroïque.

L’indifférence opère énergiquement dans l’histoire. Elle opère passivement, mais elle opère. C’est la fatalité ; c’est sur quoi l’on ne peut compter ; c’est ce qui bouleverse les programmes, renverse les plans les mieux construits ; c’est la matière brute qui se rebelle à l’intelligence et l’étrangle. Ce qui se passe, le mal qui s’abat sur tous, le bien possible qu’un acte héroïque ( de valeur universelle ) peut provoquer, tout ça revient moins à l’initiative de quelques personnes qui activent qu’à l’indifférence, à l’absentéisme de la majorité.

Ce qui arrive, arrive non pas parce que certains veulent qu’il arrive, mais parce que la majorité abdique sa volonté, laisse faire, laisse se grouper les nœuds qu’ensuite seule l’épée pourra couper, laisse promulguer les lois qu’ensuite seule la révolte fera abroger, laisse aller au pouvoir les hommes qu’ensuite seul un mutinement pourra renverser.

La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent à l’ombre, juste quelques mains, à l’abri de tout contrôle, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point. Les destins d’une époque sont manipulés selon des vues étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse ignore, car elle ne s’en soucie point.

Mais les faits qui ont mûri aboutissent à leur fin ; mais la toile tissée à l’ombre s’accomplit : et alors il semble que c’est la fatalité qui emporte tout et tous, il semble que l’histoire n’est pas un énorme phénomène naturel, une irruption, un séisme, dont tous restent victimes, qui a voulu et qui n’a pas voulu, qui savait et qui ne savait pas, qui a été actif et qui indifférent.

Ce dernier s’irrite, il voudrait échapper aux conséquences, il voudrait qu’il soit clair que lui n’y était pour rien, qu’il n’était point responsable. Certains pleurnichent piteusement, d’autres blasphèment avec obscénité, mais personne ou peu de personnes se demandent : si j’avais moi aussi fait mon devoir, si j’avais cherché à faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il advenu ce qui est advenu ? Mais personne ou peu de personnes se sentent responsables de leur indifférence, de leur scepticisme, du fait de ne pas avoir offert leurs bras et leur activité à ces petits groupes de citoyens qui luttaient justement pour éviter tel mal et procurer tel bien.Vittorio-8.jpg

La plupart de ceux-ci par contre, à évènements accomplis, préfèrent parler de faillite des idéaux, de programmes définitivement écroulés et d’autres agréableries pareilles. Ainsi recommencent-ils leur absence de toute responsabilité. Et ce n’est pas vrai qu’ils ne voient pas clair dans les choses, et que parfois ils ne soient pas capables d’avancer de très belles solutions pour des problèmes plus urgents, ou pour ceux qui, bien qu’ils demandent une ample préparation et du temps, sont toutefois pareillement urgents.

Mais ces solutions restent très bellement infécondes, et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lumière morale ; elle est le produit de la curiosité intellectuelle, pas d’un piquant sens d’une responsabilité historique qui veut que tous soient actifs dans la vie, qui n’admet pas agnosticismes et indifférences d’aucun genre. Je n’aime pas les indifférents aussi à cause de l’embêtement que me provoquent leurs pleurnichements d’éternels innocents. Je demande des comptes à chacun d’eux : comment il s’est acquitté des tâches que la vie lui propose quotidiennement ? Qu’est-ce qu’il a fait et plus particulièrement qu’est-ce qu’il n’a pas fait ? Je sens de pouvoir être inexorable, de ne pas devoir gaspiller ma pitié, de ne pas devoir partager avec eux mes larmes.

Je suis parti prenant, je vis, je sens déjà pulser dans les consciences viriles de ma part l’activité de la cité future que ma part est déjà en train de construire. Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur peu de personnes, en elle chaque chose qui arrive n’est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne qui reste à la fenêtre à regarder pendant que le petit nombre se sacrifie, s’évanouit dans le sacrifice ; et celui-là qui est à la fenêtre, aux aguets, veuille profiter du peu de bien que l’activité de peu de personnes procure et dilue sa déception en vitupérant le sacrifie, le saigne, car il n’a pas réussi dans son dessein.

 

Je vis, je suis parti prenant. Donc je hais qui ne prend pas parti, je hais les indifférents. ”

 

Antonio Gramsci , “ indifférent ” Février 11, 1917.Vittorio-9.jpg

  La citta futura ”, pp. 1-1 Raccolto in SG, 78-80.

 http://bellaciao.org/it/spip.php?article28824

Ce texte est dédié à Vittorio assassiné par des tueurs racistes dans un monde qui s'en fout ! A toi Vittorio qui était tout le contraire d'un indifférent et qui a été massacré à cause de ça...

" Restons humains ! "

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 22:09

      Il se passe en ce moment des événements si tellement terribles et inhumains les uns à la suite des autres que moi qui suis comme vous savez une incorrigible bavarde j'ai souvent envie de silence simplement...Boycott Israel-copie-1

      L'assassinat de Vittorio Arrigoni jeune militant pacifiste italien en Palestine dont vous avez pu lire souvent les articles qu'il achevait toujours par ces mots que je lui ai régulièrement empruntés et qui sont en train de devenir grâce à lui le symbole de la jeune génération à Gaza : " Restons humains " est une de ces choses qui tuent en moi plus sûrement que d'autres l'espoir et le rêve d'un autre monde... Et je ne suis pas la seule à ressentir ça aaujourd'hui... 

     Après le meurtre du jeune Fukan Dogan à bord de la flotille de la Paix sur le bateau turc et celui il y a une semaine de Mer Khamis réalisateur israélo-palestinien également en Palestine ces assassinats de militants pacifistes généreux et solidaires dans l'action et dans l'esprit nous plongent dans la stupeur et nous laissent prévoir une accélérations des guerres et des tueries de la part de l'Occident et d'Israël... ce qui est déjà en route... 

      Je voulais écrire un article à ce sujet mais je suis trop bouleversée par la mort de Vittorio qui était un être que tous aimaient et respectaient à Gaza comme le montrent les images de la réaction du peuple de Gaza à sa mort injuste pour le faire avec sérénité ce soir... Dans quelques jours sans doute...

      Mais Vittorio n'est pas mort et sa bonté rejeillit déjà sur tous ceux qui n'acceptent pas et n'accepteront jamais les guerres... Il est et demeurera toujours notre sourire de résistance comme celui de Victor Haja dans le stade de Santiago du Chili... Hasta siempre Vittorio !

      " Restons humains "Vittorio-Arrigoni.jpg


Gaza sous le choc après l’assassinat de Vittorio Arrigoni

Samedi 16 avril 2011

 Ziad MedoukhVittorio.png

 

Nous sommes désolés Vittorio

 Nous sommes tous Victor

 Sincèrement, je ne trouve pas les mots pour décrire l’état de choc de tous les Palestiniens en général et de ceux de la bande de Gaza en particulier, après l’assassinat, ce matin, par un groupe inconnu, du solidaire, militant et journaliste italien, Vittorio Arrigoni

 Vittorio Arrigoni est arrivé à Gaza en 2008, et il a alors décidé d’y rester, afin de témoigner de la barbarie de l’occupation, dans des journaux, pour des agences de presse et des associations internationales, mais il ne savait pas qu’un acte tout aussi barbare, provenant d’hommes bien éloignés de nos traditions, mettrait fin à sa vie.

 Il est parti avant de pouvoir accueillir la deuxième flottille de liberté prévue en juin prochain, flottille dont il a été l’un des principaux organisateurs.

 Il est mort avant la sortie en France de son livre : Rester humain à Gaza, sortie prévue le mois prochain.Vittorio-3.png

 Le lâche assassinat de ce militant est choquant, révoltant, et injuste, car il vient de ceux qu’il a voulu aider.

 Les partis politiques, la société civile, les syndicats et la population condamnent avec fermeté ce lâche assassinat d’un homme de bonne volonté, d’un solidaire, d’un grand ami de Gaza, de la Palestine et de la justice.

Vittorio ou Victor, c’est ainsi que ses amis Gazaouis aimaient l’appeler, avait de bons contacts avec tout le monde à Gaza : associations, partis politiques, étudiants, jeunes, journalistes et simples citoyens, il était partout pour venir en aide à la population civile, pour organiser des manifestations et des rencontres. Il était l’un des rares étrangers présents à Gaza, Gaza qu’il a refusé de quitter lors de la dernière guerre israélienne, fin 2008 début 2009. Il y a participé, malgré sa propre blessure, aux secours et aux soins aux victimes.Vittorio-4.png

 Personnellement, j’ai eu l’occasion de le rencontrer deux fois, la première en juin 2010 sur le port où il attendait l’arrivée de la première flottille de la liberté qui a été attaquée par la marine israélienne, et la deuxième fois, au nord de Gaza où il organisait des manifestations pacifiques contre la zone tampon imposée par l’armée israélienne pour interdire aux paysans de cette région d’aller cultiver leur terre. Chaque fois, je le trouvais déterminé à demeurer avec cette population sous blocus, pour lui prouver sa solidarité.Vittorio-5.png

 Vittorio restera dans la mémoire des Gazaouis, ils n’oublieront jamais leur grand ami, celui qui essayait, dans cette difficile situation d’enfermement, d’entretenir l’espoir auquel ils sont si fermement attachés et dont il parle dans son article : Gaza, portes ouvertes sur l’espoir. De même que dans de nombreux autres articles et témoignages.Vittorio-2.png

 

Nous sommes désolés Vittorio,

Nous sommes tous Victor.

 Nos pensées vont à sa famille, à ses amis, à qui nous disons :

Gaza, ce n’est pas cela, Gaza, c’est autre chose,

Gaza c’est l’accueil,

c’est la reconnaissance du travail de tous les solidaires,

et le petit groupe qui a assassiné Vittorio ne représente ni Gaza ni la Palestine.Vittorio-6.png

Quelques photos du rassemblement de ce soir ( 15 avril ) à Gaza pour dénoncer l’assassinat ce matin du journaliste, solidaire et grand militant italien Vittorio Arrigoni.

Un rassemblement qui a regroupé des milliers de Gazaouis de toutes tendances politiques, et de différentes associations de la société civile, et notamment des jeunes pour rendre hommage à ce solidaire qui est arrivé à Gaza en 2008, et qui, depuis, a décidé d’y rester à coté des Gazaouis sous blocus-avec un seul mot :

 nous sommes tous VictorVittorio-7.png

Diffusé par Ziad le 15 avril 2011

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 22:37

Le Testament de Yurugu suite...la-proie2000overblog

     

      Et voici la suite enfin d'un des petits récits contes dont le dernier épisode si vous voulez y retourner se situe le 14/12/2010... Je sais c'est très long mais j'ai des excuses avec tout ce qui nous tombe dessus en ce début d'année du lapin hein ? Z'ont dû se gourer ma parole les Chinois pas possible ! L'année du lapin c'est sensée être celle de la douceur et de la bonne compréhension entre les êtres !!!

      Enfin voilà on continue avec ces personnages qui semblent aujourd'hui sortir d'un autre siècle et pourtant non je vous assure... tout ça a existé y a pas plus de trente piges pas croyable hein ? Comme le lapin quoi...


Citron menthe et chocolat… Son vieux il fouille régulier ses fringues son pageot et les casiers de l’énorme placard le seul meuble des grands‑parents qu’ils ont pas balancé… dedans il gare les affiches de cinoche et d’théâtre qu’il récupère au cours de la tournée qu’il fait sitôt que le paternel n’est pas dans les parages… Les types du guichet sont des potes des anciens de la zone qui savent la galère… 

Il a toutes les adresses des centres cultu et des cinoches qui ne sont pas encore aux boîtes de la grosse distrib ceux qui passent des films d’Herzog les meilleurs… Ce type‑là c’est un créateur trop fou comme Markou aurait envie d’être sans charibote… lui et son poteau Klaus Kinski deux allumés graves et Markou il a visionné des kilomètres de péloche depuis le Nosphératu jusqu’aux Rêves des fourmis vertes mais le plus à l’époustoufle c’est Aguirre la colère de Dieu nom d’un p’tit ouistiti qu’il se hurle pour lui tout seul en secouant le keus qui renifle bonbon… Aguirre des Zorn Gottes… Markou il connaît pas un mot de cette langue de teutons mais pour le coup là il a bien retenu chacun des mots et il les mâche à l’intérieur de sa touffe c’est comme les drums des Blacks que ça cogne dur… Zorn ! Gottes ! Zorn ! Gottes !…

“ Qui d’autre est avec moi ? ” voilà la question d’Aguirre seul sur son radeau entouré de petits singes avec un soleil extasié qui lui dévore le bleu lavis de ses quinquets… Ouais cette phrase‑­là pas de danger qu’il l’oublie Markou hein ? Wer sonst ist mit mir ?… Ouais c’est ça c’est ça tout juste il sifflote Markou trop fier qu’il est de l’avoir apprise par cœur la bafouille qui lui cause sacrément… Y a personne avec toi mon poteau… l’est largué comme un rat le gazier Ah ! Ah ! Ah !… Remonter l’Amazone dessus le radeau qui disloque à chaque remous de l’eau couleur cuivre d’or avec pour s’abriter l’auvent de tiges de fromagers couvert de feuilles larges comme des oreilles d’éléphants d’Afrique et ces salopards de singes à poil jaune qui le lâchent pas c’est l’envergure alors !…

Ouais Markou il les collectionne précieuses les adresses des salles de cinoche et celles des p’tits théâtres pareil qui envoient de la culture popu à fond les manettes comme le Déjazet à République où il a emmené sa frangine Margot écouter le vieuLeo-paroles-et-musiques.jpgx  Léo l’anar fabuleux et ses poèmes de Baudelaire qu’il crache comme le grand maudit vénéneux qu’il est et ses paluches d’un bout à l’autre du piano d’enfer qui cavalent qui cavalent… Raouf ! Raouf !…

“ Ma femme est morte et je suis libre Je puis donc boire tout mon saoul Lorsque je rentrais sans un sou Ses cris me déchiraient la fibre… ” Markou ne sait pas bien pourquoi c’est celle‑là de rengaine qui lui arrive d’abord quand il y songe à son écriture d’enfer au damné Baudelaire… probable à cause des cris et de la baston entre ses vieux… Sa tournée des salles c’est le samedi qu’il l’entreprend Markou il prend les transports sans payer son vieux s’occupe pas il pionce ou bien il ratatine les brins d’herbe du bout d’jardin à longues tranchées de la tondeuse hurleuse… Brou ! Brou ! Brou ! Brou ! Brou !…

D’un sens et puis de l’autre et vas‑y… Brou ! Brou !… que ça excite dézingue les méninges en viande hachée de Zouave qui défonce ce qui reste du gazon mité en aboyant à mort… Ouaououou ! Ouaououou !… Brou ! Brou ! Brou !… Les deux c’est un peu la caserne des pompiers du coin quand la sirène appelle au feu faut pas louper ça !… Ce clebs il a le syndrome de la chasse aux lapins qui lui porc‑épic les poils du dos avec son daron qui tourne hystérique Zouave et lui c’est pareil des doubles tarés comac !

Son vieux il prétexte qu’il cherche la came que Markou fourre en p’tites boulettes dans du papier d’alu à l’intérieur d’une cache qu’il a et pour détourner l’attention du paternel il a coupé la toile du matelas… Sa planque risque pas de tomber dessus le daron vu comment il est dans ses fureurs quand il s’y met et Markou se marre en voyant le guignol ravager le plumard et la piaule en train de nager au milieu des puanteurs de fringues sales et des brumes floconnées de mousse devant les châsses de sa daronne ahurie… Chaque fois qu’il déboule pour une de ses razzias militaires son dab Markou retrouve ses affiches déchirées en longues bandes dessus la moquette grise pouilleuse brûlée et tâchée de bière avec ses vinyles 33 tours de Jazz des Blacks US qu’il préfère Ray Charles Fats Domino Lionel Hampton Miles Davis John Coltrane… dehors de leurs pochettes éparpillés des fois il s’acharne dessus aussi… 

Markou il les tire avec les bouquins aux rayons des grands magasins ripous c’est sa daronne qui a cousu des fouilles énormes au‑dedans du manteau direct d’Emmaüs qu’il met quand il va au collège… Elle a rien flairé il a dit que c’est pour les cahiers d’atelier les chemises cartonnées le T la règle métal c’est vrai qu’la musette militaire elle est pas à la taille… Markou il est drôlement à l’aise dessous sa houppelande de prestidigitateur et il a le tour de main parfait pour la disparition des affaires sans qugarconaunoir-petit.jpge personne se doute et Hop !… Sa daronne elle s’interroge jamais. Son job à l’usine des bonbons collants la Kréma y a vingt piges que ça dure ça lui a sucré les neurones complet. Il lui en reste juste assez pour se coller le rôle de la victime sur la scène ravaudée carrelage marron caca et blanc cassé de la cuisine du préfa… c’est le personnage le meilleur de la tragédie des familles celui qu’on n’peut rien contre obligé et qu’a un texte redoutable surtout dans les familles d’ouvriers !

Les mères elles se sacrifient faut voir faut entendre les jérémiades les lamentations et les pataquès à pas finir en lui sautillant autour quand elle est de l’équipe du soir bien en forme au p’tit déj déjà c’est la cata !… Il peut même pas boire son grand bol café crème avec deux sucres plus un pour Zouave tout frétillant du cul qu’elle l’alpague et lui pourrisse la matinée ! 

‑ Toi tu n’sais pas Markou comment que c’était dur les débuts… c’qu’il fallait qu’on s’donne du mal pour vous élever Papa et moi et qu’vous manquiez de rien… C’est qu’on s’en est privé des douceurs pour vous et des vacances et des bonnes choses qu’ils ont les autres… Hein Markou hein ?…

Quand elle commence sa sérénade d’l’énumérations des sacrifices qu’on dirait un chapelet qu’elle tricote de ses doigts tout gonflés râpés au bout qu’ont l’habitude avec les papillotes des bonbons citron menthe chocolat ... elle s’agite pas elle dandine seulement d’un panard sur l’autre d’une guibole l’autre comme un bouchon qui tangue à la surface d’une mare d’huile de vidange à sa place prioritaire entre la table formica gris avec des filaments noirs comme des nouilles volantes et les placards muraux marron dessus elle a collé à côté des poignées métal qui reluisent elle les astique sitôt qu’elle roupille plus la propreté c’est le luxe des pauvres… des fleurs découpées dans du vénilia orange c’est joli ça donne de la couleur parc’que le marron c’est foncé mais quand on a pas le rond faut pas singer les riches hein Markou ?

Ce qu’il en pense lui du formica et des fleurs vénilia et des riches elle lui demande pas son avis elle le tance elle l’assomme elle le somme de lui faire le public de sa pièce avec de la bonne volonté hein Markou ? Elle dandine obstinée Ptapp… Ptapp… Ptapp… c’est son système d’incantations sa messe… Markou quand ça dure trop il prend son bol il se met de l’autre côté de lDe-retour-dans-l-enfance.jpga table lui tourne le dos alors elle fait un grand  Ptapp… Ptapp… Ptapp… et il l’a en face de lui elle continue elle se regarde dedans elle se fouille… Sa cérémonie elle la mitonne pas n’importe comment elle a ses manies ses répétitions bien rodées qu’ont fait leurs preuves c’est sa tragédie grecque à elle à force qu’elle la donne elle connaît le texte par cœur et le refrain aussi… citron menthe et chocolat… 

A suivre...        

               

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 21:53

Article publié par " Le grand soir "

Leur cadeau à l’humanité : la guerre et le racisme      

9 avril 2011

 

John PILGERGuerre.jpg

 

L’attaque Euro-américaine contre la Libye n’a rien à voir avec la protection de qui que ce soit ; il n’y a que les indécrottables naïfs pour avaler de telles bêtises. Il s’agit de la réponse de l’Occident aux soulèvements populaires dans une région stratégique du monde et le début d’une guerre d’usure contre le nouveau rival impérial, la Chine.

La distinction historique de Barack Obama est désormais assurée. Il est le premier président noir de l’Amérique à envahir l’Afrique. Son agression contre la Libye est dirigée par l’Africa Command des Etats-Unis, qui fut mise en place en 2007 pour protéger les ressources naturelles de l’Afrique des peuples miséreux de l’Afrique et de l’influence commerciale croissante de la Chine. La Libye, avec l’Angola et le Nigeria, est la principale source d’approvisionnement en pétrole de la Chine. Tandis que les avions américains, britanniques et français écrasent à la fois les “ bons ” et les “ mauvais ” Libyens, les 30.000 travailleurs chinois sont en cours d’évacuation, peut-être définitive. Des déclarations par des officiels et médias occidentaux selon lesquelles un “ Colonel Kadhafi, dérangé et criminel ” planifierait un “ génocide ” contre sa propre population attendent toujours leur confirmation. Tout cela nous fait penser aux affirmations frauduleuses sur la nécessité d’une “ intervention humanitaire ” au Kosovo, pour pouvoir dépecer la Yougoslavie et installer la plus grande base militaire US en Europe.

Le scénario est tellement familier. Les “ rebelles pro-démocratie ” libyens sont sous les ordres du Colonel Khalifa Hafter qui, selon une étude de la Fondation Jamestown, a crée l’Armée Nationale Libyenne en 1988 avec “ un fort soutien de la CIA ”. Au cours des 20 dernières années, le Colonel Haftar habite pas très loin de Langley, en Virginie, siège de la CIA, qui lui fournit aussi un camp d’entraînement.

Les Moudjahidin, qui ont produit Al-Qaeda, et le Congrès National Irakien, qui ont rédigé les mensonges sur l’Irak proférés par Bush et Blair, ont été eux aussi patiemment préparés dans la cadre bucolique de Langley.

Les autres dirigeants “ rebelles ” en Libye sont Mustafa Abdul Jalil, l’ancien ministre de la Justice de Kadhafi jusqu’en février, et le Général Abdel-Fattah Younes, qui a dirigé le Ministère de l’Intérieur de Kadhafi : les deux ont une réputation bien établie de réprimer sauvagement toute dissidence. Il y a une guerre civile et tribale en Libye, qui comprend une révolte populaire contre les violations des droits de l’homme de Kadhafi. Cependant, c’est l’indépendance de la Libye, et pas la nature de son régime, dans une région composée de vassaux, qui est intolérable aux yeux de l’Occident. Avec sa verve et ses manières de Bédouin, Kadhafi a longtemps été le “ chien fou ” idéal ( Daily Mirror ), qui requie

rt désormais le recours à des pilotes héroïques américains, français et britanniques pour aller bombarder des zones urbaines à Tripoli, dont une maternité et un centre de cardiologie. Le dernier bombardement US de 1986 a réussi à tuer sa fille adoptive.

Fillette-d-un-camp-libanais.jpg

Ce que les Etats-unis, les Britanniques et les Français espèrent réussir est le contraire d’une libération populaire. En sabotant les efforts des authentiques démocrates et n

ationalistes libyens de libérer leur pays à la fois d’un dictateur et de ceux corrompus par l’extérieur, le “ bruit et la fureur ” en provenance de Washington, Londres et Paris a réussi à atténuer le souvenir de ces journées d’espoir de janvier à Tunis et au Caire, et à détourner l’attention de tous ceux qui veillaient à ce que leurs acquis ne soient pas discrètement retirés. Le 23 mars, le régime militaire en Egypte soutenu par les Etats-Unis a publié un décret interdisant les grèves et les manifestations. On n’en a pratiquement pas parlé en Occident. Maintenant que Kadhafi est devenu le démon officiel, Israël, la véritable plaie, peut poursuivre sa campagne de vols des terres et d’expulsions. Facebook a subi les pressions sionistes pour retirer la page appelant à un soulèvement Palestinien – la troisième Intifada – pour le 5 mai.

 

Rien de cela ne devrait nous étonner. L’Histoire nous apprend que de telles machinations sont courantes, comme nous le montrent les interventions de deux hauts diplomates aux Nations Unies qui se sont exprimés dans Asia Times. Lorsqu’ils ont exigé de savoir pourquoi les Nations Unies n’ont pas désigné une commission d’enquête pour la Libye au lieu d’autoriser une agression, il leur a été répondu qu’un marché avait été conclu entre la Maison Blanche et l’Arabie Saoudite. Une “ coalition ” US serait chargée “ d’éliminer ” le récalcitrant Kadhafi et les Saoudiens écraseraient le soulèvement populaire à Bahreïn. Cette dernière tâche étant accomplie, le roi aux mains tâchées de sang de Bahreïn sera un des invités au Mariage Royal à Londres.

Cette réaction est incarnée par David Cameron ( premier ministre britannique – NdT ) dont le seul véritable travail consiste a s’occuper des relations publiques du magnat de la télévision, Michael Green. Cameron se trouvait dans le Golfe en train de vendre des armes aux tyrannies créées par la Grand-Bretagne lorsque le peuple s’est soulevé contre Abdullah Saleh, au Yémen ; le 18 mars, le régime de Saleh a assassiné 52 manifestants. Cameron n’a rien dit de spécial. Yemen est “ l’un des nôtres ”, comme on aime dire au Foreign Office ( Ministère des Relations Extérieures – NdT ). Au mois de février, Cameron s’est démasqué en lançant une attaque contre ce qu’il a appelé un “ état multi-culturel ” - nom de code pour désigner les Musulmans. Il a dit “ Nous devons être beaucoup moins tolérants que par le passé ”. Il fut applaudi par Marine Le Pen, dirigeante du parti fasciste français, le Front National. “ C’est exactement le genre de déclaration qui nous a valu d’être exclus de la vie publique pendant 30 ans ” a-t-elle déclaré au Financial Times. “ Je ne peux que le féliciter ”.

Dans ses périodes les plus rapaces, l’Empire Britannique produit des quantités industrielles de David Cameron. Contrairement à de nombreux “ civilisateurs ” de l’ère Victorienne, les guerriers sédentaires modernes à Westminster – pensez à William Hague, Liam Fox et le vicieux Nick Clegg – n’ont jamais été en contact avec les souffrances et le sang provoqués par leurs paroles et leurs actions. Avec leurs manières légèrement décontractées et toujours arrogantes, ils sont aussi lâches à l’étranger qu’ils le sont chez eux. La Guerre et le Racisme et la destruction du modèle de social-démocratie britannique sont leur cadeau. Ne l’oubliez pas lorsque vous descendrez par centaines de milliers dans les rues, comme le devoir vous l’impose.

 

John PilgerGuerre-2.jpg

http://www.johnpilger.com/articles/...

Traduction “ toute ressemblance avec un agité à l’Elysée... ” par VD pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles

 

URL de cet article 13353

http://www.legrandsoir.info/Leur-cadeau-a-l-humanite-la-guerre-et-le-racisme.html


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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 16:12

 

“ Ce jour‑là ”

Epinay, samedi, 2 avril 2011Mineur-silicose.jpg

 

Extrait de “ Ce jour-là, Le mineur silicosé, 1951 ” Willy Ronis

 

“ Ce jour-là, des amis m’avaient emmené voir, à l’occasion d’un reportage que je devais faire sur le pays minier, un homme qui était à la retraite et qui était silicosé. Il habitait Lens et n’en avait plus pour longtemps à vivre. C’est tout de même quelque chose qu’il faut montrer, m’avaient dit ces amis qui me pilotaient dans la région. Et ils m’ont conduit chez lui. L’homme était à sa fenêtre, au rez-de-chaussée. Il regardait dehors. Il ne mangeait quasiment plus. Il fumait. Il fumait beaucoup. Il fumait tout le temps. Il avait seulement quarante-sept ans. Il est mort quelques mois plus tard. 

 

Quand j’ai vu qu’ils avaient commencé à exhiber les images de ce tas de ferrailles fumantes je me suis dit que c’était trop tard

Ici le printemps a poussé la porte de l’hiver et c’est la première fois que je m’en fiche

La joie légère presque innocente des arbres blancs a enfilé un string de plastique noir

Et je n’y peux rien

Je dirais que le printemps ne me concerne pas s’il ne s’en prend au mal qui ronge les racines de l’arbre

Pour la première fois je sais que ça a commencé et que le crédit d’éternité que fait la mort aux poètes s’arrête là ( a pris fin )

Le puits d’où je remonte le seau rempli d’histoires n’est pas vide mais l’eau a cessé de chanter

Je n’ai plus assez confiance en elle je préfère garder ma soif et boire l’eau du bocal à poissons rouges

Quand ils ont commencé à montrer les images de leur monstrueuse cérémonie et à danser autour je l’ai entendu

Me parler comme d’ordinaire et sa voix n’était plus celle d’une enfant rebelle du désert née dans l’oasis de Farafra

Où nous nous sommes rencontrées longtemps avant “ Ce jour‑là ”

Longtemps avant que leur cataclysme de ferrailles éventrées et de magma solaire ne soit l’autel de notre nouveau sacrifice ( nous sommes tous volontaires pour les liquider )

Et qu’ils n’emballent les premiers cadavres dans les sacs plastiques remplis de billets de mille dollars ( nous n’avons jamais manié les armes mais nous allons apprendre )

Elle lavait son corps roux nu dans l’eau de la source chaude et les bulles de vapeur éclataient en gouttes grenat sur sa peau

Elle avait dix ans à peine et je l’ai découverte à l’aube au moment du bain les chamelles dormaient encoreMuse

L’air frais de la nuit sucré par la brume qui montait des tas de dattes dressait ses petites nattes café brûlé sur son crâne luisant

Cachée derrière le plus grand des palmiers bleus je l’ai regardée comme j’avais vue épuisée après plusieurs jours de marche

Sur ces saletés de cailloux incendiés du désert noir j’avais mal calculé les distances comme une toubab ahurie

En haut de la dune aux reflets bitume qui planquait l’oasis des dizaines de cases multicolores entourées de manguiers

Et des chèvres broutant les petits arbustes à ras du sol et tous les éléphants de Gossi étaient là on aurait dit qu’ils m’attendaient ( ça m’aurait bien arrangée )

Mais en fait comme toujours il n’y avait personne et pourtant ça m’a quand même poussée jusqu’en haut de ce maudit tas de sable et Hop !

De l’autre côté l’oasis somnolente avec ses remous mouillés et les voiles vert turquoise de ses palmiers m’observait en rigolant

Elle avait dix ans à peine et l’eau qui bouillonnait faisait miroiter sur son corps de terre rouge des flaques aussi sombres que des bijoux d’ébène

C’était longtemps avant “ Ce jour‑là ” elle chantait en jouant avec les bouts de fumée qui sortaient de sa peau

Et le rythme de ses paroles inconnues est entré en moi et j’ai senti dans mon cœur qui brûlait d’insouciance et de clarté obscure

Que j’avais trouvé le royaume écrit sur les tables de sable par un vieux Touareg du Gourma

Qui avait prédit aussi que le monde des dieux blancs était fini et qu’il fallait qu’on s’apprête à le payer cherSEMEURDEPESTE2SANSOEUFPOURBLOG

Vous les avez vu exhiber les images de ce tas de ferrailles ravagé et ses lambeaux de câbles électriques rongés par les scarabées du sel

Tout ce qui reste de leur puissance de pharaons eunuques à la nuisance d’or dur et ses festins d’amphétamines

D’habitude ils planquent dessous les bâches vert de gris les déchets contaminés de leurs règnes dynastiques hautement contagieux 

Leurs poubelles clignotent dans l’ombre comme les yeux des fennecs qui fuient à l’approche des camions militaires

Elles ont pollué les trois‑quarts de nos champs de radis et de roses avec des équations yellow entassées dans des bidons métalliques

Trimbalés d’abord par les esclaves du Soudan qui ont traversé le Ténéré jusqu’à Assiout et les porte containers du Nil les balanceront dans la Mer Rouge

“ Ce jour‑là ” j’ai pigé que les cerisiers en fleurs de Fukushima ne donneront que des récoltes de fruits empoisonnés et pourris

( les enfants de Tchernobyl n’ont déjà plus d’oreilles et leurs yeux sont des perles de sang )

Le monde généreux et fragile qui enchantait les mains pleines des ouvriers de cerises qu’on partageait avant d’aller changer nos fringues au vestiaire

Se décompose à l’intérieur des pages du petit livre écrit à l’intention des révoltés absents et des amis qui ne passeront plus la porte

“ Ce jour‑là ” l’image du mineur silicosé a commencé à traverser sa plaque de verre à toute vitesse en arrière ( ils l’avaient déjà tué )

Et je n’y pouvais rien

Derrière le visage gratté par nos ongles sur les cartes sépia des vieux ouvriers il n’y a que du vide et des vies jetées

Dans les charniers de givre des guerres de la consommation ordinaire et leurs grands yeux voilés par le halo des lampes acétylène

Ne nous renvoient plus le reflet lunaire de notre histoire humaine de notre misère commune masquée de carnaval

De nos casse‑croûtes rassis et de nos mégots de gris fumés à la pause de nos baisers laissés en hâte avant de quitter les draps rudes du sommeil rapace

“ Ce jour‑là ” de l’autre côté de la vitre salie de poussier du camus le regard sans regard du mineur silicosé

Enferme la tristesse du monde dans l’avenir et sa demeure éventrée et je n’y peux rien

Ce qui nous sépare ça n’est pas sa mort et la terre jaune de ses lèvres rongées ( ils l’ont déjà tué )

C’est l’histoire et le chagrin des hommes qu’ils nous ont confiés ce sont nos utopies et nos révoltes emmêlées nos marguerites matinales

Rognées à l’acide des peurs jusqu’à ce qu’il ne reste gravé sur la plaque de cuivre que leur ombre

Gardiennes du néant

Quand j’ai vu qu’ils avaient commencé à exhiber sans honte et sans inquiétudes les images du tas de ferrailles

Où leurs âmes sont parquées sous des combinaisons de plomb je me suis dit qu’il était trop tard

Et “ Ce jour‑là ” je ne pouvais plus rien pour ce monde

Lorsqu’un peuple qui n’a que des seaux pour éteindre un incendie menaçant les milliers de mètres cubes de papier monnaie

Où il est emprisonné attend que les fabricants d’allumettes lui donnent le feu vert au lieu de s’enfuir à toutes jambes ( les fennecs du désert savent où sont tous les puits )

Je ne sais pas si c’est une preuve de la sagesse et de l’invincibilité annoncée par l’Oracle de Farafra

Car je ne me suis jamais trouvée dans cette situation j’ai seulement failli mourir de soif à une barcane de l’oasis

Mais je sais que le mineur silicosé ne cessait pas de fumer de fumer de fumer

“ Ne vous inquiétez pas pour nous… ” a été le dernier message de ceux qui ramassaient les tonnes de poissons fluorescents

Sur la plage de Fukushima pour la somme de 760 livres par jour et Dina la vieille Biélorusse qui n’a plus de dents depuis longtemps

Offre aux enfants du village qui n’arrivent pas à grandir le lait de ses chèvres et les fables que lui racontait sa grand‑mère avant “ Ce jour‑là ”

Quand ils ont commencé à exhiber les images de leurs tas de ferrailles fumantes je me suis dit il est temps

Je n’ai plus rien à faire ici moi plus rien à écrire ici moi

Une liberté

Ce monde d’où je viens est fini un monde où les hommes s’endormaient légers et leurs rêves sautaient par‑dessus les barbelés

Et leurs rêves enflammaient la conscience des peuples et leurs rêves partageaient les moissons de la terre et leurs rêves savaient

Qu’au‑delà du mirage en haut de la dernière dune sommeille l’oasis aux fontaines chaudes et aux scarabées de sel

Il suffit peut‑être d’un pas ( les fennecs du désert connaissent tous les puits )

“ Ce jour‑là ” ils ont réussi à faire peur aussi au soleil et l’océan n’était plus qu’un grand bocal à poissons rouges morts

Et la forêt amazonienne n’était plus qu’une grande cage à aras blancs morts

Et le Sahara n’était plus qu’un grand forgeur de vents où ruissellent les dunes sur les traces des fennecs encore vivants

Alors je me suis dit qu’il était temps de faire demi‑tour le plus vite possible si je voulais retrouver la piste qui mène à l’oasis ( ils ont les moyens de la faire sauter )

Avant qu’elle n’ait fondu et que la camisole de lave bitume noire les deux cordons attachés derrière le dos des palmiers maintenus à genoux

Pour lécher le sable et sa sueur comme les ilotes attachés à la terre mémoire dépouillée de son épopée me ligote du même coup ( qui me défendra )Tatouage4

Et sitôt poussé la porte du désert j’ai reconnu l’odeur épaisse et moite des fruits séchant et j’ai senti sur ma bouche

La cavalcade des scarabées de sel et l’humide de la buée ocre des fontaines chaudes a roulé dans ma gorge comme un sanglot

Qui lavait doucement la tristesse du monde installée là pour tout les temps à venir et quand je l’ai retrouvée à l’aube au moment du bain

Et qu’elle s’est mise à chanter j’ai oublié les images de leurs tas de ferrailles éventrés et fumants

Et j’ai commencé à dessiner sur le ventre moelleux de la dune devant les yeux étonnés des enfants de l’oasis aux paupières nacrées

La table de divination que le vieux Touareg du Gourma m’a apprise peu avant que la poussière des astres morts le recouvre

Pendant que l’oasis de Farafra se réveille  seule au monde sapée de sa lumière rose “ Ce jour‑là ”

Et ils n’y pourront jamais plus rien.  

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