Paris, mercredi, 16 septembre 2010 Beyrouth Septembre 1982
Comme tout être humain je suis sensible à l’histoire tragique du peuple de Palestine que j’ai découvert avec la grande baraka qui est la mienne pour les trouvailles littéraires par l’intermédiaire du poète Mahmoud Darwich un des poètes arabes les plus fascinants dont tous ceux qui l’ont entendu dire ses poèmes savent désormais que la parole se communique autrement que par son sens : par l’émotion qu’elle transmet et la musique qui l’enchante… merci Céline…
Dans les années 80 je vivais au cœur des Cévennes et malgré notre isolement au bout de 5 kilomètres de chemin de terre et sans téléphone je n’ai jamais oublié ce qui s’est passé à Beyrouth au mois de septembre 1982 et je me souviens encore des frissons sur toute ma peau quand les mots nous sont arrivés grâce à un vieux poste de radio où on écoutait France Inter pour se relier au monde ailleurs… J’étais pourtant bien politisée à cette époque avec l’insoumission de tous les poteaux et d’abord de mon ami Marko à qui les gendarmes filaient le train jusqu’en haut de notre plateau et puis on créchait dedans un hameau en ruine qu’on squattait… Ouais mais comme la plupart des jeunes lascars des années solidaires je ne savais rien ou presque de ce qui privait des gens un peuple entier du lieu où il a toujours vécu et où ses arbres et les os de ses ancêtres sont plantés…
Je n’en savais rien mais ce qui s’est passé à Beyrouth dans les camps palestiniens ce mois de septembre‑là je crois que c’est la première des actions humaines innommable que j’ai traversée en n’étant plus une enfant car le 17 octobre 1961 je n’avais que 5 piges et que ça soit la guerre d’Algérie ou du Viêt-Nam j’étais encore très jeune… Est‑ce que c’est à cause de cette naïveté la mienne face à l’horreur du massacre de Sabra et de Chatila et de la façon dont j’écoutais les mots des journalistes et des survivants les seuls témoins en me disant qu’il y avait quelque chose que la langue ne pourrait jamais communiquer que cette tragédie dans toute sa cruauté m’a marquée si profond ?…
Ils ont été deux des êtres de référence pour moi dans cette affaire avec les mots avec la langue avec la force de l’émotion qui se passe du sens à écrire sur Beyrouth 1982 et sur ce qui me renvoie aujourd’hui encore à ce que je ne peux pas appeler autrement que de la douleur et du désespoir… Jean Genet et Mahmoud Darwich qui connaissaient tous les deux parfaitement l’histoire du peuple de Palestine chassé de son paysage en 1948 ainsi que la transhumance au Liban et puis l’histoire de Beyrouth où chacun d’eux a vécu enfin tout le monde sait ça… Je n’avais aucune des vagues références littéraires ni historique que j’ai aujourd’hui quand j’ai lu ces deux récits et je les ai lus pour tenter de conjurer cette épouvante qui m’avait prise alors aux tripes dans notre hameau cévenol loin de cette réalité‑là…
Chacun de ces textes est chez moi dans la bibliothèque à portée de ma main je les feuillette souvent je les relis ils ne me quittent pas… Mais ni l’un ni l’autre dans leur gravité poétique ne m’ont retiré ni ma douleur ni mon désespoir face à ce qui a eu lieu là et qui n’est toujours 28 ans après ni reconnu pour ce qui s’est passé : un massacre de femmes de gamins et de vieillards dans la souffrance et la peur les plus grandes… par ceux qui l’ont accompli ni par aucun de ceux qui y ont de près ou de loin participé par la trahison de la parole donnée par leur silence et leur acquiescement muet. Ni reconnu ni dénoncé ni châtié ni commémoré ni nommé ni tracé dans le sable de la mémoire humaine commune…
Faut dire quand même au cas où… que j’ai aucun goût particulier pour la vengeance telle que l’ont exercée certains Juifs survivants en pourchassant les nazis dont on sait que beaucoup ont échappé à tout jugement et qu’on a retrouvés par la suite dans les dictatures d’Amérique du Sud… Je n’ai pas expérimenté l’horreur d’avoir face à soi des fous armés et des tueurs professionnels comme le sont tous les militaires de toutes les armées du monde et pire sans doute encore si ça se peut les militaires avec pour conscience ou pour inconscience la religion et ses démences sexuelles et morbides et par une tendance perso à l’utopie d’une possible harmonie humaine partagée j’ai fui le plus que j’ai pu toute forme d’affrontements… En gros je préfère croire à la bonté et à l’intelligence qu’à la haine et à la bêtise infinie qui mène les troupeaux de tarés vers la boucherie…
Et pourtant là à chaque fois que la date de ce 16 septembre et plus généralement de ce début du mois infâme qui a vu aussi en 1973 ce11 qu’on a effacé de la mémoire populaire le putch de Pinochet et ses sbires menant Salvador Allende à la mort je me dis que nous autres les jongleurs de mots nous ne pouvons pas nous ne savons pas nommer ce qui dans l’homme est réellement un fond de barbarie et de mort… la présence même de l’inhumain à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui au quotidien dans les sociétés occidentales et justement peut‑être à cause de notre impuissance…
Le texte de Genet “ Quatre heures à Chatila ” qui est fort de sa proximité avec les jeunes feddayin palestinien va aussi profond qu’on peut aller dans le témoignage et la traduction impitoyable du crime avec la beauté du style qu’on lui connaît et l’amour lumineux qu’il porte à ces combattants et à ce peuple qui sert à nos sociétés occidentales de parfait bouc émissaire de leurs turpitudes.
“ Sur les six parties, deux seulement sont consacrées à la description des charniers de Chatila. Pour aller plus loin et ne pas être aspiré par cette réalité insoutenable, disparaître en elle comme l'on sombre dans un gouffre, pour réagir et comprendre, Genet se remémore ce qu'il sait des Palestiniens quand il était parmi eux encore vivants. C'est l'objet des quatre autres parties qui sont une échappée de la mémoire en Jordanie, douze ans auparavant, alors que Genet vivait dans les camps palestiniens. Le visiteur hébété de Chatila se doit, pour ne pas devenir fou au milieu des cadavres en décomposition, de mettre au clair ce qu'ont été pour lui les Palestiniens vivants, et impérativement de parler de lui pour parler d'eux ”. ( Alain Milianti, Le fils de la honte. Éd. Solin, 1992 ).
Mahmoud Darwich parle de Beyrouth dans Une mémoire pour l’oubli avec toute la présence poétique de l’homme qui a connu au Liban et d’abord dans cette ville qui est comme sa seconde peau une seconde patrie… A le lire la violence qui s’installe en moi dès que je remémore les mots utilisés par certains tortionnaires parmi les phalangistes chrétiens libanais qui encore aujourd’hui vivent “ tranquilles ” sans aucune conscience ni aucun remord de leurs actes et s’en vantent à l’occasion… à le lire mon envie de hurler s’apaise et devient le refus de consentir qui prépare les paroles réclamant justice et châtiment au nom de ceux qui en Palestine et dans l’exil n’ont jamais plus revus les leurs qu’ils avaient confiés aux promesses de protection des responsables politiques US Français ( 1982 : Mitterrand ) et Italien et de leurs armées respectives…
“ Je n'ai plus de patrie, je n'ai plus de corps.
Le bombardement se poursuit sur les cantiques de gloire et les dialogues des morts se coulant dans un sang comme lumière qui dévore une litanies de questions glacées.
Qu'est-ce que je cherche? Un trop-plein de poudre, une satiété de colère ?
Les obus pénètrent chaque pore de ma peau et ressortent comme si de rien n'était.
Quelle puissance ! Je ne ressens pas l'enfer partout répandu dans les airs tant que je l'avale à chaque respiration, tant je le respire de tout mon corps.
Je veux chanter, parfaitement, je veux chanter ce jour brûlé, je veux le chanter, inventer les mots qui feront de la langue l'acier de l'esprit, une langue capable d'abattre ces avions, ces insectes de fer brillant. Je veux chanter, inventer la langue qui me portera et que je porterai, qui témoignera et me prendra à témoin de cette force, en nous, capable de surmonter la solitude universelle.
Et m'en aller.
M'en aller pour me voir marcher d'un pas ferme, libre, y compris de moi-même, au milieu de la rue, au beau milieu de la rue. Les monstres volants hurlent autour de moi, crachent leur feu, mais je ne m'en soucie pas.
Je n'entends que le bruit de mes pas sur l'asphalte dévasté. Personne. Qu'est-ce que je cherche ? Rien. Ou peut-être est-ce l'obstination de ce défi jeté pour masquer la peur de la solitude, ou encore la crainte de périr sous les décombres qui guident mes pas et me font arpenter les rues endormies.
Je n'avais jamais vu Beyrouth endormie de ce sommeil matinal. Pour la première fois, je vois les trottoirs, rien que les trottoirs, les arbres, rien que les arbres, avec leurs troncs, leurs branches, leurs feuilles éternellement vertes.
Beyrouth est-elle belle en elle-même ? L'agitation, les paroles, la bousculade, le vacarme du commerce n'avaient jamais permis que surgisse une telle question. Beyrouth n'était pas une ville, mais une idée, un concept, un mot, une façon de dire. ”
Oui les mots et ceux de Genet aussi peuvent dire cela mais qui et avec quels aboiements quels hurlements quelles plaintes pourra nommer épeler marquer de manière à ce qu’ils traversent le temps les noms de ceux qu’on a privé de leur vie et de leur histoire ce jour du 16 septembre 1982 tracés en une litanie sans fin dans la pierre comme le sont enfin ceux qui ont été assassinés par les milices de Pinochet dans le stade de Santiago le 11 Septembre 1973 et les jours qui ont suivi ?
Qui nommera ceux qui ont participé à cette tuerie parmi les phalangistes chrétiens libanais et parmi les militaires israéliens présents à Beyrouth pour les guider dans leur massacre ? Imaginez un peu que vous alliez à Beyrouth un de ces jours… votre chauffeur de taxi ou le patron du bistrot où vous vous arrêtez est peut‑être de ceux‑là comment savoir ? et comment accepter de ne pas savoir ? Et le silence d’hier et le silence d’aujourd’hui signent la même complicité de ceux qui à Beyrouth…
Avec quels mots pourrions‑nous nous autres qui n’avons affronté ni guerres ni massacres ni vols de notre espace vital tenter d’écrire ce que l’inhumain réclame comme l’expression de sa puissance à tuer à violer à terroriser à déshumaniser… et qui s’il n’est pas dénoncé et châtié et empêché de se communiquer à ces êtres revenus à la première barbarie avant l’intelligence se répandra et c’est déjà le cas dans le cerveau dément et vide d’autres apôtres du terrible “ Viva la muerte ! ” de Franco ?
Qui inventera les mots qui n’existent pas encore pour apporter la compassion la bienveillance et la consolation et d’abord qui saura dire notre douleur et notre désespoir communs quand cela n’a jamais même été murmuré sous la clarté obscure de la honte ? Qui saura réclamer exiger assez haut assez impitoyablement la lumière sur ce que les Etats les responsables des manipulations politiques et historiques de toutes sortes et les exécutants serviteurs infâmes des maîtres d’un monde sans âme ont passé au blanc il y a 28 ans et ça dure… pour que les Palestiniens et les Libanais qui ont vu leur famille entière dévastée à Beyrouth septembre 1982 puissent avoir enfin un lieu où venir ensemble se souvenir des leurs prier ou pleurer ou crier leur détresse se consoler par la présence les uns auprès des autres des fils et des filles de ceux qui ont survécu et trouver dans cette reconnaissance un peu de paix et de douceur quand les images si violentes commenceront à faire un peu moins mal ?
Et qui dans la clarté rayonnante d’une lune amicale et fraîche dans la renaissance généreuse d’un soleil printanier qui pleut ses gouttes légères ira cueillir sur cette terre sans tombes et sans sépultures les premières fleurs des amandiers nées du sang de la souffrance mêlé au lait de la jeunesse d’un monde où l’inconscience et la saveur de la mort seront scellées au fond des catacombes de l’oubli par notre refus d’accueillir parmi nous ces créatures qui nous ressemblent tant et qu’on ne peut pas nommer ?
Lamentation de Hadja Hassan Mohammed
Mardi 14 septembre 2010
Franklin P. Lamb
“ Comme je vous envie vous qui étiez là quand ceux que j’aime sont morts. Est-ce qu’ils avaient soif ? Avez-vous eu la bonté de leur donner à boire ? ”
Cher Franklin
Merci beaucoup de m’avoir fait suivre ce texte. C’est très pénible, mais je me souviens de tout ce qui s’est passé la nuit du 17 septembre 1982 quand Mounir a été amené par ses amis à la salle d’urgence de l’hôpital de Gaza. Tout ce qu’il arrivait à dire était Israéliens, Haddad, Kataeb et il s’est évanoui. Il a été le dernier patient que j’ai opéré avant que les miliciens ne nous obligent à quitter notre salle d’opération en sous-sol. Il avait reçu trois balles et perdait beaucoup de sang - son hémoglobine était tombée à 4gms ( le niveau normal est de 12-13 gms ).
Comme les autres, Mounir a vécu pendant des mois à Chatila dans la maison où sa famille avait été assassinée ; il revivait constamment ses cauchemars et finalement on a réussi à l’envoyer avec son frère aux USA pour qu’il puisse commencer une nouvelle vie. Je l’ai rencontré à de nombreuses reprises et même maintenant il me demande de regarder ses cicatrices.
Par respect, j’ai changé son nom dans mon livre, mais l’année dernière il m’a dit qu’il se sentait plus solide ; je peux maintenant raconter son histoire - celle d’un jeune garçon de 11 ans. J’ai également inclus les photos de sa grand-mère et de son grand-père dans mon livre ainsi que les lamentations de sa grand-mère.
Le moment est peut-être venu de faire entendre au Liban et dans le monde les lamentations de feu sa grand-mère, qui a marché 20 km du Sud Liban jusqu’à Chatila... Elle est arrivée à Chatila ce jour de septembre pour constater que 27 membres de sa famille avaient été tués - seuls Mounir et Nabil avaient survécu. Elle dit :
“ Nos colombes sont toujours là. Nos oeillets exhalent leur parfum. Les moineaux chantent leurs chants de toujours. Mais Abou Zuhair est introuvable.
Beyrouth tu as pris tout ce que j’avais. Tu as pris ma dernière étincelle de vie et mon coeur gît dans tes rues.
Abou Zuhair, le grand, le jeune arbre a été cruellement coupé de ses racines sur ton sol.
Puisse le sang de celui qui t’a tué se mélanger au tien. Puisse sa mère souffrir la même agonie.
Qui a creusé ta tombe Abou Zuhair ? Qui nous a apporté ce désastre ? Qu’est-ce que je peux dire en ta mémoire ?
Mon coeur est lourd de reproches pour ce monde insensible. Cent navires, deux cents étalons ne suffiront pas pour porter le poids de la douleur dans mon coeur.
Qu’est-ce que je peux dire ? « Mère » tu me dis « va à nos tombes et prie pour ceux qu’elles ont engloutis »
Je vais aux tombes et j’étreins tendrement leur pierre. Je dis « faites que vos pierres entourent chaleureusement les corps de ceux que j’aime, prenez soin d’eux, je vous les confie. »
Je pleure votre jeunesse et je pleure toutes les jeunes filles qui n’ont jamais connu un moment de bonheur ou de contentement. Elles sont allées à la rencontre de la vie pleines d’espoir et d’impatience pour se faire piétiner et déchirer par sa férocité.
Mon Dieu, je n’ai plus de force. Il était l’homme le plus beau et le jeune homme le plus fort des garçons. Il préparait la voie pour les autres afin de faciliter leur marche.
Ton jeune corps s’est mélangé au sable trop tôt et le sable remplit tes yeux.
Qu’est-ce que je peux encore donner à mon pays ? Mon coeur est pénétré de souffrance et de reproches à la vie.
Comme je vous envie vous qui étiez là quand ceux que j’aime sont morts. Est-ce qu’ils avaient soif ? Avez-vous eu la bonté de leur donner à boire ?
J’implore chaque oiseau qui passe de vous porter mon angoisse et mon amour et de me ramener des nouvelles de ceux que j’aime.
Mon enfant, ton corps est criblé de balles. Qui t’a envoyé à moi, oiseau de malheur ? Pourquoi m’infliger tous ces désastres à la fois ? Épargne-moi un peu, oh mon Dieu. Mon Dieu - attends au moins un an, et puis que ta volonté soit faite.
Je vous en supplie, vous les croque-morts, avancez lentement. Ne vous hâtez pas. Laissez-moi voir encore une fois ceux que j’aime.
Je vais vers les tombes et je reste là égarée. J’appelle Abou Zuhair, puis Oum Walid ( sa sœur ). Pas de réponse. Ils ne sont pas là. Ils ont suivi Oum Zuhair ( la femme d’Abou Zuhair ) et les enfants. Ils sont tous partis une nuit sous la lune - tous ceux que j’aime.
Mon enfant, tu n’es plus près de moi. Des montagnes de distance nous séparent...
Nabil ( neveu d’ Abou Zuhair ) appelle sa mère. « Mère » dit-il « à qui m’as - tu confié ? »
Zahra répond « je t’ai laissé à tes oncles. Ils devraient te donner de mes nouvelles et t’emmener jusqu’à ma tombe pour que mes yeux puissent te regarder et que mon coeur puisse t’atteindre ». Mais Abou Zuhair est parti et il ne peut pas accomplir le souhait de Zahra.
Zuhair ( fils d’Abou Zuhair ) demande à son père « à qui m’as tu confié ? »
« Ton grand-père viendra te chercher. C’est toi qui continues sa vie ».
Mais la vie, qu’est-ce qui nous reste de vie ? Nos coeurs sont morts. Nous n’avons plus de larmes pour tous les jeunes, hommes et femmes qui sont morts.
Où puis-je me tourner ? Où sont mes enfants ?
Mon enfant, que Dieu te montre la voie sacrée et que mon amour et mon affection soient une lanterne qui t’accompagne sur le chemin.
Dieu tout-puissant, donne-moi la patience. Jeunes gens, restez loin de moi : vous rouvrez mes plaies et je suis si lasse. Qu’est ce que je peux dire ? ”
Lamentation de Hadja Hassan Mohammed, octobre 1982. ( pp. 84.85,86 de From Beirut to Jerusalem ).
Veuillez diffuser ce texte - une grand-mère palestinienne à sa famille, massacrée à Sabra et Chatila - j’ai conservé ses paroles et je les lis à tous ceux qui veulent les entendre depuis 28 ans
9 septembre 2010 - Ce texte peut être consulté ici :
www.thepeoplesvoice.org/TPV3...
Traduction : Anne-Marie Goossens