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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

23 février 2007 5 23 /02 /février /2007 01:09

      Il y a quelques temps j'avais copié pour notre blog les petites notes intitulées Petits  contes à rebours qui étaient en fait le début d'un projet de bouquin sur ma traversée perso des années 70 et l'étonnante aventure qu'a été ma vie à partir de là... Ma rupture avec un destin bien précis ainsi que ça a été le cas je crois pour pas mal d'entre nous qui ont aujourd'hui un peu marre d'entrendre dire n'imorte quoi et le pire sur notre jeunesse extra...

Et en voici donc la suite avec un texte que j'avais publié dans mon ex revue défunte et que je réécris en ce moment pour ce p'tit futur bouquin...

A celles et ceux qui ont aussi vécu des choses incroyables à c't'époque d'utopies généreuses et colorées de juger...

 En plein vol

       Ecoute… écoute… je voudrais te raconter une histoire…

      "Les gouines !… les goui-neuh-euh-euh !…"

       Le mot m’avait percutée en plein vol…

       La première fois que je l’ai entendu ce mot j'avais treize années derrière moi qui traînaient les pieds. C'était en plein milieu d'un pré frissonnant de petites herbes crues. La première fois je ne savais absolument pas ce que ça voulait dire et comme j’étais un peu naïve encore j’avais ri pendant que les autres autour de moi et de ma copine Caroll que je tenais drôlement fort soudain par la main dans le pré aux petites herbes crues sous les pommiers promis à une agonie d’automne tournaient la ronde en répétant :

       "Les gouines !… les goui-neuh-euh-euh !…"

       Les autres filles de l’internat qui pour moi restera toujours jusqu’à ce qu’on me fasse la même chose qu’aux pommiers cet automne-là « la pension » tournaient tournaient sur leurs pieds lourds de fillettes adolescentes aux godasses assez moches et aux blouses bleues qui leur donnaient l’allure de petites vieilles qui vont au marché… Vont au marché leur panier au bras elles dodelinent de la tête pareilles à des pintades dos déjà arrondi piétinant sans légèreté et sans l’élégance des oiseaux préparant un ballet de grains de blé autour d’elles…

       Elles c’étaient deux pâquerettes givrées au creux de la même peur… Elles c’étaient des filles aussi et les filles ne les aimaient pas…

 

"Les gouines !… les goui-neuh-euh-euh !…"

       La même peur… Elle les prenait sournoise et avec une petite grimace pas vu pas pris à l’intérieur du ventre… Et elles ne savaient pas pourquoi… La même peur ouais… En regardant la tête pourtant baissée de plus en plus… baissée… les yeux railleurs et cruels des chanteuses qui resserraient de plus en plus… resserraient la ronde… qui haussaient la voix pour que la ritournelle devienne un cri sorti de leurs gorges où des rires résonnaient comme des culs de casseroles qu’on frotte avec un clou. Des culs de casseroles où leurs visages grimaces se reflétaient…

       "Les gouines !… les goui-neuh-euh-euh !…"

       La première fois qu’elle l’avait entendu c’était à la rentrée du second automne à l’internat et elle croyait qu’elle en avait fini d’avoir mal à cause de l’habitude prise du retour dans les bras camarades de réclusion des pommiers qui l’attendaient au fond de la cour là où le petite herbe crue poussait comme un gros hérisson vert doux. Et à cause de la main de Caroll dans la sienne.

        Nos corps silencieux se donnaient la main. C'était tout simplement contre le froid qu'ils voulaient se faire bouclier de doigts. Du froid de la mort d'enfance qui n’se dit pas entre filles quand vient le sang.

       Et le sang était venu cette année-là de leurs douze ans… Cette année-là du grand bouleversement des mondes encore enfants… Des mondes tout comme elles et comme Tom l’ours en peluche embarqué vite fait dans le sac du départ imposture vers la pension sans prévenir à la fin de l’été avec le bleu doux incrédule de ses yeux…

      Tout ce qui me restait… Tout ce qui me restait dans cette année 1968 où un peu de mon sang allait rejoindre celui des rêves réunis des jeunes garçons et filles… eux et moi réunis dans une blessure qui n’en finirait pas… Tom l’ours en peluche tout ce qui me restait…

A suivre...

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16 février 2007 5 16 /02 /février /2007 01:28

                                     Commencements

                      Djalila Dechache

                            Calligraphies de Ghani Alani

      Je voulais vous dire à nouveau deux mots du livre de poèmes de Djalila Dechache dont je vous avais parlé il y a deux jours. Commencements est publié aux Ed. Marsa dirigées par Marie Virolle en octobre 2006, et voici un tout petit extrait de la préface écrite par Claude Merlin, poète et comédien, qui m'a bien plu.

      " Ce qui nous donne asile véritablement aussitôt nous exile. Mais c'est à ce prix d'une perpétuelle migration intérieure que nous pouvons être poètes. (...) Aussi on dirait que les poèmes de Djalila Dechache viennent se poser sur notre épaule, ou sur le dos de notre main, ou peser d'un poids léger sur une de nos paupières."

      Et voici deux poèmes qui m'ont particulièrement touchée parce qu'ils sont proches de moi et qu'ils tracent comme d'un coup de pinceau calligraphe un chemin au milieu des terrains vagues du quotidien entre l'enfance et la mort dans le regard d'un ouvrier immigré... enfin c'est ainsi que je l'imagine et que Djalila me l'a donné à voir...

Emigrant

Gueule cassée au regard perdu,

brûlée de tabac, de lassitude,

de café et de marc illusoire...

Les travaux rêches, douze mois par an

ont usé ta peau.

Les privations aussi... voleuses de

sourires insouciants.

Ce petit enfant, astre rose et tardif

dans tes bras forts,

que tu tiens d'une main puissante et rugueuse

en une étreinte sûre, presque délicate,

sonore de tes baisers, fait de toi

au bout de toutes ses années

un père véridique, fidèle à ton rêve.

Il te réconcilie une nouvelle fois avec le jour qui vient

et les fastes de ta destinée.

      Djalila et Marie qui l'a publiée ont en commun l'Algérie et les mots cela fait beaucoup et en même temps c'est vrai qu'au fil des poèmes et des calligraphies qui les accompagnent on a la sensation que ce sont des libellules vert émeraude qui dansent au bout du kalam et de la plume...

Greffe d'os

Elle est venue, comme prévu

en mars de cette année-là

avec son sac

pour le feu éteint d'Aïcha, l'aïeule

pour toi, la procession du chariot.

Le mystère aveuglant

traversait la chambre.

Paupières percées

j'ai serré les dents.

Blanche est ta décision.

Impeccabilité du linceul :

déjà ce n'est plus toi.

Rougeoiement du tapis

des prières anonymes.

Terre brune, odorante, nue

du cimetière étoilé

surplombant l'azur arabe.

Tes papiers sont en règle.

Sois tranquille,

ô saison du citronnier.

Pin protecteur,

Greffe d'os,

Tombeau des corps.

          Oui ses papiers sont en règle pas comme ceux de la vieille femme libanaise au fichu bleu d'un de mes poèmes y a quelques temps de ça... elle faisait la queue dans la file des sans-papiers avec un sourire posé comme un papillon sur ses lèvres qui ne m'ont pas dit un mot mais pourtant... on n'sait jamais comment ça naît un poème et ceux de Djalila dans leur danse de feux follets quand ils parlent de la mort parlent de la vie...

Les photos sont de Jacques Du Mont

A bientôt...

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13 février 2007 2 13 /02 /février /2007 01:27

                           13ème Salon du Maghreb des Livres

      Voici le petit coin qui nous a finalement été attribué pour notre participation inattendue au Salon du Maghreb des Livres, puisque comme je vous l'avais dit il y a quelques temps, l'espace revue avait été suprimé cette année. Mais comme Marie Virolle, la responsable des Ed. Marsa tout comme moi ne sommes pas du genre à nous résigner, nous avons fini, grâce au talent de diplomate de Marie et à son formidable travail depuis dix ans sur la création algérienne, à bénéficier, une fois n'est pas coutume, d'une mesure de faveur.

      Nous nous sommes donc retrouvés, Marie, Jacques qui nous a servi de chauffeur en plus d'être le photographe des Cahiers des Diables bleus, et moi, devant la Mairie du 13ème, un peu inquiets de ce qui nous attendait quand même... Après mille tergiversations et la crainte de devoir repartir bredouilles, nous voici dans les lieux, et il va encore falloir batailler une bonne demi-heure avant d'obtenir enfin après pas mal de déplacements de tables un recoin au bout d'un grand couloir tout vide.

Nous serons donc installées seules Marie et moi à l'extrémité de l'expo de David Gary intitulée "Hors d'atteinte"... Et hors d'atteinte nous le sommes, à l'écart du Salon central où se trouve la librairie, le Café littéraire et le bar, à côté des toilettes...Bon... personne ne passera par là qu'on se dit, un petit vent de découragement souffle un instant et puis... on se met sur l'idée de Jacques à fabriquer des pancartes pour guider nos amis et les visiteurs vers nous !

 

      Non ! on ne se laissera pas prendre par le dépit, on est dans la place, seules revues, Algérie Littérature Action et nos Diables, et on va attirer vers nous les gens car ici, dans notre bout de couloir il y a non seulement nos livres mais aussi des écrivaines et écrivains, des amies et amis et plein de convivialité, d'humour, de poésie et de rires à partager !

      Marie a apporté de très beaux tapis kabyles sur lesquels on installe nos bouquins, et notre petit coin entouré de ses arbres en bois peint avec des fruits imitation et des nuages de tulle roses-bleus devient rapidement un espace imaginaire aussi irréel que si on était sur la lune...

      Nos Cahiers des Diables bleus sont très étonnés de se trouver là alors qu'ils auraient dû avoir la même destinée que toutes les autres revues si Marie n'était pas intervenue, et si son indeffectible amitié à mon égard depuis dix ans qu'on bourlingue ensemble de Salon en Salon n'avait une fois encore fait de nous autres diablotins des elfes dansant sur les pieds du vent de joie d'aller à la rencontre des gens, à votre rencontre... Pourvu que vous veniez ! car ce matin de samedi, si la librairie est pleine nous on est "hors d'atteinte" !

      Enfin on a réussi à arranger notre petit coin de la manière la plus sympath qu'on a pu, et on vous attend avec une petite inquiétude au coeur... On a eu beau nous affirmer que vous passeriez par là pour aller aux tables rondes qui ont lieu dans la journée, on est trop sûres de rien... Et puis on n'a pas prévenu grand monde pour garder le secret... Car notre présence au Salon va faire bien des jaloux et des jalouses c'est sûr ! On en croisera d'ailleurs mais on ne s'attarde pas à ça, car vous allez venir tellement nombreux qu'on aura bien du mal à faire face...

      C'est sans doute un peu grâce à la baraka qu'on a et à l'amitié des écrivaines et écrivains qu'a invités Marie que ces deux journées qui avaient commencé un peu au ralenti vont être formidables d'échanges, de paroles partagées, de rencontres, de fous rires, et aussi ce qui est très encourageant pour nous, de livre mille fois regardés, admirés et achetés !

On vous espérait sacrément et vous êtres venus, à partir de 15 heures samedi notre petit coin ne désemplira pas et au bout des deux jours du Salon Djalila Dechache dont j'ai lu les poèmes aujourd'hui dans le petit bouquin que j'ai acheté car il était irrésistible, aura vendu tous ses livres et les autres aussi ou presque ! Du jamais vu sur un Salon...

      Le livre de poèmes de Djalila s'intitule Commencements, il est illustré par les très belles calligraphies de Ghani Alani, qui est aussi philosophe, et son écriture directe et très imagée me fait tilt aussitôt car il y a là-dedans des p'tites choses qui font un clin d'oeil à la mienne... Avec Djalila les deux après-midi du Salon vont passer à toute vitesse, entre nos discussions sur la banlieue et nos projets de lectures en commun, sans parler des photos que Jacques prend pour la rubrique de nos Cahiers : "Ils ont posé pour nous"...

      Encore un autre miracle-mirage de ce Salon décidément incroyable, toutes les amies et amis sont au rendez-vous, ils ont fini grâce aux pancartes improvisées par nous trouver, et c'est un plaisir encore plus grand que d'habitude de les retrouver car on sait maintenant qu'il n'est plus assuré de se revoir chaque année...

      C'est encore une fois la démonstration que sans la mise en commun de toutes nos énergies, rien n'est possible, puisque c'est Zineb Labidi, encore une amie de longue date, qui nous prête ses marqueurs pour nos fameuses pancartes, quand on est prof, on emporte toujours son matériel avec soi ! c'est ce que me dit Zineb en feuilletant notre "premier Cahier de Jean", que beaucoup d'Algériennes et d'Algériens auront regardé, ce qui, j'en suis sûre doit faire sacrément plaisir à Jean.

      Ces deux journées ont été un plaisir que je n'oublierai pas, j'y ai retrouvé une grande partie de la pêche et du bonheur des anciens Salons où j'étais présente en tant que responsable de rédaction de la revue que j'avais créée, aujourd'hui ce sont nos Cahiers des Diables bleus que nous réalisons ensemble, Louis mon compagnon, Jacques l'ami de toujours, Leïla, Dominique, Patrick, Laurent, Aïcha, Françoise... et toutes celles et tous ceux qui y sont présents avec nous, comme les dames de l'école Dumas primaire d'Epinay cette fois-ci... Et on ne vous remerciera jamais trop de votre présence car c'est par et avec vous que nos Cahiers existent et qu'ils en sont désormais à leur troisième numéro !

      Un vrai Salon de l'amitié dont Marie a été l'initiatrice, merci Marie et merci à cette grande bouffée fraternelle et solidaire que nous a donné ce Salon du Maghreb des Livres, on ne l'oubliera pas, on ne vous oubliera pas...

A bientôt...

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7 février 2007 3 07 /02 /février /2007 01:44

                        Poèmes de Patrick Navaï

J'ai reçu il y a quelques jours un livre de poèmes L'écho des dits publié aux Ed. L'Harmattan par Patrick Navaï que ceux qui apprécient la revue Migraphonie connaissent bien, et pour moi qui suis tellement à fond avec les poèmes que j'aime et qui peux dormir avec un bouquin de J. Sénac ou de Prévert, de la poésie comme ça qui allume des milliers de p'tits follets d'or dans mes mirettes, c'est le vrai bonheur !

      Alors voilà, je viens vous faire partager un morceau minuscule de mon enchantement à la lecture des mots que Patrick est allé cueillir dans les branches des arbres à diamant quelque part du côté de l'Iran des contes où son père est né... avec des rythmes et des sonorités que l'Arabie heureuse fera siens c'est sûr...

"Entre ma chair d'Occident

Et ma chair d'Orient

Se dessine une terre bleue"

"La mer est là

A portée de main

A portée de sang

Le sable est plein d'enfants

Et je cherche en vain le nôtre

Il ne viendra pas aujourd'hui

Il ne viendra pas demain

Les rochers portent ta chevelure

Que j'embrasse à pleine bouche

La mer est là

Aportée de main

A portée de sang

Le sable est plein d'enfants

Et je cherche en vain le nôtre"

"Abricot azur divan jasmin tulipe

Longtemps j'ai cherché

La langue paternelle

Dans la langue maternelle

Abricot azur divan jasmin tulipe

Mots des peuples iraniens

Habitent en seigneurs mon palais

Ruissellent dans ma gorge

Coulent dans mon sang

Abricot azur divan jasmin tulipe

Mots issus des migrations

Sont les instruments

De l'harmonie retrouvée"

      Et ce ne sont là que quelques extraits de ce bouquin trop beau pour être traité comme ça alors j'ai le projet de faire un petit entretien avec Patrick pour un de nos Cahiers des Diables bleus à venir et il y aura à nouveau plein de mots musique de cet Orient qu'on a au coeur.

A bientôt...

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3 février 2007 6 03 /02 /février /2007 01:52

                                   Salon de Péronne

      Encore un Salon pour nos  Cahiers des Diables bleus et ça n'est pas fini ! Mais comme celui-ci, à Péronne en Picardie il y a une semaine n'a pas été terrible (c'est le moins qu'on puisse dire...), et qu'on aime pas trop se dire qu'on s'est farci un lever à l'aube dans l'hiver même pas très froid c'est raide, les 120 kms qui nous séparent du lieu de l'affaire, l'installation du stand, la présence, l'attention et tout le reste... pour rien... alors on vous a rapporté quelques images des autres qui, comme nous... et qui ont posé pour nous !

      Maintenant si vous êtes des familiers de nos Cahiers vous connaissez la rubrique nouvelle de ce dernier numéro : Ils ont posé pour nous. C'est Jacques le photographe de nos Cahiers qui s'est fait un plaisir de rapporter dans sa petite boîte à images des p'tits souvenirs d'un moment où on aurait aimé que vous soyez là vous autres qui aimez farfouiller dans les pages de nos rêves partagés mais bon... on fait avec et on fait sans...

      Un  personnage tout aussi énigmatique que son âne noir sans états d'ânes lui et qui n'a pas souri pas jeté un regard pas levé la tête de son cahier de dessins durant toute la journée du samedi où il était pourtant juste en face de nous... On vous le livre tel entouré de ses ânes en peluche trop sympath et formidable de concentration et d'indifférence à notre pauv' monde en pleine débandade où même les ânes en travaillent du bonnet...

 

      Lui en revanche il était formidable de gentillesse et ses calligraphies nous ont fait passer le seul bon moment de toute la journée ! D'ailleurs y aura d'autres photos de lui et de ses images qu'il nous a offertes pour nos Cahiers mais on ne vous les mets pas toutes ici sinon vous ne viendriez plus pour les feuilleter sur les Salons vous non plus... Faut dire que pour venir à Péronne en hiver et tenir le coup dans un Salon au trois quart vide faut être un tantinet fou...

      Bon... voilà... les Salons c'est pas toujours formidable mais même quand c'est carrément galère on vous raconte pour vous faire entrer dans ces p'tits moments de vie. Et on se réconforte avec un kaoua pour pas s'endormir pour de bon !

      Le Monsieur à côté de moi il vendait des bouquins sur la guerre de 14 en compagnie de sa femme... pas vraiment notre truc à nous la guerre faut dire et pas plus que le parler Picard, les deux affaires du coin... Donc on a pas trop causé mais quand on est partis ils nous ont chaleureusement serré la main et sa femme m'a dit que "il ne fallait pas s'en faire, les Salons en ce moment c'était nul..." Eux avec leurs bouquins de guerre ils ont bien marché, c'est dans l'air du temps...

      Alors nous entre les états d'Anes qu'on est c'est sûr d'y croire encore à la poésie... les lettres arabes magiques du calligraphe tombé de la lune dans ce Nord qui ne nous a pas chauffé le coeur... et le rire des p'tits mômes des écoles devant leur prénom dessiné pour chacun d'eux en arabe... on est repartis vers notre banlieue dans la nuit en songeant à vous...

A bientôt...

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31 janvier 2007 3 31 /01 /janvier /2007 01:23

                                              Morts pour rien

      Morts pour rien c'est certain quand on meurt à quinze ans et à dix-sept ans c'est toujours pour rien... Mais pour rajouter encore à l'injustice et à la cruauté imbécile et vide de sens de cette mort, on a traité les familles des jeunes de banlieue comme on l'a rarement fait pour d'autres, pour des gens natifs comme on dit... Pas de respect pour ces gens et leur douleur, des insultes et du mépris, alors que seul le silence...

      Et pourtant ces gens étaient à la hauteur de leur tragédie comme le sont les gens simples, vrais et grands dans l'imposture et la violence...

"Jamais vous n'avez entendu les parents des victimes hausser le ton, réclamer vengeance ? Après tout, ils vivent un drame terrible...

Ce sont des gens qui savent se tenir. Sans haine. Sans ressentiment. D'une grande politesse, avec tout un rituel d'atention à l'autre auquel, nous-mêmes, hélas, ne sommes peut-être plus habitués. La foi les aide à surmonter la douleur.

Tant de choses imbéciles ont été dites sur ces habitants de notre pays depuis les émeutes ! S'il y a beaucoup d'enfants, chacun trouve sa place, ce qui est une bonne nouvelle pour la démographie française. Ce sont des familles où les enfants sont aimés, où on vérifie s'ils se laissent aller à fumer, où on sent leurs vêtements quand ils rentrent, des enfants que l'on gronde s'ils arrivent en retard. La question pour les familles de ces jeunes, ce n'est évidemment pas l'amour. L'amour, ici, il y en a à revendre. Non, ce sont les moyens culturels et les moyens tout court. (...)

Vous parlez de cette histoire comme si elle vous avait conduits à retrouver quelque chose que vous aviez perdu...

Oui, c'est vrai. Nous avons à apprendre des populations venues d'ailleurs. Elles nous apportent ce que nos villes ont perdu. On ne peut pas les voir uniquement sous le jour des incidents, de l'insécurité, de la délinquance. (...)

Nous en témoignons : la vie de ces jeunes et de leurs familles est aussi faite de liens, de résistances, de solidarités, d'amitiés. Ils pourraient nous dire comment on fait. (...)

Un mot sur la France, enfin. Il est vrai que notre pays ne va pas bien et qu'il se cherche. Il a pourtant une grande aventure humaine qui l'attend, à une dizaine de kilomètres de ses centres-ville. Que la France s'ébroue. Qu'elle sorte d'elle-même. Qu'elle tende la main. Qu'elle accueille toutes ses filles et tous ses fils, les blonds et les bruns, les blancs et les noirs.

Alors pourra-t-elle devenir ce qu'elle prétend être.

Oui, il faut faire sauter le verrou de la peur."

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26 janvier 2007 5 26 /01 /janvier /2007 12:28
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26 janvier 2007 5 26 /01 /janvier /2007 12:28

                         Des mots pour ne pas dire...      Terrible ce monde où on utilise des tas d'mots pour dire rien du tout alors que des gestes essentiels et remplis d'bonté y en a si peu pas ou presque...

 

 

       Et ça reflète la pensée émotion de qui c'qu'on lit à droite à gauche de partout sur les feuilles sans choux les blogs les paplars qu'on ramasse ? de nous autres les gens ? moi j'aime mieux n'pas y croire...

      Des mots on en dit qui se tordent de travers... on s'trompe on s'débine on revient et y en a encore d'autres pires qui font plus mal comme si on aimait s'faire mal...

     Alors qu'les gestes simples et vrais y causent et souvent y nous font du bien... Pourtant moi j'écris scribouillarde incorrigible et j'aime les mots mais pas ceux-là... et pas tout l'temps et pas maintenant...

       Les mots des ouvriers... d'nos vieux et d'leurs camarades dans la bouche de ceux qui les exploitent et qui les tuent ! y a pas pire mensonge... c'est dur !

      Ouais... on peut faire n'importe quoi avec les mots et aussi tuer un rêve...

      Y en a trop... c'est lourd ça pèse ça nous écrase... on n'peut plus... Pendant que Céline écrivait sur l'insupportable des guerres et de leur cruauté le docteur Destouches soignait les gens sans renom et sans fric et il se tirait comme un tourbillon quand y sagissait de se faire payer..

 

 

Céline blues

 

A Louis

 

Dimanche, 14 janvier 2007

 

Epinay-sur-Seine

 

 

Ils ne le regardaient pas Leurs paupières

 

D’acier les aveuglaient Dures turquoises

 

Ses yeux matent leurs pieds et leur derrière

 

Lucioles fraîches ses iris les toisent

 

Et puis s’en vont ailleurs course légère

 

 

Ils ne le voyaient que dans leur miroir

 

De cendres Ne touchaient jamais ses mains

 

Longues promeneuses fines du soir

 

Leurs oracles font sourire les chiens

 

Volages soigneuses des gens sans gloire

 

 

Ils ne le regardaient pas Bien trop fiers

 

De leur monde mort Les souples topazes

 

Pupilles des chats lui font la lumière

 

L’observent qui griffe aujourd’hui d’hier

 

 

Ils ne le voyaient que cloué aux murs

 

Hors du masque totem ses mèches grises

 

Eparpillées camouflent les coupures

 

Mauves du rasoir La mimique exquise

 

Aux lèvres Souffrance fragile et pure

 

 

Ils ne le regardaient pas Clown d’hiver

 

Nez de neige dans sa prison danoise

 

Rien que la fourrure du chat Béber

 

Pour tenir chaud Une lueur matoise

 

Au fond de ses pupilles bleues qui errent

 

Sur le monde naissant nu sous sa griffe sûre.

 

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24 janvier 2007 3 24 /01 /janvier /2007 14:21

Morts pour rien suite

   Je tenais à vous parler encore un peu du livre que j'ai déniché par hasard au cours d'une de mes balades en quête de bouquins sur la banlieue Morts pour rien, et qui m'a accompagnée durant toute cette semaine tant les thèmes qu'il aborde à partir de la mort insensée de deux jeunes garçons Bouna et Zyed à Clichy-sous-Bois il y a un peu plus d'un an me touchent et sont proches de tous nos désarrois actuels, ainsi que de nos peurs quant à ce qui nous attend...

       Impossible pour l’instant de mettre dans ce texte les images qui devaient y prendre part, donc cette suite de l’article qui m’est venue spontanément en fragments après la lecture à deux reprises de ce bouquin sera brut d’images, dans sa violence même car en dépit de tout l’enthousiasme qui nous anime et de notre côté un peu fou et insouciants, la mort de Bouna et de Zyed dans son injustice et sa barbarie forcent les portes du drame, et nous rendent nous autres dans les banlieues, ivres de colère et de dégoût.

      En quelques mots ces avocats qui ne connaissent ni la banlieue ni les multiples façons d’y vivre et d’y être pris à partie par toutes sortes d’agressions que faute d’humour et de beaucoup d’inventivité, de patience et d’énergie vitale on n’pourrait pas supporter, vont dire ce qu’ils ressentent et qui les prend aux tripes dès leur premier contact découverte de la ville de Clichy et des cités qui sont l’unique univers de beaucoup de gens :

 « Ce ne sont pas vos questions qui dominent dans les médias durant ces premiers jours. Comment se fait-il que vous n’ayez pas su faire partager votre conviction ou, simplement la faire entendre plus fortement ? »

 J-P. M/E. T. : La question concerne tous les acteurs de notre vie publique. Quand une vérité, une petite vérité factuelle n’arrive pas à frayer son chemin, c’est que quelque chose ne marche plus bien dans notre vie démocratique. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous nous sommes sentis très seuls. Tout comme Claude Dilain, le maire de Clichy. Tout comme beaucoup d’habitants de Clichy, y compris ceux dont les voitures ont brûlé. Car, eux, ils connaissent la réalité sociale de ces quartiers et ils savent, au fond d’eux-mêmes, que le problème est bien plus profond qu’on ne le dit.

 Nous nous sommes sentis seuls, face à une vague énorme que nous n’arrivions pas à briser. Seuls comme les gens que nous avions décidé de défendre. C’est cela qui fut le plus douloureux et qui, pour nous deux, fut un choc moral, comme une brutale prise de conscience. Ceux que nous défendons sont le plus souvent seuls. Personne, dans leur vie quotidienne, ne semble vouloir les écouter ni les entendre. Les partis, les syndicats, tout le tissu politique et social d’un pays, toutes tendances confondues, ne leur donnent pas les moyens de s’exprimer. Ils n’ont pas de défenseurs naturels. Ils ne comptent pas ou si peu. (…) »

      Cette solitude et ce sentiment d’impuissance nous les connaissons bien dans nos banlieues, où chacune de nos propositions pour entreprendre quelque chose de social et d’humain, de créatif et de vivant, chacun de nos gestes pour créer du lien et de la rencontre, chacun de nos projets sont taxés d’inutilité avant que nous n’ayons eu le temps de prouver que le béton peut être aussi couvert d’herbes vives, de prairies barbouillées de coquelicots, de vergers et de moissons si on leur donne l’espace et la lumière pour devenir, pour naître et s’élancer vers les blocks où on n’attend que ça !

      Solitude ouais, et comment ! C’est ça d’abord la raison d’exister de nos Cahiers des Diables bleus, ce besoin qu’on ressent tellement de se retrouver, de se rejoindre quelque part pour ne plus crever dans nos blocks béton sans mots qui savent traverser l’épaisseur du silence gris des murailles… Solitude ouais, la nôtre et celle des autres aussi… solitudes multipliées et parallèles qui en nous séparant, en nous éloignant, en créant des castes d’intouchables, d’infréquentables, de tellement différents que forcément hostiles, tu parles ! au sein d’une population, d’une société, d’un monde, permettent à toutes les violences, les exclusions, les discriminations de s’installer en plein cœur de nos existences, de notre réalité singulière et fraternelle, de nos désirs communs pourtant, d’une solidarité nouvelle à mettre en route !

 « Si vous vous êtes sentis déstabilisé par les attaques dont vous avez fait l’objet, comment avez-vous pu y résister ?

 Grâce aux familles. Grâce aux frères des victimes. Grâce aux jeunes de Clichy qui font rempart. Ils gardent leur calme, eux. Ils ne tombent pas dans n’importe quel piège. S’ils avaient choisi un avocat culturellement proche d’eux, les mêmes qui ont tenté de nous discréditer, et peut-être récidiveront-ils, auraient mené campagne sur le thème du communautarisme. Ainsi, dans le prolongement des discriminations sociales qu’ils vivent quotidiennement, nos clients ne seraient pas des justiciables comme les autres ! Soit on les enferme dans la case « communautarisme », soit on prétend qu’ils sont manipulés politiquement. En fait, ils n’existent pas.

 Et en allant à leur rencontre, nous avons paradoxalement mis en évidence ce déni ordinaire, cette indifférence, cet aveuglement. Car à notre manière, nous sommes au cœur de ce pouvoir. Nous en connaissons les rites, les codes et le langage. Pour une fois, nous n’avons pas mis ce savoir au service des mêmes. Impardonnable ? »

       A suivre…                           

                
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20 janvier 2007 6 20 /01 /janvier /2007 01:18

                                   Morts pour rien suite

    Le livre dont je vous ai parlé dans l'article précédent s'intitule :

   L'affaire Clichy Morts pour rien  Jean-Pierre Mignard Emmanuel Tordjman

   publié aux Ed. Stock en févri er 2006

      Février 2006... c'est-à-dire il y a presque un an, et moi qui farfouille partout pour dénicher d'improbables bouquins sur et avec la banlieue je n'aurais rien vu... voire... m'étonne un peu beaucoup, et je m'demande bien où il était ce bouquin ?

      Pas grave, l'essentiel c'est qu'on se soit retrouvés pour finir lui et moi et que vous puissiez vous aussi y plonger votre nez et retrouver une parole pas truquée qui témoigne de ce qui s'est fabriqué comme pataquès dans notre banlieue jolie y a de ça un an ou presque...

      Donc je vous disais hier que ce dialogue entre les deux hommes qui sont les avocats des familles de Bouna, Zied et Muhittin nous remet en plein dans notre réalité d'auhourd'hui : celle de nos cités où nous autres nous vivons et où il faut bien qu'on arrive à exister avec des rires, de la tristesse, de la folie, du désarroi, de la tendresse et des tas de passions comme tout le monde quoi !

      Un autre petit extrait de ce bouquin qui vous dira mieux que moi qui sont ces gens qui justement habitent dans ces cités dont on vous parle si peu si trop si mal si faux et si indigne...

"M et Mme Traoré sont les parents de la plus jeune des victimes. Mort électrocuté, Bouna avait 15 ans. Qu'étaient-ils venus dire au ministre de l'Intérieur ?

M. Traoré prit la parole après M. Altun, ( le père de Muhittin qui est le seul des trois jeunes à s'en être sorti ) écrasé par le drame, et après M. Benna, le chagrin habillé par la pudeur. Ce fut une parole de seigneur, morale, haute et forte, qui avait toute sa place sous les dorures de ce salon du ministère de l'Intérieur.

Grand, mince, il s'était vêtu selon les coutumes mauritaniennes, de sa plus belle tenue. Pour être sûr de formuler au mieux ce qu'il tenait à dire, M. Traoré avait préféré ne pas s'exprimer en français et souhaité qu'un interprète de l'ambassade soit présent.

Affirmant qu'il avait deux pays, la Mauritanie et la France, évoquant la mémoire de son père qui, durant la Deuxième Guerre, avait engagé sa vie pour cette seconde patrie, il témoignait solennellement de son amour pour ce pays, le nôtre. (...)

Il aurait pu tenir un discours de rage ou de colère. Après tout, il venait de perdre un jeune fils. Tout au contraire, il s'est élevé au-dessus de sa condition malheureuse de père d'une des victimes. Des voitures brûlaient depuis près d'une semaine, celles des habitants des quartiers, celles de ses voisins de banlieue, celles de ses collègues de travail. C'est alors qu'évoquant la colère des jeunes, il s'est adressé à Nicolas Sarkozy. Il l'a mis en garde, toujours avec la même voix douce et précise.

Sans menace, sans agressivité, sur un mode poignant, il lui a parlé de sa responsabilité, une responsabilité historique, précisait-il. Pas seulement celle, immédiate, de devoir éviter un affrontement, de prendre toutes les mesures pour éviter que cela dégénère. M. Traoré a été plus loin, plus haut, plus fort. Il a même parlé de guerre civile. (...)

Le ministre avait devant lui des familles dignes dans l'épreuve. Et bien disposées, prêtes à appeler au calme, des interlocuteurs potentiels, de possibles porte-parole de paix, qui avaient déjà lancé un appel public au calme. Cette occasion de dialogue n'a pas été saisie."

      Pas besoin d'en dire tellement plus pour comprendre tout ce qui s'est joué après dans les banlieues et ce à quoi nous autres on a assisté impuissants et plein de colère et de désarroi depuis notre fenêtre dans la cité. Je l'ai écrit dans les récits des Cahiers des Diables intitulé Enfances de banlieue, en réponse à leur juste indignation et désespoir d'avoir eu leurs copains d'enfance tués de cette manière absurde et barbare, ils ont eu en plus mépris et mensonges, ils ont eu la violence habituelle et la savane sèche de nos terrains vagues est devenue un géant brasier qui a tout recouvert des cendres du silence et de la neige de notre hiver sans mots.

      Ce livre enfin dit sans brutalité et sans ce trop de mots qui a recouvert nos banlieues ce que nous voudrions dire nous aussi dans nos Cahiers qu'une société qui n'aime pas ses enfants et qui les tue est une société malade de la peste et déjà dévorée par ses propres rats.

      Sa dédicace nous la reprenons à notre compte :

"A Bouna et Zyed, morts à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005

A Muhittin,

A tous les enfants de Clichy-sous-Bois,

A tous les enfants de la République."

      Oui, nous la reprenons à notre compte et nous dédions de la même façon les Cahiers des Diables bleus à tous les enfants des banlieues du monde...

 

A bientôt...

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