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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

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Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

6 mai 2006 6 06 /05 /mai /2006 12:36

Un nouvel article sur le plus récent livre de Leïla Sebbar que vous aurez le bonheur de lire avant qu'il ne soit publié dans la revue dont je vous ai déjà parlé, qui fête ses dix ans d'existence cette année et que vous retrouverez au Salon des Revues à côté des Cahiers des Diables bleus en octobre 2006.

Il s'agit d'Algérie Littérature Action, revue animée par Marie Virolle et dans laquelle vous pouvez découvrir un grand nombre de textes et d'images de créateurs d'Algérie ou qui ont un lien avec l'histoire de ce pays.

 

                                       L’habit vert
                         Ed. Thierry Magnier, 2006
                                      Nouvelles
                                      Leïla Sebbar



                               « L’heure du conte »


« Elle cherche le titre du petit livre avec un homme en bleu. Elle se rappelle. A la bibliothèque de quartier, le coin des enfants, sa mère la déposait, à l’heure du conte, parfois elle restait si le dernier petit dormait dans son dos, une jeune cousine timide assise contre elle. Sa mère ne comprenait pas tout mais ça lui plaisait. Un moment de repos, apaisée par les mots étrangers, la voix souple de la lectrice, elle se serait endormie dans le bercement de la langue. » L’Habit vert

L’heure du conte… L’instant de la langue où les mots n’ont pas d’importance pour leur sens mais pour leurs sons comme celui du tam-tam d’Afrique battu par les mains des hommes et de la mélopée chantée par les voix des femmes…
L’heure du conte… Un espace à l’intérieur de la cour dessiné par un morceau de laine de deux ou trois couleurs… de l’orange du rouge sang et de l’écru dans le lieu où les maisons d’argile blanche renvoient les mots vers la bouche des femmes.
L’heure du conte… Un morceau de terre blanche effritée entre les doigts qu’on agite au creux de la paume et qui redevient le signe de poussière que tout peut être dit car tout s’envole…
Oui… l’heure du conte qui est la précieuse… le joyau éclaté au fond de nos oreilles et son diamant à histoires. Celle qu’on a drôlement perdue ici dans nos cités pas encore tout à fait ghettos c’est vrai… pas encore… parce que justement ils le recréent probable ce moment-là sans s’en rendre compte les jeunes garçons qui se retrouvent à l’intérieur du cercle un peu plus loin que le bas des escaliers en face de la laverie où viennent les femmes blacks et maintenant les hommes aussi avec les petits mômes à la main qui ne veulent pas… 


Oui… ils le reforment le cercle à palabre les garçons d’Afrique là où il y a le banc béton autour de la cabine téléphonique et ils attendent avec les insultes pour rire qu’ils aiment bien et des discussions qu’on n’entend pas vu qu’on est bien loin d’eux. Alors si comme le dit Leïla Sebbar qui parle des filles dans ses nouvelles L’habit vert : « … écoute, écoute, tu vas comprendre… » quelqu’un arrivait là au pied des blocks et entrait au milieu du cercle des garçons pour raconter… Quelqu’un qui ose quelqu’un qui n’aie pas peur d’apporter les images et les mots perdus… les images qui habitent de l’autre côté du morceau de laine aux trois couleurs… de l’orange du rouge sang et de l’écru… les images qui dansent autour des termitières d’Afrique écarlates et les mots des histoires de l’ancien griot du Mali devenu maître des couleurs avec la caméra sur l’épaule Ousmane Sembene. Est-ce qu’ils connaissent les garçons au pied des blocks ?

 
Alors on verrait tous ces costumes de bouffons avec les marques dessus Nique… Adidas… Lacoste… Footloocker… vu que si tu ne les as pas on ne te respecte pas dans la cité… « Ecoute Yema, écoute… Les enfants de la cité regardaient sa mère, ses habits africains, le boubou, le foulard de tête drapé sur le front avec ces ailes au sommet… » tous ces costumes reprendre leur allure d’avant celle des tissus formidables légers comme des oiseaux et des teintures que faisaient les femmes dans les bassines de plastique multicolores avec les couleurs des terres broyées au creux des paumes et le sel pour faire tenir. Parfois on mettait le sang d’un coq égorgé au pied de l’arbre qui a ses racines profond dans le fleuve qui est rien que la boue sèche craquelée l’été et quand l’eau revient enfin on fait des fêtes et les vêtements encore raides de couleurs on les trempe sur sa peau et quand on ressort c’est le soleil qui donne la force vitale et les chants.

Le livre de Leïla parle de l’enfance d’Afrique et d’ici… elle conte comme dans chacun de ses livres les enfances algériennes pauvres celles du Maroc aussi… des enfants qu’on place chez les colons aisés « … nourris, logés, habillés, des enfants de pauvres… » ou les familles arabes qui ont les moyens d’entretenir des gens à la maison pour certains services… « … on entendait parler de petites filles séquestrées, battues, violées par le patron… des petites filles du bled chez des familles de notables… » Enfances mêlées à d’autres enfances dans les cités d’un des pays les plus riches du monde où on pourrait croire que l’enfance est légère comme une aile d’oiseau sur les murs béton…


Des oiseaux pareils à ceux de Nemo au début qu’il taggait il y a … dix ans peut être… pas encore connu reconnu adapté aux marchands d’oiseaux… des oiseaux des poissons des papillons qui volaient à l’envers des murs tout en haut la tête en bas et le filet à papillons pour cueillir les poissons volants… Des noirs des rouges encore des noirs c’était beau sur les palissades… Ça faisait du rêve pour les jeunes garçons et filles qui ramassent les papiers dans le caniveau avec l’habit vert de la ville et le balai aux branches plastique vertes comme celles des arbres «… Je ne savais pas que je deviendrais balayeuse de la Ville de Paris… » Leïla raconte les enfances de l’Algérie coloniale et de la France de l’immigration celle des années 60 et celle d’aujourd’hui et peut-être que les garçons et les filles des cités liront son livre et que ça leur donnera envie à eux aussi d’écrire des mots de leur enfance de banlieue sur des bouts de papier… Des mots comme ceux qu’on entend souvent quand on passe à côté d’eux les garçons noirs et les garçons blancs c’est pareil : « moi j’aime bien les gens ici mais eux ils nous aiment pas ! »

« Et les nounous des petits Blancs, elle les voit passer et repasser comme si elles se promenaient dans un parc. Elles se rencontrent, bavardent, les enfants les écoutent, un jour ils iront en Afrique, la langue dans la tête et les tout-petits ne se consoleront pas d’avoir grandi, drapés dans le dos, chaloupés doucement, la sueur sucrée du boubou, les gestes souples du travail de la maison, la voix qui chantonne, l’enfant s’endort, il préfère les reins vivants au matelas du lit d’enfant, il attend chaque jour les mains brusques et cassantes qui massent le petit corps pour l’affermir, il sera invulnérable… » Sous le viaduc

Les garçons ce sont les fils des anciens guerriers d’Afrique… on le voit ils sont fiers « … les fils, le père gagne l’argent pour eux… ils disent que l’argent du père c’est rien… ». Les garçons ce sont eux qu’on rencontre au pied des blocks dans les rues bitumes et béton qui ne sont même plus de l’outremer lavé et pourtant il en reste quelque chose de ce bleu… ici sur les parkings où les autos vues d’en haut de notre fenêtre on dirait des jouets avec des couleurs vives parce qu’ils aiment ça… Des voitures pareilles à celles que les Africains fabriquent dans les boîtes de Coca et de sodas les boîtes multicolores et aussi les bombes insecticides ils les ramassent et on les retrouve sur les marchés de Noël ou aux puces de Saint Ouen petites carcasses sculptées par leurs doigts agiles œuvres d’art de la rue qu’on garde précieux comme les joyaux des contes et qu’on range dans la bibliothèque juste deux ou trois planches au milieu des bouquins de Céline qui en avait parlé sacrément lui de l’Afrique pour commencer.

 
Les garçons… ce sont eux qu’on voit ici comme partout ce sont eux d’abord « … Ils se débrouillent, ils disent qu’ils font la mode de la rue, ils copient les frères américains, la mode c’est eux, les magazines le disent, ils se voient partout, on les imite, ils sont les plus forts … » mais ici c’est l’histoire des filles qu’on raconte… une histoire qui existe encore moins que celle des garçons des cités… L’histoire des filles de l’immigration pareille à celle de l’époque des colonies et dans les pays d’Afrique aujourd’hui souvent… leur histoire au fil des pages du livre de Leïla ce sont elles qui la racontent avec leurs mots comme elles l’ont vécue et déjà elle leur appartient.

« Chez moi, c’est pas chez moi, là où je vis, un foyer, je regarde la télé. Dans la chambre on est deux, on travaille dans la voirie à Paris. Moi dans le XIIIe, elle dans le XVe…
Elle dit qu’elle aime ça être dehors avec l’équipe et balayer les rues, ramasser ce qu’on jette, papiers vieux paquets de cigarettes, boîtes à tabac à priser écrasées, boîtes de Coca ou de bière cabossées, prospectus, plastiques ou journaux gratuits périmés, ça l’ennuie pas… » L’Habit vert



A suivre...

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14 avril 2006 5 14 /04 /avril /2006 17:18

                                         La belle étrangère

                Ecoute… écoute… je voudrais te raconter une histoire…


              Elle vient juste de sauter dans l’autobus d’Afrique après l’avoir quitté… Elle vient juste de le quitter et avec lui sa banlieue sauvage qu’elle largue pour un ou deux jours pas plus… sa belle étrangère… Elle vient juste de sauter dans l’autobus d’Afrique… lui il reste là sur le bord du trottoir bleu et il la regarde partir l’air rêveur des enfants dans la moue qu’il fait et puis il s’en va. Doucement il reprend la rue qui monte entre les tours qui fricottent avec le ciel et il se retourne pour la voir un peu avant qu’elle emporte ailleurs le regard étonné qu’elle pose sur tout comme de la rosée.

            Ecoute… écoute…
          Elle vient juste de la quitter à nouveau… Depuis toujours elle s’en va d’elle… de ses trottoirs blues et de ses macadam symphonies où elle a trop vu les choses lui faire du mal et puis du bien… depuis toujours elle s’en va et elle revient…
          Ça a été comme ça à partir de son enfance assise sur les escaliers des Blocks les jambes repliées avec le carnet sur ses genoux pour pas perdre tout ça… pour pas perdre…
         Ça a été comme ça à partir de son enfance qui s’est étirée là pareille à un gros lézard et puis soudain elle bondissait en direction du terrain vague où elle s’enfonçait avec les autres pour oublier la chanson rauque qui montait de partout… la chanson du Tam-tam blues de la périphérie…
         A chaque fois qu’elle la quitte elle… sa belle étrangère… à chaque fois… elle se dit qu’un jour elle n’reviendra pas… Qu’elle jettera les carnets avec ces pages écrites qui parlent d’elle autant qu’elle se souvient… Des mots que les gens lui jetaient quand elle était assise les jambes repliées sur les escaliers des Blocks… Pourquoi elle faisait ça elle sait pas… C’était au début d’sa vie à elle… y a des temps…
          A chaque fois qu’elle la quitte elle se dit qu’elle ne reviendra jamais… Enfin au moins la dernière fois… après toutes ces histoires… C’était rien qu’une enfant… et lui c’était un homme qui en avait cinquante… sûrement plus… La dernière fois c’était un homme arabe comme tous les autres avant… Vous comprenez ?…
           Cette fois-là parc’qu’il y’avait eu des choses tellement violentes comme des grands tourbillons de soleils rouges elle avait pu la quitter vraiment… s’arracher d’elle…
          Cette fois-là c’était un homme arabe et elle l’avait cru à cause de ça… Comme les autres avant… Elle avait grandi avec eux alors… y n’y avait pas de méfiance comme avec ceux qui lui ressemblaient pourtant si on parle juste de la couleur de peau… et qui étaient tous des étrangers…
           De ceux avec qui tu n’manges pas du riz aux épices avec du poisson dans la marmite qui sent drôlement bon assis tous ensemble sur le tapis qu’on déroule juste pour ça et qui a les couleurs d’un pays où elle ira jamais…
            Elle avait grandi avec eux et c’était peut-être grâce à eux qu’elle avait eu envie de raconter des histoires vu que les femmes arabes qui créchaient à la Cité des Blocks elles arrêtaient pas… Et lui c’était un homme arabe comme les autres avant… Vous comprenez ?…
           Pourtant lui dans la Cité des Blocks ni dans aucune autre cité il avait pas mis les pieds pour sûr… et il les y mettrait pas vu qu’à présent c’était un écrivain de la grande écriture… Et même s’il avait été pauvre là ça changeait des choses…
            Oui il était écrivain pas comme les autres avant…
Elle comme écrivain elle en avait croisé qu’un qui lui avait sacrément plu vu que c’était un très grand clown et à chaque fois qu’il la rencontrait il la menaçait de sa canne pour lui faire peur et qu’elle oublie pas… Vous comprenez ?…
          Ouais… cette histoire-là ça avait été tellement de la violence sur elle qu’elle s’était dit qu’elle allait s’en tirer pour toujours de la cité barbare… des halls taggés rouge… des escaliers avec l’océan qui t’arrive juste en bas avec ses terrains vagues à l’odeur salée juste un peu…
           Elle allait s’en tirer de tout ça pour de bon et de la Cité des Blocks elle ne garderait que le diamant bleu de ses nuits l’été quand tu lèves la tête pareilles à celles du désert sûrement où elle irait jamais…
              Son diamant bleu rien qu’à elle… sa belle étrangère…

                                            Ecoute… écoute…


             Ce matin au moment où ils s’en allaient vite fait vu qu’il était presque en retard ça avait commencé par le chat blanc et noir du type du rez-de-chaussée qui en élève des fournées et dont la tête extra avait émergé d’un carton à leur passage… Elle vient juste de sauter dans l’autobus d’Afrique…
             Sauter c’est bien le mot vu qu’elle court à chaque fois pour ne pas le louper et que le dernier bond la précipite à l’intérieur face au chauffeur black dans sa cage de verre sans oiseaux. Ce chauffeur-là c’est celui qui a les dread locks très longues avec au bout des petites perles de verre de couleur jaune et qui l’attend toujours. Les chats à force blancs et noirs qu’ils sont pour sûr qu’on se les retrouve un beau jour sur le paillasson… par force…
               Il attend tout le monde d’ailleurs ce chauffeur black… les grands-mères qui boitillent sur leurs souliers un peu tordus et leurs genoux arthrose mais quand même elles se dépêchent pour pas déranger trop… Les mères de famille blacks avec les grands boubous aux motifs mirages sur des tissus qui carambolent rouge feu ou jaune citron et orange et dedans on se prend les pieds quand on marche vite plus vite encore un petit sur le dos kangourou bien sage qui se balance et la poussette qu’on tasse comme ci comme ça… qu’elle entre au milieu des jambes des gens gentils ils se poussent… plus un ou deux autres petits aussi qui savent déjà et courent… courent… Petits enfants kangourous dans la brousse de la banlieue qui sauvage nous met la peau en rage.
               Il attend tout le monde le chauffeur black qui a des dread locks avec les perles de verre de couleur jaune au bout et ça ne fait pas longtemps qu’il se tape le parcours du bus le 154 qui craque couine gémit parce qu’il est très jeune et qu’il n’a pas l’habitude de la bétaillère des banlieues… le 154… où on se serre bien tous un peu plus à chaque arrêt comme si on avait peur de se perdre.
               Il a pas l’habitude alors il attend en se moquant du temps qu’on doit lui compter serré sur son carnet mais lui il aime mieux les gens et leur sourire quand ils sautent à l’intérieur du bus et alors ils le regardent. Le chauffeur black pareil à un guerrier il a déposé les armes pour traverser le fleuve. Vous comprenez ?…
              En même temps qu’elle revoit la tête masquée noir blanc du chat du type du rez-de-chaussée hors du carton elle se dit que c’est bien un guerrier tranquille le chauffeur black…
               Le chauffeur black il porte le masque de bois encore arrondi d’enfance et pourtant si tu conduis la bétaillère d’Afrique de la banlieue il faut pas avoir peur… la chaussée par ici c’est plus troué que les pistes de la brousse qui traversent en bondissant d’un terrier de tamanoir à l’autre des passages de fleuves asséchés aux écailles de poussière ocre rouge avant de foncer sur des termitières géantes qui servent de carrefour…
              Non… sur la tête de ma mère qu’est sapée façon Henri IV la pauvre y faut pas avoir peur !

                                         A suivre...
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4 avril 2006 2 04 /04 /avril /2006 01:43

 

Vieux Monde qui meurt
A Louis
Lundi, 21 mars 2006


O ce monde meurt et nous ensemençons
Nos terrains vagues de couleur rouge prise
A tant d'ailes nouvelles de papillons
Après eux nous courons prairies insoumises
Froissons entre nos doigts nos papiers brouillons

O ce monde meurt et nous en recueillons
Les cendres vermeilles dans nos mains calices
La poussière pourpre des pages brûlées
Où tant d'amants avaient déposé complices
Un sceau de sang neige et feu de volupté
Rien n'arrête la joie que nous chapardons

O ce monde meurt cette trop vieille esquisse
Au creux de l'outre Afrique a broyé nos coeurs
Ravis de retrouver sa jeune beauté
Poussière écarlate que nous saupoudrons
Sur les routes si blanches qui nous trahissent
Agave pour une unique fois en fleur
Savane éclatée sous tes couleurs réglisse
Réglisse et sang que sans fin nous renversons
Amants sur ce monde mensonge qui meurt

O ce monde meurt et nous recommençons
Sur la terre nous avons frotté deux pierres
Il y a longtemps on l'a fait déjà mais
Ces pierres-là sont des pierres à couleur
Dont la poudre d'encre ne s'use jamais

O ce monde meurt et nous appareillons
Autour de nous tout était blanc et nos peurs
Qu'au bord du fleuve si souvent nous lavions
Grandes lessives fumaient Blanche la terre
Il n'était pas venu pour nous le temps
Où amants nous avons frotté les deux pierres
D'encre l'une contre l'autre O enchanteurs

O ce monde meurt et nous nous réveillons
Une étincelle a volé au ciel oui mais
C'était un envol d'indigo papillons
Qui a giclé nu sur le fond d'écran blanc
Où amants nous avons inventé très fiers
Avec du bleu la première nuit du temps
Comme une caresse offerte désormais

Par nos mains d'amants à ce monde qui meurt.

 

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30 mars 2006 4 30 /03 /mars /2006 16:51

      C'est mardi 28 mars, jour de grande colère des gens et de révolte joyeuse et rondement menée, que j'ai tenté de faire passer la fin provisoire du récit "Une fille qui écrit sans papiers", l'histoire de Marion et du chien Sentinelle...
      Mais impossible de faire ce petit clin d'oeil à celles et à ceux qui croient qu'on peut encore se battre contre les cinglés qui nous cernent et qui mènent notre jolie planète bleue à la dérive d'un égoût crasseux de pollutions, de consomation à outrance, et d'exploitation des êtres humains qui n'ont pas choisi eux, une mondialisation qui ne profite qu'aux déjà super-nantis !
      Impossible donc mardi et les jours suivants d'entrer mots et images sur le blog, et ce mois du printemps qui est plutôt sympathique s'achève avec bien peu de nouvelles des Diables bleus qui pourtant depuis le Salon du Maghreb des Livres se portent sacrément bien !
      Ceci est donc le dernier texte concernant l'histoire de Marion et du chien Sentinelle, vous pourrez en lire la suite si cela vous chante dans le bouquin qui paraîtra un jour ou l'autre, question de finances et autres... qui sait...
      Alors voici les derniers mots de l'histoire de Marion et de son camarade Sentinelle...

      Ça n’faisait pas très longtemps que le sable formait partout et jusqu’au bas des escaliers au cœur des nuits opaques que les réverbères éclairaient plus qu’avec des halos effarés à cause de tout ce sable tourbillonnant des dunes mouvantes qui se figeaient soudain comme vitrifiées par des incendies intenses à l’intérieur où ça bouillonnait de lave folle.
      Ça n’faisait pas très longtemps qu’il s’était mis à nous submerger tout doux tout doux le sable… à la manière d’un désert qui viendrait faire sa place par ici… le sable ocre rose…
      Imaginez… ce sable où on s’enfonçait les talons d’abord et puis les chevilles et alors on avait bien du mal à marcher pour rentrer chez nous…
      Imaginez… de grandes pelletées de sable qui saupoudraient les rues des cités les trottoirs macadam black les parkings aux lueurs violettes où les capots des voitures en étaient au matin givrés d’une croûte épaisse…
      Ça n’faisait pas très longtemps qu’on avait remarqué comme c’était difficile de se déplacer simplement et qu’il fallait faire des efforts que les vieux et les enfants n’pouvaient pas. Hop ! Hop !

      Marion elle s’était endormie enroulée à l’intérieur de la couverture orange aux losanges vert pomme au fond du sous-sol avec le chien Sentinelle pour garder et le chat totem noir dont le nez était fendu d’un croissant de lune pâle.
      Ce qui s’est passé après c’est elle qui l’a raconté à Célestin le libraire de l’Impasse des Deux Anges en s’acharnant à croire que c’était un mauvais rêve qu’on fait avant de se réveiller quand on a dormi trop longtemps.
      Ce qui s’est passé après… dans le rai de lumière bleu indigo des photophores Marion qui s’était réveillée juste un peu pour voir que sur sa scène de théâtre improvisée le chat totem se frottait énergique les oreilles pour finir par se secouer à plusieurs reprises en s’étirant à l’intérieur d’une sorte de halo qui prenait la couleur pourpre d’une savane juste avant la nuit…
      Ce qui s’est passé après… c’est que le totem de chat qui lui avait paru jusque là irréel a sauté soudain de son piédestal et qu’il s’est faufilé le long du trait bleu des photophores avant de se fondre au creux de l’obscurité le chien Sentinelle à sa suite comme ça ne pouvait arriver qu’en cas d’extrême urgence.
      - Eh ! attendez-moi… attendez-moi… elle a crié Marion en enfilant la veste de kapok militaire rembourrée et la cagoule de laine noire et aussi les baskets rouges vite fait sans attacher les lacets…
      Et elle s’est retrouvée dehors Marion sans avoir à tâtonner au creux de l’obscur ou à chercher son chemin et il y avait une lueur trouble comme celle des fins d’après-midi d’hiver dans la banlieue tandis que partout autour d’elle d’énormes tourbillons de sable ocre rose se mêlaient se confondaient s’enchevêtraient pareils à des créatures fantomales et Marion a senti aussitôt qu’au sable dont les écailles coupantes faisaient mal jusqu’au bout des doigts se mêlait de la neige.
      Déjà tout autour d’elle Marion le paysage n’existait plus et seules des dunes géantes occupaient le terrain devant des silhouettes verticales comme de grands navires qui vacillaient et aux bouffées de sable se mélangeaient des odeurs acides qui brûlaient la gorge faisaient pleurer les yeux et déchiraient la peau fragile des paupières et des narines.
      Déjà tout autour d’elle Marion le paysage était un désert au silence mat qui donnait l’impression d’être privé de tous ses sens et on n’avançait plus qu’en retirant un à un difficile ses pieds de l’épaisseur du sable qui les dévorait… Hop ! Hop !
      - Eh ! attendez-moi… attendez-moi… elle a crié encore Marion soulevant un peu les mains de devant ses yeux pour retrouver la trace du chat totem noir et blanc et du chien Sentinelle…
      Alors elle a entendu au milieu du silence mat du désert qui envahissait ses oreilles le hululement pas très loin des voitures de police qui s’approchaient en chassant devant elles d’énormes troupeaux d’éléphants blancs effrayés qui s’évanouissaient au creux de la brume ocre rose comme celle des grands fleuves d’Afrique quand il a plu… pfuitt… pfuitt…


      Oui… les voitures de police elles arrivaient en projetant devant elles des monticules qui ensevelissaient tout à la façon d’énormes termitières à l’intérieur desquelles on aurait été engloutis et digérés comme dans un linceul.
      Pour Marion l’angoisse c’était que le chien Sentinelle était plus visible radical qu’il avait comme fondu disparu happé par les tourbillons d’opaque qui mangeaient les choses et que les voitures de police envoyaient partout des giclées de phares blancs éblouissantes semblables à dix mille soleils.
      C’est en plein milieu de cette lueur blafarde et rose à la fois que Marion a distingué soudain deux silhouettes noires qui se balançaient maladroites comme ivres et semblant venir à sa rencontre…
      - Neij karbonik… neij karbonik… elle a murmuré Marion d’une voix perdue au creux de l’enfance…

      La première des silhouettes elle l’a reconnue facile vu sa taille qui dépassait toutes les autres Marion… on n’pouvait pas se tromper… et d’ailleurs plus il s’approchait guignol démantibulé sur une scène de théâtre dramatique et dérisoire plus on voyait la musette où y avait mes bombes qui s’balançait avec lui… c’était Banou…
      C’était Banou et son camarade que Marion n’connaissait pas mais ils n’se quittaient guère vu qu’ils avaient grandi à l’intérieur du même block tous les deux et le hall l’escalier le paillasson la famille tout pareil… presque des frères qu’elle songeait Marion… ils avaient drôl’ment de la chance que ça ait pas tourné mal comme elle !…
      C’était Banou et son camarade deux jeunes Blacks qui zigzaguaient pas loin d’elle silhouettes ébène de totems dansant au centre de cent mille soleils d’artifice…
      Ça a pris quelques secondes pour que les voitures de police les entourent de leur hululement aigu en poussant devant elles d’immenses quantités de sable givré de neige qui les ont cernés d’une muraille ocre rose de plus en plus haute…
      Ça a pris quelques secondes et Marion qui s’est dit qu’il fallait empêcher ça a voulu courir avec ses baskets rouges mais c’était impossible… c’était impossible…
      - Eh ! vous êtes fous !… arrêtez !… arrêtez !…
      Malgré l’épaisseur matte et amère du silence Marion n’entendait pas sa voix et pourtant les sirènes s’étaient tues. Tout ce qu’il lui a semblé lorsque la haute termitière de sable et de neige ocre rose s’est refermée sur les deux silhouettes noires et qu’elle s’est mise à hurler de toutes ses forces pendant que le hululement des sirènes reprenait dans un terrible chant de mort c’est qu’un chien aboyait quelque part…

      Gare du Nord… vous connaissez ?

      Ce qui s’est passé ensuite c’est Célestin le libraire de l’Impasse des Deux Anges qui me l’a raconté peu de temps après que Marion soit partie en direction du Sud avec le chien Sentinelle sur ses talons…

      Ecoute… écoute…

      Elle avait jamais saisi Marion si ces choses s’étaient vraiment passées ou si elle avait rêvé mais quand elle s’était réveillée enroulée à l’intérieur de la couverture orange aux losanges vert pomme avec le chien Sentinelle qui gardait tout le fourbi elle ne savait pour de vrai pas où elle était… 
       Juste que c’était une cave au milieu d’une cité de banlieue qui ressemblait sacrément à celle de ses vieux d’où elle s’était tirée clic-clac quelques mois auparavant et que dehors malgré l’épaisseur obscure de la nuit on voyait qu’y avait plus rien du sable ni des énormes troupeaux d’éléphants blancs s’enfonçant effrayés dans l’opaque poussière ocre rose…
      Dehors quand elle est sortie Marion le chien Sentinelle sur ses talons ça sentait juste un peu le feu de bois peut-être comme en font les jeunes au milieu des terrains vagues pour s’amuser et perché au sommet d’une poubelle de plastique verte y avait le chat totem au croissant de lune qui les attendait.
      Dehors quand elle est sortie Marion il faisait un froid d’acier bleu et elle a remonté la cagoule avec seulement la fente pour son regard de lin…
      C’est le chat qui les a guidés direction les rails qui étaient vraiment pas loin et comme Marion elle n’avait plus envie d’aller nulle part ils se sont perdus tous les trois au creux mou de la nuit indigo…

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21 mars 2006 2 21 /03 /mars /2006 23:54

Gare du Nord… vous connaissez ?

      C’est sans doute ce jour-là que les choses terribles se sont jouées sur Macadam City Blues où de fabuleux incendies ont redonné à nos territoires d’errance et d’infortune le chatoiement singulier de la savane rouge sang sous son pelage d’herbes craquantes avec tout au bout… au loin là-bas… la tribu des éléphants blancs solitaires et prêts pour des noces de neige et de feu.

      Ouais… c’est sans doute ce jour-là…
      Car ça n’faisait pas très longtemps que les vents géants s’étaient mis à souffler de partout… emportant à l’intérieur de terribles tourbillons les gens qu’il plaquait contre les murs des blocks et que le sable ocre rose fin aux cristaux coupants s’était mêlé à des écailles de neige rêches et glacées… qui formaient comme des carapaces d’animaux disparus jadis amassées sur les parkings des cités au pied des blocks…
      Ça n’faisait pas très longtemps que des êtres incroyables faits de cette matière blanche et compacte qui scintillait avaient crapahuté en dessous des palissades de ferraille écartelées… Qu’ils s’étaient glissés faufilés ramenés sur les chantiers et que les engins abandonnés semblables à de gros éléphants d’Afrique fossiles… les poutrelles d’acier jetées sur les collines de gravats et les tas d’ordures en avaient été lentement dévorés…
      Non… ça n’faisait pas très longtemps…
      Et Marion vous vous souvenez à l’intérieur de sa cave derrière le chien Sentinelle qui avançait comme ci comme ça avec juste une ou deux allumettes encore… pfuitt… pfuitt…
      Ça venait de tourner à gauche raide et Marion écarquillait les yeux vu qu’y avait urgence à voir avant que ça soit tout à fait la nuit. Le spectacle qui l’attendait là-dedans était tellement pas ordinaire qu’elle avait cru pour de bon entrer au cœur d’un de ces contes qui lui parlaient bien quand dans l’armoire de l’école elle arrivait en montant sur un banc et en faisant l’acrobate du bout des pieds à chiper le bouquin à la tranche couverte de pépites d’or.

      Gare du Nord… vous connaissez ?

      D’abord on y voyait toujours autant et pas plus d’interrupteur que le long du couloir où les doigts de Marion avaient farfouillé en vain… ils avaient tout débranché pour pas qu’on vienne elle a songé… en trouvant avec les mains une ouverture un peu cachée derrière un morceau de mur et des briques plâtrières rugueuses contre la paume pas fini d’un côté et qui de l’autre empêchait d’aller plus loin.
      D’abord on y voyait toujours autant mais entre le bout du mur inachevé et la muraille béton à gauche ça faisait un espace assez grand pour se faufiler et un fin rai de lumière pareil à celui d’un photophore éclairait léger les baskets rouges de Marion.
      Sans hésiter elle est entrée Marion Hop ! Hop ! et ses baskets rouges se sont enfoncées dans une matière douce et fraîche jusqu’aux chevilles qui lui donnait envie d’y plonger ses pieds nus… c’était du sable.
      La pièce dans laquelle elle venait de pénétrer n’était pas très grande et grâce à la lumière bleue insouciante comme un grand papillon on en distinguait drôlement bien les extrémités dont les parois scintillaient de grains ocre rose comme le sable que Marion faisait s’écouler entre ses doigts.
      - C’est drôl’ment doux alors… elle a dit tout bas avec le goût du plaisir sur les lèvres… c’est drôl’ment doux ici…
      Y’avait pas grand-chose d’étrange qui pouvait l’étonner Marion vu que dans sa vie depuis qu’elle s’était fait virer du strapontin chez ses vieux clic-clac ! par une caisse de bouteilles de soda elle n’avait fait que s’aventurer sur des chemins d’inconnu.
      Sans dénouer les lacets elle a retiré vite fait ses baskets rouges et des petits ruisseaux de sable se sont glissés entre ses doigts de pied nonchalants et c’était déjà une plage avec obligé l’océan pas très loin… Mais Marion elle n’avait jamais été au bord de l’océan à c’t’époque comme la plupart des mômes des cités d’banlieue… alors elle pouvait pas sentir l’odeur délicieuse du varech et les petites vagues de turquoises vertes où de minuscules crabes violets faisaient la course… ça non jamais… Elle n’pouvait même pas l’imaginer…
      - Bon… et où il est passé ce chien Sentinelle maintenant ?… elle a dit tout haut Marion en explorant de son regard bleu de lin le bleu comme survenu de l’intérieur d’un photophore qui donnait à l’ensemble plutôt clair-obscur une impression de reflets de soleil derrière un vitrail.
      En face d’elle à quelques pas Marion a remarqué pareil à une scène de théâtre une sorte d’estrade comme l’autel d’un petit dieu ancien qui luisait dans la pénombre où on avait éparpillé des photophores et des bougies dont plusieurs étaient presque consumées et d’autres toutes neuves.
      Un des photophores allumé éclairait le totem d’un chat à l’ombre gigantesque perché au milieu et qui avait une virgule claire sur le nez semblable à un croissant de lune.

      Gare du Nord… vous connaissez ?

      Marion que rien n’étonnait comme vous le savez a éclaté de rire car juste devant elle un peu planqué dans l’obscur le chien Sentinelle était assis immobile incroyable qui faisait face au dieu chat que ça ne semblait pas vraiment intéresser et y avait juste le bout de ses oreilles qui frissonnait.
      - Eh Sentinelle ! tu as vu ce sable… elle a dit Marion en faisant le tour de leur nouveau domaine la paire de baskets rouges à la main pour voir s’y y’avait pas quelque chose de néfaste qui les aurait fait déguerpir de là… on va dormir ici… on sera sacrément bien…
      Derrière la silhouette du dieu chat y avait une sorte de renfoncement comme une alcôve… une sorte de trou dans la muraille béton du block où on avait calé un énorme coffre en bois volé probable sur un de ces navires corsaires aux voiles rouge sang avec des ferrailles épaisses de deux doigts rouillées d’eau de mer qu’on n’risquait pas d’bouger d’la désormais.
      - Eh Sentinelle ! matte un peu de coffre ! Sûr qu’y a là-d’dans un trésor d’enfer et sûr qu’c’est impossible de l’ouvrir… elle a ajouté Marion en fouillant le reste de l’alcôve qui contenait des quantités pas croyables de bombes de peinture vides de toutes les couleurs.
      - Banou a pas menti Sentinelle… elle a dit Marion en faisant le ménage dans les bombes aérosol qui carillonnaient joyeuses les unes contre les autres et en étalant la couverture orange aux losanges vert pomme la musette posée contre le fond de la niche qui scintillait ocre rose avec les baskets rouges… ça fait un bout d’temps qu’j’ai pas dormi dans un endroit aussi chouette !…
      C’est comme ça qu’elle s’est endormie Marion gardée par la lueur qui montait de la savane rouge à l’aube au moment où les immenses troupeaux d’éléphants blancs s’amusent à s’éclabousser et à se baigner dans les lagons vert jade enroulée au creux de la couverture orange aux losanges vert pomme.
      Couché à côté d’elle le chien Sentinelle comme d’habitude veillait sur son sommeil en n’dormant que d’un œil sous le regard du dieu chat railleur et indifférent toujours perché au sommet de sa scène de théâtre dans le pétillement bleu des photophores.

Gare du Nord... vous connaissez ?

 

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18 mars 2006 6 18 /03 /mars /2006 11:41


Gens venus de bien loin
Lundi, 20 février 2006

Gens venus de bien loin loques que vent balance
Gens passés par-dessus palissades d’avant
Dis-moi sculpteur de villes hauts murs transparences
Foule Gens d’hiver mis sur des rails blancs d’orage
Ils ont tant cru en toi bercés de patience
Oh ! mes voyageurs fous ma dégaine espérance
Leurs doigts font signaux entailles foule gens
Pendus à des balcons au 25ème étage
Tu moules leurs poignets d’argile seulement
Emeraudes tu gardes aux rois d’abondance
Gens passés par-dessus palissades d’avant
Jetés là sur les berges Le sable d’errance
Les cueille Ils ont tant navigué Cristaux du temps

Gens venus de bien loin te faire obligeance
Fichés debout face au terrain vague Ils sont seuls
Comme la femme baleine remontant
La Tamise Et comme les fils de bronze nagent
Au milieu des remous d’acier et de ciment
Géants Ils affrontent ta ville béance
Dis-moi jardinier d’émeraude à ses hauts murs
Tes clés ouvrent les portes des îles que veulent
Foule gens jetés là peuple qui va sûr
Telles de hautes sculptures aux pieds volages
Traverser les corridors miroirs où l’eau laisse
Parmi les vastes paniers de fruits flottant
Ses burins entre les mains d’une déesse
Qui n’achèvera pas ce que toi tu commences

Gens venus de bien loin se moquant d’éloquence
Gens foule accrochée à des ancres sauvages
Foule gens dans ta ville se font violence
Oh ! mon désir obscur jailli des Moyen Ages
Longtemps ils ont goûté la chair de ta présence
Dis-moi guetteur d’arbres aux cœurs de perles mûres
C’est avec toi qu’ils prendront le dernier virage
De leurs marteaux piqueurs châtieront tes sculptures
Et saupoudreront terrain vague ouvrant leurs paumes
En petits morceaux joyaux verts les tours du temps

 

Gens venus de bien loin sans clés ni royaumes
Foule gens jetés là figuier d’adolescence
Rempliront de sacs lourds des navires immenses
Qui n’auront aucun port ni aucun talisman
Voiles effilochées loques que vent balance
Et toi pêcheur de brumes à ses hauts murs
Tu rêveras une île aux demeures absence
Ces fragments de leur vie que tu taillais d’azur
Pour bâtir tes cités tu y mêlais leur sang
Maintenant à leurs poignets d’argile tu laisses
Des menottes de feu émailler leurs blessures
Foules gens d’hiver contre tes forteresses
Ecailleront leurs corps et leurs mondes bruissants

Gens venus de bien loin peuple de mirages
Gens passés pardessus palissade glissant
Entre les doigts plombés des maîtres du saccage
Foule gens jetés là retirant leurs chaussures
Se délivrant de leur exil ville sage
Et retrouvant pieds nus le sable caressant
A toi veilleur d’émeraude zone doublure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Feront tailler les heures mortes du temps.

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17 mars 2006 5 17 /03 /mars /2006 00:36

Le Salon du Maghreb des Livres

A la veille du Salon du Livre de Paris auquel nous ne participerons pas comme tout ce qui est de l'édition et de la publication marginale, voici quelques images du Salon du Maghreb des Livres qui a eu lieu il y a quinze jours dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris.

 

Un voyage au coeur des espaces un peu fous de l'Hôtel de Ville qui est notre propriété à tous, nous aurions tort de l'oublier, et que nous ne pouvons explorer que trop rarement.

 

 

 

Un voyage au milieu des livres qui parlent du métissage, de la Méditerranée et de ses gens qui y vivent de part et d'autre depuis des siècles et qui y racontent des histoires...

 

 

A la table à côté de la nôtre, la revue Algérie Littérature Action animée depuis dix ans par Marie Virolle une amie de toujours avec qui nous allons encore partager de folles parties de rires et nos passions littéraires…

 

 

Il y en a qu’on ne voit jamais dans ces Salons, ce sont justement ceux qui travaillent à la réalisation de nos Cahiers des Diables bleus  dans la banlieue à Epinay, ceux comme Louis qui dessine et d’autres encore… dommage…

 

 

Avec Dominique Godfard qui a écrit « La carte de séjour » dans nos Cahiers, Christiane Chaulet Achour professeur de littérature comparée à la Fac de Cergy et écrivaine de nombreux essais sur les artistes d’Algérie et de toute la francophonie ainsi que Neïla la petite héroïne des Diablotins venue nous voir… et avec Marie !

 

 

 

De belles heures d’amitié et de poésie partagées ainsi que de nombreux contacts et quelques ventes pour nos Cahiers des Diables bleus lors de leur première sortie, que demander d’autre à la vie ?

 

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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 12:42

Gare du Nord… vous connaissez ?

      Hop ! Hop ! Encore un bond ou deux et ça y était sans même regarder autour d’elle vu que c’était l’moment où le foncé et le clair se confondent et où y a pas grand-chose à voir… le moment de l’aube qu’est le plus redoutable de tous dans les cités de banlieue quand on a les yeux gros de bon sommeil et qu’y faut par force se mettre debout et faire les gestes d’automates qui cherchent leurs mains et leurs pieds au beau milieu du bazar des vêtements de la veille…
      Sans regarder autour d’elle Marion et le chien Sentinelle sur les talons Hop ! Hop ! elle a couru pendant que les bombes aérosol carillonnaient à l’intérieur de la musette joyeuses jusqu’au premier rectangle noir des sous-sols qu’elle a vu un peu en dessous des escaliers des halls avec devant la grande armée des poubelles en uniforme vert de gris et couleur de perroquet délavé et passé au karcher où un tourbillon de chats frénétiques profitait des couvercles qui existaient plus pour partager le casse-croûte.
      Hop ! Hop ! Toute la bande des greffiers innombrables a pris le parti de s’enfuir à l’arrivée du chien Sentinelle qui a perdu sa prudence de chien des nuits au museau silence sparadrap et s’est précipité en aboyant fou furieux les pattes qui font la moulinette tournent virevoltent au centre d’un halo d’écarlate poussière et que même Marion ne peut rien faire pour l’arrêter.
      Sentinelle est pas le chien méchant hargneux chasseur de greffiers égorgeur malfrat ça non pas du tout… d’ailleurs Marion accepterait pas mais c’est son instinct qui le pousse à mettre la pagaille et à virer la population des matous qui sont regroupés en gros tas de poils vibrants de miaulements sourds et de petits cris comme des régiments en désordre occupant chacun des bouts de territoires et prêts à rejoindre le réseau souterrain familier en cas d’alerte.
      Faut dire elle songe Marion en grondant tout bas Sentinelle afin de pas donner l’éveil au quartier qui mijote encore au fond de sa marmite sommeil que le chat des cités est pas comme les autres…
      Non… pas comme les autres vraiment les ventrus dodus gras goulus qui farnientent en pavillons de banlieue… Le chat des cités lui il passe son temps à se castagner pour défendre son HLM poubelle qu’il partage obligé avec la clique des autres et d’où il vire le surnombre car sinon y a danger de mort pas plus pas moins !
      Ouais… elle se répète à voix haute Marion en glissant au creux du noir du sous-sol un pied en avant pour tâter si c’est bon ou pas… y’a danger de mort… pas moins…

    Gare du Nord vous connaissez ?


      C’est drôle comme quand on y voit plus clair on n’peut pas se repérer même avec les mains… Si tu touches autour de toi t’es pas plus avancée elle se dit Marion en fouillant le noir-noir et en écarquillant ses yeux qui ne rencontrent que les pépites d’or de ceux des chats.
      Ouïe ! c’est trop noir là d’dans pour sûr ! elle grogne en se cognant contre quelque chose de froid métal qui l’arrête alors que le chien Sentinelle est déjà parti loin à l’intérieur du couloir qui s’enfonce dans de l’obscur total. Hop ! Hop !
      C’qui est certain c’est qu’y a pas de lampe torche dans les affaires que Marion trimballe partout à l’intérieur d’la musette avec la couverture orange aux losanges vert pomme mais des allumettes pour le butane du SAMSOC ça y en a et y suffit juste de les trouver.
      - Ouais… elle grogne à nouveau Marion… les trouver c’est simple… y’a qu’à vider la musette par terre et à tâter… si la boîte elle se vide pas dans du mouillé alors c’est bon…
      Marion elle n’est pas difficile pour deux sous mais il est pas question qu’elle dorme dans un endroit qu’elle connaît pas et où y a peut-être des choses mauvaises… on n’sait pas… quand tu vis au milieu des rues t’apprends vite à pas t’laisser prendre aux pièges d’inconnu…
      Les allumettes sûr qu’c’est facile… tu les grattes et Hop ! t’as d’la lumière aussitôt… même si c’est qu’un petit morceau de lumière jaune avec son halo d’orange qui t’donne des alentours une image pas très nette au fond tu t’en moques vu que c’qui compte c’est l’allure de l’ensemble pour la première fois et après tu verras bien…
      En se faisant des phares minuscules d’allumettes une par une Marion devine que le long couloir noir d’anthracite qui a l’air d’une caverne très ancienne avec tous les dessins par-dessus les parois où le chien Sentinelle est parti en reconnaissance donne d’un côté sur des portes de caves en bois qui ressemblent à des cages où on voit des cadenas énormes qui la font bien marrer et de l’autre côté y’a juste le mur qu’elle suit et d’un coup soudain ça tourne à gauche…
      Et puis au bout d’un moment que ça s’en va vers la gauche et brutal pareil aux baskets rouges de Marion ça fait un angle sur la droite… Si ça continue à tournicoter zigzaguer virer de bord comme ça y’aura pas assez d’allumettes et c’est plutôt embêtant vu que Marion commence à fatiguer et qu’elle voudrait se poser quelque part avec le barda et retrouver le chien Sentinelle pour dormir dans la couverture orange aux losanges vert pomme au creux du nylon noir de la nuit encore un peu…
      C’est là que l’autre alors que Marion gratte une des dernières allumettes l’ébouriffé le satané vadrouilleur de chien Sentinelle lui arrive dessus Hop ! Hop ! et c’est d’une sorte de boyau plus étroit encore sur la gauche qu’il déboule avec des aboiements joyeux comme s’il avait déniché le trésor d’os de l’année et aussi sec il repart Hop ! Hop ! dans l’obscur il s’enfonce s’efface disparaît…
      Et Marion derrière lui elle avance à tâtons sur ses baskets rouges à l’intérieur du petit halo du phare… pfuitt… pfuitt…

Gare du Nord… vous connaissez ?

 
A Suivre...

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4 mars 2006 6 04 /03 /mars /2006 00:56

Entretien D.L.B. avec Hélène Cixous De l'autre côté de nos liens infernaux à partir de son livre Les Rêveries de la Femme sauvage



«J'ai été mille fois plus dans les bras d'Aïcha que dans ceux de me mère. Cela n'était même pas pensable.»


Hélène Cixous
Les Rêveries de la Femme sauvage
Ed. Galilée 2000

De l'autre côté de nos liens infernaux
Suite


Or «l'éclat extraordinaire de l'Enfer» ne lâche pas ceux qui l'ont vécu au cours de leur «enfance poétique» justement parce qu'il est fascinant. D'où il découle que la dramaturgie et la mise en scène par le récit de la tragédie originelle sont les clefs pour sortir de l'enfermement, le dé-jouer en tournant envers lui son propre feu. «Tout était grand et fort, ruminai-je, songeant à la violence qui nous inspirait…»
Vous avez écrit ce livre en employant le "je" mais il me semble que tout y est réflexif. Comme si chaque "personnage" vous éclairait brièvement d'un rai de sa lumière. Sur la scène de votre théâtre algérien il n'y a pas de personnages secondaires. Même ceux qui ont un petit rôle sont principaux. Ils apparaissent chacun leur tour nimbés de leur nébuleuse de sens. Est-ce un choix déterminé ou cela s'est-il imposé inconsciemment ?

H.C. : C'est juste de dire qu'il n'y a pas de personnages secondaires dans mon théâtre algérien. Pour moi tout est personnage. Le portail en est un mais il y en a beaucoup d'autres qui ont transfiguré mon paysage. La Montagne au dessus d'Oran qui s'appelait Santa Cruz et que je nommais phonétiquement Santacrousse, en est un également. Le monument qui la surmontait était la tête sur le corps de cette montagne. Enfant, je n'y avais pas vu un emblème chrétien grâce à la confusion phonique. Lors de l'ascension on traversait un cimetière arabe merveilleusement beau avec ces petites céramiques horizontales blanches et ses motifs lettrés bleus et verts. C'était un cimetière comme un beau livre. Il faisait corps avec le paysage. Et j'étais en dialogue avec ces décors qui devenaient des personnages animant une réflexion sur l'Algérie.

 
Ce qu'on apprend au théâtre c'est que tous les personnages sont principaux pour eux-mêmes et qu'aucun comédien ne pourra jouer son personnage s'il ne pense pas qu'il est le centre du monde. Lui se considère comme essentiel. C'est une question de vie ou de mort. Et c'est quelque chose que j'ai toujours inscrit et vécu. Il n'y a pas de secondarité. Il y a des accents, il y a des moments, des focalisations. Chacun est porteur d'un message qui peut atteindre l'universel. Il y a des passants qui entraînent toute l'histoire. C'est le cas de Mohamed par exemple dans Les Rêveries.

 
Pour cet usage du "je" justement, je crois que "je" était un je très fort parce que chargé d'autres. Ce n'était pas un petit "je" maigre enfermé dans sa jouissance. J'ai toujours été en communication intense avec l'ensemble des gens que je côtoyais et qui m'entouraient. Et ce n'était pas nécessairement une communication de communion.

«La passion pour ce pays c'était moi en ce temps-là.» Et puis un jour tout cesse et l'histoire peut commencer à s'écrire. Ce désir, ce ressenti si «inséparabe» de fusion refusé par "l'autre" est sans doute l'origine et la nourriture de votre création, sa chair, un accomplissement sans cesse différé avec le corps de "l'autre" mais réalisé par-avec l'œuvre.
Cette théâtralisation du réel forcée par la colonisation avec des rôles sans changement possible ne devait-elle pas déboucher nécessairement pour vous sur une réalité de la théâtralisation ? D'une passion l'autre, vous avez choisi l'unique façon de pouvoir sortir de scène.

H.C.: Ma chance c'est que j'ai enregistré tous ces signaux étant petite. C'est le miracle de l'enfance poétique. Tout s'est gravé. Ce genre d'êtres, de symboles, de symptômes, alors même que je ne pensais pas qu'ils auraient un destin littéraire. Ils sont restés tout à fait vivants. Quand je me retourne je revois tout et j'entends tout.
Mohamed est presque une sorte d'allégorie et pourtant il existait et il m'est resté corps et âme avec son odeur de pauvreté et de manque d'hygiène. Et avec ses vêtements typiques qu'on ne verra plus jamais ici.

Cette espèce de djellaba qui était en fait un patchwork de chiffons. Parce que l'Algérie était pour moi le pays de la misère et qu'après l'Algérie je n'ai plus retrouvé cette misère nulle part sauf quand j'ai été en Inde. C'était une misère qu'on considérait comme normale ce qui était évidemment une infamie.


Mohamed s'est logé dans la maison comme dans ma mémoire sous la voûte de l'escalier. Il figurait un emblème vivant, un misérable Atlas. Comme une déconstruction d'Atlas. Après coup je me suis demandée comment il vivait puisqu'il était seul.

Mohamed nous permet d'aborder cette infernale cage. Car Mohamed n'est-il pas le double de Fips le chien que nous allons rencontrer aussitôt après, dans la cage sans barreaux visibles du désamour humain ? Première réalité de la «possession-dépossession» d'Algérie.
Ne peut-on pas lire Enfermement ou Enfer-me-ment?
Enfermement: de quel mensonge êtes-vous prisonnière dans ce lieu du haut ? Car vous vous trouvez aussi en haut de l'escalier. Un lieu ailé d'Algériens tels que Mohamed en voie d'effacement. Quelle trahison première est-elle peut-être en train de se rejouer dans leur refus de votre don d'âme ? De ce à quoi tout en vous est voué et désavoué ?

 «Et maintenant le Chien qui autrefois fut le Roi et le fils de Dieu descend lentement dans la déshéritance, une vie ratée enfermée dans la cage.»

Ne fallait-il pas qu'il descende de son "Enfermement céleste" pour naître-n'être qu'humain ?

H.C.: J'entends ma grand-mère appeler du troisième étage en se penchant par dessus la rampe avec une voix d'homme qui retentissait dans toute la cage de l'escalier. Et Mohamed montait mais il n'avait pas d'assiette. Et personne ne lui en a jamais donné. On n'y pensait même pas. Il avait une boîte de conserve découpée qui lui servait comme dans un camp de concentration, de tout. Il était tellement justement un être mythique que je n'ai jamais discuté avec lui. C'était comme l'esprit de la maison.

 
C'était une maison assez minable où il y avait de l'humanité. Ma grand-mère traitait Mohamed comme le prophète Elie. C'était Le Mendiant avec une notion de sacré mais qui restait sans paroles, sans commentaires. Ma grand-mère était une femme extrêmement simple qui ne parlait pas, mais elle donnait à manger. Tous les vendredis soirs il y avait des mendiants juifs, puisque la table était ouverte. Ils étaient dans le même état que Mohamed.
A suivre...

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1 mars 2006 3 01 /03 /mars /2006 01:45

Nos champs de coquelicots
Mardi, 21 février 2006

Les tâches d’encre rouge
De nos cahiers d’école
Sont des coquelicots
Mais on ne le sait pas
Que le vent sème fier
Parmi tant de paroles
Mauvaises que les maîtres
Ne nous épargnaient pas


Dans la zone où tout bouge
Les bouteilles qu’on vole
Dispersent au soir clair
Des baisers de papier
On se frotte les lèvres
Et naissent des corolles
Sur les pages en traîtres
Poussent coquelicots

Les tâches d’encre rouge
Pour ne pas qu’on s’envole
Pluriel ou singulier
Ont empreinté nos doigts
Attachés à nos rêves
Explorateurs frivoles
Bons à rien en enfer
Les radiateurs sont rois


Dans la zone où tout bouge
Des pétales s’affolent
Les feuilles d’une lettre
D’amour éparpillées
Une douceur trop brève
A nos heures de colle
Osent des champs entiers
Bondir par la fenêtre


Les tâches d’encre rouge
Papillons farandoles
Petits points de lumière
Qu’on rature peut-être
Reviennent familiers
Joyeuses barcarolles
Dans nos friches où lèvent
Des désirs de déserts


Dans la zone où tout bouge
Telle une ronde folle
Les peintres ont cherché
Des prés sanguine et vert
Mais on n’en parle pas

 
Car nos cahiers d’école
Ont tâché d’encre rouge
Tous les coquelicots
Du terrain vague hier
Et on ne le sait pas.

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