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  • : Les cahiers des diables bleus
  • : Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie, d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.
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Saïd et Diana

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Texte Libre

Texte Libre

Image de Dominique par Louis

  Ecrits et dessinés à partir de nos banlieues insoumises toujours en devenir

      Les Cahiers des Diables bleus sont un espace de rêverie d'écriture et d'imaginaire qui vous est offert à toutes et à tous depuis votre demeure douce si vous avez envie de nous en ouvrir la porte.

      Bienvenue à vos p'tits messages tendre ou fous à vos quelques mots grognons du matin écrits vite fait sur le dos d'un ticket de métro à vos histoires tracées sur la vitre buée d'un bistrot, à vos murmures endormis au creux de vos draps complices des poussières de soleil passant par la fenêtre entrouverte...

      Bienvenue à vos fleurs des chantiers coquelicots et myosotis à vos bonds joyeux d'écureuils marquant d'une légère empreinte rousse nos chemins à toutes et à tous. Bienvenue à vos poèmes à vos dessins à vos photos à vos signes familiers que vous confierez à l'aventure très artisanale et marginale des Cahiers diablotins.

      Alors écrivez-nous, écrivez-moi, écrivez-moi, suivez-nous sur le chemin des diables et vous en saurez plus...

 

                                          d.le-boucher@sfr.fr


Notre blog est en lien avec celui
de notiloufoublog 2re illustrateur préféré que vous connaissez et on vous invite à faire un détour pour zyeuter ses images vous en prendrez plein les mirettes ! Alors ne loupez pas cette occase d'être émerveillés c'est pas si courant...

Les aquarelles du blog d'Iloufou l'artiste sans art  sont à déguster à son adresse                   www.iloufou.com  

10 août 2014 7 10 /08 /août /2014 18:19

Jeune monde

       A Zacharie4051333_zacharie2.jpg 

 

       Samedi, 9 août 2014

       il y a dix ans quand j’écrivais ça Zacharie venait de naître et personne ne pouvait se douter à la cité d’Orgemont où j’habite avec Louis que dix ans plus tard le petit gamin ferait son unique voyage pour le Mali dans un cercueil.

en arrivant tout à l’heure à la porte du hall je vois un mot affiché écrit à la main avec la photo du visage joyeux et rieur d’un petit lascard black je me dis que c’est l’anniversaire on nous prévient c’est la coutume mais c’est la photo qui me surprend… distraite je lis la page chaque cage d’escalier a la sienne de la rue on la devine à l’écart des formulaires habituels

le mot sur le papier scotché est trop long presque la page entière ici quand on fait des phrases c’est toujours qu’on annonce du malheur une page entière vous pensez si ça arrête ceux qui montent descendent avec les commissions et vu que comme partout dans la banlieue on est mêlés les voyageurs des pays d’ailleurs tout le monde toute la terre quasi alors nombreux sont ceux qui ne savent pas lire la langue des administrations mais les administrations elles n’écrivent pas à la main un samedi… 

non une feuille comme ça avec la photo dessus on pige tout de suite que c’est de l’intérieur que ça vient… il s’agit d’une cérémonie pour soutenir les parents de Zacharie qui avait dix ans et qui est mort d’une manière violente aux urgences d’un hôpital de St Denis parce qu’il n’y a eu personne pour l’emmener à temps et du coup lui sauver la peau... en regardant la bouille bourrée de pêche de vie du petit je me dis que sa life n’a tenu qu’à un trajet d’à peine cinq kilomètres…

l’hôpital Delafontaine avec notre autobus des brousses le 154 qui rejoint le tram de Noisy‑le‑Sec Genevilliers Les Courtilles à la station du Marché de St Denis il faut compter trois-quarts d’heure si on attend beaucoup et encore… alors quoi hein ? c’est un fait d’hiver au cœur de l’été et mes mains sont givrées sur la poignée de la porte j’ai du mal à les retirer… en montant les escaliers de songe au cauchemar de cette femme suppliant quelqu’un des tas de quelqu’un qu’elle ne connaît pas de ne pas l’abandonner à la nuit d’une cité de banlieue et à l’enfant malade seul à leur course dans la rue en bas à 3 heures du mat et au taxi qui veut bien s’arrêter unique être humain de l’histoire à la Nyama de bonté qui aurait pu…

je songe en ouvrant la porte au Roi des Aulnes Erlkönig et à la chevauchée du père tenant dans ses bras l’enfant en train de mourir qui appelle… la suite ça n’est même pas la peine tout le monde se défile tout le monde est dans son rôle c’est un monde sans conscience un pays d’hommes sans âme une histoire déjà écrite et déjà jouée cent fois mille fois les commentaires suivent ignorants haineux pitoyables indifférents


à toi Zacharie que ton âme rejoigne celle des griots dans la forêt des grands baobabs loin des hommes sans âme et que tous les jeli du pays manding te content l’épopée de Soundjata au son joyeux et fier des tambours tabalé

 

Lundi, 2 août 2004

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Vous n’avez jamais osé croire

Que vous étiez comme des torches

Embrasés de fougueux espoirs

Vous évadant au creux des porches

Vous exaltiez saoule jeunesse

Dans les bas fonds et les quartiers

Avec vos gerbes de promesses

Vous mûrissiez des champs entiers

Au gré de vous j’ai vu grandir

Un art des rues trouble chantier

Des palissades reverdir

Des pavots à fleur d’escaliers

Vos noms étaient de fiers poèmes

Graffés sur l’écorce d’acier

Des corridors des HLM

Cernant vos rêves suppliciés

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Jeune peuple jeune semence

Pourquoi nous faut-il voir pourrir

Les fruits sucrés de nos enfances

Pourquoi n’avez-vous pu choisir

Vous êtes passés sans savoir

Sur l’autre rive de la vie

Celle où on écrit son histoire

Dans le rouge des incendies

Qu’aurais-je dû pour vous surprendre

Parmi mes trésors vous offrir

Je n’ai même pas su vous dire

Combien votre force était tendre

Vous m’avez nourrie de vos rages

De la détresse de vos corps

Qui dérivaient clameur mirages

Au bord du blanc des miradors

Combien j’ai aimé vous connaître

Sans vous comment la joie écrire

Vous étiez mon âme peut-être

Ma chaleur mon vert élixir

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

Fils du voyage vous rêviez

O héritiers de mille empires

Beaux nuages aux noms mouillés

Rouges affiches ou bien pire

Ce que j’écris c’est grain de sable

Par la dune multiplié

Que vos joutes déraisonnables

Auront ravies aux sabliers

Si Caligula se pointait

Vous iriez lui chercher la lune

Et pour finir on vous noierait

Comme des tristesses nocturnes

Scipion est trop bon pour vous plaire

Vous avez la chaleur du feu

Vous avez le tranchant du fer

Hélicon vous prend à son jeu

 

Jeune monde et jeune désir

Pourquoi faut-il que vous fuyiez

A travers mon âme blessée

Pourquoi faut-il vous voir partir

 

Vous êtes la seule lumière

Qu’on ait envie de protéger

Debout à ce festin de pierres

Et vous allez vous en charger

Déjà mûrissent les outrages

A la place des champs de blé

Qu’on a semés dans le sillage

De vos récoltes annoncées

Jeune peuple jeune semence

Les armes qu’on vous a données

Pour apaiser votre arrogance

Bientôt vont nous défigurer

J’ai tant aimé votre innocence

De nos désirs l’âpre clarté

Que du poème enfin l’errance

Console notre âme blessée.

dyn006_original_600_399_jpeg_2646898_4f11c276febdb889445dbf.jpghttp://enfants-d-afrique.skynetblogs.be/archive/2008/10/31/exceptionnel-a-voir-les-enfants-omo.html

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 21:37

Les fils d’Ura

Epinay, vendredi, 25 juillet 2014

 normal Sahel Fennec

dans leur rêve déjà les marcheurs sont en route

fascinés ils observent la fin du spectacle

agrippés aux babines des robots d’Ura

tueurs obscènes dieux joueurs jumeaux de SethSekhet.jpg

rapteurs du rouge tous les signaux seront faux

déchirure qui danse peau des calebasses

se crevasse teintures de sang des totems

Decheret le Rouge aras en pluie corps gisants

fricassées cigales d’Ura abdomen d’or

jeunes garçons masqués lapins de jaspe mauve

fuyez les fûts métal vert giclant en grand vol

pointes phosphore rongeuses au sol fixant

fuyez la tribu livrée avec terre arable

chassée de toutes prairies des arbres‑ima

des fontaines de buée où Sekhet moissonne

fuyez les vals de Kemet déesse de boue

déesse d’eau figure apprivoisée des fleuves

retournez aux bras serpents de Mami Wata

créature de l’océan Noun indigo JRouch Gao

Harrakoyé sa fille première et sauvage 

des génies Tourou aux pêcheurs Sorko elle va

offrant sa beauté ses fruits poissons et ses îles

couleurs sacrées des pinasses jamais lassées

fils d’Ura la soif est votre désir sans fin

Harrakoyé gorou‑gondi totem reptilePorteuses d'eau Dogon

chevelure noire naissance des rivières

la force de son lait vous a faits voyageurs

fils d’Ura héritiers du soleil vos ancêtres

nomades et montures de laine leurs chants

semailles aux dunes offerts marcheurs de lune

seigneurs des tours de froid donjons sapés grisaille

fils d’Ura fuyez quittez la nourrice amère

buvez le lait gras de la chamelle de tête

en arrière nul ne reviendra sous vos pieds

s’écrit l’épopée de la piste peuples rares

les cathédrales du désert sont des maisons

de passage demain Jabbaren des Ajjer

girafes de Tin‑Tehad prêtresses du temps

laissant derrière loin les noirs soleils de mort

fils d’Ura gardez‑vous des émissaires doubles

partout s’épouillent leurs armures et vous visent

soyez sculpteurs de branches petites demeures

de vents voraces bercées par les hanches larges

oliviers enchevêtrés chevelures d’ambre

qui vieilliront debout dessus notre néant

leurs colliers de fruits joyaux mûrs au cou des femmes

pressés giclent la nuit plaies marines bouts d’os

au creux du poing fermé des vieux compagnons d’Ur

graveurs de loups garous des rocs d’oued Mathendous

nains griots auvents voiliers de Bandiagara

convives très anciens au festin de Saturne

dans les cours des villages les autels se parent

lait caillé sang frais les Hogons peignent des rêves

les masques Awa saluent le jour de la danse

prenez avec vous le lapin le kanaga

salut la terre ! elle vous protège salut ! 

enfants arcboutés aux flancs desséchés d’Ura

vous lirez bien avant la fin de ces murailles

le radium bout dedans ses marmites d’azur

rapteurs de rouge au fronton cousu des visagesALG-SEL-Jabbaren

la traque a remplacé la trace mais les pas

de la chamelle de tête délient le sable

de ses promesses d’eau l’Azalaï continue

dans l’autre sens au désert il faut repartirMali - Danse des masques en pays dogon

et monter plus haut pour voir le monde sauvé

 lessive de lune bleue fumante farouche

futur arraché aux gras charniers d’abondance

 fils d’Ura gardez secrète la pierre à feu

il faudra tout réapprendre à l’envers des îles

océan poche marsupiale abandonnée

terrier rouge couche de mousse frais sommeil

rêveurs d’eau innocents tamiseurs de bonté

la race des guerriers a des veines de givre

salut la terre ! l’espèce mangeuse git

fils d’Ura oubliez son nom que rien ne reste

d’elle montez plus haut voir le monde sauvé

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 23:00

Nous aussi, nous aimons la vie

1986

Mahmoud Darwich

 Darwich

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre eux, nous dressons un minaret ou un palmier.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel
qui nous appartienne et enclore cette migration.

Et nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin
sorte dans les rues comme une belle journée.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens.

Là où nous élisons demeure, nous cultivons les plantes
vivaces et récoltons les morts.

Dans la flûte, nous soufflons la couleur du plus lointain,
sur le sable du défilé, nous dessinons les hennissements

Et nous écrivons nos noms, pierre par pierre. Toi l’éclair,
éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu.

Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens... 


La terre nous est étroite et autres poèmes

traduit de l’arabe de Palestine par Elias Sanbar
Gallimard, NRF Poésie, 2000.

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 23:23

Asafuk Jour du soleil

Samedi, 20 octobre 2012

 

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Il y a un an une brume rousse s’est étendue sur Afrika pendant que la chamelle blanche

La porteuse d’eau celle qui marche devant a emporté le corps de l’homme supplicié

Reviens‑nous voir avec les mamelles de marbre ocre rose d’Ubari pendues à ton cou !

Reviens Ô toi Afekay le généreux la tribu du fennec d’or gris Abayghur et ses huit femelles fières

Et ses fils gardent les petites pyramides rouge cendre des tombeaux d’Al‑Hatya ta royale nécropole et tes guerriers Garamantes ont tendu leurs chars de cuir vert

Reviens Ô toi Afellan le sauvage et les hommes noirs de ton peuple sont retournés sur les rives de Joliba

Ils apprêtent ta fiancée de pierre au milieu du Désert Blanc de tous les bogolans nappes trop mûres des tables de sable

Depuis un an ils n’ont pas cessé de tisser et de teindre

Pour l’enfant morte ses mèches ébène bleu nouées autour de ton corps ils t’ont lavé les maîtres iguanes mains des sorciers d’Umm al Maa

Ils ont cuit la taguella de tes noces de sable chaque puits s’ouvre pour ta bouche la couche turquoise du ciel est ton oreiller

Afoudagh ! J’ai soif répète le Moula‑Moula le bol est toujours plein de ton désir Afoudagh !

Tes frères de Gao déchirent la tunique salée collée à la chair d’Afrika il n’y a pas d’autre moyen que le sang de mil et les tambours d’eau

Reviens Ô Amenay cavalier seigneur et nourrit le cœur des hommes‑lions de grandeur le feu de ton enclume soleil coule entre leurs mains bonnes

Asafuk Jour du soleil c’est ton heure plus d’esclaves nègres leur corps totem porte ton linceul de braise

L’homme qui t’a montré du doigt en riant connaît le sort de celui qui ne trouvera plus la trace pas de chamelle blanche au festin de la Hamada séchant ses os

Ils ont mis dans les mains des voleurs de l’ancien Trésor de Bengazhi les couteaux rituels qui tranchent les parts amères de l’imposture

Ô Amenay entre dans la peau de l’homme noir de Danakil du bédouin de Sehba du forgeron d’Agadez ils te nomment Aslal le rayon de miel

De Gao à Kidal de Tombouctou aux miroirs de sel de Taoudenni les poings chevauchent les tabalés pas de fenêtres aux tentes du Gourma

Ils habitent le souffle du Ghibli ils lui offrent l’asile de leurs maisons d’argile entre dans leurs cris et dans leur course les Ziarrha de Tazrouk et de Ghât et leur épouse lunaire

Laissons les tueurs et leurs haines de papier à l’affût leurs crânes taillés dans l’or de nos peuples

Asafuk Jour du soleil aux joyaux d’Ubari d’Umm al Maa de Gabraoun tu t’ébroues et la chamelle blanche la porteuse d’eau est arrivée à la place où tu l’attends

Ils ne savent pas que là où tu sommeilles un grand incendie s’est allumé les foggaras noyées par l’huile noire qu’ils boivent éblouissent leur aube

Et les bûchers là‑bas leurs livres d’histoire rongés leurs splendeurs prises dans le plâtre des murailles leurs forteresses roulées entre les doigts des jeli

Asafuk Jour du soleil là où tu renais bientôt nous les chasserons même de la mémoire du temps.

 

Kadhafi

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27 juillet 2014 7 27 /07 /juillet /2014 22:00
Selon Israël, le Hamas est lâche et cynique
Le Hamas, nous dit Israël, se cache parmi la population civile. (The Guardian)

othman_hussein_home_destroyed_books.jpg

Richard SEYMOUR

 

Ils se sont cachés à l’hôpital El-Wafa.

Ils se sont cachés à l’hôpital Al-Aqsa .

Ils se sont cachés sur la plage, où des enfants jouaient au football

Ils se sont cachés dans la cour de Mohammed Hamad, un homme âgé de 75 ans .

Ils se sont cachés dans les quartiers populaires de Shejaiya.

Ils se sont cachés dans les quartiers de Zaytoun et de Toffah.

Ils se sont cachés à Rafah et à Khan Younès.

Ils se sont cachés dans la maison des Qassan .

Ils se sont cachés dans la maison du poète Othman Hussein.

Ils se sont cachés dans le village de Khoza’a.

Ils se sont cachés dans les milliers de maisons endommagées ou détruites.

Ils se sont cachés dans 84 écoles et 23 centres médicaux .

Ils se sont cachés dans un café, où les Gazaouis regardaient la Coupe du Monde.

Ils se sont cachés dans les ambulances qui allaient ramasser les blessés.

Ils se sont cachés dans 24 cadavres ensevelis sous les décombres .

Ils se sont cachés dans le corps d’une jeune femme en chaussons roses, étalée sur le trottoir et abattue alors qu’elle tentait de fuir.

Ils se sont cachés dans les corps de deux frères de quatre et huit ans, qui étaient en soins intensifs dans le service des grands brûlés d’Al-Shifa .

Ils se sont cachés dans le corps du petit garçon dont les restes avaient été recueillis par son père dans un sac plastique.

Ils se sont cachés dans l’enchevêtrement inouï de corps qui arrivaient dans les hôpitaux de Gaza.

Ils se sont cachés dans le corps d’une femme âgée, qui gisait dans une mare de sang sur le sol en pierre.

Le Hamas, nous disent-ils, est lâche et cynique.

 

Richard Seymour

traduction Leo Lerouge

»» http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/jul/21/hospital-hamas-is...
URL de cet article 26325
1 yasser arafat
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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 01:34

Le 27 mai 1894 y a de ça pile-poil 120 piges que Ferdine ou plutôt Monsieur Céline poussait la porte du printemps comme il l'a écrit de la façon d'enchantement dont lui seul est le magicien.

Ce petit texte qui est un fragment du bouquin que je tente de gribouiller pour causer avec lui encore et encore.

Bon anniversaire Ferdinand !celine-louis-petit.jpg

      “ C'est sur ce quai-là, au 18, que mes bons parents firent de bien tristes affaires pendant l'hiver 92, ça nous remet loin. C'était un magasin de "Modes, fleurs et plumes". Y avait en tout comme modèles que trois chapeaux, dans une seule vitrine, on me l'a souvent raconté. La Seine a gelé cette année-là. Je suis né en mai. C'est moi le printemps. ”


Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit ,1936.

 

Ouaouf ! Ouaouf ! Le revoilà ce chien du monde encore ! Ce sacré bon sang de clébard qui tient à la ramener chaque fois qu’on cherche à la lui faire fermer et qu’y a péril pour sa peau pour ses poils pour sa tronche de vieux baroudeur d’utopies. Celui qui cavale à rebrousse mégot du sommeil silence qu’enfarine le petit trèpe depuis toujours. Celui qu’on trimbale de l’enfance à l’abattoir bidoche et carcasse déjà vendues d’origine et le reste. Et pourquoi donc sa gueulerie hein ?

Ouais d’accord il se mêle ! il se mêle !… mais vous croyez pas qu’y a lieu vu que c’est lui le baroudeur des quartiers périphériques le traîne ailleurs des banlieues mégapoles le zonard furieux de l’époque qu’on cause ici ? Ce 21ème Siècle à la bonne guinguette où on refile du géant spectacle de l’instantané magnifique aux gueux pour les faire se tenir prêts à la prochaine grande façon de s’entretuer tous ? Lui qui se coltine depuis un sacré nombre de berges qu’il arpente les lieux l’histoire effarée de ceux qui justement en ont pas et qui n’en finissent jamais de crounir de lanterner aux faubourgs de l’énorme citadelle et ses murailles d’or toujours plus inaccessibles.

Et y a pas de quoi se mêler des fois en cette année 2014 où ils sont en train de nous mitonner court bouillonner la grande la première la foutraque la démesurée la joyeuse rengaine de la culotte rouge s’en‑va‑t‑en‑guerre ? Que voilà un lustre qu’elle reluit qu’elle combure qu’elle scintille son petit astre de sang frais l’incitatrice au carnage en haut des forts qui sont devenus pépères pour finir les repères à lapins sauvages et à chiftirs. C’est qu’ils vont bien nous l’étaler sur l’établi au labeur la peau de l’animal tant de fois abattu rabattu déjà frappée rancie noircie aux caillots de petits hier mal réveillés. Alors l’ouvrier le prolétaire qu’on lui disait il s’en allait à l’aube se la faire crever la pelure à l’usine ou à la guerre au choix c’était son destin au bougre.

Y a un siècle tout rond 1914 c’est pas un chiffre à oublier hein ? que la jolie couleur écarlate de la toupie de plomb tourne tourne autour du monde et elle ne nous lâchera pas tant qu’on ne l’aura pas épouillé ce chien de la clique sanguinaire des parasites marchands d’armes et de leur tribu d’humanoïdes décadents leurs troupeaux militaires avides de meurtres et d’ordalies ! 

Ouaouf ! Ouaouf ! La réflexion qu’il se fait le chien qu’a la manie des interrogations dans son for d’intérieur vu que dehors les causeries des autres les humains intelligents il se mêle pas il a pas lu assez il peut pas hein ?… La réflexion c’est que ça a démarré ce jour‑là le maudit 31 juillet 1914 l’enterrement l’irrémédiable momification des combats et de la mémoire des classes populaires. Ouais ça a démarré quand le gars Jaurès le défenseur des ouvriers mineurs et verriers de Carmaux s’est fait descendre au quartier Croissant et Montmartre là où les imprimeries de presse rotativaient à fond pour sortir l’Huma et la Lanterne.

La question ouais c’est ça… un siècle plus tard où qu’on en est de la conscience hérisson qu’ont les lascars des milieux populaires de leur histoire singulière ? Où qu’on en est chez les montreurs de mots les griots d’Afrique bitumisés les diseurs des rues qui font l’impasse à la bonne aventure les poètes des caves les hobos des quartiers passeurs de Slam et de Rapp où qu’on en est ? Ouais où qu’on en est de la réalité de la grandiose manipulation qu’il avait dénoncée déjà Céline le formidable imprécateur ? Lui qu’a ouvert d’un coup d’une volée de généreuse colère plume à la patte la porte des ghettos faubouriens en écrivant Voyage au bout de la nuit vingt piges après la tuerie pour tenter d’affranchir le monde sur les recoins puants la mort et l’esclavagerie imbécile maintenus tels par les misérables eux‑mêmes ?

Ouaouf !… Ce qu’il est advenu de cette chienne de langue l’héritière des goualantes des trottoirs et des cours avec l’orgue de barbarie qui mouline sa fureur et sa complainte ? De cette poésie des chemineurs des villes de suie et d’asphalte et des chanteuses de bitume à la nocturne à Montmartre que la tribu de la butte Gen Paul Bonvilliers Le Vigan Eugène Dabit Elisabeth Craig “ Lili ” et Mahé rejoignait au retour de ses tournées joyeuses sur “ l’arche à copines et à copains ” de la Malamoa ?celine-a-Meudon.jpg 

Est‑ce qu’une écriture canaille une écriture d’après Céline d’après son grand trucidage des mots moutons résonnant résignés sur les dalles de l’abattoir à langues va en finir pour de bon avec la forfaiture de l’écriture de classe ? Une baveuse affranchie de tout qui fait dans l’aboiement elle a une chance d’exister peut‑être hein ? Et pas comme une mode libertaire sur les rebords de la langue officielle mais comme la forme et le style privilégiés des poètes baladins des quartiers en train de se l’approprier ?

Parce qu’y a l’écriture d’avant Céline et Voyage et l’écriture d’après. Vrai qu’il y est arrivé Ferdine à refiler à la parole vivante et à la bonne goualante toute leur place dans la langue des livres. Et qu’il n’a pu y parvenir que parce qu’il était à l’écoute de la petite musique de Courbevoie Seine du Passage des Bérésinas de Clichy La Garenne Rancy et d’autres…C’est la petite musique de Babylone Zero. Ouaouf ! Et Ferdine sûr qu’on le reconnaît comme un des nôtres le premier le scribe fondateur des quartiers tiens !

 

Ouaouf ! Ouaouf !… C’est en commençant à écrire qu’on apprend à aboyer ou peut‑être c’est parce qu’on n’a pas cessé d’aboyer toujours nous autres les artistes sans art les poètes du quotidien qu’on a osé un jour se mettre à écrire. Depuis le temps qu’on trime qu’on s’esquinte à l’ouvrage de fabriquer un langage qui nous permette de dire autrement qu’on a jamais appris à le faire aux écoles. Mais il faut croire que l’enseignement qui nous est asséné d’autor et la façon dont les maîtres nous l’ont repassé portent une force d’aliénation drôlement efficace qui a réussi a persuader ceux comme mézigue prêts à foncer sur les pistes sauvages des légendes des contes des épopées poétiques qui circulent naturel de génération en génération que ça n’est pas la peine… Non hein pas la peine ?

Y en a eu pourtant de ces écrivains bien humains issus de familles modestes qui créchaient à l’intérieur des quartiers pauvres des villes comme celle de Camus au quartier de Belcourt à Alger dont on n’a retenu et qu’on enseigne ce qui appartient à la grande écriture. Et la langue de leurs bouquins est marquée indélébile par cette contrainte‑là et par l’impasse faite sur une forme d’expression populaire différente qui a été la leur. Qu’on songe à l’article “ Misère de la Kabylie ” publié dans Alger Républicain en 1939 et à ses Ecrits libertaires 1948‑1960. Il y a là une autre intensité du ton et du récit qui n’est pas romanesque mais proche de l’expérience vécue comme c’est le cas pour son dernier livre inachevé Le premier homme. Mais aujourd’hui qui a lu et qui connaît ce Camus‑là dans le peuple algérien hein ?

Y en a d’autres comme Vallès qui a refusé d’engloutir ce que son instit de paternel lui servait à chaque occase avec quelques torgnoles pour faire couler et qui dans sa trilogie de la jeunesse aux cerises nous prépare déjà les trottoirs blues d’une autre écriture quasi animale… Ouaouf ! Ouaouf ! Des chuintements… des hululements… des croassements à la Artaud. Et voilà qu’on approche qu’on approche de ces tournures de phrases explosées déguenillées qu’on entend dans les faubourgs et les banlieues.

A partir de Céline y aurait eu transgression alors et refus conscient de ce qui nous empêche d’être des gens du peuple qui possèdent des savoirs singuliers et des savoirs faire originaux ? Et tout ça bien touillé ça fait une culture qui nous est commune ? Quand j’étais gamine et qu’avec l’intuition de l’injuste et du faux des mômignards je reluquais de partout les chasses grands ouverts et j’écoutais à fond de mes esgourdes ma grand‑mère pour calmer mes révoltes avait cette phrase que je n’ai pas pigée pas à l’époque : “ Nous on a rien à dire… on est des p’tites gens… ” A trente piges de là j’ai entendu Céline l’inattendu lire à la radio ce moyen le mien d’enfance aussi de me colleter avec les voix des gens un extrait de Voyage au bout de la nuit. Alors j’ai senti comme ça doucement au fond d’une grande joie douloureuse que la petite phrase qui m’avait bien tenue la muselière tout ce temps m’avait d’un coup lâché la peau. Ouaouf ! Ouaouf ! Et je crois bien que c’est là juste là que la chienne Bonnie l’anarchiste celle qui cavale au train des mots a déboulé et qu’il a fallu que je me coltine vite fait une rengaine d’aboiements inconvenante et espiègle et voilà ! Celine_Meudon-o.jpg

Je crois bien que durant les années d’apprentissage et de formatage aux écoles et ça a été très long je me souviens que je me suis beaucoup ennuyée. Et puis je pensais que ces quantités de connaissances qu’on voulait nous bourrer dans le mou ça n’était pas pour moi. Des connaissances j’en avais déjà elles occupaient l’espace imaginaire et usuel de ma vie. Dans les écoles il y avait deux sortes de gaziers si on veut. Ceux qui attendaient le museau enfariné qu’on les arrange de l’intérieur pour une cause qui ne sera jamais la leur mais ils ne le savent pas. Et ceux qui ont l’intuition que la piste de la vie qui est un voyage c’est pas de ce côté qu’on la trouve.

Les écoles j’y restais pas je faisais mon petit scandale au passage y avait pas grand-chose qui me tenait sauf les poèmes. On m’emmenait et c’est avec mon grand‑père le cheminot que j’ai appris à lire d’un train à l’autre et à dessiner les motrices. On feuilletait la Vie du Rail et il me racontait les histoires des gros livres cartonnés ses livres de prix. Ces bouquins c’était sa bibliothèque y en avait pas d’autres. Ouaouf ! Les écoles c’est un lieu où on vous remplace votre savoir que le corps la tripe l’émotion des anciens vous ont refilé par du prêt à muter muet docile crétin quoi ! 

 Ouaouf ! ce que j’en savais moi alors c’est que je devais me dépêcher d’oublier ce qui m’avait bien empêtrée me défaire de ces costumes les uns sur les autres. Ils m’avaient refilé ma dégaine de plus rien du tout par‑dessus ce que des générations d’ouvriers paysans en bleu de chauffe et en pantalon velours dont ma famille est issue m’avaient légué. Mon héritage d’une culture et d’une mémoire populaires partagées toujours empêchées d’être.

Céline avec Voyage d’abord il a fait sauter le verrouillage de l’imposture qui n’a pas fini de nous courir pour autant Boum ! Vlan ! il a viré par‑dessus bord l’idée tenace que l’écriture c’est un job réservé aux spécialistes lui qu’était médecin de la banlieue qu’on magine !  Pas un initié Ferdine ah non alors ! pour ça qu’il insiste tant à répéter qu’il a toujours trimé et que louis-ferdiand-celine-meudon.jpgc’est l’expérience de la vie qui lui a appris à être une sorte de scribe des féeries ordinaires Ouaouf ! 

Pour cézigue qui écrit après des années d’autisme voilà une trace afin d’essayer de tirer au clair comment on s’en sort quand on est marqué par l’habitude de penser à partir de ce qu’on ressent et par les traditions de ceux qui marnent avec leurs mains. La trouille que je me suis fadée quand je m’y suis mise ça n’était pas rien et bien sûr qu’à ce moment‑là Céline ni le Docteur Destouches je ne connaissais pas… Et oui… et non… j’ai vécu jusqu’à 35 piges somnambules sans avoir lu une seule ligne de Céline du “ au commencement était l’émotion… ” il me manquait et je ne le savais pas… C’est vrai… Ouaouf ! Ouaouf !

 

Ouais alors… l’écriture au début pas de lézard y a que le côté artisanal pas du tout coupé du réel ou quoi qui me cause. Celui du graveur d'eaux-fortes avec son burin sa pointe‑sèche et son moindre détail près. Et puis c’est un travail d’ouvrier qui taille sa plume avant de s’y plonger tout affolé de ce qu’il sent lui gronder en dedans et qui broie son encre sur la pierre. Broyeur d’encre en voilà un métier ! C’est ça… c’est bien ça… écrire ça se passe dans les paluches d’abord et c’est le bout l’extrême du savoir faire de toutes ces générations de paysans et d’ouvriers qui a accompli cette dernière métamorphose. L’encre broyée des mots tatouée ou taggée c’est la même dedans la peau de papier des livres et sur les murailles de Babylone la citadelle de l’enfer qui s’annonce en cette fin du 19ème siècle où Céline débarque et dans tout le 20ème où il ne lâche pas l’affaire Ouaouf !

Cette merveille de style qu'il a créée c’est juste un rétablissement de la langue des gueux à la devanture. La seule qui peut dire cette passion de vie libre sans dieu sans maîtres sans doctrines sans interdits sans hontes sans rien. A nous de prendre en main notre héritage fabuleux pour revendiquer un aboiement qui tout en ayant été le sien devienne à force de fureur et de démesure  le nôtre.

Chacun d’entre nous privé de la pensée commune d’un monde ouvrier ou paysan est aujourd’hui seul dans sa langue et dans ses rêves. C'est au fond infâme de cette solitude-là que la création frémit se rassemble bondit comme la toute petite farouche de lumière et qu'elle nous conduit à notre dignité humaine à travers les aboiements sauvages des chiens de la nuit... Ouaouf !... Ouaouf !...AVT_Louis-Ferdinand-Celine_1932.jpeg

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26 avril 2014 6 26 /04 /avril /2014 18:01

La jumelle d’OgoYurugu

 

“ Bien sûr qu’il va mourir le Rebelle. Oh, il n’y aura pas de drapeau même noir pas de coup de canon pas de cérémonial. Ça sera très simple quelque chose qui de l’ordre évident ne déplacera rien mais qui fait que les coraux au fond de la mer les oiseaux au fond du ciel les étoiles au fond des yeux des femmes tressailliront le temps d’une larme ou d’un battement de paupière.

Bien sûr qu’il va mourir le Rebelle, la meilleure raison étant qu’il n’y a plus rien à faire dans cet univers invalide : confirmé et prisonnier de lui‑même… Qu’il va mourir comme cela est écrit en filigrane dans le vent et dans le sablepar le sabot des chevaux sauvages et les boucles des rivières… ( … )

Bien sûr qu’il va quitter le monde le Rebelle ton monde de viol où la victime est par ta grâce une brute et un impie ”

Aimé Césaire Et les chiens se taisaient

 

dire répéter mâchonner qu’écrire autrement que sur les Cahiers les feuillets petits carreaux cousus agrafés leurs pages au format de vingt‑quatre par trente‑deux centimètres des fois plus petits couverture cartonnée comme ceux où j’ai gribouillé les premiers ours informes bâtards les poèmes en vrac avec les pages blanches recollées celles bon marché des blocs de papier pour imprimante les fines qui m’accompagnent dedans la musette de hobo à l’intérieur d’une chemise carton bleue la verte c’est pour les critiques litt et la rouge pour les notes récupérées aux bouquins aux articles de journaux et les autres avec leur couverture de couleur au carton mou qui s’écorne facile au fond du sac que je jette sur la banquette ça n’a pas de sens

des Cahiers des dizaines avec les dates dessus et le titre des centaines peut‑être un jour ou l’autre les plus récents qui ne me quittent pas je graffe les couvertures de collages bouts de papiers journaux photos images cartes postales ramassées ci là recouverts consolidés de bandes de papier collant transparent je n’ai jamais écrit autrement les pages imprimées des textes articles poèmes se sont ajoutées naturellement je n’ai pas arrêté pour autant d’écrire à la main avec un rotring pointe numéro trois encre de Chine noire broyée dont il faut agiter à chaque fois la masselotte pas que ça se bouche une écriture qui ne s’efface pas une écriture de peintre un calame d’ouvrier des trains des métros des RER qui ne peut plus se servir d’une plume et d’un encrier pas de buvard non plus c’est la page d’en face qui boit une histoire à double figure ma jumelle d’encre mon jumeau de sable OgoAncêtres et serpent lébé

des Cahiers auxquels se sont ajoutés peu à peu au fil de la route des Carnets petit format les Carnets du voyage onze centimètres par dix‑sept couverture cartonnée rigide rouge et noire je peux les glisser dans ma poche c’est facile ce sont des bouts des fragments écriture parfois illisible déteinte au stylo bleu noir effacée raturée gribouillis des trains de ligne souvent perdus égarés oubliés dans le filet de la banquette du TGV il y a mon nom mon adresse sur la première page personne ne me les renvoie ce qu’ils sont devenus m’indiffère d’autres plus petits encore à la couverture molesquine noire violette des signes éparpillés des morceaux de mémoire qui ne se pointent que sur la route avec le bruit régulier des boggies berceurs d’enfances déconvenues

si j’ai abandonné Calamity Jane la machine à écrire la frangine de mes premiers brouillons conservés pour noter par derrière les bribes des récits advenus et repartis aussi vite ramassée dans une poubelle d’une rue du 20° il lui manquait le e comme de juste je le rajoutais à la main ça me gagnait du temps c’était une époque d’abondance les mots crapahutaient bondissaient se ruaient je ne pouvais pas suivre je sautais à pieds joints par‑dessus les lignes je faisais marelle j’arrivais au ciel hop ! hop ! ça n’a pas duré et puis c’était un peu compliqué comme bécane musical et tout un vrai piano ce bastringue ding ! ding ! vrouh ! vrouh ! ding ! vrouh ! j’ai repris le rotring et puis l’ordinateur le maudit vampire la vitrine à nabots le gobe‑mouche à roussins nous est tombé dessus un vieux récupéré lui aussi a remplacé Calamity Jane mais il n’a pas de blaze c’est un objet mort un corps étranger qui ne sera jamais  le compagnon de labeur familier

ce sont les éditeurs et leur clique qui nous ont coincés avec disquettes et tapuscrits qu’ils nous ont forcés à utiliser pour leur livrer nos manus en produits finis objets manufacturés ni lus ni corrigés ils ont rendu encore plus vulnérables les hobos des mots au rapt de leurs créatures et leurs signaux sémaphores par les troupeaux d’indigents qui déambulent le long des pages virtuelles que bien niais et bien gentils on leur refile par le moyen informatique devenu l’annexe des écrivains contemporains… est‑ce qu’on imagine Céline transformant ses ours en graffitis d’écrans ? il m’a fallu le temps de piger qu’être publiée à ce prix‑là c’est me rapprocher un peu plus du néant

dire répéter asséner que le support informatique sert à deux choses : 

à se faire filocher mâter reluquer aux coutures balancer et juger par tout ce qu’il peut y avoir de nuisible et de censeurs curetons et faux‑derges dans ce monde qui vire à la fois aux cruautés les plus crades et à l’imposture des redresseurs de torts les plus nauséabonds

à se faire carotte pour finir ses récits titres poèmes images photos créations et créatures et à les retrouver publiés par des commerçants de basses cours dont les paplars crasseux hantent les pseudos librairies pas encore mutées boutiques de fringues sous forme de torchons appelés bouquins

et que sans ce système d’appauvrissement impensable et écrasant de la langue et de ses forteresses sacrées les nabots de la machine écrite n’auraient pas pu parvenir à la dégrader et à la vendre invalide et informe purée d’absence sans auteurs sans correcteurs sans lecteurs sans émotion et sans âme comme le plus vulgaire des produits à fric

et retourner à mes Cahiers mes Carnets de Route lourds encombrant y en a plein le placard de ma petite piaule de haut en bas des fragments des lambeaux lavis d’étoiles déteintes tétanisées et têtues malgré tout des combures debout jamais éteintes tout à fait par la grande lessive des promoteurs de vieillissement instantané par les ravisseuses d’éclaboussures d’iris de chats muets errants guetteurs d’une gare l’autre de l’épopée brute à jeter dehors la tribu informe des hérissons armés jusqu’aux oreillemarziani_jabbaren_1.jpgs de lances frondes aux aiguilles métal plongés dans des bains bouillonnant de lazulis avant d’arriver au large d’une cible montée un jour de la St Jean d’été sur une botte de paille nulle part

c’est ça que je veux qu’il reste de l’écriture du renard pâle le maître de la transe le devin lyrique sorti du jardin territoire d’inattendu inadvertance immense territoire des chasseurs cueilleurs savane à perte éblouie des pieds où il aurait bien pu demeurer lui le premier hobo des mots il avait à sa portée des moissons d’herbes à paroles jusqu’à la porte sauvage et sa mer de mosaïques turquoise et vertes et il l’a franchie un jour qu’il désirait beaucoup il faisait nuit la bonne nuit où le repos s’arrime à la carapace fluorescente des lézards chevaliers il ne connaissait pas le sommeil ni les rêves déchus des hommes couchés lui il rêvait debout comburant en torchères liquides forges au jet brut et pas autrement

lui l’évadé du drame le voilà franchissant le quatrième coin du panier du ciel tombé là avec sa poignée de graines de fonio et ses couples de jumeaux multipliés à l’infini et ce qui n’est pas fini au commencement des feux entre dans sa perte lui le voici seul privé de sa jumelle lunaire divisé et un en quête toujours de tous les autres fatalité du créateur le voilà devenu le convive du festin des tables de sable celui qui sait et qui ne peut pas dire le voilà l’arpenteur unique des déserts dont chacune des trajectoires mesure la soif inaltérable et bonne des veilleurs rares du videGrand-personnage-Sefar-copie-1.jpg

c’est ça que je veux qu’il reste des fragments des Carnets de route des Cahiers et rien d’autre de l’écriture qu’Ogo m’a donnée lui le jumeau désolé et insouciant en quête de son double manquant son Nommo et ses traces dans la poussière rougie des tessons d’argile sur la piste de ce qu’il a nommé déserts il l’a nommé Decheret le Rouge fils de Seth Gourma Fezzan désert blanc désert noir où ne règne que la danse furieuse des jnoun lui le devin il connaît l’histoire des hommes fossiles qui se sont emmurés vivants à l’intérieur du sablier de béton de Babylone il ne les approche pas il les fuit

le mal qu’ils peuvent faire aux êtres nés de l’ivresse transhumance est sans limites je l’ai expérimenté jadis quand je n’avais que des embryons d’ailes d’oiseau nocturne à mes moignons de pattes auprès des femelles fabricantes de momies embaumées de papier d’hygiène qui m’avaient alpaguée dans une des gares où je venais de poser mon sac ce qui m’avait amenée par là je l’ignore je voyage toujours à bord des trains de hasard et j’ai échappé belle à la cryogénisation de mes rouleaux de papyrus vivaces elles avaient installé des filets dans le lit de Nahr‑al‑Azrak un des fleuves à mémoire que les barques des poètes remontent à l’aube il suffisait au matin après leur sommeil de mort qu’elles y plongent la main pour y repêcher des poèmes d’eau rare de celle qu’on puise au ras du sable dans les aïn sur les rebords de l’Akakus

mes Carnets de route sur les genoux d’une gare l’autre je griffe les pages petits carreaux avec le rythme de la piste c’est une écriture en fragments forcés à la cadence des boggies et de ce que ça appelle dedans mon corps comme stridences il ne s’agit pas de noter ce qui se passe autour le hobo n’a rien d’un reporter de faits divers il a un corps qui écrit comme celui de l’homme qui marche et c’est ce mouvement qui rend l’écriture à la naissance du signe c’est ainsi que les marcheurs de pierres et de sables du Tassili N’Ajjer et de la Tadrart Akakus ont dû se déplacer de l’un à l’autre par la passe de l’oued Afar pour tracer de leurs doigts sur les parois des abris à peinture les Têtes Rondes symboles de leur existence signaux épiques cosmogonies fabuleusesSefar le grand dieu pêcheur

le “ grand dieu pêcheur ” avec son hameçon sortant du flanc empoussiéré d’ocre jaune ou “ le grand dieu des Martiens ” de Séfar ainsi que le “ grand dieu blanc ” qui est aussi le “ dieu des pluies ” et son nuage qui lui pleut comme les gracieuses antilopes rouges de Tamrit et le guerrier libyen de l’Aïr à côté de sa girafe scarifiée sont les signes témoins  d’écritures héroïques et sublimes qui ont en des temps de grandeur et de liberté quand les scribes et les peintres étaient des êtres animés de l’idéal de donner aux peuples une image d’eux‑mêmes qui les exhaussaient et les menaient au bord du rêve d’une réalité fabuleuse raconté notre histoire de marcheurs insatiables auxquels Ogo le renard pâle mon jumeau solaire nocturne et mézigue ne cesseront de boire et d’être pareillement altérés Tamrit-les-antilopes.jpg    

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 19:07

La cohérence dans la fuitePetite pomme

Epinay, samedi, 12 avril 2014

 

Ouaouf !… tiens qu’est‑ce que tu bricoles par là toi ? y a un bail que cette anar de chienne Bonnie n’était pas venue faire un tour de ce côté de notre histoire vu que désormais c’est décidé je n’écris plus que par cette sorte de violence qui m’est faite d’exister en pointillé coincée que je suis que nous sommes ici nous la tribu des insatiables de la route privés de départ privés de chemins privés d’ailleurs…

 c’est qu’y a plus rien d’autre à faire qu’à dégoter la piste de transhumance l’unique qui fait que tout en étant bloqués au fond du terrier périphérique on se tire à l’aube quand les autres prennent leurs autos pour aller marner nous autres la Bonnie qui sonne le réveil dès les 4 plombes du mat en tirant sur la couvrante et en couinant comme un fennec des sables et cézigue les quinquets murés à tâtons j’allume pas j’y vais hop là ! cette année c’est la persécution totale le malheur à répétition entre les ahuris qui ont fait un brasier de la rangée de magasins qui avaient pas encore taillé la route dans notre Babylone béton et les contractuelles chargées de surveiller qu’on fait bien notre job de figurants dans la pièce qu’on répète depuis dix piges “ je cherche un turbin d’esclave n’importe lequel à n’importe quel prix ” sorties de leur sommeil de cent ans y’a de quoi s’inquiéter et se faire bouillir les neurones avec la soupe qu’on partage la chienne Bonnie et mézigue histoire de se caler dedans correct avant d’y aller… Ouaouf !

on a à peu près tout enduré ici en temps de paix dans un pays dit “ civilisé ” et je l’ai raconté dans notre blog souvent parce qu’alors c’était racontable et y avait Bonnie qui la ramenait régulier on cavalait la night dedans les rues craquées on farfouillait le tarbouif au ras des puits rares creusés à même le sol bitume on délirait trop on savait qu’il nous faudrait se tirer des pattes un de ces jour Ouaouf ! ouais on a tout enduré tranquilles vu qu’on appartient pas au clan des trafiquants de vies ceux qu’ont ratatiné nos vieux ouvriers consciencieux marneurs aux 3/8 poumons de pierre et paumes poinçonnées aux acides ils ont payé toute leur life ils ont crevé juste à temps pendant que les tauliers empochaient Ouaouf ! la belle vie hein ? leur retraite l’ont pas touchée pas un rond alors maintenant désormais c’est nous autres qui nous gavons des parfums des roses de leurs jardins et c’est pas demain qu’on nous la fera coupable…Beyrouth

ouais tout enduré la night de Babylone nous on ne roupille pas on attend les hélicos qui tournent des nuits entières et passent en rase motte au‑dessus des apparts ils font trembler les murs c’est Beyrouth on l’a dit tout endure un cordon de flics avec des dizaines de cars de police qui cernent le quartier ils nous empêchent de rentrer et de sortir toute l’après-midi pas aller chercher le pain et la Bonnie elle va pas pisser dans l’escalier quand même Ouaouf ! ils reconstituent un crime ça fait pas marrer des fois hein ? les règlements de comptes entre dealers et les interventions de la bac c’est minuit ils ont le carrosse banal avec les détonations des guns les cris les mômignards à côté qui se réveillent et l’autre qui commence son hurlement de louve bâtarde qu’on imagine… tout enduré les incendies incessants spécialité du coin le dernier en date c’est celui du café qui faisait l’angle que le taulier a arrosé d’essence avant d’y mettre le feu Bonnie surveille les allées et venues elle a l’habitude elle nous réveille toujours avant c’est la parfaite chienne fantôme…

et puis voilà cette nuit de dimanche ils sont passés à la vitesse supérieure on dormait profondément pour une fois quand on a été réveillés en sursaut par une explosion toute proche qui a fait vibrer l’immeuble et carillonner les doubles vitrages et nous a fait bondir hors du page comme des fous la chienne Bonnie qui avait rien vu venir pour le coup était déjà scotchée contre le carreau elle aboyait si tellement qu’on se serait crus dans un zoo avec l’éléphant qui défonce la porte pour calter le plus loin possible des malfaisants gardiens des clefs un cirque que c’était l’impensable on pouvait rien dire on était à poil à peine sortis du pageot Ouaouf ! Ouaouf ! les flammes c’était dehors immenses le magasin en face l’autre côté de la rue un cratère volcan des tourbillons d’orange des grosses fleurs de feu on les devinait parkrisengebiet la fenêtre toute la toiture bitume qui fondait glougloutait liquide le long de la rangée des boutiques les langues de fumée anthracite grisou qui nous enveloppaient à pas reluquer à un mètre et l’autre qui en rajoutait dans l’atmosphère de la fin du monde nucléaire on pouvait pas la faire taire elle était à la porte elle grattait elle allait nous forer un terrier par en dessous fallait se saper et y aller vite fait on pouvait tout craindre…

ce qu’y avait le long des blocks de l’autre côté de la rue c’était une série de petites boutiques boulangerie boucherie hallal pharmacie taxiphone laverie automatique épiceries arabe et chinoise… le tout avec ce toit en bitume qui nous informait s’il avait gelé la nuit le matin il était tout blanc la patinoire à pigeons quoi la plupart des gens de ce recoin de notre Babylone béton ils les fréquentaient pas mal surtout les vieux qui ont des difficultés à marcher et puis là‑dedans ils pouvaient obtenir un peu de crédit des fois tandis que dans les supermarchés faut raquer ric‑rac comment on peut hein ? vu l’ampleur de l’incendie qui éclairait chez nous comme en plein jour et le bazar que nous fichait la Bonnie en furie elle était déjà dans l’escalier y avait pas qu’elle la moitié du block qui descendait cavalait ça avait réveillé tout le monde forcément 4 heures du mat celle où on plonge d’habitude avec la chienne la musette et le casse-dalle sur l’épaule direction la cambrousse et le jardin de transhumance mais pas ce jour‑là justement vu que c’était celui de la traque des contractuelles du no alternative qui démarrait pour cézigue début d’après-midi alors…

on s’est refringués vite fait sur les paliers les gamins réveillés pleuraient et en bas tout le monde matait les voitures de flics pas trop près les pompiers comme des géantes abeilles qui sortaient des camions rouges cinq ou six faut dire que notre Babylone béton est connue question incendie on crèche sur un volcan tout le monde sait à épisodes ça pète faut pas rire Ouaouf ! les gens étaient comme nous ahuris moitié ronflant moitié cauchemar moitié dodelinant dedans le manteau passé à la hâte et les godasses pas attachées si c’était le gaz des fois faudrait sortir les gamins vite fait ça s’est vu… la Bonnie s’était ruée elle avait pris la tangente tourné le coin de la rue le premier on la distinguait pas avec la fumée champignon qui nous coulait aux paupières on ne pouvait pas rester fallait calter de là malgré les foulards sur la bouche on respirait pas Ouaouf ! les gens comme nous ils comprenaient rien à ce qui arrivait muets face au brasier d’or qui progressait rapide par le toit on entendait marmoner des bouts de mots “ c’est le gaz c’est le gaz… ” rapport à l’explosion qui avait été bien énorme bien prodigieuse nous juste au‑dessus en face on pouvait témoigner tout le monde était convaincu c’était une le gaz il allait se répandre par les chaufferies et tout faire sauter Ouaouf ! et la Bonnie courageuse comme personne qui avait tracé on ne sait où c’était pas bon signe faut dire

les gens des autres blocks sont descendus aussi et on s’est retrouvés tous les affreux dans la rue en pleine nuit silencieux et atterrés pendant que les pompiers se coltinaient les flammes qui ont embrasé les boutiques autour de celle qui avant explosé en un rien de temps c’était bien Beurouth demain on allait encore causer ça serait notre faute on était des bons à rien des malotrus des incendiaires et le malheur comme un lourd manteau de verre se posait sur notre dos on avait froid dans le mouillé de l’aube malgré les bouffées torrides qui claquaient du bec et la langue noire des monstres on grelottait un peu après la peur épaisse c’était la tristesse ordinaire qui revenait les gens essayaient de se mettre à l’abri de la fumée tandis que les médecins du Samu couraient en direction de la boutique incendiée où quelqu’un était blessé on savait déjà qu’ils allaient appeler ça un fait divers Ouaouf !

on a passé plus de deux heures dehors dans le froid bien vif avant de pouvoir rentrer dans l’appart car évidemment il ne s’agissait pas d’une fuite de gaz et les flics nous ont dit simplement de ne surtout pas ouvrir les fenêtres à cause de la pollution des gaz brûlés si des fois on avait eu idée respirer un petit peu d’air frais à 4 plombes du mat à Babylone béton hein ? pas la peine d’attendre de faire planton en bas des escaliers la chienne Bonnie ne reviendrait pas elle avait repéré le danger avec ses mirettes infrarouges et maintenant ça me revenait qu’elle avait fait le cirque du côté de minuit elle était restée longtemps vigile le pif au carreau avec des petits grognements et si elle s’était couchée pour finir au pied du page c’est que ce qu’y avait en bas qui l’inquiétait lui était familier elle connaissait le monde quoi… Ouaouf ! on a causé de ça un moment en avalant un café brûlant et en regardant les pompiers qui en finissaient pas de venir à bout du brasier et qui s’attaquaient aux rideaux de fer à la hache et aux faux plafonds par où le feu se communiquait sans cesse aux autres boutiques plus loin encore plus loin et moi je suis restée là à surveiller les opérations par la fenêtre jusqu’à tomber d’épuisementbear-attack-4

j’ai pas dormi le restant de la night y avait les gens qui partaient marner et j’ai pensé à l’époque où j’avais quitté le repère de mes vieux à 22 piges je bruissais de toutes mes petites feuilles d’une mélodie du désespoir que seuls les arbres connaissent et les oiseaux nocturnes aussi sans doute j’avais un corps si tellement hors d’existence si tellement bourré de maladies qu’il ne pouvait rien m’arriver d’autre je ne pouvais pas avoir peur parce que tout ce corps était taillé à même la peur il en crépitait la nuit je ne dormais pas j’éclairais de loin et la chienne Bonnie l’anarchiste était la seule que ça ne dérangeait pas elle c’était l’odeur alors Ouaouf !  j’ai retrouve ça dans les nouvelles de Bukowski le hobo de l’Ouest américain et si ce qu’il écrit me saoule parfois à cause de cette complainte qui se complait à la répétition interminable du glauque et de l’effroyable inhumanité des êtres je sais pourtant que c’est vrai et qu’il l’a vécu et que tout son corps déchiqueté de furoncles n’est rien d’autre que le refus macérant dedans sa chair de la violence que son vieux lui envoie chaque jour.

le corps il se remet jamais de ça mais il finit soit par s’autodétruire à la came à l’alcool à la folie soit par l’insurrection totale de sa barbaque en fusion à se tirer de lui à ne plus y être que de passage nocturne évidemment ils dorment tous… à être le figurant de soi‑même un soi‑même et sa caricature banalisée inrepérable c’est difficile à écrire parce que c’est aussi constitutif de mon être que mon sang comme Artaud le disait du Théâtre qui se doit d’être un Théâtre du sang et que la course n’a jamaistables de sable Tireli-copie-1 commencé elle était dans mon corps qui a refusé d’appartenir aux simulacres du clan et qui n’a pas cessé de traquer un lieu où y ait pas d’héritage à se coltiner Ouaouf ! ce besoin fulgurant c’est celui que devait ressentir Céline peut‑être d’avoir à s’échapper à mettre le plus de distance possible entre les deux créatures en souffrance celle qui attend le passage rituel du renard pâle et celle qui est déjà loin quitte à n’avoir rien fait d’autre que perdre encore un peu sa propre trace dans le sable.

 

la traque a commencé c’est l’après‑midi ce qu’il me reste d’être social se retrouve effaré dans la salle d’attente de PE y avait deux ans que la traque s’était arrêtée marquait la pause qu’on me lâchait moi et la chienne Bonnie qui attend dehors à la lourde il fallait s’attendre… c’est n’importe quoi d’être venues se planter avec ce qu’on sait dans une banlieue bourge et des tourbillons de jardins des serpentins de glycines en fleurs des greffes qui ont pas peur et qui zonent pépères entre les touffes d’hortensias ce qu’on est venues faire là alors ? y a pas un endroit où on est plus visible quand on fait cigale que chez les rupins là où les pauvres ont tous un job de pauvres et les perceptrices du pôle ont des yeux loupes comme les mouches qui nous reluquent énormes même planquées dessous nos pelures d’oiseau de nuit elles nous loupent pas Ouaouf !

y a deux choses qui me tortillent les boyaux quand je reprends la défroque d’une personne ordinaire qui cause à une chienne fantôme devant une porte de verre ce sont les lieux aux murs peints en gris où il n’y a que des femmes ou quasi à l’intérieur… le gris c’est la couleur qui est pas noire qu’on retrouve dans tous les lieux d’enfermement et la présence d’un personnel singulièrement féminin ça signale obligé qu’on va être soit remis dans sa couche culotte soit considéré comme malade incurable gâteux crétin coupable mendigot Bonnie le sait elle peut pas piffer non plus ce sont les mêmes qui traquent les clebs de la Babylone béton et les bouclent dans les cages avant le grand voyage pour nulle part Ouaouf ! y a que gardien de prison militaire de carrière huissier et bourreau qui est l’équivalent en mâle mais on n’a pas eu affaire forcément… je donne la consigne à Bonnie de pas bouger de là je vérifie en entrant qu’y a bien une autre porte que celle‑ci et je me retrouve avec mon gros carton bourré de paplars de dix années de farniente dans l’antichambre des voix sans issues avec une trentaine d’autres figurants ahuris et dont le corps renifle la sueur de trouille à l’approche…verrerie.ouvriers.2

et voilà ça recommence c’est normal c’est pas un monde où on peut être poète jardinier hobo des trains de nuit et percevoir en prime une alloc de 480 euros de moyenne mensuels depuis des lustres hein ? mon corps grenouille de partout on l’entend coasser du fond des couloirs mais comme je l’ai laissé occupé à replanter des asters rouge sang dans le coin du jardin où y a les framboisiers et aussi un pied de pivoine rose vif au cœur café crème j’ai pas de soucis le problème avec notre petit jardin c’est que pour mener à bien notre projet de buttes et de permaculture il nous faut du bois des gros rondins si possible et justement hier on a obtenu la permission de débiter un chêne mort cet hiver couché parmi les taupinières et les terriers des lapins sauvages Ouaouf ! c’est le corps encore vivant de l’arbre et l’esprit la nyama du griot qui l’habite qui va nourrir notre terre aussi longtemps que le rituel de transformation pourra se poursuivre et c’est ce travail que mène obstinée la Pacha Mama depuis des temps considérables qui fascine mon corps transhumant coincé en ce début de printemps fabuleux entre quatre murs gris au milieu d’êtres zombifiés que même la chienne Bonnie ne renifle pas car ils n’ont pas d’odeur

j’ai pas su ce qui s’est passé pendant le temps du rendez‑vous j’y étais pas etitinerant-men-aka-hoboes-waiting-w-their-bindles-to-illegal la partie apparente de moi qui faisait le job comme d’autres font la plonge en sous‑sol pendant que la clique des nantis bâfre au‑dessus est restée accrochée au vestiaire… Bonnie la chienne qui montait la garde devant la porte principale a pigé aussitôt en me voyant soulagée ressortir en entier de la box en verre béton qu’on va devoir calter à nouveau de ce lieu verger humide et doux qui entoure la petite piaule meublée où j’ai rangé mes cahiers d’écriture mes bouquins mes peintures et les lettres des gens qui n’ont pas perdu l’adresse… la traque vient de remettre ça va falloir chercher une nouvelle cave‑vigie mieux planquée faute de pouvoir dire à la contractuelle de PE que j’ai pas le temps pour ses histoires de EMT ( évaluation en milieu du travail… ) vu que je fais poète quatre jours et jardinier les trois autres et qu’en plus je ne dors pas tellement la nuit à cause de Bonnie et des trains et des gares… hein ? Ouaouf !

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 21:35

 

Poème de Louis

L-aumone.jpg

Tzigane

Dimanche, 2 février 2014

 

Ils sont sur des vélos déglingués

Aux allures de vieux chevaux

Multicolore et embringués

Au ramassage des caniveaux

Orpailleur de poubelles

Et aux culs des giro  

De policeman antique

La vie est cathodique

Et qu'il brise au marteau

Tzigane zarbi ou romano

 

Les déflecteurs  en  poche

Aumône luminophore

Il vend le cuivre tout moche

Tzigane zarbi ou romano

À des marchands aux culs d'amphores

Et pas du tout marteaux       

La chevelure est noire et la vie réciproque

Nous vivons se dit il une formidable époque

Le courant d'air facile et le rat abondant

A Saint-Denis Nord de Seine

Y à de drôles de sirènes

Qui vrillent  les tympans

Ici ça sent les feux de camp

La merde et le ressentiment.

Ça expulse ou ça dort c'est selon l'opinion

Les enfants se baignent  dans le fleuve en été

Léthé pour indigents

À deux pas il y a  le stade de France

Formidable et indifférent...

 

 

REPARATEUR-du-ciel.jpg

 Zone de rêves

Samedi, 8 mars 2014

 

 Viens ! c’est une pluie de météores

qui nous tombe des nues faut qu’on se grouille

qu’on quête les boucliers de ferraille

rouillée d’émeraudes que les bombes

tatouent avant que graves ils mettent

la tête dans tout ça et des accents

sur les a boucliers girouettes

sur eux l’argent coule des gargouilles

pendant que les bouffons font ripaille

les zonards nocent la nuit de leur sang

mais y a des gibets tout là‑bas

où se balancent des angles morts

un matin de banlieue on y croit pas

en douce ce sont nos rêves qu’ils plombent

 

Viens ! une nappe des bols de café

pour déjeuner à la table des rats

et des automates ingénus

qui s’en vont croquer des allumettes

et goûter des flammèches de velours

ça n’est pas l’heure de l’autodafé

tout le monde dort et nos blessures

remplies de météores nous font mal

quand les sorciers du sel qui sont là

saupoudrent nos cartes de séjour

et salpêtrent nains nos écritures

les zonards nippent de mûres les nues

dans nos musettes les bombes râlent

si on pouvait se faire les murs

 

Viens ! météorites sur les oiseaux

boules de lave les tuent fleurs ! vols !

zones de rêves à marée basse

menottes aux mains mais on peint pourtant

un laisser passer jardins il nous faut

fluorescent dessiner des fissures

par où ils puissent jouer roseau

dans un commissariat très dégueulasse

des boucliers amarrés d’auréoles

en sous‑sol la fanfare chante faux

aérosol ou flingue à bout‑portant

les zonards ont des rats pleins les manches

la tronche du renard qui rassure

se pointe on calcule pas le dimanche

 

Viens ! c’est une pluie de météores

une brouille de petits soleils purs

à la table des rats nulle ripaille

impasse infâme où on ira pas

zone de rêves dans le sac on fouille

accélère la traque aux couleurs rares

galets doux de lune verte tombés

guéris les oiseaux quittent les murs

ça sèche vite faut qu’on s’en aille

sur place on laisse un sacré repas

victuailles de nuit qui nous réparent

de la tête aux pieds vivant tagué

un type qui méritait la mort

les zonards embaument bleue sa dépouille

 

Viens ! zone de rêves faut embarquer

artisan du ciel maquilleur d’aurores

sur météorites class la couleur

pas perdue pour nous béton voilure

griffer ensemble le commissariat

vaisseau mâture d’iris largués

pourpres s’éveilleront nos murailles

pas de boucliers loin de nous la peur

les bouffons mangent avec les rats

nos festins rongent les encâblures

faudra repeindre aussi le firmament

alors dehors le petit jour canaille

et tout travesti de météores

pour nous remercier de ce labeur

nous filera ravi la clef des champs

La-guerre-pour-de-faux.jpg

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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 21:36

Nothing left to lose Commandante

 

       Hugo Chavezchavez-viejita-300x287

il y a un an que… le visage de cet homme à Caracas tourmenté ses yeux découpés collés dans son cahier d’écriture pour ne pas oublier justement un mois avant… ses mots à lui rien que les siens et ceux de tout un peuple pauvre méprisé aliéné sorti de sa nasse et grandi regardé advenu aimé… ses mots “ Presidente ne nous abandonne pas… ”

les larmes de cet homme cet espoir qui s’enfonce divague retourne au néant cet espoir qu’ont eu des êtres simples comme elle ces gens à qui on accorde aussi peu d’importance qu’ils s’en accordent eux‑mêmes pas d’illusions non il y a longtemps que… mais un espoir que la manière fraternelle humaine solidaire d’exister cet autre visage de l’homme quand par inadvertance il se risque à la montrer le dépouiller de sous le masque neutre blanc figé de l’indifférence qui hiérarchise et qui tue avait trouvé l’âme vive qui possédait la force qu’il faut celle qu’on réserve aux dieux pour que la vie l’emporte enfin sur le chaos de l’imbécillité financière et morbide

combien de temps il leur a fallu un an pour jeter bas quinze années de volonté populaire commune de foi dans la grandeur des êtres de discernement poétique et politique d’intuition généreuse quinze ans de combats pour et aux côtés du grand fleuve sans mémoire qui n’en finit pas de s’écouler portant sa peine pour qu’il sache qui il est et de quel lieu il chavez para siemprea pris sa source souveraine de quel territoire lui vient cette parole emmurée dedans sa gorge son ventre ses poings qu’on vient de lui rendre et qu’il peut brandir sans peur et qu’il peut revendiquer

elle se dit qu’il leur a fallu un an depuis que le Commandante Chavez est mort depuis qu’ils l’ont tué… ça n’a rien à voir avec leur lutte à eux ceux des années heureuses… non rien lui il luttait pour tout un peuple pour tout un monde et pourtant ce qu’ils avaient en commun c’était la jeunesse du monde juste ça

Janis… Me and my Bobby Mcgee… juste avant de partir encore une fois cette gare ces trains ces durs au museau de suie depuis toujours qu’elle existe elle les suit et s’ils ont changé de tronche dans la sienne y a rien qu’a bougé depuis que Célestin son grand‑père s’est mis en retrait de son savoir‑faire de conducteur de locomotives des quais avec leurs rails d’argent bleu dont elle ne voit pas le bout ce qui lui plaît sacrément de la Gare d’Austerlitz à la Gare du Nord les odeurs fabuleuses brutes sorcières aux déCommune de Pariscoctions maléfiques de ses premiers envoûtements café crème tabac amer et même quand un jour bien plus tard on lui fera prendre un train pour calter loin de chez elle mais qu’est‑ce que c’est chez elle ?

hobo des banlieues c’est là qu’elle veut croire à sa liberté jamais encerclée cernée par le fil barbelé qui leur a à tous entortillé le cœur… Janis… à peine elle l’entend et c’est la galette de Pearl qui lui remplit les quinquets avec la joie frénétique qui démarre et qui reconnaît aussitôt le territoire qu’elle n’a pas quitté. comment c’était ce temps inattendu improbable une déferlante Big Brother and the holding Company 1967 au Monterey Pop Festival elle peut juste l’imaginer mioche qu’elle était. comment c’était l’Avalon Ballroom au 1268 Sutter Street San Francisco et ce white blues qui commençait à te glacer la gorge pareil qu’un granizado de limon à la table d’un bistrot de Tolède où tu n’iras pas

Freedom’s just another word for nothing left to lose… la langue des Yankees elle ne l’aime pas elle lui arrive par éclats les mots qui la traversent la lavent du présent la remémorent splendide fulgurant le temps de rien le temps de tout le temps d’y croire c’était juste tout juste ça l’envers de ce que c’est devenu là tout de suite parce que les survenus d’aujourd’hui ils ont toHippiesut à perdre vu que sans leur gros paquet de choses ficelées il existent pas

les paroles de cette chanson qui lui collent encore sans cesse à la peau La liberté est un autre mot pour dire qu’il ne nous reste plus rien à perdre… Janis… nous avons eu une jeunesse totale solaire généreuse extrême folle assoiffée nomade grandiose rebelle idéale lumineuse une jeunesse de bâtisseurs de mondes

 

Hugo Chavez

pourquoi est‑ce qu’aussitôt qu’elle pense à lui plusieurs jours que ça lui revient lancinant elle replonge dans ces années à Babylone City un peu après le grand plaisir le grand commencement de Mai ils n’y ont pas joué le rôle des aînés ils avaient à peine démarré l’adolescence et leurs vieux ils y appartenaient tous au lumpen proletariat fallait voir… pourquoi elle revient à ça quand l’image du Commandante Chavez surgit à l’improviste parce qu’ils en faisaient partie eux à l’époque de cette population effarée laborieuse aux humeurs brutales et qui ne savait rien ou presque de ce qui la tenait en laisse muselée

leurs vieux allaient marner sans se poser de questions parce que c’était leur destin d’ouvriers y avait pas de syndicats pas de lutte des classes et surtout pas de classes dans cette marée de la petite banlieue jamais rouge résignée besogneuse la seule pensée politique avalée à chaque tour de pendule à chaque carte enfoncée dans la pointeuse c’était celle du patron et des contremaîtres on la croira pas et pourtant c’était comme ça ils ont été la première génération la leur année 75 à remettre en cause l’abrutissage l’endormissage des peuples et ça ne s’est pas passé dans la douceur les vieux cognaient fort et personne ne les a aidés personne

Janis… elle n’avais que quelques années de plus qu’eux c’était la génération du Flower Power elle n’imagine pas ce que leurs vieux auraient brandi s’ils avaient tenté de se saper comme ça les plumes roses les perles les bijoux les tatouages ils avaient d’un coup conquis une liberté impensable ils avaient fait sauter tous ces interdits avec leur corps jeté à fond dans l’ivresse de la vie de la joie du désordre enchanté après l’ordre absolu de la tuerie… ce bonheur de vivre c’était tout ce que leurs darons refusaient il fallait commencer par là

Ils étaient à l’avant‑garde de leur temps à eux dix ans d’écart à peine les séparait mais quand elle a écouté Me and my Bobby Mcgee Janis la première fois était déjà morte la came venait de commencer à offrir au peuple qui ignorait tout des outils de la soumission une autre sorte de muselière après la guerre bien plus insidieuse et radicale que l’aliénation laborieuse mais tout aussi prometteuse et ses promesses elle elle les honorait cashjanis

hobo toi aussi tu l’as été Janis à ta façon même si ça n’a duré que quelques mois de ta life si courte le train Festival Express c’est l’été de 1970 il traverse le Canada Montréal Toronto Winnipeg et Calgary avec à son bord toi qu’on appelait déjà Pearl Delaney et Bonnie Buddy Gui Ten Years After Grateful Dead The Band et c’est toi qui envoie les appels déchirés qui dévorent les braseros du vent sur leur passage de cet oiseau géant aux plumes roses Tell Mama ça reste ton cri trois mois plus tard pile l’oiseau retombe en cendres dans l’océan… avec mes frangins morts d’overdose vous formez une sacrée troupe de migrateurs bondis dehors du chapeau de l’illusionniste juste à point pour ne pas vous faire becter par la société du cirque

 

Janis aujourd’hui aussitôt qu’elle l’entend ces années 75‑76 elle sait qu’on ne lui a rien retiré et qu’ils ne pourront jamais lui prendre ce bonheur‑là leur chevauchée sauvage leur échappée pleine de sens qui a nourri chaque jour ailleurs la conscience qu’ils avaient d’être les porteurs tout neufs d’un héritage différent

Nothing left to lose c’était ça leur réalité et pas autrement ils n’avaient rien à perdre parce qu’ils avaient rien que leur jeunesse haletante et démesurée et ils étaient aussi légers que les oiseaux du ciel

Janis… Bob Marley… les mots flagrants éclatés dans leurs têtes d’enfants têtards avec du sang de jaja rouge dedans dans leurs paluches larges la paume épaisse dure déjà la corne des paysans ouvriers ça se perd pas et dans leurs guiboles la frénésie des routes bondir vagabonds ne pas mettre un pied dans la soute jamais ! les mots comment ils leur sont arrivés au creux marteau‑piqueur et aiguille machine à coudre de leurs enfances laborieuses adolescences fugueuses à géant tumulte à oraisons de production de masse dont les sirènes mutantes rappliquaient leurs gamelles bourrées de came à ras bord contre partie obligée aliénation sublimeexposition la vie quotidienne des ouvriers du textile dans

ses poteaux… leurs darons étaient ouvriers prolos qu’on disait ça promettait du bon… Mario le bricoleur des mobs son paternel trimarde aux retouches des peintures carrosseries à la Peugeot d’Aulnay Ernesto dit Che le poète qui fait cracher à la ronéo des tracts anars à la pelle fils de jardinier balayeur mareyeur des caniveaux et sa darone turbine aux parfums au‑dessus des cuves à L’Oréal avec la vieille de Brigitte responsable de la tortore on l’appelle Salomé c’est mieux la classe la copine de Fil le psychopathe chef de tribu lui son vieux se sucre comme celui de Markou son camarade le théâtreux qui lutte pour sauver ses pognes de la fraiseuse et sa mother itou aux Régliss’mint de la Kréma les 3/8 du mâchonnage !

la darone de Fil se farcit les ménages chez les bourges avec celle de Titine et de Christina elles vont au ravitaillement de ce qu’ils ont besoin avec le caddie double fond ses vieux tous les deux échappés à la moulinette à Franco son daron marne manœuvre aux chantiers vagues interminables de Babylone City Jean‑Marie dit Jehan la brute qui hésite entre eux et la bande des casseurs d’apparts et des tireurs de bécanes a son vieux qui fait tourneur fraiseur chez Mécano sa vieille c’est une feignasse elle travaille pas juste elle se fade l’élevage gavage lessivage des sept lascars pendant que la daronne à Patricia sa meuf mais ils l’ont raccourci Patchouli depuis qu’elle s’est fait prendre arpette au coiffeur c’est la gardienne du block tout le jour vautrée dans la marée haute des poubelles jusqu’au cou

Femmes remplaçant les mineursses poteaux… elle pourrait raconter totale la cité comme ça des heures mais y a pas le lieu pour le faire alors… Patchouli ses vieux sont des ritals logique le daron s’agite à la truelle dans les cabanes du coin il les monte par bouts les unes derrière les autres et pour faire passer l’épreuve de la poussière de ciment la pire il s’envoie la cuite assumée au zinc

Thierry dit Titi c’est le plus jeune de la tribu des Indiens de la zone 15 piges au compteur et son dab qui bosse conducteur d’engins et manut chez un grossiste en fromton œufs yaourts pour dire que chez lui quand on pousse la lourde ça renifle le lait caillé et les p’tits sont nourris gavés au calendos gratos sa pote Marinette Nénette on se doute c’est l’étrangère de la tribu mais juste un peu vu qu’elle a radiné de St Etienne et comme crèche à misère on fait pas mieux surtout que pil poil ses vieux ont logé dans la rue qui longeait la prison Bizillon où son paternel trimait gardien et voilà il en fallait un qui lui raconte que dans la boîte qu’on appelait la pension fourchette y avait eu comme invités des gonzes de la Bande à Bonnot et même aussi Ravachol… Nénette perchée sur un tabouret reluquait les prisonniers qui lui faisaient des signes de l’autre côté des grillesouvriers-espece-proteger-L-BJgx4O

La mère de Nénette qui avait pas dû supporter l’atmosphère s’était tirée avec un marchand de fruits‑légumes ambulant en laissant les trois frangins à faire becter et Nénette avait joué les mères de famille à 13 balais sans en vouloir à personne ça leur faisait un sujet de causerie en commun avec Titi dont la mother avait trissé peut‑être à cause de l’odeur du fromton sans doute avec un chercheur d’or vu qu’il recevait des fois des cartes postales de la Guyane et une fois bien bourrés à la Kro on les entendait s’envoyer des putain ! salope ! avant de roupiller la tête de l’un sur l’épaule de l’autre

ses poteaux… ils avaient eu plus de torgnoles que de beignets aux pommes au dessert dans un sens ça s’expliquait vu que leurs vieux ouvriers du labeur aux cadences en délire des seventies se faisaient redresser par les contremaîtres et la chefferie ils connaissaient pas la tendresse et les sucreries faut l’dire et une fois chez eux ils reprenaient le gouvernail du rafiot ils enlevaient pas le bleu c’était leur costume de scène ils étaient seuls comme des héros et même la vieille donnait pas la réplique… ce peuple‑là héritier d’une histoire inconnue et qui n’avait jamais été le héros de rien à ses yeux qui allait un jour accepter de lui rendre justice ?

 

Hugo Chavezcastro chavez

avec le suicide assassinat de Salvador Allende en septembre 1973 au Palais de La Moneda à Santiago et l’assassinat de Che en Bolivie octobre 1967 elle remonte la pente engagée avec la tuerie sacrificielle de Patrice Lumumba massacré par le Katangais Moïse Tsombe en 1961 qui mène jusqu’à octobre 1987 la fin du mouvement des rebelles panafricanistes et tiers‑mondistes africains et américains du Sud avec l’assassinat de Thomas Sankara et la fin de ce qu’ils ont cru être leurs rêves… ils étaient la génération des rêveurs d’aubes lunaires qui prenait la suite de celle des acteurs poètes solaires amants du peuple matinal Jean Sénac criblé de coups de couteaux dans sa cave‑vigie le dernier jour d’août 1973…

eux ils y ont cru de toute leur force de tout leur élan et de toutes leurs passions nouvelles d’enfants des rues de la périphérie que les Africains et les Latinos étaient leurs frères de sang et que le monde qui allait arriver et les éblouir tous serait de cette couleur café crème qui était la leur celle du mélange de la traversée du voyage ils y croyaient aux trains de nuit hoboes ils n’avaient ni billets ni destination ils dormaient entre les banquettes ils arrivaient chiffonnés en vrac ahuris n’importe où c’était ailleurs

Allende 11 septembre1975… peu importent les dates ses poteaux… la came avait déjà tout ravagé infesté overdosé y a que ceux qui ont sauté dans le dur sans regarder derrière qui n’y ont pas laissé leur peau anars tous ils l’étaient la conscience de classe elle avait radiné vite fait avec les boulots galère coursiers nettoyeurs d’avions femmes de ménage dans les tours de la Défense la night fallait pas compter sur les syndicats pour les mettre au parfum de leur côté ils y fourraint pas leurs arpions l’anarcho‑syndicalisme la Brigade Durutti La Makhnovtchina eux ils savaient déjà à 20 piges qu’il y a un combat à mort et sans répit contre ceux qui ont toujours eu la haine à l’égard des peuples qu’ils traient colonisent enchaînent asservissent abrutissent transformant définitif l’épopée des Communards en une partie de joueurs de loto

Hugo Chavez

1985… terminé le rêve est rentré dans sa niche il leur a fallu dix ans pour transfoles-hippies-copie-1rmer le monde en un cauchemar de vieillards guerriers et avides et la chanson de Janis… Mercedes Benz devenait prophétie moqueuse de leur impuissance… Oh Lord, won't you buy me a Mercedes Benz ? My friends all drive Porsches, I must make amends. Worked hard all my lifetime, no help from my friends, So Lord, won't you buy me a Mercedes Benz ? Oh Seigneur, tu voudrais pas m'acheter une Mercedes-Benz ? Mes amis roulent tous en Porsche, Je dois me rattraper. J'ai travaillé dur toute ma vie, sans aide de mes amis, Alors Seigneur, tu voudrais pas m'acheter une Mercedes-Benz ?

pourquoi revenir à Babylone City c’est ce qu’elle s’est toujours demandé mais il y avait une cible flagrante idéale somptueuse un autre combat avec en ligne de mire les rails d’un train de ligne pour Caracas… Caracas un train ? mais c’est de l’autre côté de l’océan hein ? peu importe hobo à bord d’un de ces cargos bourrés de marchandises avec escale à Cuba obligé ! Ouais elle le savait quand elle a vu le Commandante serrer cette vieille femme pauvre dans ses bras c’était là‑bas il y avait un type qui venait de rallumer la petite combure à l’intérieur des cabanes de tôle elle lui a rappelé sa  grand-mère paternelle Rosa Inés Chávez qui l’avait tenue auprès d’elle dans on enfance et la petite maison en terre battue au toit de chaume

1975‑1985… dix ans pour tuer un rêve c’est peu et c’est énorme à la fois là il ne leur aura fallu qu’un an pour que les peuples sachent qu’ils vont devoir se battre seuls face à la muerte pour poursuivre la route que celui qui les aimait a marqué d’un simple cairn signe de son passage et de sa confiance en eux

Merci Commandante Chavez tu es des nôtres Hasta la victoria sempre !chavez died-9182f 

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